partemens du confeil permanent étant fort occupés de la rédaction de plufieurs projets qui doivent être préfentés à la diete prochaine, if n'y a pas eu d'affemblée in pienis depuis 3 femaines. Les féances feront encore fufpendues quelque tems, à moins que des circonftances imprévues n'exigent une affemblée extraordinaire. Les détracteurs de ce tribunal ne ceffent d'attaquer fa conftitution, & frondent ouvertemens les opérations. Quelques magnats, par des lettres encycliques à leurs concitoyens, repréfentent ce confeil comme uniquement occupé des moyens de s'emparer de toutes les affaires pour les juger en dernier refft, & anéantir infenfiblement toutes les autres jurifdictions du royaume. Cette réfiftance aux loix promulguées par la diete fait fentir plus que jamais la difficulté de plier au joug de l'obéiflance une nation compofée d'hommes fi oppofés les uns aux autres. Cependant on efpere que les puiffances alliées ne permettront pas que les loix reftent fans un protecteur dont l'autorité puiffe les faire refpecter à ceux qui les ont méconnues jusqu'à préfent.

Il eft vrai que ces loix, furtout celles qui font émanées de la derniere diete, ont affez peu de clarté & de précision pour être interprêtées différemment. Telle eft la fource des manifeftes que le prince Augufte Sulkowski, maréchal du confeil permanent, vient de publier, L'une de ces pieces eft dirigée contre le prince Lubomirski, grand maréchal de la couronne, qui, fans avoir égard à un article des nouvelles conftitutions, a chaffé, comme on l'a dit dans le tems, tous les Juifs qui étoient établis dans les faubourgs derriere les foffés. Dans l'autre manifefte, également violent, le prince Sulkows ki réclame le terrein fur lequel il a fait bâtie

la Nouvelle-Jérufalem, & que le grand chanselier de la couronne l'a obligé de reftituer aux, religieux-hermites de St. Paul.

Ces difcuffions & tant d'autres du même genre feront foumifes aux décisions de la diete prochaine. Les deux partis contraires continuent de faire les plus grands efforts pour fe procurer des nonces qui puiffent concourir à leurs vues. Tout eft en mouvement dans les provinces; &, malgré la vigilance des Ruffes, qui s'y renforcent chaque jour, on craint que les diétines ne le términent pas fans quelques troubles. Les deux grands généraux, le prince Czartoryski & quelques autres magnats font en Lithuanie, où ils fe donnent des fêtes magnifiques. Les commandans ruffes portent un œil attentif fur ces affemblées qui pourroient avoir tout autre motif que les amufemens de la campagne. On n'i gnore pas que ces deux grands officiers de la couronne font intéreffés à faire exécuter la conftitution de la derniere diete, qui porte à 30 mille hommes effectifs l'armée de la république, & qu'ils feront tous leurs efforts pour parvenir à leur but. Mais comme il eft démontré que la Pologne, épuifée par tous fes malheurs, eft hors d'état de fupporter les charges qu'exigeroit l'enfetien de cette armée, les cours alliées, & particulierement la Ruffie, ont réfolu de ne laiffer fubfifter que les impôts qui font indifpenfable ment néceffaires, & de régler les forces militaires de la république fur le pied fixé par la conftitution de 1717. Il y a déjà longtems que le comte de Branicki a prévu ce projet, ainfi que celui qui a pour but de mettre des bornes à fon autorité. C'est pour difpofer les efprits à s'opposer à ces changemens, que ce grand-général a adreffé aux Polonois cette lettre qui a fait tant de bruit, & qui eft devenue publique

aujourd'hui. Après s'être exprimé en termes trèspiquans fur la formation & les opérations du confeil permanent, il exhorte les citoyens à conferver le dépôt des loix qu'ils ont reçues de leurs ancêtres : il excite ceux qui ont l'efpérance d'être élus nonces à la diete, à s'armer d'un courage patriotique que rien ne puiffe intimider, &c. On a déja fait ici le choix des nonces du ter ritoire de cette capitale. Le 8 de ce mois, les nobles de ce district s'étant assemblés à cet effet, dans l'églife des auguftins, le comte Alexandrowitz, caftellan de Vilna, ouvrit la féance par le difcours fuivant.

