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plupart s'étoient engagés au service du roi, fous le général Clinton. Son efcadre avoit auffi enlevé 44 autres bâtimens appartenans aux rebelles. La frégate le Scarborough, qu'il avoit détâchée pour aller prendre des vivres à la Géorgie, y avoit délivré 13 de nos bâtimens richement chargés.

L'amiral fait auffi mention d'une rencontre qu'il y eut, le 6 Avril, à 3 heures du matin, entre l'efcadre du Sr. Hopkins, forte de 5 frégates & chaloupes armées, & la frégate du roi le Glafgow, dans laquelle celle-ci fut fort maltraitée, & fe retira, ayant eu un homme tué & 3 bleffés par la moufquetterie de l'ennemi.

La cour ajoute que, d'après les lettres reçues de l'amiral Young à Antigoa, en date du 3 Mars, & de l'amiral Gayton à la Jamaïque, du 27 dudit mois, il eft très-vraisemblable que les vaiffeaux du premier ont enlevé aux Américains 26 bâtimens, & ceux du dernier 9 autres, defti-nés à commercer pour leur compte.

Le gouvernement a gardé le filence fur l'état des troupes à Hallifax, & fur une action qui s'eft pallée à la Caroline. Le corps qui s'étoit décla ré dans cette colonie pour les intérêts du miniftere, au nombre d'environ 3 mille hommes, a été totalement défait. Plusieurs ont été tués ; 850 ayant été faits prifonniers, ont été remis en liberté, après avoir mis bas les armes ; mais environ 30 officiers font détenus dans les prifons. Les vainqueurs ont fait fur eux un grand butin en armes, munitions, caille militaire, &c. Puis ils fe font répandus dans la colonie pour défarmer pareillement ceux qui y femblent favorifer les intérêts du gouvernement britannique.

Les Américains fe renforcent de plus en plus dans la Virginie, la Caroline & la Géorgie. Le général Putnam commance un corps à la NouvelleYorck; le général Zée est à la tête de celui qui fe

raffemble à la Virginie, tandis que le général Wafhington commande à Bofton la grande armée américaine.

On écrit de la Nouvelle-Yorck que plufieurs perfonnes de la premiere diftinction s'étoient embarquées au dit port, le 16 Avril, chargées de propofitions, de la part du congrès américain, aux cours de France, d'Efpagne & de Portugal, ainfi qu'aux états-généraux des Provinces-Unies, pour les inviter à commercer avec les colonies. On ajoute que, le 17 Avril, il y étoit arrivé quelques mille hommes des troupes de l'armée de Washington, & que le général Putnam avoit donné, de fon quartier-général à Yorck, un ordre pour interdire toute communication, entre la ville & la flotte britannique; qu'en conféquence, elle n'en pourroit plus tirer sa fubfiftance, & que tous ceux qui contreviendroient à cette défenfe, feroient cenfés ennemis de la patrie. Ce général a fait fortifier, à l'entrée du port une ifle, où il a placé mille hommes de fes troupes, & un régiment occupe un autre pofte deftiné à couvrir la ville. Les Américains ont trouvé à Bofton la lifte des troupes royales, fuivant laquelle elles montoient à 7555 hommes effectifs, indépendamment de l'état-major. Ils ont fuppu ré que le total des forces du général Howe à Hallifax, y compris les mâtelots & le corps de marine, peut aller à 10 mille hommes, dont il faut encore retrancher un régiment, qu'il envoya d'abord au fecours de Québec.

un

Il est arrivé, le 10 de ce mois, à la cour exprès du général Carleton, gouverneur de Québec, avec la relation & les particularités de la défaite des Américains fous Montgomery & Arnold, le 31 Décembre dernier, devant Québec, lorfqu'ils tenterent de prendre d'affaut cette place. Cet exprès a auffi apporté la confirmation.

& le détail des opérations des Américains, depuis la défaite du 31 Décembre jufqu'au 14 Mai dernier, date des dépêches, par lefquelles il paroit que, depuis le 31 Décembre jufqu'au 31 Mars, ils s'étoient contèntés de brûler les faubourgs St. Roch & St. Jean, & de continuer le blocus de la place. Le 4 Avril, les Américains drefferent une batterie de 4 canons, ainfi que d'un haubutz, & le 22, une 2e. de 2 canons & d'un haubutz; puis ils tirerent à boulets rouges fur la ville. Le 23, ils y jetterent quelques bombes. Le 3 Mai, ils tenterent de brûler les vaiffeaux dans le port, de même que la Baffe-Ville. Ils fe difpofoient à donner l'aflaut; mais le gouverneur étant renforcé par de nouvelles troupes, & fcachant par fes efpions, que les Américains ne fongeoient qu'à battre en retraite, il les attaqua, & les obligea de la faire avec précipitation, abandonnant leur artillerie, munitions, échelles, petards, &c. Leur arriere-garde fit bien halte à quelque diftance de la plaine; mais le général fe difpofoit à les pourfuivre.

