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1a protection de ces navires; mais enfin les Américains ont pris des arrangemens pour les déloger. Ils avoient élevé pour cet effet une batterie vis-à-vis l'endroit où mouilloit la Renom

mée, vaiffeau de 50 canons monté par le commodore Banks, qu'ils avoient commencé à canonner & à bombarder; &, comme ils faifoient des préparatifs qui indiquoient l'établiffement d'une feconde batterie vers la pointe Alderton ce qui auroit pu empêcher les vaiffeaux de fortir de la rade, M. Banks l'abandonna. Il est arrivé à Halifax le 6 Juillet avec le Milford, la Tamar, une bombarde, & 12 bâtimens de tranf port, après avoir effuyé plufieurs coups de vent, & furmonté les obftacles que d'épais brouillards avoient apportés à leur route. Dès le foir même de leur arrivée, ils remirent en mer pour fe rendre fur les côtes des provinces méridio-` nales, en vertu des ordres qu'ils trouverent à

Halifax.

La mer eft couverte d'armateurs américains qui font fréquemment des prifes dont on exagere peut-être le nombre. Néanmoins on ne peut pas douter qu'ils n'aient enlevé une vingtaine de nos navires qui revenoient des Indes occidentales en Angleterre. Il fe font auffi emparés de quantité de nos bâtimens de tranfport; on fait monter à 13 ou I, 400 hommes les prifonniers qu'ils ont faits fur mer. Les vaiffeaux du roi ont enlevé auffi beaucoup de corsaires, & autres bâtimens américains.

On n'a point reçu de détails ultérieurs fur la confpiration de la Nouvelle-Yorck. On voit ieu lement dans une lettre d'un officier du 35me. ré giment, datée de l'Ile des Etats, le 9 Juillet, après qu'elle eut été découverte, que le gén. Washington avoit pris fon quartier a l'hôtel-de-ville, & que le feul des complices qu'on avoit exécuté

jufqu'alors, étoit un tambour, déferté du régiment des fufiliers royaux de Galles. Selon cette lettre, les Américains lui avoient offert itérativement fon pardon, & des récompenfes con fidérables, s'il vouloit découvrir tous ceux qui avoient eu part à cette trame; mais que ce jeune homme, âgé feulement de 18 ans, avoit conftamment refulé de fe rendre le dénonciateur des autres confpirateurs, & qu'il avoit fubi avec fermeté le fuplice de la corde, auquel il avoit été con damné. Le maire de la ville, qui eft en prifon pour la même affaire, fe nomme David Matthews. C'eft un jurifconfulte, qui lors des défordres au fujet du thé importé dans la ville s'étoit déjà attiré beaucoup de défagrémens de la part du peuple, par fon zele pour les intérêts de l'adminiftration.

par

Les derniers avis de l'Amérique portent que le congrès de Philadelphie a tranféré les féances à Lancaster, dans la crainte que fes délibérations ne fuflent troublées l'arrivée des troupes du roi. Ces avis ajoutent qu'après l'action du 28 Juin, on arrêta à Charles-Town, plufieurs perfonnes foupçonnées d'être attachées à la cour, & que quelques-unes ont été miles à mort, fans qu'on eût inftruit leur procès.

Quelques vaiffeaux de guerre & un grand nombre de bâtimens de tranfport chargés de recrues, de vivres & de munitions, qui ont été retenus longtems par les vents contraires, ont enfin mis à la voile de Portsmouth & Plymouth pour l'Amérique ; & la cour fait préparer encore de nouveaux envois pour le fervice des troupes & des vaiffeaux de guerre employés dans les colonies. On affure que fi la guerre de l'Amérique n'eft pas terminée cette année, la cour prendra à fa folde un corps de troupes ruffes,

pour coopérer à fubjuguer les colonies révol tées.

La cour vient de recevoir des dépêches de l'Amérique; on a tout lieu de croire qu'elles font des plus intéreflantes; mais rien n'en a encore tranfpiré. Il fe tient aujourd'hui un grand con feil à cette occafion.

