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jeune homme se trouve avoir un congé double, c'est-à-dire, une cartouche jaune qui lui a été remise par ses ennemis, et une cartouche blanche par ceux qui ne voyent pas comme eux. La coalition se trouve par-tout; on voit sous quel rapport on peut considérer la liberté dont nous jouis

sons.

Lettres aux Rédacteurs.

Ville de Gauray, par Coutumer en basse
Normandie, ce 23 Dicembre 1789.

MONSIEUR,

Tout citoyen doit avertir la nation des torts que lui font les ennemis de la nation.

Je suis citoyen, et je serois coupable si je ne dénonçois pas, par la voie de votre Journal, une friponnerie que font certains calotinocrates de la basse Normandie.

J'atteste que des communautés de religieux, des curés et autres bénéficiers, mécontens du décret qui remet les biens ecclésiastiques en la disposition de la nation, font abattre toutes espèces de bois qui sont sur les fonds attachés à leurs béné fices, et les vendent argent comptant pour diminuer ainsi la valeur de ces biens, et profiter personnellement du prix de ces bois.

Je ne dénonce personne en particulier; mais qu'on prenne les renseignemens nécessaires, et on ne trouvera que trop de coupables de ce nouveau genre de crime, qui, selon moi, doit être mis au nombre des crimes de lèze-Nation. HERVIEW, soldat citoyen et avocat,

MONSIEUR,

Il s'est formé au mois de juillet dernier à

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Saint-Germain-en-Laye, un comité composé de 24 membres, choisis dans toutes les coteries du peuple, et un orateur, mais qui ne parle jamais qu'au café.

Il s'est pareillement formé, à la même époqué, une milice nationale, d'environ 3 milles personnes; mais il n'y en a réellement que mille en état de porter les armes, le reste étant composé de gens très-agés ou valétudinaires, même de feinmes, conséquemment peu faits pour le service cependant ce tripot ou comité exige que cette majeure partie paye individuellement 30 sous par chaque jour de garde pour faire faire le service par des malheureux, la plupart sans aveu et trèsdébauchés, qui vexent les honnêtes citoyens. Pre

mier abus.

:

En voici un autre aussi important à détruire; le comité a établi, de concert avec l'état-major de la milice, un service journalier de Go hommes de gardes effectives pour la ville; mais, par un calcul très-avantageux, ces honnêtes gens font contribuer les bons citoyens au payement d'une garde journalière de cent hommies, quoiqu'elle ne soit, comme nous l'avons dit plus haut, réellement que de Go homimes; il en résulte que le tripot reçoit chaque jour des honnêtes habitans de Saint-Germain, la paye de 40 hommes, à raison de 3o sous par chaque home; ce qui fait une somme de Go liv. qu'il perçoit journellement; cela fera sur cet objet un impot annuel de 20,900 liv. Dans les circonstances présentes, ce surcroft d'im pôt est capable de ruiner les habitans de SaintGermain. De la manière dont la milice nationale de cette ville est organisée, elle coûtera à ses malheureux habitans plus de 60,000 livres annuellement, et cependant ils ne payent qu'environ 30,000 livres d'impositions; quelle proportion!

Aussi, nombre d'honnêtes citoyens se sont plaints amèrement au comité de cette concussion; mais les vénérables membres de ce tripot ont ré

pondu que cet excédent étoit pour l'entretien de la garde, sans cependant vouloir rien justifier. Cette conduite de la part du comité fait assez connoître sa mauvaise adininistration, et peut-être pis; il est intéressant de dénoncer à la vindiete publique la mauvaise gestion du célèbre comité de Saint-Germain, et ses opérations ténébreuses, afin d'être en garde pour l'avenir.

Je suis persuadé que ma lettre engagera tous les bons citoyens de la ville à se réunir pour obliger absolument messieurs du comité à rendre leurs assemblées publiques (chose qu'ils ont refusée jusqu'à ce jour ), et à rendre pareillement publiques leurs opérations, et sur-tout le compte des 60 livres qu'ils reçoivent chaque jour, ainsi que l'argent des farines qu'ils ont vendues, appartenantes à nombre de fariniers, et auxquels ils en refusent le payement depuis fort long-temps sous différens prétextes. Les sieurs Chavepeyre et Courant sont en partie dépositaires de ces fonds, qu'ils tiennent bien. LE BLANC, ancien chirurgien, et soldat-citoyen de ladite ville de SaintGermain.

