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le secret le plus exact. Lorsque j'ai été mandé de Maubeuge, le 25, pour recevoir les o. dres du conseil, tous les papiers publics parlèrent du plan de la campagne. Telle est, messieurs, l'insouciance, l'ineptie et l'imprévoyance de vos ministres, et de ceux qu'ils emploient. Je crois qu'il est urgent, dans les circonstances, qu'il est important d'envoyer aux soldats une adresse, pour les inviter à la subordination, et à une confiance entière dans leurs officiers. J'ignore quel parti prendra la société à cet égard.

Séance du 4 juin 1792.

Je suis un

Un citoyen du fuubourg Saint-Antoine. homme qui, quoiqu'en veste, trouverais sur le champ dix-huit cents hommes. J'ai demandé la parole, pour répondre au nom de ceux qui ont été insultés par des personnes qui ont pu croire qu'à l'assemblée nationale, les tribunaux ne se fussent pas renfermés dans les bornes du respect qui lui est due, sans des gardes apostés, et pour dire à M. Louvet qui semble croire à de tels soupçons, que nous savons nous contenir nous-mêmes; car j'étais aussi dans les tribunes, moi; j'observais, et j'avais passé la nuit à examiner tout ce qui se passait; je passerai encore tout le temps nécessaire à déjouer nos ennemis. Dimanche, je dois présenter moi-même une pétition à l'assemblée nationale; et, si je ne trouve pas aucun membre de cette société qui veuille m'accompagner, je lirai moi-même ma pétition. Je veux faire sentir à l'assemblée nationale toute la faiblesse qu'elle a laissé percer à l'égard de M. Ribes, et nous verrons si c'est le crime qui ose nous insulter.

Je vous dirai, messieurs, que vous vous occupez trop de personnalités : toujours l'on vous voit agités pour des querelles particulières, pour des débats d'amour-pro

pre, tandis que la patrie devrait appeler tous vos soins. Des jacobins doivent - ils s'abaisser à jouer le rôle de lutteurs ! car, si nous sommes sans culottes, nous ne sommes pas sans sentiments: et, s'il y avait seulement quarante citoyens de ma trempe, je ne doute pas qu'il n'y eût plus de vigueur parmi les patriotes. Je n'ai pas de génie, mais je suis un homme qui saisirais une question mieux peut-être que qui que ce soit. M Guadet m'a paru pitoyable; il aurait mieux fait de ne pas sor. tir de sa place, que de venir nous énoncer une opinion insignifiante sur l'écart scandaleux de M. Ribes. L'on n'a mis des citoyens armés dans les tribunes que pour empêcher le peuple de témoigner sa juste indignation; car, tandis qu'on comprimait ainsi l'énergie de ses sentiments, des Fayétistes étaient au dessus du président. Enfin, je dirai, d'après J.-J. Rousseau, la souveraineté du peuple est inaliénable, tandis que ses représentants feront leur devoir, nous les soutiendrons; mais s'ils y manquent, nous verrons ce que nous aurons à faire; car, et moi aussi, je suis membre du souverain.

No III. (Page 126.)

Extrait d'un manuscrit inédit, intitulé: Comité autrichien.

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« L'on a débité sur ce comité beaucoup de mensonges et d'exagérations. Il n'a pas tenu..... aux girondins, devenus les chefs du jacobinisme, de faire penser au public que le comité autrichien était un ministère secret et actif, chargé d'organiser et de conduire un plan d'invasion et de contre-révolution générale, et défaisant,

dans l'ombre, toutes les opérations politiques, militaires et civiles du ministère titulaire et constitutionnel; impertinence presqu'aussi absurde que les accusations si souvent dirigées contre les francs-Maçons et les frères de la Rose-Croix. Je me suis trouvé à portée de prendre de bons renseignements sur ce point historique. J'ai consulté des autorités éclairées et sages de tous les partis, des hommes liés avec quelques-uns des agents secondaires de cette faction; j'ai comparé leurs récits les uns aux autres et avec les faits connus ; et de toutes les recherches que j'ai faites avec autant d'exactitude et de patience que d'impartialité, il résulte, et je ne crains pas d'assurer, qu'on a calomnié les intentions et les démarches des directeurs du comité autrichien, lorsqu'on les a taxés de complicité au projet des ennemis, de démembrer la France, lorsqu'on a supposé qu'ils étaient sciemment des instruments de la grande coalition. Tout ce à quoi ils prétendaient, tout ce à quoi ils travaillaient, c'était à obtenir plus de pouvoir pour le roi, afin d'obtenir eux-mêmes plus de pouvoir par le roi. Ils voulaient aristocratiser la constitution, et la monarchiser davantage; mais tout me prouve qu'ils ne se proposaient pas de la ramener plus loin que la constitution anglaise. Cet état de choses était pour leurs vues bien préférable à l'ancien régime, qu'ils ne pouvaient espérer et qu'ils n'avaient aucun projet de rétablir; car ils étaient trop avisés pour ne pas sentir que, sous un tel gouvernement, leur puissance ne se soutiendrait jamais contre la ligue de toutes les ambitions, de toutes les vanités qu'ils avaient offensées; au lieu que, sous une forme politique, à peu près semblable à celle de l'Angleterre, un ministère assuré d'un parti considérable, qui le met en état d'accroître, ou seulement de bien faire valoir les prérogatives de la couronne, tandis qu'il gouverne, et de

tracasser l'administration, lorsqu'il en est exclus, un tel ministère, dis-je, une fois qu'il possède la faveur du prince, peut compter sur sa durée, parce qu'il est

nécessaire. »

N. IV. (Page 127.)

Lettre du roi au président de l'assemblée nationale.

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J'ai chargé, monsieur le président, le ministre de la justice de vous faire part de l'ordre qu'il vient de donner, de ma part, à l'accusateur public, au sujet du prétendu comité autrichien. Je souhaite que cette « affaire soit parfaitement éclaircie, et j'espère que "l'assemblée nationale prendra le parti de communiquer au tribunal les renseignements que plusieurs de " ses membres ont dit avoir sur cette affaire. Elle sen« tira aisément l'inconvenance qu'il y a de recevoir de pareilles dénonciations, de n'en laisser percer que ce qui peut entretenir les soupçons dans le public, et le danger de m'en laisser ignorer les auteurs. Signé,

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LOUIS. Contre-signé, DURANT HON ».

N. V. (Page 130.)

Extrait du journal de la société des Amis de la constitution.

Séance du 2 mars 1792.

M. Robespierre. Oui, messieurs, j'aime le caractère républicain ; je sais que c'est dans les républiques que se sont élevées toutes les grandes ames, tous les sentiments nobles et généreux : mais je crois qu'il nous convient dans ce moment de déclarer tout haut que nous sommes les amis décidés de la constitution, jusqu'à ce que la volonté générale, éclairée par une plus mûre expérience, déclare qu'elle aspire à un bonheur plus grand. Je déclare moi, et je le fais, au nom de la société, qui ne démentira pas, que je préfère l'individu que le hasard, la naissance, les circonstances nous ont donné pour roi, à tous les rois qu'on voudrait nous donner. (Applaudissements universels ).

Je conclus donc à ce que l'on ajourne l'envoi de l'adresse après la discussion qui sera ouverte ici, dimanche.

Cette citation dit assez combien l'assemblée même des jacobins était, à cette époque, éloignée de la pensée d'un changement de consti tution. Ce disconrs donne la clef des événements subséquents, et prouve qu'ils furent bien plus l'ouvrage des circonstances, que d'un plan arrêté.

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