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ce ne soit que 40,000, parce que M. Gilbert ne compte que les 2000 livres de rente foncière que l'école paye au vendeur, et qu'il néglige, comme une fraction qui ne mérite aucune attention, 25,000 livres payées argent comptant avec un potde-vin de 200 louis. Depuis 1764, époque de la formation de l'établissement, jusqu'en 1781, qu'il a commencé à être administré par l'intendant de Paris, le trésor royal a fourni par année 120,000 1. ce qui fait pour les 17 années 2,040,000 livres. Depuis 1781, jusqu'en 1787, le trésor royal a payé 150,000 livres, ce qui fait pour les 6 années 900,000 livres. Depuis 1787, le trésor royal ne paye que 60,000 livres, au lieu de 70,000 que j'avois annoncé dans ma lettre. C'est pour les 3 années 180,000 livres. Les provinces fournissent chaque année 50,000 livres au moins, prises sur les fonds disponibles de la capitation; ce qui fait pour les 26 années 1,300,000 livres. La ferme de Créteil, que le roi acheta pour l'école, en 1784, a coûté 220,000 livres. M. Gilbert veut qu'elle ait coûté moins; mais, selon sa louable coutume, M. Gilbert oublie de faire entrer dans le compte les droits seigneuriaux, les frais de contrat, etc. etc. Cette ferme a coûté au-delà de ce qu'elle a rapporté, depuis son acquisition 60,000 livres; il reste dû par l'école plus de 100,000 livres, non compris la ferme qui n'est pas payée. Il est dû, en outre, à la dame Bourgela, veuve du premier directeur, une rente viagère de 10,000 livres, au capital de 100,000 livres. A la demoiselle Bourgela, sa fille, une rente foncière de 5000 livres, au principal de 100,000 livres. Au sieur Fragonnard, ancien directeur, une rente viagère de 1000 livres, au principal de 10,000 livres. Toutes ces sommes réunies forment, Monsieur, celle de 6,700,000 livres ; si vous voulez y ajouter celles qu'ont payé les provinces en gratifications, en avances, pour les établissemens des artistes vétérinaires, en pensions qu'on est obligé de leur accorder dans un grand

nombre de cantons; si au capital vous voulez joindre les intérêts, vous vous assurerez qu'au lieu de m'arrêter à 6 millions, j'aurois pu porter la dépense de cet établissement à plus de 10. Hé bien! Monsieur, c'est cet établissement pour lequel le gouvernement a cru devoir faire une dépense aussi énorme, qui, par une suite de la basse jalousie des directeurs, et de l'incurie, et des vues étroites des administrateurs, n'accorde à ses professeurs que 1000 livres de traitement, ce qui n'égale pas celui d'un garçon maréchal ordinaire, tandis que les deux directeurs, dont toutes les fonctions se réduisent à une surveillance, dont il seroit fort à désirer, pour l'avancement de l'art, qu'ils ne s'oc cupassent point, absorbent plus de 35,000 livres. M. Gilbert le nie; il assure que le traitement du directeur n'est que de 10,000 livres, et celui du sous-directeur, de cinq mille livres ; je sais tout aussi bien que lui qu'ils ne sont en effet portés sur les états que pour cette somme; mais il sait, tout aussi-bien que moi, que le linge, les meubles, la basse-cour, les légumes, les chevaux, le cocher, les voitures, etc. etc., sont payés sur les fourrages, le fer, le charbon, le produit des pensions des chevaux malades, les expériences. M. Gilbert m'accuse d'exagération; mais ai-je donc parlé. de 600 livres de pension, accordées au directeur pour avoir guéri une petite chienne à mademoiselle Bertin, sœur du ministre, alors administrateur de l'école vétérinaire? Ai-je parlé d'une augmen-tation de traitement de 1200 livres, accordée au sous-directeur Flandrin, pour l'engager à épouser, en légitime mariage, une personne à laquelle l'intendant Berthier, de funeste mémoire, prenoit. depuis plusieurs années un très-grand intérêt? Aije répété avec tout le public que l'instruction étoit absolument négligée à Alfort, et qu'on n'y occupoit les élèves qu'à préparer des pièces d'anatomie, qui n'ont d'autre utilité que de jetter de la poussière aux yeux de ceux qui jugent du savoir des

gens par leur bibliothèque? Ai-je dit que toutes des écuries y étoient infectées; au point que la plupart des chevaux qu'on y envoye y deviennent norveux, et cela par l'obstination des directeurs, à ne vouloir point admettre de contagion? Ai-je dit que jamais ils n'ont voulu faire aucunes expériences, et moins encore souffrir qu'on en fit? Ai-je dit qu'ils s'étoient toujours opposé, de tout leur pouvoir, à ce qu'on fit l'essai de plusieurs moyens proposés aux ministres contre la morve, le farcin, la rogne, la clavelée, et autres maladies contagieuses? Ai je rapporté toutes les ménées, les ruses mises en usage, pour empêcher qu'on ne reconnût la bonté d'un spécifique contre la morve, dont toute la ville de Rennes et plusieurs régimens de cavalerie ont reconnu et attesté les succès? Si je n'ai rien dit de tout cela, et de mille autres abus qui rendent cet établissement un des plus vicieux qui existent, que me veut donc M. Gilbert? Pourquoi m'accuse-t-il d'exagération?

