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sieur Guicher, et qu'elle a emprunté, sous l'aspeet qu'elle avoit la protection de madame Adélaïde, différentes sommes à la dame Dupuis, à la demoiselle la Bruyere, au sieur Joinville, secrétaire de M. le comte de Stainville, et à une infinité d'autres personnes.

Lettre de madame de Maintenon à madame

Desfontaines.

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A Maubeuge, ce 24 Mars 1693.

Je suis ravie, madame, de tout ce que vous me mandez de la retraite, et j'en espère beaucoup de fruits.

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Je mettrai Glapion aux Bonnes (1) avec grand plaisir, j'avois été fachée qu'elle n'y eût pas été des premières.

Il y a, madame, 24 heures que je n'ai parlé. Cet état seroit trop doux; mais aussi étoit troublé par un peu d'inquiétude.

Le roi nous a ordonné de séjourner aujourd'hui et demain, afin de donner le temps à tout le monde de faire ses dévotions ; il songe à tout, comme vous voyez; car c'est de l'armée qu'il nous a envoyé cet ordre. Dites, s'il vous plaît, à madame de Veilhaut que le siège de Namur est plus considérable que celui de Mons; que le roi l'attaque avec 40 ou 50 mille hommes; que M. de Luxembourg en a go mille pour opposer à M. le prince d'Orange, s'il vouloit traverser le dessein du roi ; que j'ai vu de mes propres yeux tous ces hommes-là, et qu'elle n'a pas l'ame plus guerrière qu'eux.

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Nous partirons lundi pour Philippeville qui ne sera qu'à six ou sept lieues du roi; il est, graces

(1) On donnoit tous les trois mois à madame de M....., une liste des bonnes, des médiocres et des méchantes de chaque classe.

à Dieu, en parfaite santé, et toute l'armée charmée de sa douceur, de son affabilité, de la facilité qu'il y a de lui parler, et du travail continuel auquel il s'est appliqué. Dites à madame la supérieure qu'au milieu de cette prodigieuse puissance il met toute sa confiance en Dieu.

Dites à toute la communauté que j'aurois besoin de l'abandon de madame de la Maison-Fort (1), pour n'avoir pas quelque peine d'être si loin de mes chers enfans. Leur mère se porte à merveille.

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Il suffit de jetter les yeux sur les dépositions des sieurs Turcati et Morel, consignées dans le numéro vingt-sept de nos Révolutions, pour se convaincre de l'existence du complot formé par le sieur de Faveras contre la oapitale; et cependant il s'opiniâtre à tout nier: mais les moyens de défense dont il fait usage, loin de faire présumer son innocence n'attestent 9 que trop son crime. Voici l'extrait fidèle de ses réponses

Interrogé sur les motifs de ses fréquens rendezvous à la place Royale, avec MM. Turcati, Morel, et autres, etc.

A répondu ainsi qu'il suit : « C'étoit pour me » mettre à l'abri des injures du temps, que j'ai toujours choisi cet endroit de préférence à tout >> autre ; c'est là que, livré à toutes mes inquié» tudes sur la personne de sa majesté, et notam

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(1) C'étoit une des dames Quiétistes, mais dont on ne se méfioit pas encore.

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ment des journées terribles et allarmantes des » cinq et six octobre dernier, et de la nécessité indispensable de surveiller les gens qui appro» choient de la famille Royale, j'en ai fait le sujet » de mes entretiens; mais avec d'autres person»nes que les sieurs Turcati et Morel ».

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MM. Morel et Turcati, ayant été confrontés peu de temps après au sieur de Faveras, ont persisté dans leurs précédentes dépositions. Un autre témoin qui ne peut être suspect (Monsieur Chomel, banquier à Paris), en confirmant ce qu'il avoit antérieurement déposé, a ajouté, en outre, que, dans l'exposition détaillée de son affreux projet, le sieur de Faveras lui avoit confié, entre autres choses : Qu'aussitôt son départ de la capitale, sa majesté » auroit appellé auprès d'elle les états - généraux » et le parlement, pour leur faire savoir ses volontés, qui se trouvoient expliquées d'une manière précise dans sa déclaration en date du mois de juin dernier; et que, dans le cas où l'on eût opposé quelque résistance à ses volontés, sa majesté auroit sur le champ convoqué d'autres étatsgénéraux; qu'alors il n'eût pas été difficile de » contenir la capitale, en se faisant des créatures, » en gagnant une partie assez considérable de la » milice soldée, qui n'eût pas manqué de favoriser la contré-révolution >>.

