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l'autre sexe, qui auront subi avec succès les épreuves des examens spéciaux institués par elle.

Les Instituteurs et les Institutrices qui désirent recevoir les visites d'inspection de la Société et concourir pour l'obtention. des encouragements qu'elle distribue, doivent en donner avis PAR ÉCRIT, avant le 1er décembre 1876, TERME DE RIGUEUR, au Secrétariat, rue Hautefeuille, 1 bis, en remplissant la formule qui accompagne cette circulaire. PASSÉ CE TERME, LES

DEMANDES D'INSPECTION NE SERONT PLUS ACCEPTÉES.

Les élèves qui réunissent les conditions imposées par le réglement ci-contre ne seront admis à subir les examens qu'autant que la liste de présentation et l'attestation exigées par l'article 12 dudit règlement auront été envoyées au secrétariat de la Société avant le 1er avril 1877.

Veuillez agréer, etc., etc.

Le Président,
J. BARNI, Député.

RAPPORTS

RAPPORT

Sur le concours d'un précis d'histoire nationale (1) 7

MESSIEURS,

Grâce à l'intelligente générosité de notre collègue, M. Moigneu, nous avons pu ouvrir un concours pour un prix de mille francs en faveur du meilleur ouvrage sur l'Histoire de France, à l'usage des écoles primaires.

Nous avons été frappés depuis longtemps, aussi bien par nos inspections que par nos examens, que dans les écoles libres comme dans les écoles communales, l'enseignement de l'histoire nationale laissait grandement à désirer. Aussi, nous n'avons cessé depuis plusieurs années, par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, de faire une active propagande en faveur de l'extension de cet enseignement. Nous devons reconnaître par les résultats de nos derniers examens et de nos dernières inspections que nos efforts ne sont pas demeurés stériles. Nous pouvons même ajouter que nos tentatives ont été couronnées d'un certain

succès.

Malheureusement, nous avons été moins heureux auprès des auteurs qu'auprès des professeurs. Plusieurs fois déjà, pour des raisons diverses, vous avez dû proroger le concours institué par vous. Vous avez reçu, il est vrai, des travaux remarquables à certains égards, mais aucun n'a accompli le but que vous

1. La Commission était composée de MM. Hérold, sénateur, président, Beurdeley et André Rousselle, rapporteur.

vous proposiez d'atteindre. La plupart des concurrents, se laissant entraîner par leur sujet, sont sortis du cadre que vous leur aviez tracé et ont oublié qu'il s'agissait d'une histoire élémentaire, destinée à être mise entre les mains des enfants fréquentant les écoles primaires. Ils vous ont tous présenté un travail trop étendu et trop éloigné de la simplicité qui convient à l'enfance. Ce n'est qu'à l'œuvre qu'ils ont reconnu la difficulté de rédiger un précis d'histoire nationale qui réponde à

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C'est par cette raison, sans doute, que vous n'avez reçu cette année qu'un seul manuscrit. La commission spéciale que vous avez nommée dans une de vos précédentes séances, a examiné ce travail avec le plus grand soin. Je viens vous soumettre aujourd'hui en son nom le résultat de son examen.

Votre Commission a d'abord été frappée de l'étendue considérable de cette histoire de France qui ne compte pas moins de pages in-folio. Du premier coup elle a pu voir qu'une des principales conditions de votre programme n'était pas remplie. Le précis d'histoire universelle destiné à servir d'introduction à notre histoire nationale compte à lui seul pages. Pour répondre à vos désirs, le manuscrit qui est soumis à votre appréciation, devrait être réduit de près des deux tiers. Beaucoup de faits et de renseignements qu'il serait indispensable de faire connaître aux élèves des colléges et lycées sont inutiles et même nuisibles pour les élèves des écoles primaires. Cette multiplicité d'évènements surcharge la mémoire de l'enfant sans laisser beaucoup de notions dans son esprit. Il importe fort peu à l'intelligence de l'histoire de connaître la série des races et la succession des rois dans chaque race. C'est là une affaire d'érudition plutôt que de science.