Il ne faut, Monsieur, qu'ouvrir les yeux pour s'appercevoir que l'école vétérinaire n'a point rempli son objet. Il devoit être d'instruire les maréchaux, et elle n'instruit point les maréchaux, qui, à la réserve de sept à huit établis à Paris, sont tout aussi ignorans qu'avant cet établissement. Je ne cesserai de crier qu'il est absurde qu'un établissement aussi, cher ne serve qu'à une poignée d'élèves, tandis qu'il devroit, instruire tous les maréchaux de Paris; qu'il est absurde de laisser à deux lieues de la capitale un cabinet d'anatomie, qui ne sera jamais d'une bien grande utilité; mais qui, étant un des plus beaux dans ce genre qui existent en Europe, seroit très-propre à figurer dans la capitale, tandis qu'il ne sert qu'à repaître la curiosité de quelques paysans. Qu'il est absurde de donner 35,000 livres à des directeurs qui n'ont rien à faire, qui, comme des torpilles, frappent d'engourdissement, ou pétrifient comme la tête de Méduse, tout ce qui les approche d'un peu trop

près; et 1000 livres à des professeurs chargés et de l'instruction et de la discipline. Qu'on se håte de transférer cet établissement à Paris, qu'on se borne à y former un hôpital de 200 chevaux Qu'on y attache trois professeurs élus au concours; qu'on leur accorde un traitement honnête. Qu'on éloigne de l'établissement le despotisme directorial; alors je ne crains pas d'assurer que, pour 20,000 livres au plus par année, on, aura une école qui présentera tous les avantages qu'on n'a point obtenus de l'école d'Alfort avec tant de/ millions, et qu'on n'en obtiendra jamais, y en con sacrat-on dix fois autant. C'est alors, et ce n'est qu alors qu'on aura une véritable école de médecine vétérinaire et de maréchalerie, au lieu d'une manufacture de préparations anatomiques.

L'intérêt qu'un très-grand nombre de vos lecteurs a pris à ma première lettre me fait croire qu'ils ne verront pas ces nouveaux détails avec indifférence. CHAUSSART, ancien commis des Haras, rue de la Boule d'Or, maison de M. Bourdondu-Pin, à Saint-Denis.

Saint-Germain-en-Laye, 7 janvier.

MONSIEUR,

Je lis toujours avec un nouveau plaisir votre journal des révolutions de Paris. Je desire cependant que vous le rendiez national; qu'il ne soit composé que de choses intéressantes à la nation. Je desire que vous nous appreniez les pièges que l'on nous tend; que vous appreniez au clergé, à la noblesse, à la finance, combien leur seroit funeste la contre révolution qu'ils cherchent. Troupe réglée, troupe nationale, laboureur, négociant, tiers-état, soyez toujours frères unis; et vous, aimable jeunesse, qui commencez votre carrière, sur qui s'appesantissent, s'accroissent les besoins de la vie, secondez vos compatriotes, vos frères. Patience, cette liberté, ce bonheur que nous at

tendons

tendons de notre auguste assemblée, nous est infaillible. Rappellons nous les dangers qu'a couru cette auguste assemblée les mois de juin, juillet derniers; leur fermeté, nos secours, ont dissipé cette ligue formée contre le bonheur de nos jours! Leur fermeté dissipe encore ces séances or geuses dont nous sommes les témoins, et qui reculent le moment si désiré de voir notre constitution finie. Leur fermeté les fait lutter et combattre tous les membres de cette auguste assemblée, opposés au bonheur de la nation. O esprit de corps! ô préjugés! ô faux honneur, tu égares la raison ! Le vrai honneur! En est il un plus grand que de soula er le peuple, faire le bonheur de sa nation? La fortune a toujours ses idoles! grands du monde, que craiguezvous? vous aurez toujours des encenseurs, un encens plus pur, puisque l'homme libre vous l'offrira.

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Je vous prie, Monsieur, de m'apprendre, par la voie de votre journal, si la levée des scellés de chez M. Berthier, intendant de Paris, est faite (1). 1o. Qu'attend-on, et pourquoi ne forme-t-on pas nos municipalités d'après le plan et les décrets de l'assemblée nationale? 2o. Qu'attend- on, et pourquoi n'établit-on pas un tribunal national composé de députés des provinces, pour juger les criminels de lèze nation? 3. Qu'atend-on, et pourquoi ne punit-on pas promptement et strictement les coupables de lèze - nation? C'est par des exemples que nos ennemis se déconcerteront. 4°. Qu'attend-on, et pourquoi ne rend-on pas publics les crimes, les attentats, les procédures de toutes les personnes coupables, même de celles soupçonnées? DE BRUMESTER.

Premier janvier 1790. Dans votre No. XXIII Monsieur, vous parlez d'un témoin qui s'est élevé contre Bezenval (2),

(1) Les scellés sont levés; la vente se fait. (2) Jelui ai cerit, pour le confondre, en sa prison de Brie Comte-Robert : la poste lui a-t-elle soufflé ma lettre?

No. 27.

F

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