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au nombre de trente mille hommes : le Vivarais, le Velay, le Languedoc et le Dauphiné, fourniront ce nombre de confédérés ; ils sont tous animés du même esprit, et se disposent de renouveller à la face du ciel et de la terre le serment solemnel de fidélité à la patrie, et de déclarer qu'ils sont prêts à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang, pour protéger envers et contre tous les décrets de l'assemblée nationale. Cet acte de vigueur ne laissera pas que de déconcerter les ennemis du bien public; le nombre en diminue chaque jour, et par conséquent leurs projets sinistres et leur forfaiture sont toujours moins à craindre. La révolution se grave successivement dans tous les cœurs vraiment français, et elle se consolide à chaque instant; il seroit bien à désirer qu'il y en eut beaucoup de votre trempe, tout iroit à merveille.

Nos représentans dans l'auguste assemblée nationale doivent être plus tranquilles que jamais sur le succès de leurs opérations; ils se glorifieront un jour, avec juste raison, d'avoir été, par leur fermeté inébranlable, les restaurateurs de la libérté française.

Il existe, sans contredit, parmi eux, comme vous l'observez, une infinité de faux frères, qui n'ont pour objet que de faire échouer les différentes réformes qui, en produisant parmi nous un bien général, peuvent opérer un mal particulier qui les blesse. Ces hommes, que l'avarice ou l'ambition fait mouvoir, ne sont heureusement qu'en petit nombre; et je suis persuadé que, quand vous aurez assisté plusieurs fois aux séances, vous n'aurez pas de la peine à vous appercevoir de la ligne de démarcation qui les désigne.

L'hydre du despotisme, qui nous dévoroit depuis plusieurs siècles, paroît perdre ses forces, et les têtes qui se reproduisent à mesure qu'on en abat d'autres, se ressentent de la foiblesse de son corps: il convient toutefois au peuple français, qui fixe dans ce moment-ci les regards des quatre parties

No. 28.

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du monde, de se tenir en garde contre les incursions de ce monstre; de cette manière, tant que nous veillerons, la révolution s'affermira; les nouvelles loix prendront leur force; les perceptions d'impôt se feront avec justice et facilité, et les finances du gouvernement se restaureront, et toutes vos prédictions, dont tant de fois vous nous avez entretenus, s'accompliront.

Cette ville fourmille d'aristocrates, d'incrédules, d'égoïstes, et de faux frères ou mauvais citoyens. Si la nouvelle organisation de la municipalité s'exécute dans l'esprit des décrets de l'auguste assemblée nationale, tout disparoîtra petit-à-petit, et ceux qui y sont à ce moment le plus opposés, seront forcés d'en admirer le succès.

MONSIEUR,

Je suis étranger, nouvellement arrivé en France: debarqué chez un de mes amis, la curiosité me porta à demander le plutôt possible les nouvelles publiques; on me remit, entr'autres papapiers-nouvelles, les Révolutions de Paris. Je les ai lues avec un plaisir d'autant plus sensible, que j'ai reconnu la franchise avec laquelle vous cherchez à réprimer les abus, pour perfectionner les principes de la liberté, et établir sur des bases solides la nouvelle constitution française, qui étonnera l'univers en lui servant d'exemple.

Les droits sacrés de l'homme sont solemnellement reconnus, et toute inégalité proscrite. Cet article m'a paru si juste, que j'aurois désiré le voir réa lisé par-tout ailleurs que dans la salle de l'assem

blée nationale.

Je suis très catholique, Monsieur ; et, à cet effet, permettez-moi, comme un nouveau SaintAugustin, de faire une confession publique par l'organe de vos feuilles pour lesquelles je viens de m'abonner.

J'ai rempli mon devoir de chrétien en assistant à l'office divin; mais j'y ai eu de grandes distrac. tions, dont je m'accuse.

La première fut lorsqu'il s'agit de faire l'aspersion de l'eau bénite. Je vis présenter le goupilÎon à certaines personnes, que. l'on me dit être les seigneurs de l'endroit. Cette distinction, quoique peu importante, ne me parut pas conforme aux principes établis par la constitution.

La seconde a été lorsque le clerc desservant s'est présenté sur les marches qui séparent le choeur d'avec la nef, pour y faire différentes annonces relatives au culte, et diverses prières, au nombre desquelles en étoit une personnelle pour le seigneur du lieu. Un particulier, derrière moi, à qui un autre dit de se lever pour l'oraison, lui répondit avec humeur qu'il n'étoit pas disposé à prier pour quelqu'un de qui il avoit tant à se plaindre; et se mit, avec indécence pour le lieu, à lui raconter tous les torts qu'il avoit à reprocher à ce seigneur, dont il seroit trop long de vous faire le détail.

