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dans le cerveau de l'honorable membre, prit ce qu'il disoit pour une motion; et, quoique dans un intervalle lucide, M. Dufraisse Duché voulût la retirer, l'assemblée s'obstina à la rejetter, par un il n'y a lieu à délibérer.

Dans cette même séance, un maître imprimeur, privilégié du roi, dit que tous les libelles qui paroissoient, étoient imprimés par les imprimeries qui se sont établies, depuis la révolution, sans un arrét du conseil. M. Josse, faites vos affaires, et ne calomniez pas. Novimus et qui te..

On a entendu parler, il y a quelques mois, d'un arrêt fait d'une recéleuse par la garde nationale du district S.-Jacques de l'Hôpital; chez laquelle on a saisi, de 40 à 50 mille liv. en argent et billets de caisse. On a transféré cette femme et les effets chez le commissaire Desmarets. Le détachement retourna au district, sans avoir pris une décharge du commissaire. Le comité les renvoya pour la chercher; mais le commissaire la leur refusa. On ignore ce que la recéleuse et les effets sont devenus: il y a eu des délibérations prises ces jours derniers au district S.-Jacques, à ce sujet. On a voté l'impression des procès-verbaux relatifs à cette affaire; la majorité a fait rejetter cette motion; elle n'en mérite pas moins d'être connue, et, puisque les citoyens qui l'avoient faite et appuyée ont échoué, nous les invitons à la tourner par forme de pétition au pouvoir exécutif ou à l'assemblée

nationale.

On trouve dans les Etrennes du Parnasse, par
M. Beaude de la Croix, les vers suivans:

Du plus juste des Rois intrépide soutien,
France, pour ton bonheur il exposa sa vie ;
Son vœu le plus ardent fut d'être citoyen,
Et sa probité seule égala son génie.

Il a plu au Mercure de travestir ainsi le dernier

vers:

Et sa probité seule éclipsa son génie.
C'est bien le cas d'être méchant!

Suite des papiers trouvés à la Bastille.

Lardenois s'étant évadé de Bicêtre la nuit du 12 au 13 septembre suivant, son signalement est envoyé à M. d'Invau, intendant de Picardie, avec prière de faire les recherches les plus exactes pour découvrir si ce malheureux ne serot pas allé se cacher chez ses parens. On ne trouve point l'homme en question on reçoit l'avis qu'après avoir erré dans différentes provinces, Lardenois s'est enfin engagé dans le régiment Royal-Picardie, cavalerie, et qu'il est à Salde Fulde, garnison dépendante du Haut-Rhin. Bientôt le parti est pris de le tirer de là. Pour y parvenir, le lieutenant de police charge le sieur d'Hemery d'envoyer quelqu'un de confiance à Salde, avec des lettres pour le commandant (M. le chevalier de Soupire) et les ordres nécessaires pour arrêter Lardenois, et l'amener au donjon de Vincennes. Les deux personnes envoyées par le sieur d'Hemery reviennent quelque temps après à Paris, avec des lettres du chevalier de Soupire et du major du régiment Royal-Picardie, qui attestent que Lardenois n'a point êté engagé dans ce corps. Ansi finit l'histoire, où l'on voit que l'on barbouilla bien du papier, que les ministres, les intendans de provinces, les maréchaussées, les suppôts de police, firent bien des écritures et des courses, dépensèrent beaucoup d'argent, etc. Pour qui et pourquoi ? Pour attraper un escroc qui avoit voulu soutirer mille louis à la marquise de Pompadour.

De l'énorme dossier de cette puérile affaire, on a trié les trois lettres suivantes : la première écrite proprio pugno, par M. de Saint Florentin à M. de Sartine; la seconde, de M. de Sartine à M. de Jumilhac, gouverneur de la Bastille, et prédéces No. 27.

E

seur de M. de Launay (1); et la troisième, du duc de Choiseul à M. de Sartine,

Première lettre.

