Page images
PDF
EPUB

contrés par la garde à pied, et dès-lors nous sommes revenus plus lentement. C'est ce qui nous a fait arriver quelques heures plus tard que nous ne l'avions annoncé à l'assemblée nationale.

Tout ce qui nous rest à vous dire, c'est que, s'il pouvait vous rester un seul doute sur la grande question de savoir si la France sera libre, le problême est maintenant résolu. Plus de six cent mille Français ont manifesté leur vou à cet égard, avec une énergie dont les personnes qui étaient dans les voitures ont paru profondément frappées.

A l'entrée de Paris, les citoyens avaient sans doute résolu de garder le plus profond silence; partout ailleurs nous n'avons été interrompus que par les cris : vive la nation!

;

Lorsque nous avons rencontré le roi dans la première voiture, étaient le roi, la reine, le dauphin, madame, fille du roi, madame Elisabeth et madame de Tourzel; sur le siége étaient trois personnes vêtues en courriers, en vestes jaunes; c'étaient MM. de Valory; Malgan et Dumoutier.

Le roi et la reine nous ont montré la plus grande inquiétude sur le salut de ces personnes. Il est faux que nous les ayons fait enchaîner; elles ne l'ont jamais été ; nous avons seulement fait mettre à leurs côtés, deux gardes nationaux. A la dernière couchée, à Meaux, nous voulûmes remettre ces trois personnes dans une voiture de suite; le roi a paru desirer qu'elles restassent à leurs places; nous les y avons laissées. Lorsque nous avons rencontré la garde de Paris, un mouvement du peuple s'est fait sentir et a crié : à bas les habits jaunės! il s'est même élevé des cris plus sinistres. Alors les grenadiers parurent desirer que ces personnes descendissent pour marcher au milieu d'eux; mais

nous ne voulûmes pas céder à ce mouvement populaire ; et les grenadiers nous ont répondu de leur sureté, aprés que nous leur eûmes promis nous-mêmes de les remettre entre les mains de la loi, à notre arrivée à Paris. Il résulte encore de là que ces personnes n'ont pas été enchaînées, et que la place qu'elles occupaient dans cette marche était due à la sollicitation du roi. Elles ont été conduites ce matin à la prison de l'Abbaye.

[ocr errors]

La société vote des remerciments à MM. les commissaires.

[ocr errors]

Séance du 25 juin 1791.

Adresse du club de Marseille au peuple français.

Français, hommes vraiment libres des quatrevingt-trois départements, vos frères et amis les Marseillais, vous invitent à rendre hommage à Robespierre, ce digne représentant de la nation, cet apôtre de la liberté nationale. Reconnaissez, avec lui, l'attentat énorme commis contre vos droits. Il est cette sentinelle vigilante que rien n'a pu surprendre, cet unique émule du romain Fabrice, dont le despote Pyrrhus louait les vertus par ces mots si célèbres : Il est plus facile de détourner le soleil de sa course, que d'écarter Fabrice de la voie de l'honneur.

[ocr errors]

Voûte sacrée des jacobins, pourrez-vous retentir de plus de vérités que Robespierre et Danton ne vous en ont fait entendre? prolongez-en les sons dans tous les clubs de l'empire. Nos voûtes retentiront comme les vôtres, et répéteront leurs noms.

Sachez, Français, que vos frères de Marseille ont juré de veiller à la conservation précieuse de ces

[ocr errors][ocr errors]

hommes rares, que la capitale a l'heureux avantage de posséder dans son sein, et dont les nombreux essaims des noirs, des impartiaux, méditent la perte, si, par une constance fière, vous n'arrêtez les projets ambitieux de ces prétendus zélés qui se sont coalisés pour éterniser leur pouvoir : Répondez-nous de la vie, des jours de Robespierre et Danton; que vos corps leur servent de rempart. Fixez surtout vos regards autour du fauteuil constitutionnel que quelques traitres à la patrie veulent ériger en trône. Ralliez - vous contre les attaques et les plans machiavélistes d'un Dandré; ne souffrez pas que la constitution soit livrée à un membre si dangereux pour la chose publique. Les Marseillais, à la moindre lueur de danger, voleront auprès de vous pour vous servir de leurs bras; et, suivis des excellents patriotes des départements, ils iront, dans la capitale, arracher le masque aux hypocrites, et placer la vérité sur le fauteuil national, entre Robespierre et Danton.

