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port parti d'Angleterre venoient d'entrer dans le havre d'Hallifax, & que le refte étoit attendu le 9 ou le 10. En effet on a appris depuis que cette jonction s'est faite, & que toute l'armée s'eft mife en mer pour fa deftination, fous l'escorte des vaiffeaux de guerre commandés par le lord Howe, & l'amiral Shuldham. Quelques jours auparavant, ce dernier avoit écrit à la cour que les vaiffeaux de fon escadre avoient intercepté 24 navires américains ou appartenant aux nations qui commercent avec eux.

On ne doute pas que l'armée partie d'Hallifax ne fe porte fur la Nouvelle-York. C'est donc dans cette colonie que vont fe frapper les coups les plus intéreffans. Les Américains, qui depuis longtems ont prévu le plan d'opérations des généraux anglois, le font extrêmement renforcés au centre des colonies. Indépendamment des troupes que la province de la Nouvelle-York a mifes fur pied, le général Washington à la tête de 20000 hommes, fe difpofe à difputer aux royalistes l'entrée de la ville; fi les troupes qui l'occupent font obligées de céder à la force, elles font réfolues de ne l'abandonner qu'après y avoir mis le feu, & de fe retirer dans un camp fortifié.

La defcente de M. Hoopkins à l'ifle de Bermude ne s'eft point confirmée. On dit à pré fent que cet amiral américain ayant relâché à la Nouvelle-Londres pour y prendre des rafraîchiffemens, y eft invefti par les vaiffeaux du roi.

Au nombre des prifes faites par les armateurs américains, on compte un navire qui paffoit de la Grenade à Bofton avec un chargement de rum & autres denrées pour la garnifon. Un autre bâtiment, parti de Cork avec 75 quintaux de poudre, des armes pour mille hommes, & autres munitions, a été retenu à Boston; le capitaine étoit prêt à entrer dans le port, igno

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rant que les troupes du roi euffent évacué cette ville. L'armateur américain le Campden, canons a conduit à Bofton le comte de Warwick, brigantin au fervice du gouvernement, dont il s'étoit emparé après 3 h. de combat. La chaloupe du roi le Lynx a été prife auffi à la hauteur d'Antigoa, & conduite à Philadelphie par l'armat ur le Cromwel, de 20 canons. Un gros vaiffeau de la Jamaïque, chargé de fucre, & d'une grande valeur, s'étant arrêté dans lá Caroline du fud pour y réparer un dommage caulé par le gros tems, a été retenu dans cette rade par ordre du congrès particulier de cette province. Ce même congrès a faifi les biens du chevalier James Stuard, furintendant des affaires des Indes, ainfi que ceux de fon gendre.

Par une lettre particuliere de Nantucket, on apprend qu'il eft arrivé à la Virginie 6 vaiffeaux percés pour 60 canons, qui ont été achetés en pays étrangers par quelques négocians americains. Leur left confifte en un grand nombre de pieces d'artillerie,& quantité de munitions.

La frégate la Daphné, & les bâtimens qu'elle escorte, mirent à la voile de St. Hélene pour Hallifax les de ce mois. Les frégates l'Embufcade, le Diamant & la Licorne, avec le convoi -à bord duquel fe trouve la derniere partie des troupes helloifes, relâcherent à Plymouth le 6; mais deux jours après elles remirent en mer pour l'Amérique. Cette flotte, qui eft de 60 voiles, portera de nouvelles inftructions aux commandans dans ce pays, en réponse aux dépêches que la cour en a reçues ces jours-ci. Après l'arrivée de toutes les troupes nationales & auxiliaires en Amérique, les forces employées contre les colonies monteront à 51388 homines de troupes réglées, divifées en trois corps principaux, dont J'un aux ordres du général Howe, fera de

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34614 hommes, le fecond, fous le général Carleton au Canada, de 13377 hommes; le troifieme, fous le général Clinton, de 3397 homdans la Virginie, indépendamment de quelques compagnies franches, &c. On ne parle point dans ce tableau des généraux Burgoyne & Cornwallis, non plus que des généraux allemands. L'état qu'on donne des forces provinciales, les fait monter à un nombre à peu-près égal: fçavoir, une garnifon de deux mille hommes à Bofton, foutenue d'un corps de dix mille fufiliers; la grande armée, aux ordres du général Wafhington à la Nouvelle-Yorck, forte de 20 à 30 mille hommes; 10 mille fous le général Lée dans les provinces méridionales, & 7 mille fous le général Arnold au Canada. Le total des troupes réglées, nationales & étrangeres, à la folde бritannique, monte actuellement à 86628 hommes.

