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N. VI. ( Page 131.)

Proclamation de neutralité du roi d'Angleterre, au sujet de la lettre de M. de Chauvelin, du 15 mai, au lord Grenville.

DE PAR LE ROI.

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Attendu que les hostilités ont éclaté entre le roi très-chrétien et le roi de Hongrie; sa majesté, pour la conservation et pour la continuation de l'amitié qui règne entre elle et leursdites majestés, de l'avis de son conseil privé, fait, par cette proclamation royale, défense expresse et rigoureuse à tous ses sujets quelconques, de prendre des lettres de marque de quelque prince ou état étranger que ce soit, contre aucun état ou prince étranger, à présent ami de sa majesté ou contre leurs sujets; elle leur fait défense, en outre ? d'armer ou d'employer aucun vaisseau en vertu, ou sous prétextes de pareilles lettres qu'ils auraient déja prises, ou qu'ils pourraient prendre dans la suite, ou de servir comme marins dans aucun navire, ou vaisseau, qui pourrait être armé pendant la guerre actuelle contre aucun prince ou état à présent ami de sa majesté.

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"Sa majesté requiert tous ses sujets de prendre connaissance de son royal commandement, et de s'y conformer, sous peine d'encourir la disgrace de sa majesté et d'être puni selon toute la rigueur des lois et de la justice. Et attendu que le roi très-chrétien s'est adressé à sa majesté, pour la requérir que, conformément à

l'article III du traité de navigation et de commerce, conclu à Versailles le 26 septembre 1786, il lui plaise de renouveler et de publier dans tous les pays de sa domination les défenses rigoureuses et expresses contenues dans ledit article, sa majesté, par la présente proclamation, défend sévérement à tous ses sujets de recevoir aucune commission, pour armer et pour exercer sur mer le corsairage, ainsi qu'aucune lettre de représailles d'un ennemi quelconque du roi très-chrétien, ou de troubler, d'attaquer, en quelque manière que ce soit, ses sujets, en vertu et sous le prétexte de pareilles commissions ou lettres de représailles, ou de leur causer aucun dommage, ou d'armer des vaisseaux-corsaires, ou de les mettre en mer, sous les peines les plus sévères qui puissent être infligées pour cette transgression, en outre de ce qu'ils seront tenus de faire, une pleine restitution, et à donner une satisfaction entière à ceux à qui ils auront causé quelque dommage.

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N. VII. (Page 132.)

Lettre écrite au roi par M. le maréchal de Rochambeau, le 11 octobre 1790.

SIRE,

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Lorsque votre majesté me donna le commandement de son armée d'Amérique, elle le fit de son propre mouvement; elle y ajouta toute l'étendue de l'autorité qu'elle voulait me confier, tant dans cette partie que sur les îles du vent et sous le vent, lorsque des opérations combinées nous paraissaient nécessaires ; et si le défaut s;

de prévoyance du ministre de la marine, à cette époque, réduisit à moitié les moyens que votre majesté m'avait accordés, la fortune nous servit assez bien pour pouvoir y rendre le service important qui décida l'Angleterre à souscrire la paix glorieuse que votre majesté lui dicta. Je me sers de ses propres expressions à mon retour d'Amérique.

Aujourd'hui, sire, la manière froide dont me traite votre majesté, m'a fait craindre que ce choix ne soit pas de son propre mouvement, et qu'il ne soit que celui de ses ministres. Rien dans le monde ne pouvait m'engager à me charger de cette commission, si elle n'était accompagnée de toute la confiance de votre majesté.

Au reste, sire, voilà ma profession de foi, celle d'un so'dat fidelle au serment que votre majesté a fait et nous a ordonné de faire. Point de réflexions, quand la loi est décrétée et sanctionnée. Je ne mets le pied dans aucun club; je ne suis dans aucune intrigue, et je ne connais que l'obéissance passive à la loi et au roi, fondée sur l'attachement inviolable que je lui ai voué.

