mon prédéceffeur à le protéger. Vous pouvez comp ter für les mêmes difpofitions de ma part, & prèndre les mesures convenables pour la prompte & entiere exécution de l'arrêt. Je fuis très-parfaitement, &c.

Signé CLUGNY.

En conféquence, les actionnaires tiendront inceffamment une affemblée générale, où l'on nommera fept adminiftrateurs, dont la réunion infpirera la confiance la plus diftinguée en faveur de ce nouvel établissement.

Lors de la réception à la chambre des comptes de M. de Clugny, à la place de contrôleurgénéral, M. de Nicolaï, premier président de cette cour, prononça le difcours fuivant.

MONSIEUR,

Le roi vous éleve au minifiere des finances pour le bonheur de fes peuples. La bienfaisance vous appelle à cette honorable fondion; mais fon choix, en faifant votre éloge, doit vous infpirer de grands devoirs.

Sans doute, il faut tout votre zele & vos talens pour la place que vous aliez remplir, puifqu'il faut répondre aux vœux & aux befoins du public.

Il feroit difficile de vous diffimuler leur vérité & leur étendue en vous propofant, Monfieur, pour modele & pour guide ces miniftres habiles & fages qui, toujours amis des propriétés, de l'ordre & de l'état des perfonnes, n'eurent jamais d'ambition que celle d'être utiles.

Ils firent le bien fans fafte, & fans étonner par des opinions nouvelles, fans allarmer par des Spéculations hardies.

Leur méthode, conforme aux principes, eut la juftice & l'économie pour base. Ils furent fideles aux engagemens ; ils ranimerent le commerce; ils

firent fleurir l'agriculture, & porterent dans toutes les parties du royaume l'abondance & la vie. La faveur de leur maitre, l'affection de leurs concitoyens ont été leur récompense; & la poftérité,jugé équitable de leur adminiftration, a confacré leurs vœux à la reconnoiffance des fiecles à venir, & leur exemple à l'émulation de leurs fucceffeurs.

Ils fçavoient, Monfieur, que cette illuftre compagnie eft le dépôt effentiel des loix & de la furveillance de la comptabilité. C'eft ici qu'on leur faifoit découvrir les abus & les remedes: c'eft ici qu'ils aimoient à trouver pour le bien qu'ils vouloient faire, des coopérateurs & des confeils.

La nation efpere de vous tout ce qu'elle a droit L'en attendre. Elle mefure aujourd'hui les obligatins du miniftre des finances fur les intentions de fon augufte maitre, Louis XVI, notre roi ; & vous fçavez qu'il veut être notre pere.

Les feigneurs de la cour fe difpofent à renouveller les courfes de chevaux, au retour de M. le duc de Chartres; M. le comte d'Artois en a fait acheter un en Angleterre, qui lui coûte, dit-on, 1700 louis; mais perfonne n'a la permiffion de le voir; on le garde foigneufement, toujours couvert & mafqué; il ne doit être vu qu'à fa premiere course.

Les prêtres de la doctrine chrétienne ont élu, dans leur affemblée générale tenue le 7 de ce mois, en leur maifon de Saint-Charles de cette ville, le Pere Pierre Bonnefoux, de l'académie royale des fciences de Toulouse, pour fupérieur général de leur congrégation.

Par délibération du corps-de-ville de SaintMalo, du 25 Mai dernier, M. Turpin, aureur du Plutarque Français, ayant écrit la vie du fameux du Gué-Trouin, a été déclaré avec un applaudiffement général, citoyen de cette ville,

laquelle, par cet honneur, a voulu lui témoigner combien elle avoit été fatisfaite de l'éloge hiftorique d'un des plus célebres de fes concitoyens.

Il s'eft commis un vol fur le pont-neuf, d'u ne hardiefie peu commune. Les tourelles tronquées qu'on y a conftruites, font occupées par des marchands qui y ont établi leurs boutiques, fans pouvoir y coucher. Un fripon eft venu vers le minuit au corps-de-garde du pont, prier le fergent qui y commande, de lui donner deux foldats pour l'accompagner à fa boutique, étant, difoit-il, obligé de partir de grand matin pour fe rendre à une foire, & voulant y porter de fes marchandifes. Ce bas-officier n'a pas hésité à lui accorder fa demande, & avec de fauffes clefs, il a ouvert une boutique, y a pris tout ce qu'il a trouvé de meilleur, l'a fait porter au corpsde-garde, bien empaqueté, y eft revenu avec un cheval, & a emporté le tout. Sur les 7 heures du matin, le véritable propriétaire eft arrivé, & a trouvé les effets volés.