On dit que l'armée royale du Canada á été divifée en deux parties : l'une, fous le comman dement du général Carleton, s'avance par les lacs Champlain & George vers Albany fur la riviere d'Hudfon, qui defcend à New-Yorck; l'autre, fous les ordres du général Burgoyne, doit, en traverfant le lac Ontario, fe porter à Ofvego, dont il est effentiel de s'affurer comme d'un pof te important, & delà se rejoindre avec le géné→ ral Carleton à la même colonie d'Albany dans la Nouvelle-Yorck. Ces deux généraux, parvenus à ce dernier pofte, mettroient par leur jonction les Américains entre deux feux, &, forçant le géné ral Wafingthon à la néceffité de leur oppofer une partie de fes forces, débarrafferoient le gé néral Howe de la moitié, des obftacles qu'on ap porte à fa defcente à New-Yorck. Il n'eft pas probable que les deux généraux qui viennent du Canada, ayant à traverfer, l'un le pays des Mo hauks, l'autre celui des Iroquois, foient arrivés. affez à propos pour cette opération, dont la combinaison demanderoit plus de tems qu'il n'en refte dans ce pays avant la fin de la campagne. Cependant la nouvelle fuivante annonce que général Burgoyne eft arrivé au rendez-vous..

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Extrait d'une lettre d'un officier à bord du Phé nix, vaiffeau de S. M., à l'ifle des Etats, le 10 Juillet.

Le congrès, depuis quelque tems, fe voit fore

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employer des moyens tyranniques. Ses billetsmonnoie font hautement refufés par fes partifans méme, & il faut ufer de violence pour les leur faire accepter. Ce jour même, le général Howe eft informé par une lettre du général Bourgoyne, que ce dernier eft entré fur le terrein de la Nouvelle-Yorck. Dès-lors nos vaiffeaux ont reçu ordre d'attaquer les batteries des ennemis, compo fées de 32 canons de 12 & de 20 livres..... Ceci a été écrit fur un vieux coffre au moment que le Phénix fe préparoit à l'action.

Extrait d'une lettre d'un gentilhomme de Philadelphie.

Vous avez oui dire, fans doute, que les Indiens s'étoient déclarés en faveur des Américains; mais je puis vous affurer au contraire, qu'ils ont refufé de prendre parti contre le grand roi. Le congrès a employé tous les moyens poffibles pour les engager à lever la hache en fa faveur fans avoir pu en venir à bout. Je me fuis trouvé à une des conférences que le congrès a eue avec le chef des fix nations, il y a 3 mois environ, & j'ai été fingulierement frappé des fentimens de reconnoiffance, & de l'honnéte fimplicité de ces peuples ignorans & fans culture. Comme on s'appercevoit que les raifonnemens les plus forts étoient fans effet fur eux, un eccléfiaftique de Boflon, orateur diftingué de ces pays, après avoir cherché à émouvoir leurs cœurs, prit 12 rofeaux à la main, & leur dit : Freres, fi vous nous joignez, nous ferons, comme ces douze rofeaux, affez forts pour ne pouvoir être rompus, nous triompherons & nous foulerons nos ennemis à nos pieds; mais fi vous refufez de vous unir à nous, femblables a un de ces rofeaux feparés, facile à Tompre comme vous le voyez, nous ferons vain

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eus par le grand roi qui eft au-delà du lac. Alors un vieux guerrier indien fe leva, & dit: Freres vuidez vos querelles entre vous, les Indiens ne veulent pas s'en mêler; nous avons reçu plufieurs bienfaits du grand roi, & nous n'avons aucune raifon de nous oppofer à lui, puifqu'il ne nous a point fait de mal. Il eft lui feul un grand baton beaucoup plus haut & plus fort que vos 12 rofeaux, freres, táchez de vivre en paix avec le grand roi, ne nous faites point de mal, & nous ne vous en ferons point. Les députés furent très-mécontens d'avoir ainfi manqué leur objet, & depuis ce tems ils murmurent beaucoup contre le projet cruel du gouvernement de vouloir armer les fauvages, tandis qu'ils ont fait tous leurs efforts pour les armer contre ce même gouvernement.

On ne dit rien de pofitif fur la jonction du lord Howe avec le général fon frere, & l'on ne conçoit pas que ce lord, parti fur la fin de Mai, n'ait pas encore paru fur les côtes de l'Amé rique.

Voici la traduction de la déclaration d'indépendance, rendue par le congrès-général, telle qu'elle a été publiée en Angleterre.

Déclaration de la part des repréfentans des étatsunis de l'Amérique, affemblés en congrès-général, le 4 Juillet 2776

Lorfque, dans le cours des événemens humains, il devient néceffaire pour un peuple de diffoudre les liens politiques qui l'ont attaché jufqu'alors à un autre, & de prendre entre les puiffances de la terre l'état féparé & égal a quel la loi de la nature & le maître fuprême qui la gouve ne, lui donnent droit; alors un refpe& converable pour l'opinion des hommes exige qu'il expofe les raifons qui le portent à cette féparation.

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Nous regardons comme des vérités évidentes par ellesmêmes que tous les hommes ont été créés égaux; qu'ils ent reçu de leur créateur certains droits inalienables;

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