Ce qu'il importe de savoir et surtout de comprendre, c'est l'origine, le développement et la transformation des idées, des mœurs et des institutions par les découvertes des savants, des philosophes et des hommes d'État; c'est la décadence lente mais constante de l'influence théologique et la substitution des notions

scientifiqués aux conceptions de la métaphysique et de la scholastique; c'est la transformation de l'esclavage en servage et le remplacement du servage par le salariat; c'est l'établissement de la monarchie absolue, puis de la monarchie constitutionnelle qui a servi de pont pour arriver à la République par l'avènement du suffrage universel et la diffusion de l'instruction, c'est comment les vaincus ont reconquis leur indépendance et leur liberté sur leurs vainqueurs; c'est à la suite de quels efforts, de quelles tentatives, de quelles luttes les serfs ont pu par le travail, par l'instruction et par l'union préparer l'émancipation matérielle, intellectuelle et morale de l'individu, de la famille et de la société; comment, grâce au mouvement des communes, des croisades, de la Renaissance, de la Réforme et du xvIII° siècle, la nation s'est formée, s'est développée, a constitué son unité pour proclamer enfin dans l'immortelle Déclaration des Droits de l'homme que le DROIT PRIME LA FORCE. Les guerres de succession, de conquêtes ou de prépondérance ont sans doute leur intérêt. Il faut connaître les principales batailles et les principaux traités; mais ces notions dans une histoire élémentaire sont tout-à-fait accessoires. Il vaut mieux enseigner le rôle des États-généraux et des Parlements que les faits d'armes des hommes de guerre, et préférer l'histoire des idées à celle des rois et des grands capitaines. De toutes les guerres, les plus intéressantes à étudier, sont celles qui ont été faites au despotisme, à l'ignorance et la misère.

L'auteur est incontestablement entré dans cette voie, mais pas avec assez de décision et de netteté. Son œuvre, excellente dans certaines parties, médiocre dans d'autres, est inégale et sans unité. Le règne de Louis XI, par exemple, tient moins de place que celui de beaucoup de rois, dont l'action a été loin d'être aussi efficace, aussi décisive et aussi nationale. D'un autre côté, le mouvement des lettres, des sciences et des arts est exposé à la suite du développement des périodes historiques au lieu de les précéder, comme si la logique ne commandait pas d'enseigner les causes avant de faire connaître les effets. Ainsi,

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ce n'est qu'après avoir raconté les péripéties nombreuses et variées de la Révolution, du Directoire et du Consulat que l'auteur expose le magnifique développement intellectuel du XVIII siècle. Le récit n'a pas été conçu d'ensemble, ni écrit d'un seul jet. La foi manque. L'enthousiasme y paraît cherché et voulu. Il ne se dégage pas suffisamment de la narration des faits. On serait presque tenté de croire, en présence de certains développements, qu'on a devant soi un consciencieux travail de compilation et non une œuvre originale.

Le style, trop souvent relâché et incorrect, n'a pas paru à votre commission être suffisamment simple et clair. L'auteur ne s'est pas assez rappelé qu'il écrivait pour les enfants des écoles primaires, et que la science ne doit pas avoir le langage ni le ton de l'esprit de parti. On est choqué de rencontrer dans un livre élémentaire des pages qu'on croirait détachées de la polémique d'un journal.

Votre commission regrette d'autant plus d'être obligée de soulever toutes ces critiques qu'elle se trouve évidemment en présence d'un auteur laborieux, consciencieux, animé des sentiments les plus patriotiques, et qui a consacré un temps assez considérable à l'élaboration d'une œuvre utile, il est vrai, mais ne répondant pas au but poursuivi par la société.

Votre commission a donc l'honneur de vous proposer, Messieurs, de voter les résolutions suivantes :

1o Le concours institué par la Société pour l'instruction élémentaire pour un prix de mille francs à décerner à l'auteur de la meilleure histoire nationale à l'usage des écoles primaires est prorogé jusqu'au 1er juillet 1877.

2o L'auteur du manuscrit déposé pourra le faire retirer au siége de la Société avant le 1er septembre 1876.

3o Une prime de 200 francs sera accordée à cet auteur.

Le Rapporteur de la commission

ANDRÉ ROUSSelle.

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