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les armes ce jour-là sont peints comme des traitre; vous y verriez, dans une pastorale d'Annee et Lubin, le portrait du roi, exposé hors de propos en tous les sens aux regards de ceux qui fréquentent ces sortes de spectacles; vous y verriez enfin une jeune fille qui donne une cocarde blanche à un soldat qui l'a délivrée de deux brigands. Les trois pièces d'hier disoient aux Parisiens: Vous êtes des traîtres; mais voilà votre roi qui vous pardonne; arborez la cocarde blanche. Remerciez donc Audinot de la part des patriotes, ou apprenez-lui cette maxime : Autre temps, autre

covarde.

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EXTRAIT DES REGISTRES DU CHATELET. Interrogatoire du sieur de Launay, du 11 Mars

1799.

Le sieur Paul Delaunay, originaire de la ville de Rennes, en Bretagne, à lui demandé · son âge et ses qualités, a fait la réponse suivante. J'ai trente-deux ans. Je déclare ne point être le frère de M. Delaunay, le dernier gouverneur de la Bastille, comme plusieurs l'ont prétendu; mais cette circonstance n'étant pas utile au fond de ma cause, je dois vous mettre à portée de juger de la pureté de mes intentions, en vous lisant quelques passages d'un poëme sur le patriotisme. L'accusé a lu, en effet, quelques morceaux qui ont été applaudis. On reprend l'interrogatoire.

N'avez vous pas stimulé les habitans de Rénnes à faire une adresse à l'assemblée nationale. qui inculpe les pagistrats de cette ville?

Réponse. Jai envoyé, il est vrai, cette adresse au nom des habitans de Rennes ; mais je n'ai fait que la rédiger, pressé par les instances de plusieurs infortunés: j'ajoute que, loin d'avoir excité les. habitans à faire cette doléance, j'ai reçu à différentes fois la visite du sieur Richard. Ayaut demandé ensuite qu'on procédat à la lecture de

cette adresse; on y a remarqué les expression sui vantes, que l'on mettoit dans la bouche des habitans de Rennes :

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« Nous avons recours à vous, (c'est-à-de l'assemblée nationale), pour mettre un terme à tant de maux Les portes du temple auguste de la justice sont fermées, dit-on, pour jamais. Nous implorons un prompt secours, etc. ».

Sommé de reconnoître ladite adresse, l'a reconnue et paraphée au recto et au verso de chaque page, en ajoutant que, si la liberté n'étoit pas une chimère, il étoit dans la plus grande sécurité.

Suite des souscripteurs qui se sont présentés chez Me. Ménard de Marsainvilliers, notaire, rue de Seine, faubourg Saint-Ger main, no. 29, chez lequel l'acte pour la souscription de l'érection d'une statue à J. J. Rousseau a été passé, et dont est - mention dans notre n. 32, page 46.

M. le Blond de Mantes, horloger à Paris. 3 liv,
M. Giroud, Dauphinois.

M. Laurent, grenadier volontaire du dis

trict de Saint-André-des-Arcs. .

M. Bouhoux, huissier.

M. Soulard, trésorier de France.
M. Couilhe, négociant.

Madame Pithoin.

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M. Bouber, notaire royal à Etinay, près de Noyon en Bourgogne..

Madame Houdouard.

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Les officiers du régiment Royal-Comtois, condamnés au mois de Juillet 1773, par un conseil de guerre tenu à Lille, ont été présentés jeudi à la barre de l'assemblée nationale, qui a accueilli leur demande en révision; nous rendrons compte de cette affaire incessamment.

PAPIERS

PAPIERS DE LA BASTILLE.

Je soussigné, certifie avoir remis moi-même à M. Prudhomme les pièces originales de la conspiration et de ma captivité développées dans mon mémoire, étant libre depuis quatre mois par les hontés de M. le conte de Saint-Priest, et que foi doit être a outée à celles-là seule

ment.

LE PRÉVOT DE BEAUMONT.

A Paris, ce 21 février 1790.

Suite de l'horrible conspiration découverte en juillet 1768 par le Prévôt de Beaumont, prisonnier pendant 22 ans.

Après cet avis de l'impie Borot, le fantôme ministre venant à moi, ajoute: Il faut, monsieur, que vous soyez ici pour quelque sujet qui m'est inconnu. Non, certes, monsieur, je vous dis vrai, on ne m'a jamais accusé ni pu reprocher la moindre personnalité dans ma conduite civile, qui regardât le ministère ni la police, ou qui fût nuisible à la soc été, seuls cas qui mériteroient la détention avec les formalités préalables de droit, et la fixation du temps de pénitence; car, sans cela, nub sujet du roi ne peut devenir esclave du ministère, encore moins de la police; et, tout au contraire, je sers mon souverain et tous les Français contre le ministère la police et le parlement, en dénonçant leurs ligues Mais voici sur-tout ce que j'allègue des personnes qui peuvent me démentir si je ne dis pas la vérité. Demans. dez au sieur Rougemont ce qui en est, il le doit savoir; et vous, Duval, secrétaire de Sartine, mon raviss ury répondez N'avez - vous pas rempli et signé de votre main le nom de Phelippeaux sur les faux ordres de liberté, en vertu desquels sept personnes liées et garottées dans la Bastille, après avoir donné décharge de leur perNo. 35.

