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mans en coups - perfides, & le venez-y-võir en émeraude, frifée en sentimens foutenus vec un bonnet de conquête affurée, garni de plumes volages, avec des rubans d'oeil abattu, ayant un chat fur les épaules, couleur de gens nouvellement arrivés ; derriere, une Médicis montée en bienféance avec un défespoir d'opale, & un manchon d'agitation momentanée.

Extrait d'une lettre de Canton en Chine, le 27 Novembre 1775.

On apprend que Mr. de Trobriant, lieutenant de vaiffeau, commandant la frégate du roi l'Etoile, a été expédié de Chandernagor au mois de Janvier 1775, avec les corvettes l'indifcrete & la Badine, commandées, la premiere par Mr. Boucaut, lieutenant, & la feconde par Mr. le Ve yer de Buzidou, enfeigne de vaiffeau, pour aller tirer vengeance de l'affaffinat commis par les infulaires de Borneo, qui, par une tranifon horrible, maffacrerent en 1772 Mr. Marchis, capitaine du navire l'Epreuve, & la plus grande partie de Son équipage.

Quoique Mr. de Trobriant n'eût fous fes or dres que 238 kommes, le fuccès a furpassé fon at :

tente.

Plus de 300 Malaïs tués ou noyés, & un plus grand nombre de bieffés; 3 de leurs bátimens, dont quelques-uns de 90 tonneaux, armés de canons & incendiés; toutes leurs pêcheries pris ' détruites, tous leurs magafins renversés: telles ont été les fuites de l'expédition de Mr. de Trobriant contre Mangaran-Scrip, chef des Malaïs établis le long de la riviere de Monpava dans l'ifle de Borneo.

Cette action a malheureusement coûté la vie à quelques François, & particulierement à Mr. le

Veyer de Buzidau. Tous les officiers ont donné en cette occafion les preuves du plus grand courage, quietoit néceffaire, pour que le petit nombre triomphát d'une multitude d'ennemis acharnés au com bat avec une intrépidité dont on ne les croyoit pas fufceptibles.

N. B. Le bénédictin qui plaide en fécularisation au grand confeil, n'eft point, comme plu fieurs.l'ont cru, Dom de Saint Martin, fous-prieur de St. Denis de la Chartre, prédicateur & directeur de plufieurs maifons religieufes, mais Dom Martin, bénédictin de la province de Touloufe.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 30 Juin.) Le lord Stormont ambaffadeur du roi à la cour de France, prit congé de S. M. le 20 de ce mois, & quelques jours après il partit pour fe rendre à Verfailles. On attend ici le marquis de Noailles, qui eft revêtu du même caractere de la part de S. M. T. Chrétienne.

Le 21, le roi rendit une ordonnance qui profonge, du 30 de ce mois au 31 Août prochain les gratifications de 3 livres fterl. accordées á chaque mâtelot aguerri, & de 2 liv. fter. à cha que mâtelot ordinaire qui s'enrôlera pour la flotte royale.

Le procès pendant entre le lord Rochford & M. Sayre, banquier, enlevé & détenu à la tour, fous l'accufation d'avoir formé le deffein de fe faifir de la perfonne du roi, & de changer la forme du gouvernement, fut jugé le 27 à Weftminfter, & l'accufateur n'ayant pu prouver les faits allégués, les jurés ont adjugé à M. Sayre mille liv. fterl. de dommages-intérêts.

Le général Carleton, gouverneur de Quebec, vient d'informer la cour par des dépêches du 27

Mai dernier, que le général Burgoyne y étoit arrivé avec des renforts, & que divers bâtimens de tranfport qui le fuivoient, n'en étoient pas fort éloignés. Cette nouvelle a raffuré le gouvernement fur le fort de Québec, qu'on regar de actuellement comme à l'abri de toute entreprife de la part des infurgens. On n'a point de nouvelles ultérieures depuis la levée du blocus; mais on annonce que les troupes arrivées de l'Europe brûlent de combattre, & que le co lonel Nesbit eft déjà en marche pour aller chaffer les ennemis qui font campés à Déchambaut. Le général Carleton reftera dans Québec, & le général, Burgoyne commandera, dit-on, toute l'armée du Canada, compofée d'Européens. Canadiens & Indiens; c'eft avec ces forces qu'il fe propofe de contraindre les provinciaux d'évacuer la province, & qu'il pouffera fes opétions jufqu'aux frontieres de la Nouvelle-Yorck, afin de feconder les efforts de la grande armée dans cette partie de l'Amérique.

on

En attendant l'exécution de ces projets affure que le général Washington a détaché de fon armée de Bolton 6 mille hommes pour renforcer les Américains; que ces troupes étant jointes à celles qui font campées & retranchées à quelques lieues de Québec, formeront enfemble un corps de 12 mille hommes, que les infurgens avoient réfolu d'aller recouvrer leur honneur, & d'attaquer la citadelle par 4 endroits différens.

