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et que l'invitation du juge a fait retirer. Plus brave que cet homme de paille, je vous dénonce que j'ai adressé à MM. du Chatelet, sous le couvert de M. Bailly, maire de Paris, un paquet contre lui et Puiségur, où je ne les accuse pas de crime de lèze-nation; mais où je les inculpe de mauvaise volonté, qui est pire qu'incapacité, dans les fonctions que l'intrigue et la bassesse leur avoient procurées à titre de gouverneur du plat pays pour l'un, et. de ministre de la guerre pour l'autre.

Le silence que j'éprouve m'oblige, Monsieur, à en instruire la nation, par votre ouvrage vraiment patriotique; et si vous faites usage de ma confidence, vous en aurez d'autres à révéler, bien capables de faire de plus en plus détester l'aristocratie, dont nous sommes encore flétris. Je suis en cet espoir, avec une estime sentie et distinguée,

HEDOIN DE PONS-LUDON, doyen des officiersmajors, et rapporteur du point d'honneur, né et domicilié, depuis 1739, à Reims, ce premier de l'an 1790.

N. B. A propos de votre opinion sur le duel, consignée page 10 de votre N°. XXIV; ce que M. le Duc de L. t n'a pas fait, je l'ai exécuté à cinquante ans, ayant deux fois, à l'âge de 20, mes preuves.

fait

Le 13 août, le mineur Souyn, officier d'Esterasi, et son confrère, ensabrés, me sont venus proposer un duel pour un mémoire imprimé que j'ai adressé au roi. Je congédiai ces deux spadassins avec un certificat de leur bravoure, qu'en octobre le curé de Fermier les Reims leur a confiriné en plaine, en les traitant comme des enfans de cœur.

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HEDOIN DE PONS-LUDON, etc.

MONSIEUR,

C'est en quelque sorte une nouvelle découverte d'un vaste continent, comme ignoré au milieu de

cet empire, que l'oeuvre de la révolution française. Le décret de l'assemblée nationale, en détruisant les capitaineries et les droits de chasse exclusifs, a assommé, d'un seul coup, des milliards d'animaux mal-faisans, qui détruisoient la substance du peuple. MM. les aristocrates en sont inconsolables; nous autres, qui aimons la patrie, nous en rions; chacun a sa manière de sentir. Ce même décret a ordonné la suppression des colombiers et des garennes voilà où j'en veux venir. Il existe dans les anciennes capitaineries royales, daus celles des princes, dans les terres de beaucoup de seigneuries, et cela en Brie, en France, et ailleurs, aux meilleurs sols, une quantité considérable de ces garennes, qui furent autrefois, et sont encore le repaire du lapin et d'autres gibiers. Ne se roit-il pas bien essentiel, à la veille des semailles appelées les mars, qu'il plût à l'auguste sénat de décréter qu'il seroit ordonné aux propriétaires de ces garennes, de les faire arracher incessamment, et cela dans un délai suffisant; si-non, permis aux municipalités, dans le ressort desquelles elles sont situées, de le faire aux risques, périls et fortune de qui il appartiendroit. Par là, on rendroit à l'agriculture d'excellentes terres, peut-être plus de cent mille arpens propres à ensemencer, ne fût-ce que des seigles, même après défrichement, que des avoines ou des prairies artificielles : si elles n'étoient point emblavées, elles fourniroient au moins des pâturages aux bêtes à laine, si fort apauvries dans le royaume; cela vaudroit mieux que quelques petits bouleaux, épines, ou autres arbustes qui ne sont utiles à rien, qu'à servir d'asyle à de mauvais êtres. Voilà mon idée; comme bon patriote, je vous prie de la publier, vous me ferez le plus grand plaisir.

PAULNIER, soldat-citoyen de la garde-nationale parisienne, cinquième division, quatrième bataillon.

Paris ce 27 Décembre 1789.

MONSIEUR,

Vu l'obligation que tous les bons citoyens ont au zèle que vous avez eu pour la défense de la li-berté et de la cause publique, je dois espérer, comme citoyen connu à Aubervilliers, que vous voudrez bien insérer dans votre numéro prochain quelques passages d'un sermon incendiaire, fait le 6 du présent mois, par un prêtre aristocrate, dans la paroisse d'Aubervilliers (qui se nomme Repecot, prêtre de l'oratoire S.-Honoré), où il s'est avisé de dire les calomnies les plus atroces

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contre nos

dignes représentans, ainsi que contre M. Necker. Voilà les passages que ma mémoire a pu me fournir pour les transcrire.

