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L'activité du commerce fur nos côtes est un événement qu'on ne peut attribuer qu'aux conteftations qui ont allumé la guerre entre l'Angletterre & fes colonies. Le 6 de ce mois, III vaiffeaux de diverfes nations pafferent devant: Helfingor, venant de la baltique, & le 7, on en vit 62 autres qui tenoient la même route. On obferve que la plupart de ces vaiffeaux font> hollandois; ils vont charger du feigle à Dant-r zig, où l'on dit que le prix de cette denrée, a baiffé confidérablement.

Les deux gabarres de S. M. T. Chr. la Porteufe & la Tampone ont paru il y a quelques jours en cette rade, d'où elles ont continué leur route pour la France; la premiere venoit de Ri-. ga, & l'autre de Pétersbourg..

Les quatre vaiffeaux l'Espérance - royale, le Comte de Tott, le Comte de Schack-Rathlow. & le Comte de Bernstorff, que la compagnie de Groënland avoit expédiés au printems pour la pêche de la baleine, font arrivés en ce port le 30 du mois dernier. Leur pêche a été auffi heu- { reufe qu'on pouvoit le defirer, puifqu'ils ont: rapporté 13 baleines, & ont été obligés de jetter à la mer deux demi-baleines qui leur reftoient : encore, & qu'ils n'ont pu charger à bord.

POLOGNE.

WARSOVIE le 20 Août.) Le bailli de Sa-: gramofo, miniftre de l'ordre de Maite, préfenta, le 6 de ce mois, au roi & au confeil per-, manent un bref du pape portant approbation & confirmation de l'établillement d'un grand prieuré de cet ordre en Pologne. Ce bref, joint: a l'acte de ratification du grand-maître, que le même miniftre remit il y a quelque tems à S. M. & au confeil, met le fceau à toutes les difpo

fitions relatives à l'ordinacie d'Oftrog, & termine une affaire qui étoit en litige depuis plus de

cent ans.

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Le II, le comte Branicki, grand - général de la couronne arriva à l'improviffe en cette capitale. Le 12, il eut une courte audience du roi. On affure que ce général a déclaré <«< qu'il n'avoit jamais eu le projet de former. une confédération, & beaucoup moins encore celui d'oppofer l'armée de la république à une puiffance qui lui feroit infiniment fupérieure quand bien même cette armée auroit été portée au complet fuivant les dernieres conftitutions; que jamais il ne manqueroit à la fidélité qu'il avoit vouée au roi, mais qu'en bon citoyen rien ne pourroit l'empêcher de dire librement fon avis fur tout ce qui lui paroîtroit le plus avantageux à fa patrie; qu'au refte il avoit réfolu de conferver dans toute leur intégrité les droits & prérogatives de fa dignité, & que pour l'en dépouiller il falloit auparavant le priver de la vie ». Par un des privileges de fa charge, il a demandé une garde polonoife du nombre d'hom mes fixé par les dernieres constitutions; en conféquence, il lui en a été envoyé 60, qui montent chaque jour lá garde à fon hôtel.

Le 15, le comte Oginski, grand-général de Lithuanie, revint également ici. Il fe rendit fur le champ au palais royal, où il eut de S, M. une audience particuliere d'environ 10 minutes. Le comte Branicki étoit allé à cheval à fa rencontre, avec un grand nombre d'officiers.

On voit arriver ici chaque jour des magnats & des nonces. Ces derniers font en fi grand nombre par les doubles & triples élections, que la chambre deftinée à leur affemblée ne pourra pas les contenir. Ceux du parti mécontent, dont l'influence fera peut-être plus grande qu'on ne