10 juillet 1761. –

Je vous envoie, MONSIEUR, une lettre que

(1) On devroit bien nous donner une liste exacte des gouverneurs ou geoliers de ce château. En 1665, c'étoit un M. de Besmaux, qui eut pour successeur Saint-Mars, auparavant commandant du château de Pignerol; puis lieutenant de roi des Isles Sainte-Marguerite, d'où il amena, avec lui, le prisonnier masqué, connu sous le nom de masque de fer, sur lequel ( soit dit en passant) on prendra apparemment des renseignemens sûrs et propres à fixer les incertitudes sur le point de notre histoire, tant dans la vie du maréchal de Richelieu, qui va bientôt paroître, que dans un paquet de papiers concernant ce masque, trouvés à la Bastille par un citoyen qui l'a remis, dit-on, sans l'ouvrir, à un membre du comité de la ville. L'état de la France de 1736 marque qu'à cette époque le gouverneur de la Bastille étoit René Jourdan, seigneur de Launay, ci-devant lieutenant de roi de Vincennes, et auparavant officier de marine, aux gages de 13,500 liv. En 1754, la Bastille avoit pour gouverneur M. Baisle, et pour major, M. Chevalier. On sait que le duc de Guise, maître de Paris, en 1588, nomma pour gouverneur de la Bastille Bussi-le-Clerc, procureur au parlement. Le même état de la France rapporte que c'est seulement en 1654 que l'on fit des fossés autour de ce château, bâti, comme on l'a déjà imprimé plusieurs fois, en 1369, sous le règne de Charles V, et dont, dans peu de jours, nous dirons, avec autant de satisfaction que de vérité : Transivi, et ecce non crat. J'ai passé, il n'étoit déjà plus.

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madame la marquise m'a remise hier au soir, par laquelle vous verrez que notre mèche est éventée, et que le drôle qui lui écrit est plus fin que nous ne croyons. Il n'y a rien de nouveau ; j'ai laissé tout le monde en bonne santé : vous connoissez, Monsieur, mes sentimens et mon amitié pour vous.

Signé, Saint-Florentin.

Seconde lettre.

18 juillet 1761.

Je vous prie, MONSIEUR, de recevoir et garder au château de la Bastille le nommé Lardenois, qui y sera conduit de l'ordre du roi par d'Hemery, inspecteur de police. J'aurai l'honneur de vous adresser incessamment l'ordre en forme, nécessaire pour vous y autoriser définitivement. Je suis avec respect, Monsieur, votre, etc.

Signé, de Sartine.

Troisième lettre.

Versailles, 27 septembre 1761.

J'AI reçu, MONSIEUR, le signalement que vous m'avez adressé du nommé Lardenois qui s'est échappé des prisons de Bicêtre, et qui avoit été arrêté pour avoir écrit des lettres anonymes injurieuses à des personnes en place. J'ai envoyé le signalement dont il s'agit à toutes les maréchaussées du royaume; et si on parvient à découvrir ce particulier, j'aurai soin de vous en informer aussitôt. J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé, le duc de Choiseul.

E 2

Lettres aux Rédacteurs.

Saint-Denis, ce 11 janvier 1790.

ma

Je vois avec peine, Monsieur, que vous ayez été compromis à cause de moi dans les pseudorévolutions de Paris du sieur Tournon. Je suis fâché que vous n'ayez pas joint à mon nom qualité et mon adresse; je me persuade qu'elles eussent rendu M. Gilbert un peu plus réservé dans ses assertions. En dévoilant les abus de l'école vétérinaire, et en me récriant sur-tout contre l'état d'abjection et de misère dans lequel des directeurs avides et jaloux retiennent les professeurs pour être plus sûrs de les subjuguer, je ne m'attendois guère que ce seroit un de ces professeurs qui entreroit en lice contre moi. C'est que je ne savois pas encore alors que M. Gilbert est le professeur favori, le teinturier du directeur et du sous-directeur; qu'il a la table du premier; qu'il jouit, en outre de ses appointemens, de 1200 livres attachées à la place de secrétaire, de 800 livres comme gardien d'une vingtaine de bouquins qu'on honore du nom de bibliothèque; de 800 livres à titre de gratification, et qu'il partage avec les directeurs, ce qu'en termes honnêtes on appelle les bénéfices. M. Gilbert ne me devoit donc point de reconnoissance; mais falloit-il pour cela m'injurier?

Il m'accuse d'exagération et de mensonge, et je croyois, moi, avoir été trop modéré, et être resté bien au-dessous de la vérité. J'ai avancé que l'école vétérinaire avoit coûté à la nation plus de six millions; il assure qu'elle n'a guère coûté que la moitié de cette somme: ce seroit, sans doute, déjà beaucoup trop. Mais calculons. L'emplacement a coûté 70,000 livres. M. Gilbert veut que

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