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te royale, l'efcadre leva l'ancre, & fut au-devant du roi, en faluant S. M. de trois décharges de toute la moufqueterie & de toute l'artillerie, à chacune defquelles la galiote du roi répondit par fept coups de canon. Le roi, après avoir fait le tour de l'efeadre, mouilla dans la baye, où il reçut les complimens du bailli Carigmano, miniftre-plénipotentiaire de la religion, & du général des galeres. S. M. fe rendit en uite à bord de la capitane; les chevaliers étoient en ordre de combat; le roi fut reçu au bruit d'une triple falve qui eut également lieu a fon départ; il accepta un déjeuner que lui avoit fait préparer le général; & de retour fur fon bâtiment, S. M. fut accompagnée par l'efcadre maltolfe jufqu'à Naples, où elle donna à dîner au général, au bailli Carignano, aux quatre commandans des galeres, & au major; après le dîner, l'efcadre maltoife accompagna encore le roi jufqu'à Portici, & étant revenue mouiller fous le môle, elle fit voile pour Malte le 12, vers les 7 heures du matin.

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L'acte dont on a parlé, & par lequel le roi permet aux religieux d'avoir des prifons dans feurs monafteres, mérite d'être connu. S. M. y obferve, 1°. que des fupérieurs peu humains pour des fautes légeres, & fouvent par efprit de vengeance enféveliffoient tout vivans dans des cachots ténébreux les religieux qui avoient eu le malheur d'encourir leur difgrace, & que ces infortunés dont les plaintes ne pouvoient parvenir jufqu'au gouvernement, étoient tourmentés pendant des années entières, & s'accoûtumoient à regarder la vie comme le plus grand des malheurs pour eux; 2°. que cet excès de barbarie fi fcandaleux, furtout chez des gens d'églife, qui ne devroient donner que des exemples de charité & de bienfaisance, avoit

d'abord engagé S. M. à défendre aux fupérieurs des communautés de faire renfermer qui que ce fût en prifon par leur propre autorité; 30. mais qu'en fupprimant ces abus, on en a occafionné un plus grand encore des religieux indociles & corrompus, fentant que leur fupérieur n'avoit plus de droit de les punir corporellement, ont fecoué toute efpece de frein, & vécu dans le défordre. Leur exemple a féduit plufieurs de ceux qui étoient attachés à leurs devoirs; & il en eft réfulté des fcandales & des plaintes de la part des familles particulieres. 4°. Le roi a donc ftatué qu'il y aura dans chaque monaftere, non un lieu fouterrein & ténébreux, mais une chambre qui fervira de prifon; que chacun de ceux que le fupérieur y fera renfermer, y aura fon propre lit, & les meubles qui lui font néceffaires; qu'il pourra, fans nul obftacle, faire parvenir fes humbles repréfentations jufqu'aux pieds du trône, & que S. M. fera vifiter de tems en tems les communautés , pour s'affurer fi l'on y obéit à fes ordres. 5. Ce monarque compariffant entend même qu'on adreffe longtems des exhortations paternelles, & même des menaces à un religieux refractaire, avant de le punir; que s'il ne fe corrige pas, on le confie à la garde de quelque frere, homme de bien; mais dans les cas graves il ordonne de prendre un avocat pour défendre le coupable, & que fi celui-ci eft condamné, il puiffe encore en appeller à fon provincial, & enfin à S. M.

Le roi a déclaré infuffifantes les 14 caufes de récusation, données par les avocats des francs-maçons, contre le confeiller Pallante. S. M. a ordonné en même tems, que ce dernier faffe dans cette affaire les fonctions de fifcal, dont étoit chargé M. Crisconio, qui ne fera plus que LuniBS

ple votant. Cette décision n'annonce rien de fà vorable aux membres de la loge.

Deux de nos chébecs qui avoient transporté ici le régiment de Namur, viennent de remettre à la mer pour aller, avec d'autres bâtimens, donner la chaffe aux corfaires barbarefques qui ont paru fur les côtes de ce royaume, & fur celles de la Sicile.

Le régiment de Lucanie s'étant embarqué à Syracufe fur deux chébecs, qui faifoient route pour Reggio, la tartane qui en transportoit tout les équipages fut féparée du convoi par un coup de vent qui l'en éloigna de plus de fix milles. Deux corfaires s'emparerent de ce bâtiment, qui venoit d'être abandonné par les mariniers, un fergent & 6 foldats qui s'étoient fauvés dans la chaloupe. Le régiment arriva à Reggio, mais fans équipages, & manquant de tout. M. Pignatelli, colonel de ce corps, fit vendre fur le champ fa vai felle d'argent, & en diftribua le produit aux officiers & aux foldats. On ne doute pas que la cour ne vienne au fecours de ce régiment, dont perte est eftimée à plus de 60 mille ducats.

la

FLORENCE (le 10 Août.) Le duc d'Oftrogo thie, frere du roi de Suede, arriva ici le 8 de ce mois au foir. S. A. R. repartit le 9 pour Pise, d'où elle paffera à Rome.

