Page images
PDF
EPUB

Depuis le départ du baron de Rullecourt, on affure qu'il eft déferté 200 hommes de la légion de Malfalski, qui fe trouve ainfi réduite à environ 300 hommes. On ne fçait pas encore ce qui a été décidé à l'égard des gentilshommes françois `qui avoient voulu fuivre leur colonel ici & qu'on avoit menacé de punir comme défer

teurs.

C'est le 26 de ce mois que fe fera l'ouverture de la diete. On affure qu'elle fe tiendra fous le lien d'une confédération bien différente de la der. niere; elle aura le roi pour chef, agira avec le moi, pour le roi, & en faveur des loix.

ALLEMAGNE.

KONIGSBERG (le 19 Août.) Le grand due de Ruffie, retournant de Berlin à Pétersbourg coucha, le 12 de ce mois, à l'abbaye d'Oliva. La 13, ce prince paffa par la ville de Dantzig, & fut complimenté par le magiftrat, qui lui fit fervir un déjeûner au palais des comtes de Moif. zeck. Le 14, S. A. I., qui avoit couché à Elbing, arriva ici entre 8 & 9 h. du foir; on lui rendit les mêmes honneurs qu'à fon paffage en allant à Berlin, & les rues furent fuperbement illuminées. S. A. I. continua fa route le 15; ayant dans fon carroffe le général Lentulus chargé de l'accompagner jufqu'à Mémel.

HAMBOURG (le 24 Août.) On vient d'apprendre qu'une frégate de guerre danoise a enlevé, dans le détroit de David, entre Jagkel & l'ifle de Chiens, à environ deux milles de terre, deux navires hollandois; fçavoir, le Middelhaen, cap. Gerrit Bull, avec 5 baleines, 170 barriques; & le Ruft van 'Vaderland, cap. Gerritz Bull, avec 4 baleines, 160 barriques,

[ocr errors]

&

ainfi qu'un navire de l'Amérique feptentrionale,
capitaine Etienne Kidder, avec 210 tonneaux
d'huile de baleine. Ces trois capitaines font ar
rivés du détroit de David à Elfeneur, le 17
de ce mois, à bord du navire le Middelhaen,
ont continué leur route pour se rendre à. Co-
penhague, où les deux autres prifes font atten-
dues auffi inceffamment. La contrebande qu'on
a trouvée fur ces navires, & pour laquelle ils
ont été faifis par la frégate danoife, confifte uni
quement en 10 peaux de chiens marins, trou
vées à bord du Middelhaen, dont le cap. a dé-
claré qu'il ignoroit que ces peaux étoient dans
fon navire, & que des habitans du pays les a-
voient vendues à fon infçu à des perfonnes de
fon équipage; cinq peaux de chiens marins à
bord du navire le Ruft van t' Vaderland, dont
les habitans avoient fait préfent au capitaine en
reconnoiffance des fecours qu'il leur avoit pro-
curés dans leur mifere, & 4 peaux de chiens
marins fur le navire du cap. Kidder, qui a auffi
déclaré n'en avoir eu aucune connoiffance. Le
navire le Middelhaen a été amené à Elfeneur par
deux pilotes & fix matelots danois. Il fe trou-
ve fur le Ruft van t' Vaderland un pilote & un
måtelor danois pour le conduire; on a retiré de
chacun de ces trois navires quatre à cinq hom-
mes de l'équipage, que l'on a fait paffer à bord
de la frégate danoife, & l'on a fait prêter fer-
ment aux officiers & à leurs équipages qu'ils
ne se révolteroient point en chemin, mais qu'ils
fe laifferoient paifiblement conduire à Copenha-
gue.

Le duc de Brunswick vient de rendre un édit par lequel il appelle à Wolffenbutel les fabricans, négocians, marchands, artiftes, artifans. & ouvriers étrangers en tout genre, pour former dans cette ville les établiffemens qu'ils ju

geront les plus convenables à leurs intérêts. Loin qu'il y ait aucune retribution attachée à cette liberté, on leur promet des encourage mens de toute efpece, même des avances, l'exemption de toute impofition, charge publique, &c., fans aucune reftriction.

[ocr errors]

Extrait d'une lettre de Warfovie du 6 Août.

Nous touchons au moment où le fort de la Pologne va être décidé : l'anarchie féodale & le fanatifme vent probablement rendre le dernier foupir. La puiffance des grands, réduite à de juftes barnes, leur laissera la liberté de faire le bien, & ne leur ôtera que celle d'affliger l'huma nité: l'intolérance va recevoir des outrages qui la réduiront à étouffer fon zele amer, & tout le monde y ga gnera; les vaffaux ne feront plus de fimples efclaves; Jes payfans cefferont de n'être que des victimes; les diffidens ne feront plus des objets de mépris, de haine & d'horreur; ils font hommes, ils font citoyens, comme tous les autres Polonois : l'he yduque qui fauva, il y a quelques années, la vie au meilleur, des rois, étoit roturier & diffident. A la veille d'une diete qui va régler la deftinée des citoyens, on fera, fans doute, bien aife de fçavoir quel degré de confidération politique méritent le nombre & l'efpece d'hommes qui compofent le corps des diffidens en Pologne; on s'empreffe d'en donner une idée & l'on prévient le public que c'eft un citoyen catholique qui parle. L'élection des nonces diffidens s'eft faite avec plus ou moins de débats; mais enfin elle a culieu pref que partout; là où elle a rencontré des oftacles, elle fe fera encore les puiffances alliées d'accord avec le roi, veulent abfolument que la conftitution qui ftatue ces élec tions, foit parfaitement obfervée. Les fanatiques, pour rendre inutile la fageffe de ceux qui prétendent que tout bon citoyen doit être traité & honoré en bon citoyen, indépendamment de la différence de religion, s'efforcent de faire croire à l'étranger que la communion des diffidens ne confifte qu'en une poignée de gens fans naiffance, fans fortune & fans refources; on ne fçauroit bleffer la vérité avec plus d'indécence & plus de malice; mais il est aisé de réfuter cette calomnie; il fuffit de donner un état exact des églifes d.fidentes qui reftent encore dans la république; c'eft l'objet principal de cette lettre. Malgré le grand nombre d'églifes que les diffidens ont perdues dans ces derniers tems dans la Pologne, & les pays

