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fil de l'épée. Dusaillant y périt ; et cette tentative, V. Ep commencée avec des moyens insuffisants et sans suite, finit par la mort de son chef: ses papiers saisis, donnèrent des renseignements nominatifs sur plusieurs individus, et des éclaircissements dont on fit usage, sur les moyens employés pour conserver et entretenir les relations entre les partis du dedans et du dehors. Cette entreprise, terminée à son début, n'occupa qu'un moment, et l'ordre du jour rappela bientôt la discussion sur la dénonciation de Lafayette. Le comité fit un rapport. Lasource fit un long discours, où le général ne fut épargné ni par les inculpations, ni par les qualifications de traître et de conspirateur. Cependant la majorité paraissait décidée à acquitter. Guadet intervint et déposa sur le bureau une dénonciation signée. Le maréchal Lukner avait dit que Lafayette lui avait fait proposer, par Bureau-de- Puzy, de réunir leurs armées pour marcher sur Paris, et que lui, Lukner, avait répondu : « Si Lafayette marche sur Paris, je marcherai sur lui. » La dénonciation amena un ajournement jusqu'à l'examen de ce nouvel incident.

Cependant un décret venait de déclarer la 22 juille patrie en danger. Un appareil imposant, composé d'un cortége nombreux des magistrats de la commune, des six légions de la garde nationale, et d'un train d'artillerie, avait

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VE parcouru les carrefours et les places publi ques une bannière portait cette inscription: Citoyens, la patrie est en danger. Une proclamation avait été publiée, et des amphithéâtres dressés recevaient les enrôlements civiques. Les armées ennemies combinées s'approchaient. On avait perdu le temps précieux de leur éloignement, pour les prévenir par les opérations militaires, comme on les avait devancées par une déclaration de guerre hâtive, Ce temps avait été employé par les généraux à réorganiser leur armée. Mais les dispositions du cabinet des ministres n'avaient encore effectué que des marches et des contre-marches qui replaçaient le théâtre de la guerre dans le même local où elle avait été commencée. L'armée de Lukner So juin. avait evacué Courtrai; Jarri, officier de taJent et qui avait longtemps servi dans l'armée prussienne, brûla, en seʼretirant, le faubourg de Courtrai, sans que l'on puisse rien donner motif de cette terrible exécution militaire. On avait toujours voulu croire que les Belges n'attendaient l'armée française pour s'y réunir, et Lukner écrivait : « Je vois qu'il ne faut pas compter sur l'insurrection des Belges.» Son armée revint au camp de Famars, sous Valenciennes; celle de Lafayette resta à Bavai. Dumourier commandait sept à huit mille hommes, au camp de Maulde. Custine et Kel

pour

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lermann étaient à la tête de petites armées sur V. Eps la Sarre: Lamorlière tâchait de rassembler une armée dans les départements du Rhin: Montesquiou en commandait une près de Genève, d'où il menaçait la Savoie, qu'il devait bientôt envahir; et le général Anselme rassemblait sur le Var, une armée destinée à agir contre le Piémont, et à s'emparer du comté de Nice, par des mouvements combinés avec l'escadre de Toulon, aux ordres du contre-amiral Truguet.

Après l'évacuation de Courtrai, et la retraite de l'armée de Lukner, il ne fut plus question que de prendre un système défensif contre les armées qui s'avançaient de tous les points et menaçaient la frontière. On avait assez prévu qu'elles tenteraient de pénétrer par la Champagne ; et le plan de défense fut convenu avec les nouveaux ministres. Le jeune Dabancourt avait remplacé Lajard. On assigna à Lafayette son commandement depuis Dunkerque jusqu'à Mont-Médi où se terminait la droite de sa ligne de défense. Lukner dut prendre le commandement depuis Mont-Médi jusques au Rhin, ayant sous lui les corps commandés par Kellermann, Custine et Lamorlière; Dumourier resta au camp de Maulde, avec une division aux ordres de Lafayette, et bientôt il réussit à la mettre dans un état d'indépendance,

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Ep. qui lui assura, par ses amis de la capitale, le commandement en chef, auquel il aspirait. Biron aussi, sous le maréchal Lukner, eut une armée, avec la qualité de général en chef; et le but de cette disposition nouvelle ne fut autre que de partager en trois les secours et les moyens de défense, et d'en mettre les deux tiers entre les mains de Lukner, quoique son armée n'eût que la moitié de la frontière à défendre. Cette mesure, qui parut d'abord insignifiante, trouva son application après l'événe, ment du 10 août. C'était un plan secret des anticonstitutionnels, pour mettre la grande majorité des forces entre les mains qu'ils croyaient plus disponibles à leur gré. Cet échange de territoire entre Lukner et Lafayette, occasionna aussi un échange de quelques troupes, qu'ils desirèrent garder à leurs ordres, mais ne retarda point leur arrivée à leurs destinations, et dans les postes militaires qu'ils devaient occuper. On ne manqua pas de dénoncer ce mouvement comme une combinaison secrète, afin de réunir les deux armées dans un point rapproché de la capitale, pour essayer de lui en imposer, ou pour y recevoir le roi. Ce fut bien vers ce même temps qu'un aide-de-camp de Lafayette ́ vint à Paris, et que l'offre fut faite au roi de le garder en sureté à Compiègne. Mais cet échange de quelques troupes ne pouvait rien avoir de

commun avec cette offre il n'était pas néces- V. Ep. saire pour l'effectuer.

Le mouvement s'exécuta vers le 14 juillet: l'armée de Lafayette marcha par sa droite, par la Capelle et Mézières. Les troupes de Valenciennes et de Maubeuge se portèrent, les unes sur Sedan, les autres sur Mont-Médi. Toutes les troupes de la gauche du commandement de Lukner passèrent sous celui de Lafayette; celles de la droite de l'armée du centre furent réunies à Lukner. Ce mouvement n'occasionnant pas une différence de plus d'une marche, pour que chacun conservât les bataillons et les escadrons qu'il avait toujours commandés, les généraux crurent devoir leur éviter les inconvénients d'un changement d'armée. Celle de Lukner, partant du camp de Famars, de Famars, conduite par les gé

néraux Berthier et Daboville, fit son mouvement par l'intérieur, pour se porter sur la Moselle. Ces divers mouvements simultanées, rassemblant sur un même point des forces qui, dans le moment de leur rapprochement formaient quarante-cinq à cinquante mille hommes, Lafayette fit proposer à Lukner une entreprise sur l'armée autrichienne, dans sa position de Mons, qu'elle occupait avec seize à vingt mille hommes. Les deux colonnes de droite étaient formées par l'armée de Lafayette; les deux de gauche, par celle du maréchal; la cinquième

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