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ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du jeudi soir 14.

Les six corps des marchands de Paris ont présenté une adresse à l'assemblée nationale, relative à la rareté du numéraire ; ils ont proposé un projet de décret sur ce sujet, qui a été renvoyé aux comités des finances et du commerce.

L'assemblée a arrêté que le roi seroit supplié de

faire traduire les décrets de l'assemblée nationale dans les divers idiomes usités en France.

L'assemblée a renvoyé au comité des rapports un projet de décret sur la circulation intérieure des grains, pour lui en rendre compte samedi prochain.

Séance du vendredi 15.

Après la lecture de plusieurs adresses, qui respirent le plus pur patriotisme, l'assemblée nationale a porté le décret suivant :

« L'assemblée nationale, considérant que, forcés d'imposer quelques conditions à la qualité de citoyen actif, elle a dû rendre au peuple ces conditions aussi faciles à remplir qu'il est possible;

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Que le prix des trois journées de travail exigées pour être citoyen actif, ne doit pas être fixé sur ces journées de l'industrie, susceptibles de beaucoup de variations, mais sur celles employées au travail de la terre ;

» Décrète provisoirement que, dans la fixation du prix des journées de travail, pour être citoyen actif, l'on ne pourra excéder la somme de vingt sous, sans que cette fixation, qui n'a pour objet que de régler une des conditions des citoyens actifs, puisse rien changer ni rien préjuger relativement au prix effectif plus fort qu'on a coutume de payer les journées dans les divers lieux.

>> Décrète néanmoins que l'on ne pourra recommencer les élections déjà faites, sous prétexte que la fixation du prix de la journée de travail auroit été trop forte.

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» Décrète que le présent décret sera présenté incessamment à la sanction du roi, et que S. M. sera suppliée de le faire parvenir le plutôt possible dans toutes les municipalités du royaume ».

A l'ordre du jour, on a repris la contestation sur la division de la Basse-Guienne, et le décret pro-. posé par le comité de constitution a été adopté dans ces termes :

N°. 28.

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« L'assemblée nationale, après que les députés de toutes les provinces du royaume ont été enten- · dus au comité de constitution, a décrété, sur le rapport du comité, que le royaume sera divisé en quatre-vingt-trois départemens, dont l'état détaillé sera incessamment arrêté ».

A l'ordre de deux heures, l'affaire de Toulon a été reprise; M. de Champigné a proposé de déclarer M. Albert de Rioms exempt d'inculpation; M. Ricard a fait la même proposition en faveur de la municipalité: on a continué l'affaire au lendemain.

Séance du samedi matin.

MM. les députés du commerce ont demandé l'ajournement fixe pour la question du privilége exclusif de la compagnie des Indes.

A l'ordre du jour, on a terminé quelques difficultés sur les limites de certains départemens; il a été décidé que la ville de la Charité-sur-Loire seroit du département du Nivernois, et Montauban de celui du Querci.

On a porté, sur l'affaire de Toulon, le décret suivant: « L'assemblée nationale présumant favorablement des motifs qui ont animé M. Albert de Rioms et les autres officiers de marine impliqués dans cette affaire, les officiers municipaux et la garde nationale de Toulon, déclare qu'il n'y a lieu à aucunes inculpations ».

Les membres de la chambre des vacations de Rennes se sont rendus à la barre; M. le président a prononcé le décret rendu contr'eux; ils se sont retirés, et on a terminé la séance.

Séance du soir.

Le rapport du comité féodal a été ajourné à une séance du matin.

M. Nourrissart a fait, au nom du comité des finances, un rapport sur l'exportation de la mou

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