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fouverain d'Europe contre l'ufurpation & laty rannie de votre puiffance maritime lui fait faire un effort pour les fecouer, ce fouverain verra accéder à ce fage projet tous ceux qui auront eu à fouffrir de cette avide fuprématie ».

« Voyez au contraire les avantages préfens & futurs de notre commerce libre avec toute l'Eu rope fi fes nations acceptent nos offres, nos denrées feront échangées contre les leurs d'un continent à l'autre; elles voient tomber tout-àcoup ce coloffe qui les menaçoit toures; une exacte neutralité affure la navigation;' & comme ク nous ne poffédons pas un pouce de terre en Europe, fes guerres ne porteront jamais la défolation dans nos climats. Votre Europe femble avoir pris, à peu de chofe près, fon affiette na turelle ; & fans les guerres de commerce ou d'argent que la cupidité allume de tems en tems, vous pourriez prefque vous promettre une paix conflante. Notre féparation totale de votre continent doit donc faire l'objet des voeux de tout ami de l'humanité; rapprochés par le feul befoin réciproque des fujets, vos fouverains n'auroient plus qu'à vous gouverner avec fagefle, & nous qu'a vous demander librement & par échange ce qui nous manqueroit. Quant à votre crainte que nous nous réuniffions avec nos bretons, pour peu que les autres nations entraffent dans nos vues, elle n'est pas raisonnable, même en politique ».

<<< Vous ne vous trompez pas moins en politique, lorfque vous croyez que nous nous réunirons avec la Grande-Bretagne, fi les nations étrangeres tentent de nous aider à fecouer fon joug; elles-mêmes ne doivent pas le craindre; & pour les raffurer à cet égard elles n'ont qu'à confidérer combien cette réunion eft contraire à nos intérêts; car enfin, en leur ouvrant

à toutes nos ports, leur commerce & le nôtre vont prendre une activité finguliere, attendu que ce commerce fera libre, & que la concurrence générale affurera fon égalité. Que gagnerions-nous au contraire, à nous mettre à dos toutes les puiffances de l'Europe? Ce feroit donner volontairement à l'Angleterre plus qu'elle ne nous demande, puifqu'en époufant toutes fes querelles, elle ne manqueroit pas de nous en fufciter tous les jours pour nous vendre plus cher fa protection; au lieu qu'en y renonçant abfolument, nous n'avons plus aucun ennemiDes poltrons vous difent que la métropole nous fera un pont d'or; mais 1o. ce pont d'or ne nous cache pas l'efclavage qui eft au-delà. 2°. Croyez-vous que l'Angleterre foit en état de nous le faire? Non. Son luxe, fes befoins, accrus par l'interruption actuelle du commerce par l'objet public de cette guerre, lui font un befoin preffant de notre fujétion, & nous le fçavons. D'ailleurs, il ne fuffit pas de nous foumettre, il faut encore qu'elle crée des cultiva teurs chez nous pour elle. Chaque homme qui périt dans cette guerre eft une perte irréparabie, & il n'y a qu'une entiere indépendance qui puiffe nous redonner les colons que nous avons perdus >>.

&

«Je remarque que vous ne me faites pas la feule vraie objection raifonnable qui eft à faire contre la liberté de notre continent, la feule que 'les nations d'Europe ont à craindre. Vos gouvernemens, la plupart obérés & avides, perdront beaucoup de leurs fujets, fi une fois la liberté a un afyle; la douceur de notre gouvernement vous enlevera des hommes, & cette conquête précieufe nous flatte beaucoup. Mais fongez que ces hommes induftrieux & libres auront de l'attachement pour leur ancienne patrie,

&qu'ils la feront participer aux avantages dont ils jouiront. C'eft donc plaider contre l'humanité entiere que de feconder notre oppreffion. Après cette confidération, je ne devrois pas vous en offrir d'autre ».

<< Permettez cependant que j'ajoute celle-ci. Parcourez Fhiftoire du commerce de tout l'univers; voyez-le naître des befoins réciproques des particuliers, & être entretenu pendant quelque tems avec égalité & bonne foi; peu-a-peu les gouvernemens s'en emparent, l'injustice s'en mêle, la guerre s'y joint, & fa deftruction fuit de près. l'Angleterre, que fa fituation a néceffitée à une grande force maritime, a fait le plus grand commerce; peu-à-peu nos Bretons font devenus les grands jurés de la communauté des commerçans; ils ont fait des loix féveres, qu'ils ont exécutées féverement; les nations européennes s'y font foumifes, moitié de gré, moitié de force. Enfin, leur cupidité a trouvé plus aife de s'exercer fur nous. Nous trouvons l'occafion de fecouer cette chaîne univerfeile; fi nous fommes abandonnés dans ce beau projet, nous aurons donné un grand fpectacle au monde; & Ja génération qui fuivra la nôtre, en admirant notre courage, gémira fur la foiblefle de ceux qui ne l'ont pas fecondé. Je fuis, &c. ».

