Variétés Une Marseillaise agricole. ་་ François (de Neufchâteau), dans son poème « Les Vosges qui fut récité à Epinal à la Fête de la Fondation de la République, le 1" vendémiaire an V, parle de Haller, homme d'état, philosophe et poète.... François (de Neufchâteau) se vantait certainement d'être pour les Vosges ce que Haller avait été pour la Suisse (1). En lui, ces trois qualités ne devaient pas seulement colebiter, mais se mêler intimement l'une à l'autre. Le sous-préfet d'Alphonse Daudet faisait des vers au lieu d'aller prononcer des discours officiels François (de Neufchâteau), Commissaire du Directoire Exécutif près l'Administration centrale du Département des Vosges, écrivait des poèmes en guise d'allocutions. Son poème des « Vosges », assez connu, n'est pas le premier que l'homme d'état-philosophe-poète ait déclamé on fait déclamer dans une cérémonie officielle. Le 11 messidor précédent, lors de la Fête de l'Agriculture qui eut lieu à Epinal, on chanta, sur l'air de la « Marseillaise », un hymne« analogue à la Fête » qu'avait com posé le représentant du Gouvernement. L'auteur avait pris soin, modestement, d'organiser le suc (1) Le célèbre Haller, membre du Conseil Souverain de Berne, a fait en Aliemand un poëme des Alpes, qu'on a traduit plusieurs fois en Français (Note de François (de Neufchâteau) dans Les Vosges, poème, à St-Dié, imprimerie de Thomas fils, imprimé par ordre de l'Administration centrale du Département des Vosges). cès de sa production. Invité par l'administration municipale d'Epinal à composer le discours de la fête que l'on organisait, François (de Neufchâteau) répondit par la let tre suivante (1) : Citoyens, je suis flatté, comme je dois l'être, de votre confiance, et je voudrais la mériter. Je ne me dissimule pas combien j'en suis éloigné. Cependant votre lettre m'a dicté une nouvelle, et peutêtre heureuse, manière de célébrer la Feste de l'Agriculture qui doit être celle de la Réunion de tous les Français. Je vous adresse, en conséquence, une centaine d'exemplaires de couplets analogues à la feste, et dont le texte sera le partage de mon discours. Je vous prie de les faire connaître d'avance aux Musiciens afin qu'ils puissent suivre chacune des six distributions de mon discours, et mêler le charme des accords à l'impuissance de mon stile. Vous distribuerez les autres exemplaires sur le terrein même à ceux qui pourront suivre et animer les champs (sic) du choeur. Salut et Fraternité. François (de Neufchateau) ». La lettre est amusante l'homme d'état-philosophe poète, dans son enthousiasme agricole, avait écrit d'une manière champêtre les « chants du choeur », et son humilité affectée cache mal un évident contentement de soi. Mais les complets, qui veulent être graves et solennels, sont encore plus drôles nous les publions ci-dessous (2). Il est vrai que ceux qui connaissent le style oratoire de l'Epoque pourront penser que, parlant en prose, François (die Neufchâteau) eût été capable de faire aussi... bien. H.-H. (1) Archives Départementales des Vosges, Série L, non classé. (2) Archives Départ. des Vosges, Série L. munales d'Epinal, Période Révolutionnaire, D 10 Archives comFo 51, verso. COUPLETS CHANTÉS A ÉPINAL DANS LA FÊTE DE L'AGRICULTURE le 11 Messidor, an V. (!) Sur l'air de l'Hymne des Marseillais ALLONS, Amis du labourage, Poussez le soc avec vigueur : Charmez les soins de votre ouvrage, Et sous vos mains, partout fleurit Aux armes, Laboureurs! prenez votre aiguillon. On a moins de peine à l'ouvrage, (1) Cette pièce a été publiée in-extenso par M. Jean Lhomer. François de Neufchâteau (1750-1828), d'après les documents iné. dits; nous avons cru bon de la publier de nouveau pour nos lecteurs. M. Lhomer, au reste, conmet une erreur de date lorsqu'il dit que la fête fut célébrée le 10 messidor an VI. Pour vous guider, pour vous instruire, Ce que demandent vos moissons, Sans faste et sans vaine opulence, Est celui qu'on sème soi-même. La charrue, aux yeux de la France, Honneur, salut à la Patrie Du laboureur, amis des lois ! (bir) Celui qui rend les champs fertiles. Aux armes, Laboureurs ! prenez votre aiguillon. Marchez (bis), qu'un bœuf docile ouvre un large sillon. De l'Imprimerie du Département des Vosges |