La très-illuftre terre de Warfovie m'accordant la diftindion flatteufe, m'impofant même le de voir d'entamer ces détibérations préliminaires à la diete, je me trouve honoré d'être à la tête de ce corps politique, comme partie conftituante du très-noble palatinat de Mafovie, & je rends, avec autant de plaifir que de refpect, l'hommage qui eft dû en particulier à chacun de vous, Meffieurs, qui compofez cette affemblée. L'unique bat de nos délibérations actuelles, prefcrites par les loix, eft le choix des nonces pour la diete prochaine, choix qu'une expérience à l'épreuve, l'amour le plus vif de la patrie, & la fidélité la plus inviolable envers notre fouverain doit néceffairement déterminer. Ils feront à l'abri de l'erreur, ces dignes citoyens auxquels vous accorderez vos fuffrages, lorfqu'ils prendront pour guides de leurs démarches, les intentions pures & patriotiques que S M. a bien voulu configner dans fes lettres circulaires; ils ne craindront point d'écueils, lorfque, dans les délibérations publiques, ils fuivront les vues d'un prince que la nature a formé pour le placer fur le trône. Mais comme leur nomination doit être précédée de l'élection d'un maréchal qui préfide à cette affemblée, afin que tout fe paffe

conformément à ce que les loix prefcrivent, j'ai l'honneur, Meffieurs, de nommer pour candidat à cette fondion importante M. Szamota, pannetier de Warfovie, dont l'activité eft universellement

reconnue.

Le candidat propofé ayant été accepté una nimement, il prit poffeffion de fa place, remercia l'affemblée, & nomma une députation pour introduire l'envoyé du roi. Celui-ci étant entré, prononça un difcours analogue à fa miffion produifit fes lettres de créance, & fit la lecture de fon inftruction. Après cette lecture, le com te Alexandrowitz reprit la parole, & procéda à la nomination des candidats pour la fonction de nonce; il préfenta le comte Mokranowski, lieutenant-général des armées de Pologne, & le comte Sobolewski, notaire territorial de Warfovie, propofition qui fut approuvée, fans aller

aux voix.

Les deux nonces qui venoient d'être élus ayant remercié la nobleffe, on procéda à la rédaction de leurs inftructions pour la diete. Le maréchal congédia enfuite l'affemblée, qui dîna chez le comte Mokranowski. :

Dans la derniere conférence relative à la démarcation pruffienne, M. de Benoît a fait de nouvelles propofitione qui n'ont pas été acceptées. Ce miniftre a demandé du tems pour recevoir les ordres de fa cour.

La même opération s'eft faite avec les Autrichiens, fans qu'il fe foit élevé la moindre difficulté. On regarde cette démarcation comme entierement terminée, & l'on ne doute pas qu'el le ne foit ratifiée à la diete prochaine.

On a publié, par ordre de la commiffion de guerre, que tous les foldats retirés avec penfion, qui n'enverront pas, dans le terme de 3 mois, à la chancellerie de guerre, un certificat

de vie avec le lieu de leur réfidence, feront rayés du tableau des invalides.

Par une opinion ridiculement confacrée en Pologne, les nobles fe croiroient déshonorés. sils touchoient la charrue, tandis qu'ils penfent ne pas déroger en fe faisant valets de pied, cochers, palfreniers,&c. Le gouvernement vou-. lant extirper un préjugé fi contraire à l'avancement de l'agriculture, a ordonné que dans le nouveau plan d'éducation, on donneroit aux jeunes gens les élémens de l'économie rurale. Il a été décidé qu'on leur apprendroit, 19. le jardinage, relativement aux plantes, aux légumes aux arbres à fruit; qu'on leur donneroit une légere connoiffance des arbres fauvages, des arbriffeaux, des plantes utiles à la confervation ou au rétabliffement de la fanté, en donnant cependant la préférence aux indigenes fur les exoti ques; 2. toute la fcience de l'agriculture, fondée fur des expériences certaines & analogues. au climat, avec une defcription exacte des inftrumens aratoires, &c.

Le prince de Repnin eft arrivé, le 30 du mois dernier, à Choczim, place frontiere de la Podolie, il a paffé le Niefter, avec les formalités d'ufage, accompagné d'un commiffaire ottoman. On fe flattoit de voir ce miniftre en cette capitale; mais on apprend qu'il fe rend directement à Pétersbourg.

Les effets de l'efprit de parti qui divife la ré-, publique ont éclaté aux diétines qui fe font tenues dans quelques provinces. On vient d'apprendre que chaque faction y a tenu fon affemblée dans un endroit différent; ce qui a produit. un double choix. A Gnefne les uns fe font affemblés dans l'églife cathédrale, les autres à l'hô tel de ville; à Lublin, les uns dans l'églife des dominicains, les autres dans celle de la ci-devant