Un négociant de Londres, qui ne fe connoît qu'en lettres de change, & qui vouloit avoir un fçavant dans fa famille, envoya pour fatisfaire ce goût, fon fils unique à l'univerfité d'Oxford, où il arriva fans la moindre difpofition à l'étude En quatre ans de tems, il parvint à connoître toutes les tavernes & autres maifons publiques de la ville; & à force d'argent, il paffa par tous les grades, comme cela arrive partout, lorfque l'on fait donner à propos, & qu'on a un'ami

adroit qui fçait conduire & faire parler un au tomate. Le marchand fut charmé d'apprendre que fon fils avoit achevé fes études; en effet, il avoit pallé a Oxford tout le tems qu'on y emploie un cours complet d'études. Celui-ci eut ordre de revenir, & le pere, pour fe faire valoir par fon fils, invita pour le jour de fon arrivée, fes principaux amis, & quelques fçavans, avec prie re à ces derniers de bien examiner l'étudiant. Il paroit; on foupe gaîment, & le jeune homme ne manque pas de briller par nombre de jolies anecdotes; il fçavoit les noms & furnoms de tous les étudians d'Oxford, & les aventures de toutes les filles de l'endroit. Quand on en vint aux fciences, ce ne fut pas la même chose; le jeune homme en connoifoit à-peine les premiers élémens; il avoua enfin que ce n'étoit pas là fon fort, mais que fi ces Meffieurs vouloient faire des armes, danfer, ou courir fur deux che vaux avec lui, il étoit bien fûr d'avoir l'avan tage fur eux. « Dieu me damne, interrompit le pereen courroux, j'ai dépenfé tant d'argent pour ne faire qu'un ignorant & un fot! Ecoutez bien ceci : je ne veux pas avoir un fainéant dans ma famille, vous êtes trop vieux pour apprendre le commerce, qui demande de l'intelligence & du tems; je vous déclare devant ces Meffieurs que je vous déshérite, fi vous n'apprenez au plus vite un bon métier. C'est mon dernier mot, régiez-vous là-deffus ». Le jeune homme, qui connoît fon pere, a pris fon parti fur le champ, & s'eft décidé pour la profeffion de menuifier. Si tous les peres étoient auffi raisonnables que celui-ci, il y a peu de maîtrifes qui ne puffent faire chaque année un bon nombre de recrues dans bien des univerfités.

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Articles divers d'économie domestique ou rurale, & autres objets intérefans.

R. Miffon a publié, depuis peu, dans le Journal de politique & de littérature, un remede qu'il affure lui avoir toujours réuffi contre les maladies les plus défefpérées des bêtes à cornes: voici en quoi il confifte. Prenez un quarteron de beurre frais, un bon gobelet de fort vinaigre, autant de bonne faumure, & la même quantité d'huile de noix. Faites fondre le tout en femble, & donnez-le riede à la bête, en obfervant qu'il y ait au moins 3 heures qu'elle n'ait mange, & ne lui donnez de nourriture que 4 heures après. M. M. confeille de faire ufage de ce remede deux fois par an, l'une au printems, avant de livrer les bêtes aux pacages, l'autre ed automne, avant de les renfermer dans l'écurie. Il obferve auffi qu'il l'a adminiftré, 3 jours de fuite, contre le poifon, l'enflure, & qu'on peut le répéter fans rifque.

M. Roux, ancien chirurgien-major du régiment d'Aubigné, dragons, aujourd'hui établi au Puy-en-Velay, vient de propofer dans différens papiers publics la recette fuivante d'un emplâtre très-propre à guérir les loupes, & autres tumeurs analogues. Prenez deux onces de gomme ammoniac, autant de fagapenum: ayant pilé ces deux gommes, & enlevé autant qu'il fera poffible les corps étrangers qui peuvent y être mêlés, faites-les diffoudre dans une terrine vernifiée, fur un feu très-doux, avec une chopine de fort vinaigre; le tout étant fondu, paffez-le au travers d'un tamis de crin; enfuite vous le remettrez fur le feu, pour le faire

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