Le général Washington a envoyé auffi un corps de 6 mille hommes au général Lée, qui commande en Virginie, & il fe tient prêt à fe porter lui-même partout où les circonftances exigeront la préfence.

L'amiral Parker eft arrivé dans cette colonie avec une partie des troupes d'Irlande, qui doivent

agir contre les provinciaux: on ignore ce que font devenus les bâtimens de fon efcadre, qui ont été difperiés par les tempêtes.

Les troupes provinciales de la colonie de la Nouvelle-Yorck font aux ordres de M. Putnam. Lorfque ce général eut pris poste à NewYorck, capitale de cette province, il rendit l'ordonnance fuivante, dont on a déjà parlé.

Au Quartier-Général, à la Nouvelle-Yorck, le 8 Avril 1776.

Le général informe les habitans, qu'il eft devenu néceffaire que toute communication entre la flotte minifiériale & la côte foit immédiatement coupée. A cet effet, il ordonne de la maniere la plus expreffe, qu'on ne fourniffe plus longtems des provifions aux vaiffeaux. Tout habitant ou autre perfonne qu'on furprendra ayant été à bord ou pres d'aucun defdits vaiffeaux, après la publication des préfens ordres, ou en s'y rendant, sera regardé comme ennemi & traité en conféquence. Toutes les chaloupes doivent appareiller de Beekman'sSlip. Le capitaine Jacques Alner a été nommé infpedeur, & donnera les licences nécessaires pour les barques qui vont à la pêche des huîtres. On s'attend, & il eft ordonné que perfonne ne tente de fortir fans paffeport.

Le corps de troupes du roi qui a évacué Bofton eft toujours à Hallifax. Le ford Howe qui le' commande, écrit que plufieurs bâtimens partis depuis longtems des côtes d'Angleterre & d'Irlande, & chargés de vivres, y font enfin arrivés, après avoir luté contre les gros tems; mais qu'il n'a point encore de nouvelles du grand convoi qui a mis à la voile d'Angleterre le 7 Mai, & qu'il n'attend que ces renforts pour exécuter les opérations méditées. Il ajoute que

fes troupes font en bon état, & prêtes à partir; qu'il forme un nouveau corps, fous le nom de volontaires de la Nouvelle-Ecoffe; qu'il a accordé un pardon général à tous les déferteurs qui s'y enrôleront avant le 24 Juin; qu'il a taxé les denrées à un prix raisonnable, & qu'enfin il s'étoit mis à l'abri de toute furprise de la part des Américains.

Des lettres poftérieures portent que le général Howe failoit embarquer des troupes fans. qu'on fçût lear deftination, & qu'il laiferoit à Hallitax, qu'il a fait fortifier, une garnifon de 2 mille hommes, aux ordres du général-major Malley. Il n'eft cependant pas vraisemblable qu'il abandonne cette place avant l'arrivée des renforts.

Les forces maritimes & naiffantes des Ameticains, les premieres qu'on ait vu fe former hors de l'Europe, continuent de se mesurer avec celles de leur mere-patrie. Voici l'extrait des lettres qui contiennent quelques détails fur cette petite guerre.

Le Mendiant valide, armateur américain de 16 canons, commandé par M. Simon Brown, a enlevé 3 bâtimens de tranfport, venant d'Angleterre, avec des chargemens de munitions de guerre & de bouche pour l'armée royale.

On écrit de la Jamaïque, en date du 8 Mai, qu'une frégate du roi & une chaloupe armée de 12 canons étoient rentrées dans le port-royal, après s'ê e battues pendant 5 h., avec 2 armateurs américains, l'un de 32, l'autre de 28 canons, qui croifoient à la hauteur de St. Domingue, pour attendre des bâtimens de leur nation, qui fortoient de ce port, & les conduire à leur deftination. A l'approche des vaiíleaux du roi, les armateurs, arborant leur pavillon, les prierent de s'éloigner, & les affurerent qu'ils ne

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