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V.. Ep. 1792.

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« Professant les principes de la plus parfaite égalité, n'ambitionnant d'autres priviléges que. << celui de se présenter la première à la brèche, «< elle s'empressera de se remettre au niveau de la «< commune la moins nombreuse de l'état, dès << l'instant que la patrie n'aura plus rien à redouter. « des nuées de satellites féroces qui s'avancent « vers la capitale. La commune de Paris se hâte << d'informer ses frères de tous les départements,

«

qu'une partie des conspirateurs féroces, détenus <<< dans les prisons, a été mise à mort par le peuple; «< actes de justice qui lui ont paru indispensables << pour retenir, par la terreur, ces légions de « traîtres cachés dans ses murs, au moment où il <«< allait marcher à l'ennemi; et sans doute la na<«<tion entière, après la longue suite de trahisons

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qui l'ont conduite sur les bords de l'abîme, s'empressera d'adopter ce moyen si nécessaire « de salut public; et tous les Français s'écriront, «< comme les Parisiens: Marchons à l'ennemi << mais ne laissons pas derrière nous ces brigands, << pour égorger nos entants et nos femmes. Frères «<et amis, nous nous attendons qu'une partie «< d'entre vous va voler à notre secours et nous aider à repousser les légions innombrables des << satellites des despotes conjurés à la perte des Français. Nous allons ensemble sauver la patrie, « et nous vous devrons la gloire de l'avoir re<< tirée de l'abîme. »

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Enfin, le dernier jour, lorsque les bras fu- V• Ep. rent lassés, ou lorsque les victimes manquèrent, le glaive s'arrêta, et l'on vit les meurtriers venir demander leur salaire.

Une des causes, ou plutôt un des prétextes des premiers mouvements qui déterminèrent les massacres, était l'entrée des armées germaniques. On avait dit au peuple : Volez aux frontières, et ne laissez point d'ennemis derrière

yous.

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Les frontières n'étaient point dans un état Pièces j. rassurant; la topographie de cette ligne de défense, qui, du sud au nord, aboutit aux deux mers, sur un développement dont les sinuosités. parcourent un espace de plus de sept degrés, est un détail nécessaire à l'intelligence de ces campagnes de la liberté, qui, pendant huit années, ont agité sans repos les nations et leur sol.

Les Gaules, dit César, sont séparées de la Germanie, par le Rhin. Cette démarcation est celle de la nature; elle semblait avoir mis de grandes barrières entre les grandes nations divisées de mœurs et de langages. Depuis Charlemagne la France avait vu se resserrer plus ou moins ses frontières; elles s'étendaient maintenant à l'ouest, depuis Antibes jusqu'à Dunkerque; sur une ligne fortifiée, ou par les travaux de l'art, ou par les ouvrages de la nature. Du midi jusqu'au Rhin, le Var et les sommités des Alpes

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V. Ep. la séparaient du Piémont et de la Suisse dont les alliances l'assuraient. Le Rhin, se détournant à l'occident, au sortir des montagnes d’Helvétie, qui lui servent de berceau depuis sa source jusqu'à Bâle, couvre, par son lit large, profond et variable, tous les pays situés sur sa rive gauche, jusqu'à Landau. Depuis ce poste, on avait élevé jadis des lignes fortifiées qui, prenant leur nom de Weissembourg, allaient se terminer au pied de la chaîne des Vosges. Là rivière de Sarre offre ensuite une ligne de défense, faible et peu sûre, jusqu'au poste fortifié de Sarre-Libre, jadis Sarre-Louis. Cette place, de peu de capacité, ne peut que servir d'appui à une armée défensive, mais ne pourrait pas arrêter une armée ennemie et supérieure. Le pays situé au confluent de la Sarre et de la Moselle, offre plusieurs positions dont les flancs sont couverts par ces deux rivières; et soutenus par le poste important de Metz, ville grande, fortifiée, et dont la capacité assure à une armée, des entrepôts, une défense pour couvrir son front, et au besoin, une retraite. Le pays, jusqu'à Verdun, situé sur la Meuse, offre un passage qui ne pouvait être forcé qu'après le siége de ces deux places. Verdun fortifié, mais de peu de défense par sa position, ferme la gauche de cette ligne, jusqu'à la forêt des Ardennes.

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Au nord, depuis Dunkerque, une double v. Ep. enceinte de places fortifiées par l'art de Vauban, couvre cette frontière, et la sépare des PaysBas autrichiens. Lille, Condé, Valenciennes, Maubeuge, Philippeville, Givet; et en seconde ligne, Saint-Omer, Douai, Cambrai, Landrecy. Les villes de Mezières, Sedan, Mont-Médy, ferment ces deux lignes, à l'autre extrémité des Ardennes.

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Cet espace d'environ 15 lieues, entre Sedan et Verdun, avait été confié à sa défense naturelle. La forêt des Ardennes ressemblait encore alors à cette sombre et impénétrable Hercinie telle que César la décrit ; mais depuis un siécle, les progrès du commerce et de la civilisation y avaient ouvert plusieurs débouchés ; les Ardennes n'étaient plus impraticables; le faible ruisseau de la Semois, presque partout guéable, n'était plus une défense, et toute cette frontière était ouverte à l'invasion de l'ennemi. Il n'avait besoin ni d'espions, ni de guides; la topographie connue et figurée lui suffisait; nos frontières lui étaient aussi connues qu'à nous-mêmes.

Au centre de cette ouverture, il tenait Luxembourg, place réputée imprenable, et qui lui servait à la fois de point de réunion et de départ.

Aussitôt que tout fut prêt pour effectuer l'invasion, les armées coalisées se mirent en mou

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V. Ep. vement, et entrèrent sur le territoire de France. Un corps de 23,000 hommes, commandé par Clairfait, se dirigea sur Stenay; un autre, de même force, fut destiné à assiéger Thionville; l'armée, aux ordres de Brunswick, et où le roi de Prusse était en personne, dut péné20 août. trer par l'intervalle que laissaient ces deux places, , pays ouvert et sans défense. On se croyait si certain du succès, que l'on ne daigna pas même s'emparer des places de guerre; on ne prit point Thionville; on n'assiégea point Metz: la saison était avancée, on était impatient d'arriver à Paris, et l'on calculait déja la distance, par les jours de marche.

a3 août.

D'abord, Longwi fut pris. Après deux jours de siége, ou plutôt de bombardement, le conseil civil et militaire répondit à la première sommation, de manière à inviter à faire la seconde ; elle fut suivie immédiatement d'une capitulation. La garnison sortit avec tous les honneurs de la guerre, et put se réunir à l'armée.

Dumourier apprit cette nouvelle à Sedan, où il était venu prendre le commandement de l'armée de Lafayette. Il y trouva, selon lui, tout dans un désordre total; mais, selon le rapport des commissaires, tout y était aussi bien ordonné que le permettait l'état des choses. On savait qu'après la reddition de Longwi, l'armée prussienne marchait sur Verdun, et que cette

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