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nécessaire à la maison six resaux de blé et dix-huit resaux d'avoine, et ont exigé qu'on les délivrât sur des billets signés d'eux. Malgré tous les sacrifices que les chanoines réguliers ont faits jusqu'ici dans le canton, ils se sont encore soumis à celui-ci, dussent-ils se restreindre et diminuer la ration de leurs bestiaux ; mais à condition cependant que la délivrance ne se ferait que d'après les billets du maire de Chaumousey, ce qui a beaucoup déplu au maire de Renaufier.

Après cette voie de fait, le sieur Boulai a ordonné qu'on mit sur le champ la cuisinière à la porte, sous prétexte de propos qui ont été démontrés faux dans l'instant par les témoins cités par ledit Boulai.

Le prieur, répugnant de faire sortir avec éclat injustement un domestique avancé en âge et qui a rendu de grands services à la maison, a demandé un délai de trois jours pour avoir le temps de se pourvoir à Messieurs du département, ce qu'ils ont accordé avec peine.

A ces vexations nous pourrions ajouter celle que nous avons éprouvée le quatorze. Les remontrants s'attendaient ce jour à être invités à la solennité de la fédération à laquelle ils désiraient d'assister; et à onze heures et quart, les chanoines réguliers, perdant toute espérance d'être invités, deux d'entre eux se sont rendus à l'invitation qu'on leur avait faite d'aller dîner chez M. le curé de Girancourt, à une demilieue de la maison, et où M. le curé de Chaumousey est allé les rejoindre après son service et son serment prêté à la tête de sa paroisse. A leur retour, ils ont été attaqués insolemment par les mêmes gardes nationales, ayant à leur tête les susdits commandants qui les ont conduits avec éclat à Chaumousey la Ville, pour y prêter le serment civique, ce qu'ils ont fait avec plaisir.

Ce considéré, Messieurs, il vous plaise défendre aux municipalités et aux gardes nationales de Renaufief et de Sanché d'exercer dans la suite leur autorité sur les chanoines réguliers de Chaumousey, qui désormais ne reconnaîtront pour officiers municipaux comme ci-devant que ceux qui composent la municipalité de Chaumousey-la-Ville, et défendre

à ce derniers de se mêler aucunement du régime intérieur de notre maison, et sera justice.

Vannerot, prieur.

Bracq, chan. rég., procureur.

Gérard, ch. rég.

Bau....

Chalon, curé.

Fady, ch. r.

Laval. »

En marge:

<«< Ouï le rapport et les réquisitions de M. le procureur général sindic, le directoire du département des Vosges, a renvoyé au directoire du district d'Epinal, pour vérifier les faits contenus au pré ent mémoire, entendre, pour les éclaircir, les municipalités de Sanchey, de Renaufief et de Chaumousey, et donner son avis, et cependant, sans rien préjuger, fait défense aux municipalités de donner des suites aux ordres qu'elles pourraient avoir.... (mot surchargé et illisible) relativement à la domestique dont s'agit.

Fait à Epinal le 17 juillet 1790.

Poullain-Grandprey, procureur général, Fournier, vice-président, J. Hugo, Denis, secrétaire.

« Vu depuis ensemble les réponses des maires de Chaumousey-la-Ville, Sanché et Renaufief, et l'avis du district d'Epinal, sur le rapport, ouï M. le Paige pour l'absence de M. le procureur général sindic, le directoire du département des Vosges improuve l'espèce d'attroupement qui s'est fait à Chaumousey

une recherche de grains. et les ordres donnés relativement à la domestique de cette abbaye, a arrêté définitivement qu'il ne serait donné aucune suite aux mêmes ordres, a ordonné aux maires de Chaumousey la Ville,

Sanché et Renaufief de n'employer à la suite l'autorité et la force que pour les cas prévus par les décrets, de protéger et faire protéger les propriétés et les personnes, aux termes des articles 3 et 4 du décret du 23 février dernier, sous les peines portées par l'art. 5 du même décret, et a arrêté qu'à la diligence de M. le procureur sindic du district d'Epinal et par le ministère d'un huissier du bailliage d'Epinal, la déli bération du directoire du département sera signifiée aux maires de Chaumousey la Ville, Sanché et Renaufief, aux frais des mêmes maires et sans espoir de récupérer. Fait à Epinal le 3 août 1790.

J. HUGO. »

Le 9 août 1790, à la requête de M. Clément, procureur sindic du district d'Epinal, Joseph Vançon, huissier au bailliage royal d'Epinal se rendit à Sanchey, au domicile du maire Simon Thomas, à Chaumousey-la-Ville, chez le maire Joseph Houot, et chez le maire Nicolas Boulai, à Sanchey, pour leur signifier la délibération du directoire et leur en laisser copie.

Les trois maires durent payer solidairement les frais qui se montaient à 8 1. 17 s. 3 d.

Archives départementales des Vosges, L.

Boutons séditieux.

Extrait du procès-verbal de la séance du conseil de l'administration du district de Libremont (Remiremont) du 24 vendémiaire an III (15 octobre 1794).

Présents les citoyens Langellery, président, Humbert, Fricot, Remy, Rol, Bridot et Pernot, administrateurs; Gruyer, agent national, et Barbillat, secrétaire.

« ...Un membre annonce qu'il s'est aperçu dernièrement que Maximin Léger, invalide de la nation, portait encore sur son habit d'uniforme des boutons d'ancienne ordonnance, ce qui choque l'œil d'un républicain, pourquoi il demande qu'il soit prévenu de porter à son habit des boutons à la Républi que.

« L'administration ouï l'agent national, arrête que les payements à faire par mois à Maximin Léger, invalide, seront suspendus juqu'à ce qu'il aura posé sur son habit des boutons républicains; que les payements à faire à tous autres pensionnaires qui n'auront pas des boutons républicains à leurs habits seront également suspendus... »

(Archives des Vosges, série L, fonds du district de Remiremont, Registre des délibérations du conseil et du directoire du district pendant l'an 3 et l'an 4 de la République française, fo 13).

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Afin d'éviter les frais de recouvrement, qui sont très onéreux et pourraient être plus utilement consacrés à la publication de la Revue, nous serions reconnaissants à nos abonnés de bien vouloir adresser directement le montant de leur abonnement au trésorier du Comité M. Léon Schwab, 19 bis, rue Thiers, à Epinal.

Nous leur saurions gré également de faire connaître autour d'eux La Révolution dans les Vosges et de susciter des adhésions.

LE COMITE.

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Un maître d'école

accusé d'incivisme en 1793 (1)

Le 16 avril 1793, dans la soirée, le citoyen Poinsot, souslieutenant de la Garde Nationale de Neuchâteau, et le garde national François Bourgaux, arrêtaient aux environs du poste de la Rue Neuve, « sous la maison commune »><, un individu qui sortait de la demeure habitée par le citoyen Cherrier, suspect << d'aristocratie ». Ils le conduisirent aussitôt à la municipalité. Fouillé, l'individu fut trouvé porteur de deux passeports à son nom, Félix Marmeuse : l'un lui avait été délivré le 10 septembre 1792 par la commune de Neufchâteau; l'autre, par celle de Lemmecourt, le 14 avril 1793. II prétendit avoir toujours son domicile à Neufchâteau, où ses meubles se trouvaient encore chez le citoyen Garnier père, médecin. On lui fit observer que. depuis plusieurs mois, il

(1) Source: Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle. Fonds judiciaire. Dossiers du Tribunal Criminel de Nancy, récemment versés et non encore classés.

RÉVOLUTION DANS LES VOSGES 14 janvier 1927

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