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l'avoit fuppofé, ont, dit-on, pour inftructions,
d'infifter fur la fuppreffion du confeil permat
nent, de demander que l'armée foit formée fur
le pied fixé par la derniere diete, & de n'ac-
corder la levée d'aucune impofition fi ce dernier
article n'a point fon entiere exécution. La Ruf
fie, de fon côté, de concert avec fes alliés
a formé le deffein d'abolir à jamais les diétines
& les dietes, qu'elle regarde comme l'origine de
tous les troubles. Elle tient en maih la puiffan-
ce exécutrice, & il y a lieu de croire que le par
ti contraire, qui n'a d'autres reffources que des
clameurs & des proteftations, fera de vains ef-
forts pour s'oppofer aux projets conçus dans le
cabinet de Pétersbourg. Déjà les troupes font ent
mouvement pour fe rendre dans les trois camps
qui leur ont été tracés. Le brigadier Drewitz
connu par fes courfes & combats contre les an-
ciens confédérés de Bar, eft parti de la Wolhy
nie, à la tête d'un fort détachement, tandifque
trois régimens viennent de Riga par la Lithua
nie. Le général Romanius, qui commande ici,
vient de faire doubler fa garde, & a établi un
nouveau corps-de-garde à peu de diftance du
palais du comte Branicki; il a donné ordre
en même tems aux compagnies ruffes, logées
dans nos faubourgs, de s'affembler vers la nuit
devant le logement de leurs capitaines, & d'y
paffer alternativement la nuit fous les armes. Ces
gardes feront relevées tous les trois jours par les
troupes des camps formés dans nos environs.
Si ces forces ne fuffifent pas pour contenir les
mécontens, le général Schroder eft prêt à pa-
roître à la tête de 5 mille Autrichiens, & l'on
dit même qu'un corps de troupes pruffiennes
fera de la partie, s'il eft néceffaire. Tant de pré-
cautions paroiffent plus que fuffifantes pour a
battre un parti qui femble n'ayoir pour défense

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que la réclamation des anciennes loix de fon pays.

Elles feront annullées & changées ces loix, qui furent pendant tant de fiecles le fondement de la fplendeur de la Pologne. La fierté républicaine des nobles s'eft peut-être montrée pour la derniere fois aux diétines de la Lithuanie, dont il nous refte à rapporter quelques particularités.

Celle de Caun s'eft tenue affez librement par la fermeté du noble Koffakowski, qui a contraint le colonel Ferfen de se retirer avec les Ruffes qu'il commandoit. Les uns difent que c'eft un trait de prudence de ce dernier pour épargner le fang; d'autres prétendent que fa troupe étoit trop foible pour en imposer aux gentilshommes polonois,

Les partifans du comte Oginski, assemblés à Slonim, réfidence de ce grand-général, ont fait éclater encore plus de violence; mais ils n'ont pas foutenu ce début. Quelques centaines, à cheval, ont fait mine d'attaquer trois compagnies ruffes qui campoient hors de la, ville; le commandant ruffe défendit à fes troupes de faire feu, & leur ordonna d'attendre de pied ferme, & de recevoir la bayonnette au bout du fufil ceux qui feroient tentés de les enfoncer Trois de ces gentilshommes fondirent fur les Ruffes, le fabre à la main, & tomberent percés de coups; ils ne furent point imités par les autres, qui jugerent à propos de fe retirer.

Le noble Chominski, élu nonce d'Ozmiana, s'oppofa à la lecture de la lettre circulaire adreffée aux diétines par l'impératrice de Russie, 1& menaça l'officier qui en étoit le porteur.

A Pofen en Pologne le général Lipski, & le général major, Radonski s'étant préfentés avec quelques drapeaux polonois, les Ruffes qui é

toient en force, leur ont interdit l'entrée de cette ville, & n'ont point ouvert leur diétine; leur proteftation porte que les fuffrages d'une nation libre ne doivent point être gênés par la présen ce des troupes étrangeres.

La réfiftance des Polonois aux volontés de l'impératrice de Ruffie, le mépris affecté avec equel on a rejetté en certains lieux la lettre circulaire de cette princeffe, & furtout le combat ou plutôt la bagare fanglante de Ciechanow ont déterminé le comte de Stackelberg à préfenter au roi & au confeil permanent une note par laquelle il demande la fatisfaction la plus éclatante.

Le prince Lubomirski, palatin' de Lublin, a fait citer au tribunal du prince fon frere, grandmaréchal de la couronne, Mr. Jezierski, caftellan de Lukow, pour avoir empiété fur les droits qui lui appartiennent comme palatin, en tenant fous fon autorité privée la diétine de ce palatinat. Cette affaire fait beaucoup de bruit, & annonce de la part de la maison Lubomirski le mécontentement le plus décidé.

Le gentilhomme que M. Drewanowski a fait jetter par la fenêtre, fe nomme Dluziewski; il: eft réfulté de ce faut périlleux plus de peur que de mal, & il en a été quitte pour une hémorrhagie qui n'a point eu de fuites. Quoique cette inful-; te foit la plus outrageante qu'il foit poffible d'éprouver, l'affaire s'eft civilifée, & les deux gentilshommes fe font accommodés à l'amiable.

Les Juifs étant dans l'ufage de commercer librement en cette capitale, 15 jours avant & après la diete, ils ont commencé, le 12 de ce mois, à jouir de ce privilege. On fe rappelle la défen-· fe qui leur a été faite ci-devant; mais ils efperent. que la diete apportera quelqu'adoucilement à leur fort.

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