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Bel exemple donné par les citoyens du district

Saint-Honoré.

Que les ennemis de la révolution, que ceux qui lui attribuent des maux qui ne sont que les suites cruelles du despotisme ou les ravages de l'aristoeratie, lisent, s'ils le peuvent, sans verser des larmes, un des plus beaux exemples qu'elle a produits.

M. Baron de Girons obtint la parole dans l'assemblée générale du district Saint-Honoré, le 23 Janvier. Il prononça un discours, dont nous nous faisons un devoir de rapporter les principaux endroits. «< Deux jeunes gens, parens de M. Agasse, président de ce district, se sont laissés égarer par le crime; un jugement rigoureux vient d'être porté contre eux, et les condamne à la mort; cet événement cruel plonge notre président dans la plus profonde douleur: et cependant je ne le vois pas au milieu de nous; les chagrins les plus cruels lui arrachent en ce moment des larmes, et il ne vient point les répandre dans notre sein: que disje? Sa douleur lui ôte sans doute jusqu'à la force de venir chercher cet adoucissement à ses maux; car je ne puis penser que la honte.... la honte! pour un crime qui lui est étranger, qu'il n'a pu empêcher, que sa respectable famille n'a pu prévenir : la honte!... Non, Messieurs; M. Agasse vous connolt; il sait qu'un préjugé barbare, né dans un siècle d'ignorance, ne peut rien sur les cœurs des hommes libres et éclairés. Je le répète donc, l'excès de sa douleur peut seul l'empêcher de venir chercher des consolations près de ses concitoyens, de ses frères. Eh bien! allons les lui offrir, et remplissons ainsi envers l'homme estimable le plus beau, le plus saint des devoirs. Que cette démarche, honorable pour lui et pour anéantisse pour jamais le plus odieux des pré;

nous,

jugés, et que désormais une famille vertueuse ne soit pas couverte d'opprobre, parce que quelqu'un de ses membres aura dégénéré de ses vertus.

« L'injuste préjugé tenoit à une chaîne d'abus justement détruits par la révolution. J'aime à le rappeller; il y a déjà long-temps que votre sagesse a consacré les principes que l'assemblée nationale vient de décréter; et lorsque vous avez nommé M. Agasse votre président, vous saviez qu'on instruisoit publiquement l'affaire de ses parens, et qu'ils étoient déja jugés par l'opinion publique.

«Les loix peuvent moins pour la destruction des préjugés, que la conduite noble et vertueuse d'une assemblée de citoyens connus par leur patriotisme. Hest digne de vous de donner un bel exemple à la France; et d'après les principes que vous avez toujours professés, je crois n'être que votre interprète en proposant de nouveau une députation, tant du civil que du militaire, chargée de témoigner à M. Agasse, et à toute sa vertueuse famille au nom de la commune du district, qu'elle prend infiniment part à sa douleur, qu'elle l'invite et le prie instamment de venir reprendre les fonctions de président, et chercher, avec tous les siens des consolations au milieu de leurs concitoyens, de leurs frères, de leurs amis, de les assurer que, dans toutes les occasions, le district leur donnera des preuves de distinction.

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« Je propose encore d'envoyer à l'ASSEMBLÉE NATIONALE, à la commune de Paris, et à tous les districts, copie de la délibération que vous allez prendre, et de la rendre publique par la voie de l'impression

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Un applaudissement général a annoncé que le vou exprimé par M. Baron, étoit écrit dans tous les coeurs, et l'assemblée a adopté à l'unanimité un arrêté dont le projet a été proposé par M. Garnier, vice-président.

Une députation est partie en effet pour aller chez M. Agasse; elle l'a ramené avec une par tie de sa famille au sein de l'assemblée, qui a reçu ees respectables infortunés avec les témoignages de la plus profonde sensibilité et du plus grand respect..

Un vieillard vénérable, âgé de 80 ans, ayeul des coupables, inondé de larmes, et attendri comme on l'est à cet age, s'appuyoit sur M. Agasse le jeune, -frère des condamnés. Ses camarades les fusiliers de la première compagnie du bataillon, l'ont comblé de témoignages d'estime et de fraternité.

