Page images
PDF
EPUB

1

«lité, qui ne soit prise sur le champ. » On V. Ep. applaudit beaucoup. Le maire reçut les hon- 1792. neurs de la séance qui fut levée immédiatement. Il était six heures et demie du soir. A onze heures, le rappel, battu dans différentes sections, rassembla les députés dans le lieu de leurs séances, et les citoyens en armes, à leurs postes. Tous les partis étaient également prévenus de l'événement qui se préparait, depuis 30 juill. plusieurs jours, aux séances des jacobins; les orateurs l'avaient annoncé et provoqué; Camille- Desmoulins, dans un long discours, indiquait la commune de Paris, comme le point de ralliement. « C'est, dit-il, le conseil com<«<mun de la ville de Londres, qui a fait, au<«<< tant et plus que le parlement, la plupart des révolutions d'Angleterre, où le maire de Lon« dres a toujours eu le rôle principal. C'est de «< nous aussi, messieurs, après l'assemblée na«<tionale, qu'il dépend le plus de sauver Pa<< ris. » Robespierre y avait dénoncé le départ du roi. Chabot demanda la déchéance du roi 5 août. et de la royauté. << Plus d'adresses, plus de

[ocr errors]

pétitions; il faut que les Français s'appuient

« sur leurs armes et fassent la loi. » On avait proposé et arrêté d'imprimer la liste des membres de l'assemblée, qui avaient voté pour Lafayette; et sur la crainte qu'après les insultes faites aux députés, l'assemblée ne prît la réso

1792.

des séan

V.. Ep. lution de se transférer dans une autre ville, 8 août. on proposa de les arrêter aux barrières; et les Proc. v. tribunes répondirent: aux barrières, aux barces des j. rières. Enfin, dans la séance qui précéda l'événement, Billaud-Varennes l'annonça ouvertement et sans détour. Pour les hommes pensants, il était facile à prévoir. La journée du 20 juin avait rendu celle qui se préparait, inévitable; les uns, ne croyant plus de sureté dans la retraite, se voyaient placés dans la nécessité de périr ou de vaincre; la conduite et les fautes de la cour donnaient aux autres des motifs et des armes contre elle; tous ses projets étaient connus de ses ennemis; la plupart des agents qu'elle employait, appartenaient aux partis qui lui étaient opposés; son or n'achetait que la trahison; et Danton, que l'on savait avoir reçu une excessive indemnité, comme remboursement d'une charge supprimée, fut le premier moteur de la journée du 10 août.

Le rappel dans les sections fut à la fois le signal de la réunion des députés à la salle d'assemblée; des bataillons de garde nationale et de beaucoup de défenseurs volontaires, au château; des agitateurs, dans les sections; et des membres de la municipalité, à la maison commune.

A minuit, un coup de canon donna le signal; les rassemblements se formèrent au faubourg Saint-Antoine; et les hommes, ayertis dans les

1792,

sections, se réunirent pour se porter à la maison V. Ep. commune, où, selon le plan arrêté, la municipalité existante devait être destituée et remplacée par un conseil général, disposé d'avance pour l'exécution des projets convenus. Au château, après l'étiquette ordinaire du coucher, les appartements restèrent remplis d'un grand nom-, bre de personnes qui, sans qualité ni caractère connu, n'avaient pour titre qu'un zèle bien plus ardent que réglé ; la plupart étaient sans armes, aucun ne connaissait des chefs. Le vieux maréchal de Mailli, âgé de plus de 80 ans avait été désigné, plutôt que nommé par le roi, pour donner des ordres, et sa mission n'était pas même connue de ceux qui devaient en recevoir de lui, leur présence même gênait les mouvements de la garde nationale, et servait de motifs aux émissaires du dehors pour la détourner de toute intention favorable à la défense du château. Le commandant de la 4.* légion, Mandat, en fit l'observation à la reine, en la pressant de les inviter à se retirer, pour le succès des autres mesures et pour leur propre avantage; elle repoussa avec humeur cette proposition, et dit, en se tournant vers eux : « Ces << messieurs sont venus pour nous défendre, et << nous comptons sur eux. » Il eût donc fallu organiser leurs moyens. Refuser de prendre l'habit et les armes des gardes nationales, c'é

[ocr errors]

1792.

, V. Ep. tait prêtèr un prétexte à l'accusation de les dédaigner, c'était se rendre inutile, c'était nuire. Aussi, lorsque l'attaque fut prête à se décider, la seule précaution de faire circuler, dans le château, des billets où il était dit que tout ce qui portait l'uniforme des gardes nationales, ne serait pas traité en ennemis, suffit pour isoler ceux qui ne le portaient pas, et pour affaiblir la résistance. Vers une heure du matin, le roi passa une revue dans les appartements. Trois officiers - généraux, Boissieux, Vioménil, d'Hervilli furent chargés du commandement; et on organisa une sorte de système de défense, à la partie latérale du château, qui est située sur la Seine. C'était-là que l'attaque était annoncée. Le maire Pétion, avec les membres de l'administration départementale, étaient restés dans l'intérieur des appartements, et un conseil se tenait dans le cabinet du roi, où des avis incertains étaient ouverts, admis, rejetés, changés d'un moment à l'autre, sur des rumeurs vagues, sur des bruits sans preuves, et sur toutes les nouvelles qui arrivaient du dehors. On y décida de retenir Pétion comme étage. On y proposa à la reine l'avis qui fut suivi, quelques heures après, de retirer le roi et sa famille dans l'assemblée; et la reine répondit seulement : Fi donc ! La majesté de l'histoire, dans une crise révolutionnaire,

[ocr errors]

doit aussi se prêter à tout ce qui peut la peindre. v. Ep. Pendant cette même nuit de préparatifs et de 1792. trop justes alarmes, cette reine, rencontrant un de ceux qui étaient venus apporter leur moyen d'utilité et leurs bons offices, lui disait : « Avez-vous vu M. Pétion ? convenez qu'il « est bien ennuyeux. » On cherche souvent la cause des événements qui font la destinée des empires; elle est dans le caractère de ceux qui les régissent.

Cependant Pétion, inquiet sur l'état de détention dont il s'aperçut, fit passer un billet à l'assemblée, et aussitôt un décret l'appela. Il fallut encore qu'un ministre du roi désavouât même le projet d'avoir osé le retenir. On se perdait par les fautes, on s'avilissait par la manière de les réparer.

se

L'assemblée, d'abord peu nombreuse, forma, sous la présidence de Pastoret; on incidenta longtemps sur des mesures de sureté proposées et rejetées. Pétion arriva et rassura sur l'état de défense du château, où une force suffisante était rassemblée, et pour lequel, le commandant lui avait témoigné n'avoir aucune inquiétude. On s'occupa même d'un décret en plusieurs articles, relatif à la forme des aliénations des biens d'apanage, et Philippe d'Orléans fut autorisé à continuer des aliénations commencées.

« PreviousContinue »