De Saint-Germain-en-Laye, ce 12 janvier 1790.

Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien insérer la lettre suivante dans votre journal des Révo- · lutions de Paris.

Attaqué depuis long-temps par une foule de libelles odieux, j'ai constamment gardé le silence, et ne leur ai répondu que par le mépris. Alors mes ennemis se sont plus à inventer contre moi la plus atroce des calomnies; ils m'ont supposé le projet le plus horrible; ils ont voulu me faire croire capable de commettre un crime dont la seule idée me fait frémir, et joignant à cette supposition un raffinement de noirceur, ils ont répandu que j'avois employé le travestissement le plus ridicule pour assurer l'exécution du complot

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dont ils m'accusent. Tranquillisé par mon innocence, armé de la sécurité que me donne une conduite irréprochable j'ai résisté long-temps à la volonté de ma mère, à mes parens, à mes amis, qui me pressoient de démentir mes làches accusateurs. J'ai cru long-temps qu'une calomnie aussi absurde tomberoit d'elle-même, et que le mépris étoit le seul sentiment à opposer à mes ennemis; mais enhardis par mon silence, cherchant peutêtre à perdre en moi, par les trames les plus odieuses, un des plus ardens défenseurs de la constitution que l'assemblée nationale et le roi ont donnée à la France, un des amis les plus zélés des droits du peuple, ils ont continué à répandre les plus atroces calomnies. Je crois devoir enfin à mon innocence au caractèré sacré dont la confiance de la nation m'a revêtu, de repousser ces horreurs. C'est la première fois que je réponds à des libelles, et je jure que ce sera la dernière.

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Je viens d'écrire au comité des recherches de l'assemblée nationale, à celui de la ville de Paris, à M. le procureur du roi au châtelet. Je les invite à faire les perquisitions les plus exactes sur les faits odieux dont on me suppose capable, sur ma conduite entière, qui doit me mettre à l'abri de tous soupçons. J'invite toutes les personnes qui auroient à déposer contre moi de s'adresser, soit au Châtelet, soit au comité des recherches. Sûr de repousser toute accusation par la preuve la plus évidente, la plus complète, je défie qui que ce soit de m'accuser. J'attaque d'avance comme calomniateur le premier de mes ennemis qui, laissant l'anonyme, ce masque des lâches et des traîtres, voudra prouver légalement que je suis coupable d'une seule des horreurs dont on m'accuse. Le duc D'AIGUILLON, député à l'assemblée nationale.

Le 19 janvier 1790.

De S.-Laurent en Grand- Væu, bailliage de S.-Clair.

MONSIEUR,

pu

J'ai l'honneur de vous dénoncer en conformité des pages 19 et 20 du No. X. de votre journal un abus effrayant qui se commet dans un coin de notre province. Il y existe un village par où s'écoule, malgré toutes les loix et tous les décrets de l'assemblée nationale, une quantité immense de nos bleds. Une exportation aussi contraire au bien blic est digne de toute la sévérité de votre plume, et je ne connois personne qui, mieux que vous, put tonner contre un pareil délit national. Je vous prie de lire attentivement ce mémoire et pièces relatives que je vous envoie; c'est l'intérêt de toute la France qui sollicite en ce moment l'élans de votre patriotisme. BESSON, député.

Adressée à M. Chalier, pour remettre à
M. Prudhomme.

Lyon, 11 Janvier 1790.

La lettre que vous m'avez fait l'amitié de m'écrire, ma fait un plaisir infini, ainsi qu'à toutes les personnes à qui je l'ai communiquée ; j'y ai vu avec satisfaction que votre voyage de patriotisme de Lyon à Paris, pour aller y contempler l'auguste assemblée nationale, a été au con ble de vos désirs.

Les braves Dauphinois, qui s'apperçoivent que Grenoble se gangrène, ainsi que quelques autres villes des environs, sans doute par l'impulsion de M. Mounier, travaillent fort et ferme pour que la prochaine assemblée, qui doit se faire à la fin de ce mois aux environs de Valence, soit infiniment plus nombreuse que la première; on croit déjà qu'au lieu de douze mille hommes qui composoient ladite assemblée, ils seront cette fois-ci

au

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