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surer leur tranquillité et maintenir leurs lois. Fiers d'avoir reconquis les droits de la nature, elle ne les outragera point dans les autres hommes; jalouse de son indépendance, résolue à s'ensevelir sous ses ruines, plutôt que de souffrir qu'on osât, ou lui dicter des lois, ou même garantir les siennes, elle ne portera point atteinte à l'indépendance des autres nations. Ses soldats se conduiront sur un territoire étranger comme ils se conduiraient sur le territoire français, s'ils étaient forcés d'y combattre. Les maux involon◄ taires que ses troupes auraient fait éprouver aux citoyens, seront réparés. L'asile qu'elle ouvre aux étrangers ne sera point fermé aux habitants des pays dont les princes l'auront forcée de les attaquer, et ils trouveront dans son sein un refuge assuré. Elle saura montrer à l'Europe le spectacle d'une nation vraiment libre; fidelle aux règles de la justice au milieu des orages de la guerre, et respectant partout, en tout temps, à l'égard de tous les hommes, les droits qui sont les mêmes pour tous.

La paix que le mensonge, l'intrigue et la trahison ont éloignée, ne cessera point d'être le premier de nos vœux. La France prendra les armes, malgré elle, pour sa sureté, pour sa liberté, pour sa tranquillité intérieure, et on la verra les déposer avec joie, le jour où elle sera sûre de n'avoir plus à craindre pour cette liberté, pour cette égalité, devenues le seul élément où des Français puissent vivre. Elle ne redoute point la guerre, mais elle aime la paix; elle sait qu'elle en a besoin, et elle a trop le sentiment de ses forces pour craindre de l'avouer.

Lorsqu'en demandant aux nations de respecter son repos, elle a pris l'engagement éternel de ne jamais troubler le leur, peut-être aurait-elle mérité d'en

être écoutée, peut-être cette déclaration solennelle, ce gage de la tranquillité et du bonheur des peuples voisins devait-il lui mériter l'affection des princes qui les gouvernent; mais ceux de ces princes qui ont pu craindre que la nation française ne cherchât à produire dans les autres pays, des agitations intérieures, apprendront que le droit cruel de représailles, justifié par l'usage, condamné par la nature, ne la fera point recourir à ces moyens employés contre son repos, qu'elle sera juste envers ceux mêmes qui ne l'ont pas été pour elle; que partout elle respectera la paix comme la liberté, et que les hommes qui croient pouvoir se dire encore les maîtres des autres hommes, n'auront à craindre d'elle que l'autorité de son exemple.

« La nation française est libre, et ce qui est plus que d'être libre, elle a le sentiment de sa liberté. Elle est libre, elle est armée, elle ne peut être asservie. En vain compterait-on sur ses discordes intestines; elle a passé le moment dangereux de la réformation de ses lois politiques; et, trop sage pour prévenir la leçon du temps, elle ne veut que maintenir sa constitution, et que la défendre. Cette division entre deux pouvoirs émanés de la même source, dirigés vers le même but, ce dernier espoir de nos ennemis, s'est évanoui à la voix de la patrie en danger; et le roi, par la solennité de ses démarches, par la franchise de ses mesures, montre à l'Europe la nation française, forte de tous ses moyens de défense et de bonheur.

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Résignée aux maux que les ennemis du genre humain, réunis contre elle, peuvent lui faire souffrir, elle en triomphera par son courage et sa patience. Victorieuse, elle ne cherchera ni dédommagement ni vengeance.

«Tels sont les sentiments d'un peuple généreux dont

les représentants s'honorent d'être ici les interprètes. Tels sont les projets de la nouvelle politique qu'il adopte. Repousser la force, résister à l'oppression, tout oublier, lorsqu'il n'aura plus rien à redouter, et ne plus voir que des frères dans ses adversaires vaincus, réconciliés ou désarmés; voilà ce que tous les peuples. trouveront au fond du cœur des Français, et voilà quelle est la guerre qu'ils déclareront à leurs ennemis. ».

N.° XVIII. (Page 105.)

