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» une jeune et innocente victime à la brutalité de >> Don Miguel.

>> Je ne nierai pas, Messieurs, qu'il n'y ait eu des >> troubles dans l'Amérique du Sud et au Mexique, » et qu'il n'y en ait encore. Ces troubles ont pour>> tant été exagérés; je les attribue surtout à deux >> causes, les menaces, quoiqu'impuissantes, de l'Es>>pagne, qui entretiennent la permanence d'armées disproportionnées, et l'agitation de leurs chefs; l'autre cause est dans les intrigues européennes qui s'obstinent à vouloir introduire de vieilles insti>>tutions dans les nouveaux États. Faites cesser ces >> deux causes, et la tranquillité du commerce re»> naîtra. M. le ministre du commerce disait l'autre jour que les relations diplomatiques n'avaient rien » de commun avec nos intérêts commerciaux dans » ce pays. J'ai reçu, depuis, un journal de Mexico, » du 19 mars, qui contient une proposition faite à » la Chambre des Représentans, tendante à doubler >> les droits sur les marchandises provenant de pays >> qui n'avaient pas reconnu l'indépendance.

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» Il est temps, continua Lafayette, que le gouver >>nement se rende enfin aux demandes unanimes du >> commerce français.

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» Un de mes honorables amis vous parlera de >> l'affaire d'Alger, qu'il connaît mieux que moi; je >> ne vous entretiendrai que d'un attentat à l'hon>> neur national, plus grave que le coup d'éventail » du Dey.

>> Je ne traiterai pas ici d'une manière générale la

>> grande question de l'extradition, et le droit que s'ar>> rogerait un gouvernement constitutionnel d'aliéner » ainsi, par des traités sans le concours des chambres, >> la plus noble prérogative du sol français; mais l'ex>> tradition politique, dans l'opinion de tous les temps, » de tous les pays, a été unanimement flétrie. D'ha>> biles jurisconsultes m'ont prouvé que, pour l'ex>> tradition de Galotti, il a fallu violer plusieurs arti>>cles de nos lois.

>> Mais je veux bien admettre qu'il n'y ait eu, du » côté des agens français, qu'erreur, précipitation, et >> ensuite, il faut le dire, repentir; il y a pourtant >> eu quelque part, crime, déception, outrage à >> l'honneur de la France. On parle de vols, d'excès » de parti qui ont été commis, ce que j'ignore; vous » savez bien qu'on n'est pas pour cela ce qu'on ap» pelle voleur de grand chemin.

» On vous a parlé de jugemens; ignorez-vous ce » que sont ou peuvent être les jugemens dans les >> gouvernemens absolus? Si, par exemple, Don Mi>> guel, heureusement c'est un usurpateur, mais s'il » ne l'était pas, et qu'il vînt vous dire, un jugement >> en main contre tel respectable Portugais réfugié >> chez vous C'est cet homme qui a, dans le palais >> du Roi, assassiné de sa propre main le marquis de » Loulé, (1) le meilleur ami de mon père! croiriez

(1) Tout le monde sait que le marquis de Loulé, ami de Jean second, fut attiré dans un piége par Don Miguel qui l'assassina de ses propres mains. Ce crime fut commis dans une partie du palais éloignée des appartemens du Roi. En apprenant la

>>

>> vous à Don Miguel et à ses juges? Non que je veuille, » à beaucoup près, lui comparer François Ier; mais » ce prince napolitain lui-même, puis-je le croire » hien libre, lorsqu'il tient encore en exil les amis >> qui ont partagé ses efforts patriotiques pour la dé>> livrance du pays; ces amis qu'il a lui-même, étant » duc de Calabre, encouragés à l'insurrection? >> Quant à son ambassadeur en France, Messieurs, >> avant de lui accorder si naïvement leur confiance, >> les ministres auraient dû s'informer s'il y avait » identité entre lui et un des membres de cette junte » de 1799, atroce instrument de vengeances étran» gères, et qui a inondé Naples du sang le plus pré>>> cieux dans tous les genres d'illustration (1).