1. Mes chers frères, vous ne devez souffrir ni connoître d'autres loix que celles de Dieu et dés ministres de la religion. Suivant les anciennés loix, nous étions heureux; mais à présent, mes frères, quelle différence Des hommes impies qui vous font des loix, et sur-tout un homme sans mœurs, sans foi, sans religion, contre la loi de Dieu et contre vous-mêmes. Renoncez à toutes ces loix, et n'accordez jamais à donner votre bien, attendu que la loi de Dieu défend de prendre le bien d'autrui ! Grand Dieu, vous ne permettrez jamais de telles lois! Grand Dieu, vous qui êtes si bon, purgez le cœur d'un roi, et confondez ces impies, qui ne rougissent pas de s'emparer de votre bien!

Monsieur, j'ose espérer que vous voudrez bien réfuter des calomnies si atroces, qui ne tendenc qu'à soulever le public, sur tout dans les campagnes où le fanatisme règue jusqu'à son comble. OYON, Négociant audit lieu.

A Aubervilliers, le 7 Janvier 1790.

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Des carrières sous Charenton, ce 10 janvier 1790.

MONSIEUR,

Je vous prie d'insérer dans votre prochain numéro que le bruit court que le district des carrières, banlieue de Paris, avoit quitté la garde. Je vous atteste au contraire qu'elle est dans le plus grand ordre. Il faut à cet effet différencier Charenton, qui a quitté depuis quelque temps de l'autorité des chefs, contre l'intention du plus grand nombre des habitans. Alors ses carrières, qui sont de la même paroisse, ont formé un district séparé. Je vous prie même de leur adresser les remercimens dus à leur zèle et leur patriotisme, sans craindre d'insérer le nom de celui qui a l'honneur d'être, etc. NICLOT, secrétaire du comité.

MESSIEURS,

Dans votre N° 15 Yous , pag. 21 avez bien voulu prendre má défense, relativement à ma conduite des 5 et 6 octobre dernier. J'ose espérer, messieurs, que vous voudrez bien insérer dans votre prochain numéro les faits suivans, qui peuvent seuls servir à me justifier d'une erreur dans laquelle le public pourroit tomber, et lui faire douter de mon patriotisme.

3

1

Hier, 12 du courant, à, six heures du matin., je me rendis à la Samaritaine avec la compagnie de Villas, de là à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, où le bataillon se rassembla. Nous ne reçûmes d'autres ordres, sur les 11 heures, que de nous retirer; mais au lieu de cela, nous allames sur le gazon du Louvre, où je fis faire l'exercice à notre compagnie, jusqu'à une heure; de-là chacun se retira chez soi. Je fus d'après cela au champs-élisées, lieu'où étoient rassemblés à-peu-près deux cents mauvais sujets que l'on avoit incorporés avec nos frères de la troupe du centre; je n'approchai d'eux, je

leur réprochai leur conduite, je leur dis enfin tout ce que l'amour du bien public pouvoit me suggérer pour les faire rentrer dans l'ordre. Au même instant la cavalerie les enveloppe, leur signifie de quitter les armes, épée ou sabre, et l'habit. Je les invitai moi-même à ne pas faire de résistance. Nos frères de la cavalerie tombèrent dans l'erreur à mon égard; je demandai à me faire connoître. M. de Gouvion se présenta; je lui parlai: si-tôt que je lui eus dit mon nom,il se permit de me vexer au point de se servir de ces termes : Ah! monsieur, c'est vous; ah!je vous connois; ah! monsieur, vous vous trouvez avec ces émigrans. Je crois, messieurs, que si l'un de vous eût entendu ces propos, vous n'eussiez pas balancé à me croire complice de ces malheureux. Cependant, soit que M. de Gouvion se ressouvint de l'estime générale et assez publique dont daigna m'honorer le bataillon de Saint-Germainl'Auxerrois, après m'avoir outragé de la sorte, il me dit de sortir, et je ne pus le faire, parce qu'il se retira, et que, n'étant plus présent, les cavaliers me méconnurent, et je subis le sort auquel je n'aurois jamais dû m'attendre, enfin, celui de me voir arracher mon habit et mon sabre : ce n'est qu'après avoir été reconnu de M. Maçon, aidede-camp, que je recouvrai ma dépouille.

Mon honneur, celui du bataillon se trouveroit compromis, si je ne rends cette affaire publique. Je m'adresse à vous, messieurs; je vous supplie avec la dernière instance de daigner satisfaire à ma demande; je connois votre justice, votre dévouement au bien général; c'est ce qui me fait espérer que vous daignerez faire suffisamment usage de ma lettre, pour servir à ma justification. COLLARD, lieutenant de la compagnie de Villas, bataillon de Saint-Germain-l'Auxerrois.

Saint-Denis, ce 10 janvier 1790

La nuit du 8 au 9 a été ici fort tumultueuse; les cavaliers de maréchaussée, au nombre de 3ơ,

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