N.o III. (Page 35.)

L'assemblée nationale aux Français.

Un grand attentat vient de se commettre; l'assemblée nationale était au terme de ses longs travaux, la constitution allait finir, les orages de la révolution allaient cesser, et les ennemis du bien public ont voulu, par un seul forfait, immoler la nation entière à leur vengeance, le roi et la famille royale ont été enlevés, le 22 de ce mois (on murmure ); je prie l'assemblée d'entendre avec attention jusqu'à la fin; le comité de

constitution a rédigé son projet d'adresse dans le sens que les circonstances lui ont paru dicter ; je poursuis.

Mais vos représentants triompheront de tous les obstacles, etc.

N.o IV. (Page 44.)

Extrait d'une lettre du général Bouillé, datée de Luxembourg le 26 juin 1791.

Le roi vient de faire un effort pour briser ses fers; une destinée aveugle, à laquelle les empires sont soumis, en a décidé autrement; il est encore votre captif. Ses jours, ainsi que ceux de la reine, sont, et j'en frémis, à la disposition d'un peuple que vous avez rendu féroce, et qui est devenu l'objet du mépris de l'univers.... Dégagé maintenant de tous les liens qui m'attachaient à vous, je vais vous parler le langage de la vérité, que vous n'entendrez pas sans doute..... Mon attachement pour le roi et pour la patrie, m'ont donné assez de courage pour supporter l'humiliation de communiquer avec vous; n'accusez personne de complot contre votre infernale constitution.... C'est moi seul qui ait tout ordonné, c'est contre moi seul que vous devez aiguiser vos poignards et préparer vos poisons. Vous répondez des jours du roi et de la reine, à tous les rois de l'univers; si on leur óte un cheveux de la tête, il ne restera pas pierre sur pierre à Paris : je connais les chemins, je guiderai les armées.... etc.

N.° V. (Page 45. )

Itinéraire des 7 au 24 juillet 1791.

De chez moi par Ettenheim, Fribourg, Constance, Villingen Donesching, Ulm et Ratisbonne.

Le 7. De chez moi à Ettenheim où j'ai trouvé l'infanterie de Mirabeau, campée, qui est environ de quatre cents hommes, la cavalerie qui est forte de quatre-vingtquatre chevaux, loge à Ettenheim. M. de Rohan, pour mieux contenir ce ramas de vagabonds, après tant d'excès qu'ils ont commis, a loué après la récolte plusieurs arpents de terre, entre Ettenheim et Ettenenwiller, ́à l'entour desquels il a fait construire une espèce de rempart d'environ douze pieds de hauteur; et aux quatre coins, il y a des portes qui sont gardées par des sentinelles, et à une centaine de pas sont les vivandiers, auprès desquels il y a une garde de six hommes à cheval, en cas, si quelqu'un veut déserter, qu'ils le puissent poursuivre. M. Mirabeau, qui se dit le chef, a ordonné que tout les officiers et soldats ayent les cheveux coupés; et pour modèle, il a fait couper les siens, le premier; il a la figure la plus grotesque.

MM. les gentilshommes qui sont à Ettenheim, montent la garde chez Mirabeau et aux portes d'Ettenheim.

Les volontaires, qui vivent à leurs dépens, sont restés dans les villages, et montent la garde à Kappel, et font les patrouilles le long du Rhin.

M. de Rohan a dit: Le coup manqué à la Fête-Dieu, ne manquera pas pour le jour de la Saint-Louis.

« PreviousContinue »