M. Beaulieu, lieutenant de la même compagnie, a interrompu le silence qui avoit succédé à cette scène attendrissante, en offrant la démission de son grade, pour le transmettre à ce jeune homme, en protestant qu'il se feroit honneur de servir sous lui, en qualité de soldat. La compagnie des grenadiers a réclamé ce jeune militaire, comme étant inscrit parmi eux, et les deux compagnies se sont disputé le plaisir de le conserver. L'assemblée n'a pas cru devoir céder au mouvement généreux de M. Beaulieu; mais elle a, de concert avec le bataillon, exprimé son vou de conférer à M. Agasse le jeune le grade de lieutenant à la suite de la compagnie des grenadiers. Alors M. Beaulieu a offert sa place à M. Agasse, fils de M. le président. Mais l'assemblée lui a décerné une place de lieutenant, à la suite de la première compagnie, en arrêtant que, pour confirmer cette élection provisoire, le bataillon solliciteroit l'agrément de la municipalité et de M. le commandant général.

Le públic a été surpris de ne pas voir M. Beaulieu au nombre de ceux qui ont été présenter cette adresse à l'assemblée nationale; il semble que son dévouement généreux méritoit bien qu'on s'empressât de présenter cet excellent citoyen (1) à

(1) M. Beaulieu fut indignement maltraité dans une feuille, il y a quelques mois, pour une mo

nos représentans; il y avoit du moins autant de droit que ceux qui ont obtenu d'eux les honneurs de la séance.

Le commandant de division, le duc d'Aumont, s'étoit promis de recevoir les jeunes Agasse officiers; mais M. le commandant-général a voulu les recevoir lui-même, et il les a emmenés dîner chez lui. J'aime à reconnoître à ces traits l'ame de M. de la Fayette; et je erie alors de bon cœur: Vive notre commandant-général !

M. Beaulieu s'est trouvé à la ville lorsqu'on a présenté à l'assemblée des représentans le bel arrêté du district S.- Honoré. Après plusieurs discours intéressans, le président et les membres ont embrassé M. Beaulieu. On se l'est arraché jusque dans les corridors. Les larmes couloient de tous les yeux, et cacun se disoit : Je voudrois l'avoir fait.

District de Sainte-Marguerite.

Daus un moment où les citoyens français s'empressent de donner à l'envi des preuves du plus pur et du plus généreux patriotisme, les habitans du faubourg S.-Antoine, qui partagent leurs sentimens, sans pouvoir partager les moyens de les manifester, ont saisi avec empressement celui que leur offre la prise qu'ils firent, le 14 juillet, des effets du régiment de Nassau, pour suppléer à l'impuissance où ils sont de faire à la nation de plus grands et de plus utiles sacrifices.

Ils ont arrêté de remettre ces effets à Sa Majesté,

tion qu'il avoit faite contre le journaliste, laquelle n'étoit pas au fond trop raisonnable, quoiqu'elle fût dictée par un bon motif. M. Beaulieu répondit au journaliste dans une autre feuille. Mais il faut convenir que la réponse qu'il vient de lui faire, dans la séance du 23 janvier, est bien meilleure et bien plus décisive.

sans aucune indemnité et dans la seule vue d'éviter au gouvernement les indemnités qu'exigeroit le régiment de Nassau.

Aristocrates, qu'en dites-vous ? sont-ce là des brigands?

Lettre au Rédacteur des Révolutions de Paris.

Vous vous plaignez, monsieur, de ce que la réfutation que j'ai annoncée de quelques articles de votre journal ne paroît point encore. Cette plainte est obligeante; mais vous auriez pu vous dispenser de dire que j'avois annoncé cette réfutation avec appareil. Il n'y avoit pas de quoi, et je ne mets d'appareil à rien. Je n'ai pas cherché non plus à piquer la curiosité, comme vous semblez le soupçonner. Quelque curiosité que puisse inspirer tout ce qui concerne votre journal, je ne crois pas qu'elle sõit absolument nécessaire pour faire lire le Mercure.

Le mauvais état de ma santé et des occupations impérieuses sont la seule cause du retard de cette discussion que vous semblez attendre avec impatience. Au reste, j'ai cru m'appercevoir par quelques notes de vos feuilles, que vous me regardiez déjà comme un ennemi, sur le seul projet de vous réfuter. Vous vous tromperiez beaucoup, monsieur, si vous aviez cette opinion. Je ne puis être l'ennemi de votre personne, que je n'ai point l'honneur de connoître, et je ne le suis point de votre ouvrage, que j'estime à beaucoup d'égards. Le des sein de le combattre sur plusieurs points est même une preuve que je l'ai distingué; car aujourd'hui lire une feuille périodique, sur la quantité qu'il y en a, est assurément une distinction. J'ai trouvé dans la vôtre un sincère amour de la liberté, un patriotisme ardent, des vérités très-courageuses, même depuis qu'on dit toutes les vérités, des ar ticles très-bien faits, et en général un esprit de surveillance sur tout ce qui touche à la chose pu

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