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« Je supplie votre majesté de fixer, par un mot de réponse ou par une audience particulière, l'indécision dans laquelle je suis, pour accepter la commission dont ses ministres veulent me charger, si difficile en soi, mais impossible, si elle n'est point accompagnée de toute la confiance de votre majesté.

« Je suis, avec le plus profond respect, sire, de votre majesté, le très-humble et très-obéissant serviteur. Signé DE VIMEUR-ROCHA MBEAU, lieutenant-général.

N. VIIL (Page 170.)

Journée du mercredi 20 juin.

Et Pilatus adjudicavit fieri petitionem eorum, et convocant totam cohortem, et induunt eum purpure, et imponunt spineam coronam, et percutiebant caput ejus, et illudebant; et dabant ei bibere myrrhatum vinum et conclamabant: Tolle, tolle. Erat autem hora tertia. S. Luc, chap. XXIII, vers. 24; S. Marc, chap. XV, vers. 16: 17, 20, 25.

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Et Pilate leur accorda ce qu'ils demandaient; ils convoquent le peuple et ils revêtissent Jésus d'un habit de pourpre, et ils lui mettent une couronne d'épines; ils frappaient sa tête et se moquaient de lui, ils lui donnaient d'un vin mêlé de myrre, et criaient: Délivrez-nous de lui. Il était alors la troisième heure,

Avant dix heures, le Carrouzel est couvert d'une foule immense; la gendarmerie nationale borde tous les accès du château. L'intérieur des cours et du jardin est occupé par la garde nationale. Les deux faubourgs, dont la marche est annoncée, se grossissent en route d'une multitude armée qui, sans s'informer de ce qu'on allait demander au roi, sans rien savoir, sans rien vouloir, insouciants, furieux et gais tout à la fois, menacent, s'agitent et chantent, passent sur la seconde terrasse la première était fermée par une haie de gardes nationales) et défilent le long du château; sortent par la porte du Pont-Royal, et passant par les

guichets du Louvre, vont se joindre, en traversant la garde nationale, sur la place du Carrouzel, à l'autre partie de l'armée qui venait par la rue Saint-Nicaise. La porte royale, donnant sur la place du Carrouzel, était entr'ouverte. Aussitôt que l'armée des piques paraît, elle est fermée, elle menace de la faire ouvrir en la forçant. 'Un des chefs, qui est un sujet connu, fait charger le canon, le traîne contre la porte, et engage cette troupe à jurer sur la lumière du canon, d'entrer dans le château : tous le jurent. A l'instant les portes s'ouvrent par l'ordre d'un officier municipal; la garde nationale n'avait reçu et ne reçoit aucun ordre de son chef, elle ne s'oppose à rien. En cinq minutes, la cour, les escaliers, les salles de l'appartement du roi sont remplies de 20,000 hommes armés de piques, de lames de couteaux, de scies, de croissants, de faux, de toutes espèces de morceaux de fer surmontants de longs bâtons; ils ont trainé leur canon sur l'escalier et jusqu'à la salle des Cent-Suisses. Le roi, la reine, la famille royale étaient dans la chambre du coucher. Le roi s'élance en avant; un garde national s'approche, le conjure de ne pas avancer davantage, et de lui permettre de rester auprès de lui. Le roi, touché de ce dévouement généreux, prie ce brave homme, de ne pas se séparer de lui, mais d'être calme. Madame Elisabeth le suivit; et demanda qu'on éloignât la reine, voulant s'offrir seul au danger; et allant en avant, il donne l'ordre d'ouvrir la porte qui le séparait encore des brigands. Des flots séditieux s'amoncèlent autour du prince, entouré seulement de quelques serviteurs fidelles et de quatre gardes nationaux. Un scélérat, armé d'une pique, l'œil plein de rage, s'avança avec un mouvement sinistre. Un garde national, M. Cannofle, se précipite sur le monstre, il détourne le fer; le roi se place dans l'em

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