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1791.

duite, pendant la session, pouvait donner de IV. Ep. justes inquiétudes,

Jamais le corps législatif n'eût consenti, ou plutôt n'eût osé remettre la régence aux membres de la famille royale qui s'étaient éloignés du royaume; il eût même été mis en question si la garde du roi mineur eût été laissée à sa mère: on n'eût pas manqué de raisons plausibles pour prouver que ses droits constitutionnels étaient perdus par l'abdication, qui lui eût ôté le titre de reine. Il était permis d'espérer que l'anarchie et les secousses révolutionnaires commençaient à lasser. L'assemblée, depuis deux mois, se prononçait fortement pour le rétablissement de l'ordre public, et surtout pour le rétablissement de la discipline militaire, qui remettait la force armée dans la main du roi. De plus, après avoir tout supporté, et avoir suivi constamment un système de patience et de longanimité, c'était presque se démentir au terme, et faire une faute d'inconséquence la plus grave de toutes, en conduite politique. Il ne pouvait douter du desir extrême que l'on avait qu'il acceptât, et ce n'était pas présumer sans motif quelque retour de la reconnaissance d'une nation dont le caractère aimant s'était souvent échappé au milieu des convulsions révolutionnaires. Enfin, pendant le délai qu'il prit, l'assemblée se rendit plusieurs fois au yœu qu'il

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IV. Ep. fit connaître pour quelques décisions qu'il avait desirées. Il écrivit donc, le 13, à l'assemblée, une lettre motivée dont le texte appartient à l'histoire.

13 nov.

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Messieurs, j'ai examiné attentivement l'acte <<< constitutionnel que vous avez présenté à mon acceptation; je l'accepte, et je le ferai exé«< cuter. Cette déclaration eût pu suffire dans << un autre temps; aujourd'hui, je dois aux in«térêts de la nation, je me dois à moi-même «de faire connaître mes motifs. Dès le commen<< cement de mon règne, j'ai desiré la réforme <« des abus; et dans tous les actes du gouver<«< nement, j'ai aimé à prendre pour règle l'opinion publique. Diverses causes, au nombre desquelles on doit placer la situation des fi<< nances à mon avénement au trône, et les frais immenses d'une guerre honorable, soute<< nue longtemps sans accroissement d'impôts << avaient établi une disproportion considérable << entre les revenus et les dépenses de l'état. Frappé de la grandeur du mal, je n'ai pas « cherché seulement les moyens d'y porter re«mède ; j'ai senti la nécessité d'en prévenir le « retour. J'ai conçu le projet d'assurer le bonheur du peuple sur des bases constantes, et d'assujettir à des règles invariables l'autorité « dont je suis dépositaire ; j'ai appelé autour << de moi la nation pour l'exécuter. Dans le cours

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« des événements de la révolution, mes inten- IV. Epa <«<tions n'ont jamais varié............. Que chacun se

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rappelle le moment où je me suis éloigné de « Paris : la constitution était prête à s'achever, « et l'autorité des lois semblait s'affaiblir; l'opinion, loin de se fixer, se subdivisait en une << multitude de partis ; les avis les plus exagérés <<< semblaient obtenir seuls de la faveur; la li«cence des écrits était au comble; aucun pou<< voir n'était respecté ; je ne pouvais plus con<< naître le caractère de la volonté générale « dans les lois que je voyais partout sans force <«et sans exécution. Alors, je dois le dire, si « vous m'eussiez présenté l'acte constitutionnel,

je n'aurais pas cru que l'intérêt du peuple, « règle constante et unique de ma conduite, « m'eût permis de l'accepter.

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«

« Je n'avais qu'un sentiment et ne formais qu'un projet je voulais m'isoler de tous les partis, et savoir quel était le véritable vœu « de la nation. Les motifs qui me dirigèrent ne subsistent plus aujourd'hui. Depuis, les incon<< vénients et les maux dont je me plaignais vous «< ont frappés comme moi; vous avez manifesté « la volonté de rétablir l'ordre; vous avez porté << vos regards sur l'indiscipline de l'armée; vous « avez connu la nécessité de réprimer les abus << de la presse ; la révision de votre travail a << mis au nombre des articles réglementaires

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IV. Ep. « plusieurs articles qui m'avaient été présentés << comme constitutionnels.

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<< Vous avez établi des formes légales pour la « révision de ceux que vous avez placés dans la <«< constitution; enfin, le vœu du peuple n'est plus douteux pour moi je l'ai vu se mani<< fester à la fois par son adhésion et par son << attachement au maintien du gouvernement monarchique.

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«

J'accepte donc la constitution. Je prends l'engagement de la maintenir au dedans, de «la défendre contre les attaques du dehors, et « de la faire exécuter par tous les moyens qu'elle « met en mon pouvoir. Je déclare qu'instruit de l'adhésion que la grande majorité du peuple donne à la constitution, je renonce au con«cours que j'avais réclamé dans ce travail, et << que n'étant responsable qu'à la nation, nul << autre, lorsque j'y renonce, n'a droit de s'en « plaindre.

«

« Je manquerais cependant à la vérité, si je « disais que j'ai aperçu, dans les moyens d'exé<«cution et d'administration, toute l'énergie qui « serait nécessaire pour y imprimer le mouve<<ment et pour conserver l'unité dans toutes les parties de ce vaste empire; mais puisque les opinions sont aujourd'hui divisées sur ces objets, je consens que l'expérience seule en de«meure juge. Lorsque j'aurai fait agir avec

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loyauté tous les moyens qui m'ont été remis, IV. Ep. << aucun reproche ne pourra m'être adressé, et 1791. <«< la nation, dont l'intérêt seul doit servir de « règle, s'expliquera par les moyens que la con« stitution lui a réservés. Mais, pour l'affermis<< sement de la liberté, pour la stabilité de la << constitution, pour le bonheur individuel de << tous les Français, il est des intérêts sur lesquels un devoir impérieux nous prescrit de « réunir tous nos efforts.

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« Ces intérêts sont le respect des lois, le ré«<tablissement de l'ordre et la réunion des ci«<toyens. Aujourd'hui que la constitution est dé<<finitivement arrêtée, les Français vivants sous << les mêmes lois, ne doivent connaître d'autres << ennemis que ceux qui les enfreignent : la dis<<< corde et l'anarchie, voilà nos ennemis communs; je les combattrai de toutes mes forces: «< il importe que vous et vos successeurs me se<< condiez avec énergie. Sans vouloir dominer la pensée, la loi protége également tous ceux qui << lui soumettent leurs actions. Que ceux que la crainte des persécutions, des troubles, aurait éloignés de leur patrie, soient certains d'y << trouver, en y rentrant, la sûreté et la tranquillité; et pour éteindre les haines, pour <<< adoucir les maux qu'une grande révolution en«traîne toujours à sa suite, pour que la loi com« mence d'aujourd'hui à avoir une pleine et en

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