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NOTE SUR UN FULGURITE

FORMÉ EN PRÉSENCE DE PLUSIEURS TÉMOINS

A GOUGNIES, PRÈS DE CHARLEROI,

PAR

D.-A. VAN BASTELAER,

membre de l'Académie royale de médecine.

Quand il s'agit de faits scientifiques, on ne saurait apporter trop de preuves, ou plutôt trop de précision dans les observations.

On connaît la théorie de production, par un coup de foudre, des tubes fulminaires ou fulgurites.

J'ai communiqué à l'Académie des sciences, qui l'a consigné dans ses Bulletins, l'observation d'un phénomène de cette nature que j'ai eu l'occasion de pouvoir enregistrer avec certitude pour en conserver à la science la relation détaillée.

Le fait s'est présenté avec tous les caractères de l'évidence, et fut entouré des circonstances les plus probantes, sans qu'il s'y mélât le moindre sujet de doute ou d'hésitation sur la certitude du phénomène.

C'est la première fois qu'un fait de ce genre est observé en Belgique. A notre connaissance, de semblables observations ont été constatées une fois en Danemark, une fois en Angleterre et une fois en Prusse, encore n'en a-t-il été dressé aucun procès-verbal authentique signé par les témoins.

Avant de présenter mon observation, je pense bien faire de donner d'abord succinctement l'historique de la question et j'en exposerai l'état en quelques mots.

La foudre est un phénomène tellement frappant qu'elle excita dès l'origine, non seulement l'épouvante et l'idée du mystérieux, mais aussi l'attention et la curiosité. Depuis l'antiquité, on en scruta les effets et l'on voulut trouver sur la terre la conséquence matérielle du coup de foudre. On y chercha la chute ou la formation d'un objet minéral. Les recherches amenèrent la découverte de nombreux silex qui avaient perdu leur forme brute et naturelle; et cependant on n'avait à cette époque aucune idée qui pût conduire à l'explication du travail qu'avaient subi ces pierres ni à quelle époque cela s'était fait. On recueillit ces silex taillés par l'homme primitif, ces pierres éclatées et surtout ces haches polies, en y attachant une idée de respect et de superstition; et l'on en rattacha l'origine encore inexpliquée au phénomène mystérieux de la foudre. On en fit des pierres de tonnerre, ceraunia lapis ou gemma de quelques auteurs latins.

Cette croyance se perpétua de longs siècles. Les Gaulois, les Grecs, les Romains, les Francs et autres peuples recueillaient les silex taillés pour en faire des amulettes protectrices. Ils en déposaient en outre dans les tombes, où nous retrouvons aujourd'hui ces objets sacrés destinés à protéger leurs morts contre les esprits malfaisants.

Au moyen âge on continua les mêmes traditions, au moins pour ce qui était du peuple, et encore de nos jours, que de populations seraient étonnées d'apprendre que le mot fulgurite ne désigne pas ce qu'elles nomment pierre de foudre.

Nous pourrions même citer tels écrivains de mérite, vulgarisateurs de la science à l'adresse du peuple, qui ont confondu

et identifié ces deux choses différentes les fulgurites et les pierres de tonnerre ou pierres de foudre du moyen âge.

Quant aux archéologues et aux hommes compétents, ils savaient pertinemment de longue date à quoi s'en tenir sur l'origine de ces silex travaillés.

Les naturalistes du siècle dernier avaient d'autres pierres de foudre c'étaient les rognons de sulfure de fer radié, trouvés en terre et qu'ils regardaient comme étant la production des coups de tonnerre.

En résumé il y a un siècle encore la vraie question des fulgurites n'était nullement connue; on commençait alors seulement à recueillir ces tubes fulminaires, dont on ignorait toujours la vraie origine.

Tout ce qui précède ne pouvait compter comme études scientifiques, parce que les observations bien faites manquaient.

Celui qui porta le premier son attention sur les fulgurites fut le pasteur HERMAN DE MASSEL qui en 1711 retira un de ces tubes d'une plaine sablonneuse de Silésie. D'autres furent découverts ensuite en Angleterre par le Dr WITHERING et dans la lande de Paderborn par HENTZEN en 1805; ensuite près de Munster, dans le Cumberland, en Hongrie, sur les dunes de Bordeaux et aux environs de Bahia.

Le Dr FIEDLER, savant allemand, qui s'occupa spécialement des fulgurites, en trouva près de Vienne, en 1823, une remarquable par sa longueur et sa forme.

Mais ces découvertes ne purent encore conduire à l'explication scientifique de la formation de l'objet. Il s'agissait toujours de fossiles arborescents, rien autre, quoique HENTZEN eût déjà hasardé des suppositions rationnelles.

En 1823, le professeur de physique HAGEN Consigna le premier la formation constatée d'un tube vitrifié par l'effet d'un coup de foudre dans un terrain sablonneux à Rauschen.

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