[ocr errors][ocr errors]

qui en dépendent, il y exifte encore actuellement 11 principaux fynodes, fçavoir celui de Goflin, celui de Xanfen, celui de Cracovie', celui de Wlodiflaw, celui de Petrikow, celui de Torn, celui de Wfchov, celui de Bojanow, celui de Fitia, celui de Pofen, celui de Zaborowo-Rydzyn, & nombre d'autres, tels que ceux de Frauftadt, Marienwerder, &c., qui ne tiennent plus à la Pologne, & qui ne font pas comptés ici, non plus que ceux qui fe trouvent aujourd'hui dans les nouvelles pof. feffions de la Ruffie & de l'Autriche. Le chef-lieu de chaque fynode peut être regardé comme une espece d'évêché duquel dépendent plus ou moins de communautés; c'eft ce que l'on connoît en Allemagne fous le nom de fur-intendance c'eft d'après le plus ou moins d'étentendue de ces fur-intendances que les fynodes font diftingués en grands fynodes ou en petits fynodes; les fynodes généraux font ceux où fe rendent les députés nobles, les roruriers & eccléfiaftiques de chaque province, comme actuellement celui de Liffa, dont on publiera dans peu les actes. Parmi les premiers, on compte un grand nombre de noms refpectables de familles les plus anciennes & des plus nobles du royaume, qui fe fout toujours diftinguées par leur fidélité à la patrie & au roi ; les feconds font des chefs des meilleures maifons qui font le commerce, ou qui s'appliquent aux arts; les eccléfiantiques cultivent les fciences avec fuccès, & fe diftinguent furtout par une vie exemplaire. Différentes religions fe font réunies fans changer de dogmes ni de dif. cipline, & ne forment qu'un corps dans les affemblées générales où elles font caufe commune, fans autres fecours que des contributions volontaires, toujours proportionnées aux circonftances; ces communautés ont trouvé moyen de fonder dans les villes, des colleges & des hôpitaux bien tentés & bien adminiftrés, & dans les campagnes, des écoles, où l'on enfeigne à la jeuneffe tour ce qui concourt à former des citoyens fideles, utiles & laborieux d'eft cette partie de la hation qu'on vouloit anéantir dans ce pays, tandis que le roi de Pruffe éleve sous les jours des autels confacrés au culte catholique, tandis que l'Autriche permet de fonder des univerfités en faveur des proteftans, & que la Ruffie tolere toutes les croyances & tous les dogmes. Te finis par une réflexion bien confolante; c'eft que la philofophie, ayant diffipé les ténebres de l'ignorance, a appris aux hommes à ref pecter la religion la plus fainte, celle qui leur préfcrit de s'aimer les uns les autres,

T

BERLIN (le 24 Août.) Le 14 de ce mois, le roi partit de Potzdam pour aller faire la revue de fes régimens dans la Haute & Baffe-Siéfie; S. M., qui eft accompagnée du prince de Pruffe & du général-major de Prittwitz, chef du régiment des gendarmes, ne fera de retour que vers les premiers jours de Septembre.

La princeffe époufe du prince Ferdinand de Pruffe fe trouvant de nouveau enceinte, on a commencé les prieres ordinaires dans toutes les églifes de cette capitale pour l'heureuse délivrance de S. A. R.

Le prince Henri de Pruffe a donné au grandduc de Ruffie, à Rheinsberg, des fêtes magni→ fiques. On a remarqué entr'autres un temple antique conftruit par les ordres de S. A. R., & que le grand-duc a traverfé en faifant fon entrée dans cette ville. S. A. I. en eft partie le 8 avec le prince Henri, qui ne l'a quittée qu'à Schwedt. Le 14, la princeffe de Wurtemberg, future époufe du grand-duc, eft partie pour la Ruffie. On dit que la ducheffe fa mere ne l'accompagnera que jufqu'à Memet, mais que le dué fon pere ira jufqu'à Pétersbourg.

J

RATISBONNE (le 19 Août.) Les états proteftans de l'empire ne paroiffent pas être trop fatisfaits du décret aulique impérial fur la rupture du congrès de vifitation de la chambre de Wetzlar, parce qu'il ne renferme aucune propofition pour le rétabliffement de cette affaire, qui devient de jour en jour plus critique, les vacances ayant été fixées, le 13 de ce mois, dans l'affemblée de la diete jufqu'au 11 Novem bre prochain, fans que perfonne ait fait mention de la vifitation.

Il y avoit depuis quelque tems à Vienne un juif appellé Freftachof, qui faifoit une dépenfe

« PreviousContinue »