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informé de 6 mois, pendant lefquels le fermier & les domeftiques tiendroient prifon.

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Le prieur de l'abbaye de Jouy devant à fon ordre, à fa maifon, à lui-même le foin de fon honneur & de fa réputation, appella de cette fentence au parlement. Le fermier & les autres accufés l'imiterent, & furent transférés à la conciergerie de Paris.

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La cour alloit prononcer, lorfque des brigands, dont le procès s'inftruifoit devant le prévôt de l'Ile s'avouerent coupables des faits & vols commis chez la Dlle. Félix, à l'occafion defquels ils dirent fçavoir qu'un fermier & rois domeftiques de l'abbaye de Jouy étoient mal - àpropos arrêtés, Cet hommage rendu à l'innocence des accfés fut notifié au procureur - général par une lettre de M. le garde des fceaux, le 14 Août 1775, & procura aux accufés leur liberté provifoire. Elle ne pouvoit être définitive qu'après le jugement du procès commencé contre les coupables qui s'étoient avoués les auteurs du crime dont il s'agit. L'un deux comdamné le 30 Mars à être rompu vif, réitéra cet aveu fur l'échaffaud; un autre, mourant dans les prifons, fit de nou veau la même déclaration, en défignant leurs complices, & ajoutant que le tout étoit pour décharger leur confcience. D'après ces faits, la tournelle criminelle a déchargé le fermier, les trois domeftiques & le prieur de l'abbaye de Jouy, des plaintes & accufations intentées contre eux, tant à la requête de la fille Félix, qu'à celle du procureur du roi au bailliage de Provins; ordonne que les écrous feront rayés & biffés dans les regiftres; que mention fera faite dudit arrêt en marge d'iceux; permet aux fermiers, domeftiques & au prieur de l'abbaye de Jouy de fe pourvoir contre les héritiers de la Dlle. Félix, pour réparations des plaintes & accufations, & pour les dommages & intérêts qui leur feront dûs & auffi de faire imprimer & afficher l'arrêt partout où bon leur femblera.

Le prieur de Jouy avoit demandé permiffion de prendre à partie le lieutenant-criminel du bailliage de Provins & autres juges qui avoient affifté au procès; ce que la cour n'a point accordé.

Un commerçant de Lyon, nommé Claude Tarin le jeune, fit une faillite au mois de Juin 1772. Cette faillite, occafionnée par des malheure imprévus, avoit fi peu le caractere de la fraude, que dans l'efpace de quatre ans ce com

mercant a été aidé par d'autres perfonnes qui f'eftimoient, & fon premier foin a été de faire honneur à fes affaires dès le moment qu'il a été en état de le faire; en conféquence, après avoir fatisfait à tous fes créanciers en capitaux & intérêts, il a obtenu le 27 Juin dernier un arrêt du parlement homologatif de la fentence de la confervation de Lyon, qui le remet dans fon premier état, & qui le rend capable de pofféder toutes les charges auxquelles le commerce peut conduire ceux qui le font avec honneur & probité.

On voit ici un état des commis des bureaux de la guerre qui ont obtenu leur retraite. Si cette lifte eft exacte, M. Charlot a 18 mille liv. ; M. Banniere, 24700; M. Marie, 1400; M. Pietre, 13600; M. de Fumeron, 12000; M. Pacot, 1200; M. de Lifle, 8000, & M. Olivier, fecrétaire, 6800. Total, 109100.

Tous les commis confervés ont reçu ordre de porter l'uniforme ou le noir, à commencer du 20 de ce mois.

Les

adminiftrateurs-généraux des poftes fouslouent la partie de leur bail qui concerne les meffageries, & il paroît que ceux qui en jouifoient avant les changemens, auront la préférence. Le public ne peut qu'y gagner, puifqu'ils fe propofent de faiffer fubfifter les poftes, & d'y ajou

ter leurs anciennes voitures.

Le Sr. Noverre, fameux compofiteur de ballets, eft ici depuis une quinzaine de jours. On fçait qu'il eft attaché à la cour de Vienne, où fes talens ont eu les plus grands fuccès. L'adminif tration de l'opéra lui fait des offres avantageufes pour le fixer en cette capitale, & l'engager à prendre la direction des ballets. Le Sr. Veftris refteroit comme premier danfeur, & auroit une penfion en qualité d'ancien directeur des ballets.

La Gourdan, connue fous le nom de la Comteffe, qui, comme on peut fe le rappeller, s'étoit fouftraite par la fuite au decret de prife de corps décerné contr'elle, dans l'affaire de la Dame d'Opy, & dont les effets ont été faifis & annotés, vient de fe conftituer prifonniere pour purger fon décret. Elle a, fans doute, pris des précautions pour s'affurer qu'elle ne fubira pas le jugement que fon état connu pourroit lui faire craindre.