Ce dérail a été donné, par ordre de la cour, dans une gazette extraordinaire.

Par des avis particuliers, on apprend les circonftances fuivantes du combat qui s'eft donné entre M. Hopkins, chef d'efcadre américain, & le Glasgow, vaiffeau de guerre anglois, une galiote à bombes, & deux autres bâtimens.

M. Hopkins revenoit des poffeffions efpagnoles avec fon efcadre, une cargaifon de poudre & d'armes. Dans fon trajet vers la NouvelleYorck, il rencontra d'autres vaiffeaux, avec deux defquels il engagea un combat, & s'en faifit; mais confidérant la valeur de fa cargaifon, s'éloigna avec fa prife, & arriva heureusement à la Nouvelle-Londres, ayant laiffé derriere lui le refte de son escadre pour foutenir l'action

il

avec le Glasgow, qui, après un long combat, prit le parti de fe retirer; de forte que l'efcadre de M. Hopkins rentra en toute fûreté dans le port de la Nouvelle-Londres, n'ayant eu que s hommes tués, & 18 bleffés.

Lettre du général Washington au général lord Sterling, commandant des troupes américaines dans la Nouvelle-Yorck.

De Cambridge, le 19 Mars 1776.

Je dois, Mylord, commencer ma réponse à votre lettre par des félicitations fur l'emploi qui vous a été confié par l'honorable congrès. Si l'on peut compter fur ce que nous avons appris d'une perfonne de la Nouvelle-Yorck, je pense avec vous, que nous trouverons les moyens de défendre le continent contre les attaques de l'ennemi, & que les opérations de la campagne prochaine ne feront pas auffi terribles qu'elles nous paroiffoient devoir l'être d'après les détails que le miniftere avoit répandus dans le public..

Je fuis charmé de vous apprendre que, le matin du 17 de ce mois, le général Howe & fes troupes ent abandonné Bofton, fans avoir détruit la place; événement des plus importans, & dont la nouvelle doit caufer le plus grand plaifir. Nous fommes en pleine poffeffion de la ville, & la preuve que Pembarquement & la retraite des ennemis fe funt faits avec beaucoup de précipitation, c'eft qu'ils nous ont laiffé des provifions de guerre de différentes efpeces pour une fomme affez confidérable, parmi lesquelles font plufieurs pieces de gros canon, & un ou deux mortiers encloués. La ville eft dans un meilleur état que je ne l'aurois imaginé d'après les avis que j'en avois reçus, quoiqu'elle foit cependant fort endommagée, & que l'on ait enlevé, de la plupart des maifons, les meubles les plus riches.

La flotte eft encore à Nantucket. L'on ignore où elle compte faire une defcente; mais, comme je fuppofe que la Nouvelle-Yorck eft de la plus grande importance pour l'ennemi, je ne puis trop vous recommander d'employer les moyens les plus furs & l'activité la plus foutenue dans vos dif pofitions pour vous oppofer à toutes fes tentati

ves.

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J'ai détaché bataillons & des carabiniers pour aller à votre fecours; je vous en enverrai d'autres, felon que les circonftances me le permettront; mais je fuis perfuadé que ces troupes & celles que Vous pourrez raffembler, s'il en eft befoin, fuffiront jufqu'à ce que le corps d'armée foit arrivé, pour empêcher l'ennemi de s'emparer de la ville & d'y prendre des logemens. Je fuis, Mylord, &c. Extrait de la réfolution prife dans le congrès, le 23 Mars, & publiée le 27.

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.... Déterminés à foutenir leurs droits, les habitans de l'Amérique ne négligeront rien pour fe défendre, & pour repouffer les attaques de leurs adverfaires. Ces motifs ont engagé le congrès à prendre les réfolutions fuivantes :

Il eft permis à tout habitant des colonies d'équiper des vaiffeaux pour aller attaquer leurs ennemis.

Tout vaiffeau avec agrès & marchandifes appartenant à quelqu'habitant que ce foit de la Gran de-Bretagne, fera adjugé aux particuliers qui s'en feront emparés, & qui auront obtenu la permiffion d'armer. On en excepte les bátimens chargés de provifions de guerre deftinées aux colonies.

Lorfqu'un vaiffeau de guerre américain fe fera emparé de quelque bátiment anglois, un tiers de la valeur de la prife fera adjugé aux officiers & aux gens de l'équipage; les deux autres tiers feront réservés pour l'ufage des colonies.

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