Cette anecdote, plus ancienne qu'importante, est rapportée dans un manuscrit digne d'attention; mais il ne la donné même pas. comme certaine il dit seulement qu'elle ne laisserait aucun doute, s'il lui était permis de citer ses autorités, qui sont deux personnages connus.

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Il paraît qu'entre l'époque du retour de Louis XVI, et de la mort du roi de Suède, Gustave III et le baron ont fait ensemble un voyage à Paris. Cette anecdote paraît incroyable : voici sur quoi nous la fondons:

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La femme du domestique de confiance du baron*** est protestante; sa mère, à l'article de la mort, supplia un ministre protestant de l'admettre à la communion. Ce fut dans ce moment où ces deux femmes étaient pénétrées de confiance et de reconnaissance pour ce ministre de leur religion, très-honnête homme et homme d'esprit, que la jeune femme lui dit que son mari était venu la voir; et sur l'interrogation du ministre, avoua qu'elle avait été chargée'de louer l'appartement qu'occupait alors le roi de Suède et le baron ***. On prit assez de renseignements pour vérifier le fait, mais on en a gardé le secret.

lui

N. XIX. ( Page 106.)

Décret de commission et de ratification par les

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princes possessionnés en Allemagne.

Nous Charles Anselme, commissaire principal, etc.... donnons à connaître aux conseillers, ambassadeurs et ministres assemblés en diète, que S. M. I. a appris avec satisfaction, par l'avis de l'Empire, du 6 août, que la diète a mûrement délibéré sur les griefs des états..... lésés par les décrets de l'assemblée, nationale...... que... la diète..... faisant preuve de ses soins paternels, en fixant surtout, quant aux mesures à prendre à l'avenir, son attention sur les traités subsistants entre l'Empire et la France, qu'on aurait pu à la vérité s'attendre..... qu'on prendrait de soi-même quelques mesures plus justes pour ne plus donner lieu à l'Allemagne de se plaindre de l'infraction des traités; mais la constitution française ayant été sanctionnée... ... sans l'exception demandée, et par-là les innovations dans l'Alsace et la Lorraine, au préjudice des états, étant toujours subsistantes, S. M. I. a enfin jugé qu'il fallait procéder aux mesures proposées par la diète; à cet effet, elle a formé.... le décret consultatif qui suit :

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On adhérera fermement aux traités subsistants

entre l'Empire et la France; en conséquence, l'empereur et l'Empire n'auront aucun égard aux soumissions des états respectifs et de leurs ayant-causes, qui seront

censés non préjudiciables à l'empereur et à l'Empire, non obligatoires et non avenus.

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L'exécution illimitée des décrets de l'assemblée nationale, qui a eu lieu depuis le mois d'août 1789, et leur extension aux états, sont des usurpations arbitraires, des infractions, des violations enfin de la supériorité territoriale de l'empereur et de l'Empire et de leur souveraineté. C'est pourquoi les entreprises faites par l'assemblée nationale sur les états de l'Alsace et de la Lorraine, de leurs ayantcauses, au détriment de leur territoire, droits, revenus soit temporels, soit spirituels, de leur possessoire en un mot, doivent être regardées comme contraires aux traités, et comme étant de nature à exiger non-seulement une réservation formelle des droits de l'empereur et de l'Empire, mais encore, conformément aux biens généraux entre tous les états, des secours constitutionnels pour le bien des parties intéressées.

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« II. S. M. I. a vu avec peine que la réponse de S. M. T. C. quant à la forme, se soit éloignée de l'observance reconnue; qu'elle n'était pas conçue dans l'idiome d'ailleurs conservé dans les actes publics entre les deux empires; qu'enfin elle n'ait nullement répondu à l'attente générale touchant son contenu essentiel, surtout à l'égard des rapports de l'Empire avec les états lésés. Comme cependant on espère de l'amour personnel pour la justice et des lumières de S. M. T. C., que sur des remontrances réitérées de S. M. 1. et de l'Empire, elle voudra bien se prêter amiablement au redressement des griefs, et à l'indemnité des états privés jusqu'ici de leurs revenus, à leur réhabilitation, conformément aux traités; S. M. I. a encore adressé une nouvelle lettre au roi, son frère et beau-frère, ой

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