Un boulanger de la rue de la Harpe vient de périr fingulierement. En defcendant dans fon magafin au moyen d'une échelle, il est tombé la tête en bas dans un monceau de farine, d'où il n'a été rétiré que trois quarts d'heure après. Comme il ne donnoit plus aucun figne de vie, on a effayé fur lui les fumigations adoptées pour les perfonnes noyées ou fuffoquées par la vapeur du charbon; mais cette expérience n'a été. fuivie d'aucun fuccès.

Le 1er. de ce mois, on a fait au port des invalides, en préience du prévôt des marchands & du corps de ville, ainfi que d'un nombreux concours de fpectateurs de tous états, l'expérience d'un batelet de St. Cloud, rendu infubmerfible par un procédé de l'invention de M. de Bernieres, l'un des quatre contrôleurs-généraux des ponts & chauffées, membre de plufieurs académies, &c.

On a mis en comparaifon ce batelet avec un autre batelet ordinaire de Saint Cloud, d'égale grandeur, tous deux ayant été conftruits il y a Io ans, & leur forme extérieure paroiffant exactement la même. Cependant, on a vu que huit hommes feulement étant fur le fecond batelet, qu'ils faifoient balancer & pencher d'un côté l'ont bientôt rempli d'eau & fait couler à fond, enforte que ces hommes ont été obligés de re

gagner la rive à la nage, tableau de ce qu'on. peut redouter dans un batelet ordinaire, foit par F'imprudence de ceux qui font dedans, foit par la force des vagues & du vent, foit par un choc violent & inattendu, foit par toute espece de furcharge.

Les mêmes hommes échappés du batelet fubmergé fe font mis fur le bateau du Sr. de Bernieres, l'ont balancé & rempli d'eau comme le premier; mais au lieu d'aller au fond, ce batelet eft refté à flot, quoique l'eau y fût bord à bord; & ainfi chargé d'hommes & du volume d'eau qui le rempliffoit, on l'a vu fe promener à force de rames fur le baffin de la riviere, fans aucun rifque pour les perfonnes qu'il contenoit.

M. de Bernieres a porté l'expérience plus loin; il a fait établir un mât fur ce barelet rempii d'eau, a fait attacher au haut du mât une corde qui a été tirée jufqu'à ce que le bout du mât touchâ la furface de la riviere, enforte que le batelet le trouvoit tout-à-fait fur le côté, pofition que les vents ni les vagues ne peuvent lui donner; & dès que les hommes qui l'avoient fait incliner à cet excès, eurent lâché la corde, le batelet & le mât fe redrefferent en moins d'un quart de feconde ; ce qui prouve que ce batelet joint à l'avantage d'être infubmerfible celui d'être encore inchavirable, & de réunir conféquemment toutes les fûretés poffibles.

- Ces expériences ont paru faire d'autant plus de plaifir au public que les avantages de cette découverte font fenfibles, & de la premiere importance pour l'humanité.

Un pareil batelet avoit déjà été éprouvé, le 11 Octobre 1771, à Choify, en préfence de S. M. Louis XV, de Mgr. le dauphin, aujourd'hui le roi régnant, & de Mgr. le comte de Proven

ce, auxquels M. de Bernieres

auffi connu

dans les arts par fon génie inventif que par fort défintéreffement & fes vertus citoyennes, remit le mémoire de fes épreuves.

Le 6, la communauté des notaires d'Angoulême fit célébrer une meffe folemnelle & chanter le Te Deum dans l'églife collégiale de cette ville, à l'occafion de la naiffance de Mgr. le duc d'Angoulême, & pour la confervation de fes jours. C'eft une fondation par laquelle cette com. munauté fignala fa joie, auffitôt qu'elle apprit la naiffance de ce prince.

L'académie royale des fciences, dans fon affemblée du 7, a élu, d'une voix unanime, avec l'agrément du roi, le marquis de Condorcet pour remplir la place de fecrétaire perpétuel de cette compagnie, vacante par la démiffion de M. de Fouchy, qui a demandé & obtenu la vétérance.

Dans l'affemblée générale du corps de ville, tenue le 16, M. de la Michodiere a été contiué dans la place de prévôt des marchands, MM. Levé, Quartinier, & Chapus, anciens négocians, ont été élus échevins.

La fociété & correfpondance royale de médeeine, établie dans cette ville par arrêt du confeil d'état du roi du 29 Avril dernier, & préfidée par M. de Laffone confeiller d'état

premier médecin de la reine & du roi en furvivance, a tenu, le 13 Août, fa premiere féance, dans laquelle, après avoir déterminé la forme de fes travaux, elle a annoncé le fujet d'un prix de la valeur de 300 liv. qui fera distribué dans la féance du fecond mardi d'Août 1777 à l'auteur du mémoire qui fera jugé avoir le mieux répondu à la queftion fuivante: Déterminer dans les fievres exanthématiques les circonftances dans lefquelles le régime rafraîchiffant eft préférable à

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