J'ai eu une troisième distraction lorsque je vis mettre la main à l'encensoir. On distribua ( avec cet instrument fait pour imiter les parfums de nos prières dirigés vers le ciel) plusieurs salutations, après le clergé, à quelques personnes qui étoient les mêmes auxquelles on avoit présenté le goupillon: je ne pus m'empêcher de dire à mon voisin: Est-ce que l'on encense encore le veau d'or dans un lieu saint et dans un siècle aussi éclairé?

Enfin, la quatrième distraction me vint à la distribution du pain bénit; je vis ce pain des fidèles distribué avec une inégalité aussi contraire aux principes de notre religion qu'à ceux de la nouvelle constitution: le clergé et quelques grands personnages, tels que le seigneur et autres gens en place, leurs femmes-de-chambre même, reçoivent de gros morceaux, lorsque le reste des

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fidèles ressemblent à ces petits chiens à qui on permettoit de ramasser les miettes sous la table de Jésus-Christ, lorsqu'il mangeoit chez Zachée, publicain. Je me reproche ces distractions, et j'en aurois eu vraisemblablement encore plusieurs sans le recueillement que nos saints mystères m'ont inspiré. Peut être que ces abus ont fait tomber également dans le péché beaucoup de citoyens; et comme j'espère obtenir la permission de me faire naturaliser Français, je désirerois auparavant voir supprimer ces abus, et qu'il fût substitué à la prière nominale qui se fait pour le seigneur de chaque paroisse, celle suivante. Seigneur, nous vous rendons graces de nous avoir délivrés de la puissance des grands; préserveznous d'y retomber, et pardonnez-leur tous les maux qu'ils nous ont faits. Elle me paroît conforme à la charité chrétienne, et aux principes adoptés par la nation française.

Ce 16 janvier 1790.

Annonces de livres.

Paris justifié, contre M. Mounier; in-8°., par M. Louvel du Coudrai, auteur du chevalier de Faublas.

Almanach nécessaire, ou porte-feuille de tous les jours pour 1790. A Paris, chez Didot jeune, libraire imprimeur, quai des Augustins; prix relié 31.

Cadastre perpétuel, ou démonstration des procédés convenables à assurer l'assiette et la perception d'une contribution unique, tant sur les possessions territoriales que sur les revenus personnels; dédié à l'assemblée nationale; Paris, chez les auteurs, rue Quincampoix, No. 40., Garnery et Volland, libraires, quai des Augustins, et chez tous les marchands de nouveautés,

Gravures.

Gravures historiques des principaux événemens depuis l'ouverture des états-généraux de 1789, ou code des loix décrétées par l'assemblée nationale; il en paroît tous les mardis un cahier. La souscription est de 4 liv. pour douzecahiers in-8°. pris à Paris, et de 5 liv. pour la province, franc de port; 5 et 6 liv. in-40. A Paris, chez Janinet, rue Hautefeuille, No. 5, et chez Cussac, libraire, au Palais-Royal, No. 7.

Suite des papiers trouvés à la Bastille.

Lettre de M. de Sartine au commissaire de Rochebrune, du 2 Janvier. 1770.

Je vous prie, M., d'interroger la dame de Laye sur les articles de la lettre de M. Guicher, que je joins ici, et d'insérer ses réponses dans l'interrogatoire général que vous devez lui faire subir, d'ordre du roi, sur le contenu des papiers qui lai ont été saisis, et sur ce qu'a déclaré le sieur Mallet.

Je suis, Monsieur, votre, etc., de SARTINE.

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Par l'interrogatoire que le sieur commissaire de Rochebrune a fait subir à cette dame, on voit qu'elle a été arrêtée et conduite à la Bastille, le 23 Décembre 1769, suspectée d'avoir cherché à escroquer M. le marquis de Puiségur, un sieur de ValCroisant différentes autres personnes, en compromettant madame Adélaïde de France, de qui elle disoit avoir la confiance; il est même vraisemblable que cette dame a abusé de la bonne foi de différens marchands qui ont été sa dupe, entr'autres, un sieur Desforges, négociant à Versailles, le suisse de M. le contrôleur général, un

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