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Le grand-duc, notre fouverain, par un édit du 4 Mai 1775 avoit défendu aux couvens de religieufes d'exiger aucune fomme à titre de dot de celles qui voudroient fe faire recevoir en qualité de fœurs domeftiques ou converfes, Cette décifion étoit non-feulement dictée par la juf tice, puifqu'il n'eft pas raifonnable de faire payer ces malheureufes, qui, outre les devoirs auxquels oblige l'inftitut, s'affujettiffent encore à fervir les autres qui le profeffent jamais mé

me elle étoit convenable à l'économie publique, parceque fouvent, par une vanité mal-entendue, des ouvriers, & encore plus des gens de la campagne ambitionnoient comme un honneur & un premier degré à la bourgeoifie, de faire recevoir leur fille ou leur four en qualité de converfe dans un monaftere, fans s'embarraffer d'une dépenfe 4 ou 5 fois plus forte que celle qu'il fau droit pour la marier à un homme de fa condition, & par laquelle eux & leurs enfans fe trouvoient fouvent déchus de l'état d'aifance ou ils étoient. On n'auroit pas cru qu'un fi fage réglement eût trouvé la plus forte oppofition de la part des religieufes mêmes, qui devroient avoir plus que d'autres des fentimens de charité chrétienne & de la part de leurs adminiftrateurs & directeurs qui devroient les leur in pirer, fi l'on n'eût pas fait attention qu'il eft plus difficile de tirer de leurs préjugés des religieufes que toutes autres perfonnes, & que les dots ne font pas les donations les plus utiles aux couvens mais les plus agréables aux religieufes & aux perfonnes qui dirigent leurs affaires, parce qu'elles croient qu'en les regardant comme des biens éventuels elles en peuvent difpofer à leur volonté, fans. avoir égard aux circonftances & aux befoins du

Couvent.

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Le grand-duc ayant été informé de cette infraction à fes ordres & voulant faire ceffer le fcandale qui en réfultoit, la députation chargée de veiller à l'exécution des loix, a enjoint, de la part de S. A. R., à tous les couvens de filles de fe conformer ponctuellement à l'édit de 1775, fous peine de fortes amendes & de punition exemplaire en cas de récidive.

Le duc de Modene a fait publier un édit à peu-près femblable à celui qui a été rendu dans ce grand duché. Il porte qu'aucune fille ne pour

ra entrer au couvent avant l'âge de 10 ans accomplis; qu'elle ne prendra l'habit de novice qu'a 20 ans, & ne pourra procéder à l'émission de les vœux qu'après l'année révolue de fon no

viciat.

On mande de Pefaro que l'on continue de reparer avec la plus grande célérité le grand chemin connu fous le nom de Via Flaminia. On ne reconnoit déjà plus cette route, qui n'offroit aux voyageurs que les horreurs de l'antiquité.

Les lettres de Monza dans l'état de Milan portent qu'on y a fupprimé un couvent de dominicains dont les religieux ont été répartis dans d'autres couvens du même ordre. Les revenus de ce monaftere ont été réunis à l'hôpital des orphelins de Milan, avec cette claufe que le magiftrat de Monza auroit le droit d'y placer à l'avenir 6 enfans de fa ville.

LIVOURNE (le 7 Août.) Le chevalier Dyck ayant donné fa démiffion de la place de conful général de la Grande-Bretagne dans les mers du levant, il eft remplacé par M. Udni, ci-devant conful à Venite.

Suivant les lettres de l'ifle de Corfe, le comte de Marbœuf eft parti de Baftia, le 9 du mois dernier. Ce général, accompagné de l'intendant & de quelques officiers, a pris le chemin de San-Fiorenzo, pour aller s'embarquer à Calvi, & paffer de-là en France.

On apprend qu'on exécute avec toute la célérité poffible les ordres de la cour d'Espagne pour l'équipement des vaiffeaux de guerre à Cadix & à Cartagene, & pour l'embarquement des troupes, des munitions, &c. On dit auffi qu'après un grand confeil d'état tenu en préfence de S. M. catholique, on avoit envoyé un

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