Par un acte paffé à Nifmes, le 23 Mai dernier, M. Jean-Louis de la Cointe de Marcillac, écuyer, feigneur haut-jufticier de Marcillac & de la Coftille, ancien capitaine de cavalerie & gentilhomme de M. le prince de Conty, & de l'academie royale de Nifmes, a renoncé en faveur de fes vaffaux, & dans la vue de feconder, autant qu'il eft en lui, les vues bienfaifantes du roi à l'égard des pauvres agriculteurs, à tous droits de cenfives, rentes feigneuriales, droits de lods & autres droits onéreux, de quelque nature qu'ils puiffent être.

On mande de Montpellier, qu'un particulier poffédé de folie, a cru l'être du démon; en conféquence, il s'eft rendu chez le curé de la paroiffe de Ste. Anne, auquel il a demandé

d'être exorcifé; ce pafteur, éclairé bientôt fur la maladie du requérant, a refufé de fe rendre à fa demande ; mais le fou, devenu furieux, après quelques imprécations, a voulu contraindre le curé à lui conférer l'exorcifme; & comme il perfiftoit dans fon refus, il s'eft jetté fur lui, dans l'intention de l'étrangler; au bruit qu'a fait ce débat, les voisins & la garde font accourus; ils ont délivré le curé, & enfermé le malade aux pe tites-maifons.

La chaleur qui a fuccédé tout-à-coup au froid qu'il a fait, eft devenue fi forte, qu'il y eut ici, le 3 de ce mois, un orage comme il n'y en a pas d'exemple. Le tems, qui avoit été très-beau toute la journée, changea fubitement fur les 5 heures du foir, & il furvint une pluie mêlée dé grêlons fort gros; le tonnerre s'y joignit auffitôt, & les coups redoublés durerent depuis 5 heures & un quart jufqu'à 11 heures du foir. La pluie ceffa à 2 ou 3 reprifes, mais peu de tems, & tomba à féau jufqu'à 4 heures du matin. Les chevaux qui étoient en courfe, effrayés des éclairs, & alfommés par la force de la pluie, donnerent de l'inquiétude aux cochers, quiles contenoient avec peine. Les ruiffeaux étoient fi comidérables, qu'ils entroient dans les maifons, & la plus grande partie de ceux qui étoient en ville, ne purent rentrer chez eux. S'il n'eût réfulté d'autre mal de cet orage, il ne laifferoit aucuns regrets; mais les effets en ont été bien funeftés. Le tonperre eft tombé en plufieurs endroits, & il a palvérifé un homme & fon cheval, qui étoient dans l'avenue de Vincennes. Un homme qui fe promenoit auprès de St. Gervais, a été réduit en cendres, & un autre, qui étoit fur la porte, à Montreuil, a été également écraté par la fou

dre,

Le même jour, un des orages qui s'étoient-for

més fur cette capitale, alla fondre, vers les 5 heures du foir, fur le village de Conflans Ste. Honorine. Une grêle de la groffeur des œufs de perdrix y tomba pendant un quart d'heure fans eau, & ravagea la vigne, les cerifiers, les grains & les fruits de toute efpece dans la plus grande partie du territoire de Conflans, de Neuville & d'Eragny-fur-Oife; ce qui, joint aux pertes déjà caufées par les froids de l'hiver dernier, réduit un nombre confidérable d'habitans à une extrême mifere; plufieurs particuliers ont même été bleffés. A cet orage fuccéda une pluie fi abondante qu'il y avoit 6 pouces d'eau au-dessus des ́ terres en plat pays.

On apprend de Bar-le-Duc, que, le 25 Avril dernier, fur les deux heures après-midi, il eft tombé dans les environs une pluie & une grêle fi abondante qu'en moins d'une demi heure 99 maifons compofant la rue baffe & principale du village de Frémont, ont été inondées, & remplies de boue & de grêle; 17 de ces habitations ont été renversées par les torrens, & ont enféveli fous leurs ruines un même nombre de perfonnes, tant hommes que femmes & enfans, dont plufieurs ont été emportés jufqu'à deux lieues; les autres maisons ont été fi fort endommagées qu'il a fallu les étayer toutes. Les habitans, trop heureux de pouvoir échapper au danger, ont abandonné tous leurs meubles, & fe font enfuis à travers les champs. Leurs voifins se font empreffés de leur porter les fecours les plus urgens, & notamment les abbayes de Trois-Fontaines Jandeure & St. Hoil, dont les fupérieurs ont donné des preuves de la charité la plus vive; les religieux, à leur exemple, ont partagé leurs vêtemens avec ces infortunés, au nombre de 500, qu'il faut nourrir journellement. Toute la voLaille & 535 bestiaux qui formoient la richeffe