LA PRESSE AUX ÉTATS-UNIS. -Le Haper's Magazine, revue publiée à New-York, contient quelques renseignements intéressants sur la presse aux États-Unis. Nous en extrayons le passage suivant : Il s'imprime aux États-Unis presque autant de journaux et de revues que dans le reste du monde civilisé. En 1870, on comptait 7,642 pour l'Europe, l'Afrique et l'Asie, et 5,871 pour les États-Unis. Depuis lors, nos publications ont augmenté dans de telles proportions qu'elles atteignent un chiffre égal à celui que nous donnent les autres peuples pris ensemble; nos 40 millions d'habitants lisent autant que les centaines de millions d'individus répandus sur le reste du globe. Une large part de cet esprit de curiosité est due à nos institutions libérales; mais c'est principalement le système d'organisation de nos écoles primaires qui nous permet de satisfaire cette curiosité et de nous procurer des notions sur la condition de nos semblables. On calcule que le nombre des numéros de journaux et de revues imprimés dans la Grande-Bretagne, en 1870 s'est élevé à 350 millions. La France a donné à peu près le même chiffre. Or, les statistiques prouvent que, dans la même année, 1 milliard 500 millions de numéros ont été imprimés aux ÉtatsUnis. Nos lecteurs consomment donc une littérature périodique deux fois aussi considérable que celle des deux grands centres de la civilisation européenne. Les statistiques établissent également d'une manière positive que le progrès de la demande des journaux est lié à l'avancement des écoles primaires. Là où il n'y a pas d'écoles publiques, il n'y a pas de journaux. Dans la Géorgie illettrée, par exemple, avec une population d'environ 1,200,000 habitants, il n'y a que 123 journaux et revues; dans l'État de Massachussets, avec une population de 1,500,000 habitants, il y en a 280. La circulation des journaux de Géorgie est de 14,447,388: celle du Massachussets, de 107,091,342. Dans l'Ohio, où l'instruction est fort peu répandue, la circulation annuelle a été, en 1870, de 93 millions pour une population de 2,662,681 habitants. Au Texas, où l'instruction est également fort peu développée, bien que la population (885,000 âmes) soit moins considérable que celle de l'Ohio, la circulation a été de 5,813,432. Il ne s'imprime annuellement au Texas que 7 numéros de journal par habitant; dans l'Ohio, 35; dans le Massachussets, 74; dans l'État de New-York, 113; en Pensylvanie, 67. Le chiffre total des publications de la Caroline du Nord ne donne qu'un seul journal par habitant, tous les trois mois. New-York imprime 113 numéros par an pour chacun de ses habitants. La Californie arrive ensuite avec 83 numéros par habitant, chaque année. Sa population consomme probablement dans son pays d'origine plus de journaux qu'aucune autre partie du globe: ce qui prouverait que les émigrants de Californie sont instruits et qu'ils possèdent dans leur patrie de bonnes écoles. (Journal officiel). Mars-Avril 1876 ACTES OFFICIELS CIRCULAIRE MINISTÉRIELLE DU 31 MARS 1876 Relative aux mesures à prendre pour assurer la MONSIEUR LE PRÉFET, Les ravages causés à l'agriculture par les insectes nuisibles ont pris, depuis quelques années, des proportions véritablement inquiétantes. M. le ministre de l'agriculture et M. le ministre de l'intérieur m'ont fait l'honneur d'appeler mon attention sur ce regrettable état de choses, dont l'une des causes principales est la disparition ou tout au moins la diminution du nombre des oiseaux insectivores. Ces oiseaux, qui sont les gardiens naturels de nos récoltes et les plus précieux auxiliaires de l'agriculteur, sont cependant presque partout traités en ennemis. Le cultivateur, oubliant les services incessants qu'ils rendent, ne voit que les dégâts qu'ils commettent; l'enfant poursuit leur destruction, soit en leur tendant des piéges, soit en détruisant leurs nids, et ces alliés, - 107 que les étrangers viennent nous acheter pour les acclimater chez eux, disparaissent peu à peu de nos campagnes. Plusieurs circulaires ont été adressées à MM. les inspecteurs d'académie, et de nombreuses notes ont été insérées au Bulletin administratif de mon ministère, afin d'arrêter cette destruction. Néanmoins, je me fais un devoir de répondre au désir que m'ont exprimé mes collègues en réclamant de nouveau le concours des instituteurs. Je vous prie en conséquence, monsieur le préfet, d'adresser des instructions à tous les maîtres de votre département, afin qu'ils apprennent à leurs élèves à distinguer les insectes nuisibles des insectes utiles à l'agriculture, et qu'ils encouragent ces enfants à détruire les premiers, à protéger les seconds. Il faut aussi que les instituteurs fassent comprendre aux parents qu'ils nuisent aux intérêts mêmes de leurs enfants, même de leurs familles, en détruisant les nids, et qu'en agissant ainsi ils se montrent aussi imprévoyants qu'ingrats. On devra en même temps leur rappeler qu'ils s'exposent à des peines sévères. La loi du 22 janvier 1874 qui complète, en la modifiant, celle du 3 mai 1844 sur la police de la chasse, donne, en effet, aux préfets les pouvoirs nécessaires pour prévenir la destruction des oiseaux ou favoriser leur multiplication. Des arrêtés préfectoraux ont été pris à cet effet, et les personnes qui contreviennent aux dispositions de ces arrêtés sont passibles d'une amende qui varie de 16 à 100 fr. (art. 11 de la loi du 6 mai 1844). Les instituteurs devront aussi, à l'occasion, rappeler aux pères de famille que s'ils se font à eux-mêmes un tort considérable en laissant détruire les nids, ils sont responsables des délits que leurs enfants mineurs pourraient commettre en l'espèce. J'ajouterai que, dans quelques communes que je pourrais citer, des instituteurs ont eu l'heureuse pensée d'organiser, parmi leurs élèves, des sociétés protectrices des animaux utiles. Ces sociétés ont rendu de grands services, et je verrais avec plaisir leur nombre s'augmenter. J'attache, monsieur le préfet, le plus sérieux intérêt à l'exécution de cette circulaire. Le ministre de l'instruction, publique WADDINGTON. A. LEMARIGNIER, Gérant. Imprimerie A. DERENNE, Mayenne. Paris, boulevard Saint-Michel, 52. |