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fociété. La même chose eft arrivée à Zakroczym, Dans quelques lieux, on n'eft pas même refte aux proteftations; on en eft venu àux voies de fait. A Gnefne il y a eu, dit-on, du fang répandu, mais heureusement perfonne de tué. A Ciechanow l'affaire a été encore plus férieufe les Polonois mécontens ont attaqué les Ruffes, qui vouloient foutenir le parti oppofé; & felon des bruits qu'on efpere être faux ou exagérés, 40 hommes feroient reftés fur la place. Si l'on s'eft porté à ces excès en Pologne, on en craint encore de plus funeftes en Lithuanie, à raifon du degré auquel la fermentation y paroit être montée. A Kaun il y a trois candidats: M. Zabielo, porte-enfeigne, M. Kofakowski, échanson, & M. Meyer, tribun de la ville.

Trois jeunes feigneurs polonbis, cadets de maison, se font noyés, le 16, en fe baignant dans la Viftule. On compte parmi eux un prince de Radziwil.

KONIGSBERG (le 15 Juillet. ) Le grand duc de Ruffie & le prince Henri de Pruffe, après avoir dîné à Sanditten, château appartenant au comte de Schlieben, confeiller-privé d'état actuel, & miniftre de guerre, arriverent le 10 de ce mois, à 5 heures du foir, à la maifon de campagne, nom mée Mostbude, à un demi-mille d'ici. A la defcente du carroffe, 50 jeunes demoiselles des prin cipales maifons de la ville eurent l'honneur de préfenter à S. A. I. des guirlandes, & de joncher de fleurs le chemin jufqu'au pavillon & aux tentes dreffés pour fa réception. Elle y prit quelques rafraîchiffemens,& reçut les complimens de tous les généraux pruffiens, de la haute nobleffe, & du magiftrat de la ville: après quoi L. A. 1. & R. monterent dans un carrolle de parade, & firent leur entrée publique par la porte de

Suckheim. La marche étoit ouverte par deux fe crétaires des poftes, à la tête de 20 poftillons fonnant du cor. Ils étoient fuivis de tout le corps des arquebufiers, en uniformes neufs, & de cent jeunes négocians, pareillement habillés en habit d'écarlate, vefte & culotte couleur de paille, Après cette escorte ven it la fuite du grand duc dont la voiture étoit immédiatement précédée par le lieutenant-général de Stutterheim, gouver neur de cette ville, à la tête des autres géné raux, qui s'étoient rendus ici & d'un grand nombre d'officiers de l'état-major. Deux efcadrons du régiment de Meyer, dragons, fuivoient S. A. I, Près de la porte on avoit érigé un arc de triomphe d'ordre corinthien, fur le portique principal duquel on lifoit l'infcription fuivante: Par de portas, Regiomontum: Feftivo plaufu excipe progeniem magni Rufforum imperatoris Petri I quem fæpe hofpitem majores falutarunt: Fauftis profequere ominibus tanti herois abneposem: Quem genius proavi comitatur & inclyta fama. A gauche, fous la peinture du foleil levant, étoient les mots Spes proxima Phœbi: à droite, fous celle d'Apollon monté fur fon char, les mots Viam faciet aut inveniet; &, au milieu, cet hémifti che: Matre deá monftrante viam. Auffi-tôt que le grand-duc fut arrivé à ce monument de l'alé greffe publique, il fut falué par une décharge générale du canon de la ville, où il fit fon entrée au milieu d'une foule extraordinaire de peuple. Son S. Alt. Imp. fe rendit d'abord aux appartemens qu'on lui avoit préparés au château & où elle reçut les complimens des magiftrats & des différens colleges du pays. Le général Len? tulus avoit fait préparer un grand fouper dans les jardins illuminés de M. Saturgus, confeiller de Commerce, dont le grand-duc vifita le célebre cabinet d'hiftoire naturelle. S. A. I. est. restée

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les 11 & 12 en cette ville, où elle a vu ce qu'il y a de plus intéreffant; elle s'eft même rendue à la fynagogue des Juifs, qui étoit illuminée, & où elle fut complimentée par les anciens de cet

te nation.

Le 13 au matin, le grand due & le prince Henri font partis de cette ville. Le lieutenantgénéral de Stutterheim & M. de Dombardt, premier préfident de la régence,les ont accompagnés à un mille d'ici. Les arquebufiers & les jeunes négocians, précédant la voiture de S. A. Imp., eurent l'honneur de lui tenir lieu de gardes-du

corps.