» En un mot, Messieurs, i! y a eu attentat à >> l'honneur français il faut que justice se fasse ; il » faut que Galotti soit redemandé, exigé; qu'il le soit >> avec vigueur, et qu'on le rende au sol de la France; >> il faut que l'honneur national trouve quelque part. >> une réparation éclatante. >>

Le discours que Lafayette prononça au dîner américain, en commémoration de l'anniversaire du 4 juillet, tenant à l'année 1829, je crois devoir en donner ici la traduction à mes lecteurs.

<«< Messieurs, dit-il, dans cette réunion nombreuse

mort du marquis qui, disait-on, venait de succomber à une attaque d'apoplexie, ce malheureux prince s'écria: « C'est Miguel qui l'aura assassiné.»

(1) Le prince de Castelcicala n'est autre que le fameux Fabricio Ruffo dont, immédiatement après la révolution, Lafayette avait demandé le renvoi, mais qu'on a maintenu à son poste.

» pour la célébration de notre grand anniversaire du » 4 juillet, j'éprouve un plaisir bien doux à respirer >> en quelque sorte l'air d'une atmosphère américaine; » je suis d'autant plus sensible à votre toast obligeant >> et aux expressions qui l'ont accompagné, que vous » avez bien voulu associer mon nom aux principes >> et aux institutions pour lesquels nous avons, » mes camarades de la révolution et moi, et à notre » tête, notre illustre, notre bien-aimé Washington, >> eu l'honneur d'agir, de combattre et de verser no» tre sang. Ces institutions, Messieurs, en même » temps qu'elles ont assuré l'indépendance et la li» berté des États-Unis, ont commencé l'ère améri– >> caine d'une nouvelle civilisation politique, desti» née à s'étendre définitivement au monde entier, » et qui est fondée, comme on vient de l'observer, >> sur le sentiment des droits naturels de l'homme. » Je suis fier d'ajouter que la première déclaration » de ces droits, de ce côté-ci de l'Océan, a reçu l'in>> effaçable empreinte de son origine américaine.

» Quelqu'habitués que vous ayez été dès votre en» fance à aimer et respecter ces institutions, je suis » persuadé que vous avez encore mieux senti leur » valeur, depuis que vous avez été à portée de les >> comparer à celles des autres pays. C'est ainsi que

pendant que toutes les âmes généreuses se réjouis>> sent de voir adopter quelque amélioration libé>> rale, sur quelque point du globe que ce soit ; tan» dis, par exemple, que nous avons tous salué de >> nos acclamations le triomphe obtenu dernière

» ment dans la Grande-Bretagne sur l'intolérance >> religieuse, il est doux pour les citoyens des États>> Unis de penser que depuis un demi-siècle ces grands >> avantages, ces victoires signalées sont chez eux >> des lieux communs de principes et des pratiques » non contestées. Une telle pensée, Messieurs, doit >> éterniser leur dévouement à ces institutions qui » ne seront jamais mieux garanties que par leur per>> sévérance dans le système et les sentimens de >> l'Union fédérative.

Espérons que l'exemple de la réunion de tant de >> biens éprouvés par une longue expérience, ne >> sera pas perdu pour les républiques récemment >> fondées dans le reste de l'hémisphère américain, et >> que, dans la consolidation de leur édifice constitu>>tionnel, elles se mettront en garde contre les sug» gestions européennes, et contre l'admission de » matériaux exotiques.

>> J'aimerais, Messieurs, à vous présenter ici le >> nom du patriote distingué, du respectable minis» tre, de l'ami personnel (1) dont le prochain départ >> nous cause de si affectueux regrets; mais je ne >> dois pas empiéter sur la prérogative de notre pré»sident, et je vous donnerai le toast d'un cultiva

>>>teur. >>>

» A la légitimité nationale. Elle étouffe l'ivraie » du privilége; elle nourrit les racines du droit na>>turel et social.»

(1) M. Brown, ministre partant,

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