Quelque confidérables que foient les forces deftinées à reconquérir les colonies, il eft queftion d'y envoyer une feconde brigade, tirée des trois régimens des gardes. On affure auffi que les brigades écoffoifes, au fervice de la Hollande, feront prifes à notre folde. L'obstacle qu'on avoit éprouvé à cet égard, a été levé par les états-généraux eux-mêmes, puifqu'ils ont permis au prince de Waldeck de tirer quatre hommes par compagnie de fes quatre bataillons au fervice de la république, pour compofer un corps de troupes deftiné à être employé en Amérique par la Grande-Bretagne. Cet arrangement fait croire que la brigade écoffoife fera le premier corps qu'on fera paffer dans nos ports, ou dans ceux de l'Irlande. En cas de befoin, cette troupe fe tient prête à s'embarquer au premier ordre de S. M. Il y a même un projet pour donner à ce corps une compofition également avantageuse à la Hollande &

on

l'Angleterre, & plus agréable au corps mê-me. Comme il eft néceffaire de recruter s'attend que les ordres feront inceffamment expédiés des bureaux de la guerre, & que ce corps fera confidérablement augmenté. On y fera en même tems une grande réforme. Les officiers nés en Hollande, & qui n'ont que peu ou point de liaifons dans ce pays, feront difpenfés de s'y rendre. Il leur fera fait un fort dans leur pays, & leurs places feront données à des officiers plus propres aux objets pour lesquels ce corps fera deftiné. Cette porte ouverte à la retraite de ces officiers fera un moyen de faciliter l'exécution des intentions favorables du gouvernement relativement au corps.

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Tandis qu'on négocioit avec les états-généraux des Provinces Unies pour obtenir d'eux la brigade écoffoife, un des officiers de ce corps avoit écrit ici la lettre fuivante. Elle prouve qu'on avoit, fans raison, répandu le bruit que les officiers de ce corps étoient plus attachés à la Hollande qu'à la Grande-Bretagne.

« Puifque les états n'ont voulu donner la bri gade qu'a des conditions que S. M. britannique a bien fait de rejetter, nous espérons que les officiers feront appellés au fervice de leur pays. Si nous pouvions aller à Hanovre ou dans quelque place d'Allemagne, notre brigade feroit , complette en 6 mois, & propre pour le fervice de l'Amérique. Nous pouvons fournir un corps d'officiers auffi bon qu'aucun de l'Europe, foit pour la difcipline, foit pour la bravoure. Si nous ne pouvons pas être employés au fervice de notre pays, nous devons nous regarder comine des exilés, & ne nous attendre qu'à des mortifications notre brigade confifte en trois régimens, de deux bataillons chacun; ces bataillons font compofés de 6 compagnies de fufiliers, &

d'une de grenadiers. Chaque régiment a un co lonel-commandant un colonel & deux lieutenans-colonels, deux majors, 10 capitaines, 28 officiers fubalternes & deux chirurgiens, qui tous, à l'exception de trois, font nés fujets Anglois »>.

On continue de lever du monde en diligence dans les trois royaumes pour le service de terre & de mer. On forme en Ecoffe un nouveau corps de montagnards, & on leve en Irlande un nouveau régiment de catholiques, qui fera nommé Royal volontaires Irlandois. Chacun de ces deux corps fera de deux bataillons, & chaque bataillon de 1000 hommes. Les autres levées rempliront les vuides dans les divers corps.

Le bruit s'étoit répandu que le congrès-général de Philadelphie n'attendoit que l'arrivée des commiffaires du roi pour négocier une réconciliation. On difoit même, il y a quelques jours, qu'un exprès arrivé de l'Amérique avoit apporté à la cour des propofitions d'accommodement de la part de quelques colonies; mais la réfolution prife, le 15 Mai, par le congrès-général, eft de nature à faire évanouir toute efpérance à cet égard. En voici le contenu.

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LES COLONIES UNIES DE L'AMERIQUE en congrès, le 15 Mai 1776.

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Comme Sa Majefté britannique, de concert avec les feigneurs & les communes de la Grande-Bretagne, a exclu, par un afe récent du parlement, les habitans des colonies-unies de la protection de fa couronne : & attendu qu'il n'a été donné & ne fera probablement donné aucune réponse aux humbles représentations de ces colonies pour le redreffement des griefs & la réconciliation avec la Grande-Bretagne, mais que toutes les forces de ce royaume, foutenues par des mercenaires étrangers, vont être employées pour la deftruction du bon peuple de ces colonies: qu'il paroit enfin incompatible avec la raifon & la fûreté des confciences, que le bon peuple de ces

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