DANTZIG (le 17 Juillet, ) Ie 12 de ce mois, un détachement de 100 fuffliers pruffiens, commandé par un capitaine, & deftiné à la garde d'honneur du grand-duc à Oliva, fe préfenta à la porte de cette ville, qu'il vouloit traverfer tambour battant & drapeau déployé. On lui fit dire qu'il n'étoit pas d'ufage d'accorder le paffage à des troupes étrangeres fans en avoir été requis. Le magiftrat, s'eft borné à donner des guides à ce détachement, qui s'eft rendu à Oliva par les montagnes.

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Le Is, le grand-duc de Ruffie & le prince Henri de Pruffe, qui avoient couché le 14 à Marienbourg, traverferent cette ville en entrant par la porte baffe, & en fortant par la porte d'Oliva ils furent complimentés à leur entrée par une députation du magiftrat, & falués par une triple décharge de 32 pieces de canon. Le ma jor Bonhorst, à la tête de 30 maitres de la garnifon, les accompagna depuis leur entrée jufqu'à leur fortie du territoire de cette ville. L. A. I. & R. arriverent le même jour à Oliva, dont l'abbé avoit fait les plus grands préparatifs. Les beaux jardins de cette abbaye furent illuminés,

& L. A. donnerent le 16, en partant, des témoi gnages de leur fatisfaction au chef de ce riche monaftere.

ALLEMAGNE

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HAMBOURG (le 25 Juillet. ) Le confeil & la bourgeoisie de cette ville; ont réfolu, le 12 de ce mois, d'y établir une loterie de tontine, dont le plan vient d'être publié elle confiftera en 3000 lots, de 200 marcs, argent de banque, la mife. Ces lots feront partagés par le fort en 150 claffes, chacune de 20 intéreffés, dont les rentes fe réuniront fucceffivement fur la tête du dernier vivant. Les rentes différeront felon les claffes; les intéreffés que le fort aura placés dans la premiere, jouiront de 50 pour cent; ceux de la feconde, de 25, & ceux des trois fuivantes de 10 pour cent., Enfuite il y aura 5 claffes de huit, 10 de fept, 35 de fix & 95 de cinq pour cent. Comme la chance eft égale pour tous les lots, il n'eft point fait de différence entre les âges, & le fort pourra pla cer dans la même claffe des perfonnes âgées avec un enfant nouveau-né.

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Il eft arrivé ici un commiffaire françois, chargé d'y acheter du bois de conftruction. Deux vaiffeaux armés de fa nation font partis de la rade de Copenhague le 21. du mois dernier pour fe rendre à Pétersbourg: ce font les gabarres de, S. M. Très-Chrétienne, la Porteufe & la Tambone, commandées par M. Verdun de la Crenne, & le chevalier de la Ville-Léon.

On dit que l'archiduc Maximilien s'étant déterminé à embraffer l'état eccléfiaftique, le 'comte de Metternich, envoyé de la cour de Vienne auprès du cercle du Bas-Rhin, a recu des inftructions relatives à l'élection de S. A. R. à la coadjutorerie de l'archevêché de Cologne,

& que les ouvertures faites par ce miniftre à ce fujet, ont été reçues d'une maniere qui ne laiffe aucun doute fur le fuccès.

On eft informé qu'au moment où la derniere divifion des troupes allemandes fut arrivée à Portsmouth, des étrangers qui paroiffoient gens de diftinction, fe rendirent à bord, fous prétexte de voir les vailleaux, mais en effet pour diftribuer aux foldats des copies allemandes des avantages que promet le congrès-général à ceux d'entre eux qui voudront faire leur fortune en Amérique. On fe rappelle que le congrès affure de grands avantages à ceux qui garderont la neutralité, ou qui fe rangeront du côté des infurgens. Ces papiers devoient naturellement faire une grande fenfation fur le commun des milit ires. Des gens qui vont fe battre pour de l'argent font plus difpofés encore à ne pas fe battre pour le même prix. On affure que ces papiers ont produit leur effet fur les troupes auxiliaires. Malgré la promptitude qu'on a mife à arrêter tes diftributeurs de ces billets, on n'a pu empêcher qu'ils ne fuffent répandus. Ils avoient été imprimés à Londres.

Extrait d'une lettre écrite au camp de Ladugard, près Stockholm, le 21 Juin,

Le principal objet que le roi a eu en vue en formant ici un camp, a été de faire l'effai de la nouvelle tactique imaginée par le comte de Heffenftein, & qui eft un compofé des tactiques ufitées chez les nations modernes les plus célebres dans l'art de la guerre, auquel il a ajouté le réfultat de fes propres idées. Le roi a choifi, pour faire cet effai, les deux régimens de fes gardes à pied & à cheval, le régiment des gardes de la reine-mere, & le régiment d'artillerie. Les gens du métier & le public ont porté des jugemens fort divers fur cette nouvelle taftique, comme cela ne manque jámais d'arriver en pareil cas. Je ne hazarderai pas de mêler mon avis à celui des autres fur une matiere aufli dé

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