E

et

sonne sur ces faux ordres de liberté, ont été vendues, livrées et transférées ici comme moi les 13, 14, 15 et 16 octobre 1769? Rougemont et Duval se taisant tous deux sur mes interpellations, le ministre retourne pour la troisième fois consulter son guide-âne; et pour détourner la question principale ce grand ministre me dit, monsieur, qui êtes-vous? d'où êtes-vous ? que faites-vous? Où avez-vous travaillé pour connoître le ministère, la cour, la police et la ville? Donnez-moi un mémoire circonstancié de votre dénonciation, sur les questions que je vous fais. Je le communiquerai au roi avant de prendre ses ordres. Je le veux bien; mais faites-moi donner du papier, et recommandez à mon geolier de ne pas manquer à vous le remettre en main, si-tôt qu'il sera cacheté pour, vous et à votre adresse. Du papier! Quoi! vous êtes écrivain, homme de lettres, auteur de différens ouvrages, et l'on ne vous donne pas du papier pour vous occuper? Non, monsteur, j'en avois à discrétion à la Bastille; mais au donjon de Vincennes, de peur que je ne serve le roi et l'état, de peur que je ne me défende ou que je ne trouve le moyen de me déceler, mon despote geolier, que voici présent, me refuse, sans ordre qu'il pui se montrer, le papier qui m'est indispensable.... Oh! dit le ministre à Rougemont, je ne vois point d'inconvénient à ce que M. le Prévôt de Beaumont ait du papier autant qu'il en saura employer. Puis tout de suite, qu'en pensez-vous, Mde Rougemont? Celui-ci, honteux de se voir consilter en ma présence, et ne répondant rien, M. de Malesherbes lui commanda enfin de me donner du pa pier, et d'avoir soin de lui remettre tout ce que je le chargeois de faire tenir au ministère pour mes défenses; car il faut au moins qu'un prisonnier ait la liberté de plaider sa cause. Je vois, monsieur, qu que e dans cette af→ faire vous yous laisserez guider, et ne ferez rien pour le roi, nr pour l'état, ni pour moi, qui vous demande avec justice la liberté; mais je remplis mon devoir, etje dénoncerai toujours les famines, les ligues, les conjurations, les prévarications, aux dépens de tout ce qui pourra m'arriver de plus fâcheux. Je vous enverrai`la dénonciation que vous me demandez; mais songez que, si vous la supprimez à votre maître et à ses conseils, vous trahirez l'état tout aussi-bien que les conjurés ligués. Je le pressai encore sur ma liberté. Il faut dit-il, que je la

et

demande au roi, et que j'aille maintenant voir les autres prisonniers. Ils n'ont sûrement pas des causes aussi importantes que celle dont vous êtes maintenant instruit, peut-être donnercz-vous la liberté à des gens qui ne vous la demanderont pas, de préférence à moi qui ne vous demande autre chose pour remplir le devoir qui vous regarde présent. C'est ce qui arr‍va.

Trois semaines après la visite des nouveaux ministres et lieutenant de police, Malesherbes et Albert, je leur envoyai à tous deux le mémoire complet qu'ils m'avoient demandé contenant ma dénonciation, tant pour les instruire que pour informer le roi. Cependant, qui le croiroit? malgré mes précautions, ces deux traîtres, qui, je crois, n'étoient pas associés à la ligue qu'ils né connoissoient pas encore, m'abandonnèrent, et ne parlerent point au roi de ma dénonciation du 29 août 1776, qui vient d'être imprimée sur ma minute qu'on a trouvée à la Bastille le 14 juillet 1789; mais plutôt pour soutenir bêtement les conjurés ligués, ne se firent aucun scrupule de trahir le roi et la France entière, en taisant of dissimulant mes découvertes et mes déclarations. Etoientils dignes de leurs places? O siècle stérile en princes, en hommes d'état et en patriotes! Quelles causes pourroient émouvoir, si la plus grande qui fût jamais nest pas assez puissante pour rendre sensibles au malheur de tout le royaume des ministres, si indignes de l'être ? Nous allons voir d'autres fantômes remplacer ceux-ci au bout de neuf mois, et d'autres encore p res, succéder bientôt aux derniers.

En 1776, arrive au donjon, le 24 juin, l'intendant de Bourgogne, accompagné du nommé le Noir, rétabli en police, de six premiers commis, des deux geoliers et des deux chirurgiens. Il ne manquoit au cortège ministral que le bourreau; mais il n'y avoit point de prisonnier crimincl. A quoi vous occupez-vous, me demande le nouveau ministre? A lire et méditer l'écriture-sainte A cette réponse, le ministre, ouvre, non la bible qui étoit devant lui, mais l'in-folio des Euvres de Louis de Grenade; il feuillete ensuite, sans dire mot, les papiers qui sont sur ma table, comme s'il ne venoit que pour cela de Versailles. Ennuyé de sa pantomime, et pour le forcer de parler, je lui dis: « Monsieur, vous >> ne vous informez pas, comme M. de Malesherbes, » pourquoi je suis ici prisonnier; et si je vous en ap

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