Page images
PDF
EPUB

>> çais montre ce qu'il sent, ce qu'il pense, et nous >> sommes sauvés !

>>

>> Graces soient donc rendues aux préopinans de » tous les partis, et particulièrement à mon collègue » de la Sarthe! La question a été nettement posée : » d'un côté, la révolution faite avec tous ses avan>> tages moraux, politiques et matériels; de l'autre, >> la contre-révolution à faire avec ses priviléges et » ses périls. C'est à la Chambre, c'est à la France à >> choisir.

» Messieurs, il y a trente-trois ans, qu'à l'assem>> blée des notables de 1787, j'ai le premier demandé >> l'abolition des lettres de cachet: je vote aujour>> d'hui contre leur rétablissement. >>

Parlant, le 23 mars, contre la censure de la presse, il fit une vive digression sur les bruits qui se répandaient de projets hostiles à l'Espagne, et finit par ces mots remarquables : « Que la Charte soit respectée, >> car la violer, c'est la dissoudre, c'est dissoudre les >> garanties mutuelles de la nation et du trône, c'est >> nous rendre nous-mêmes à toute l'indépendance >> primitive de nos droits et de nos devoirs. >>

Dans la séance du 27 mai 1820, il combattit avec chaleur les changemens à la loi d'élection. « Je >> me flattais, disait-il, que les divers partis, cé>> dant enfin au besoin général de liberté et de re» pos, allaient, par un échange de sacrifices, et » sans arrière-pensée, chercher l'un et l'autre de ces >> biens dans l'exercice des droits que la Charte a re>> connus, et dans les institutions qui devaient nous

>> conduire paisiblement à la possession de toutes les

garanties sociales: mon espoir a été trompé; la >> contre-révolution est dans le gouvernement, on >> veut la fixer dans les Chambres. Nous avons dû, >> mes amis et moi, le déclarer à la nation.

>> Pensant aussi que les engagemens de la Charte >> sont fondés sur la réciprocité, j'en ai loyalement » averti les violateurs de la foi jurée.

» A quoi tient l'existence de la Charte? ajou>> tait-il; serait-ce à la religion du droit divin? Mais >> plusieurs actes antérieurs étaient partis de la même » source, avaient, pendant dix-neuf ans, invoqué >> le même talisman. .

>> Serait-ce la promulgation du 4 juin? Mais quel » Français, ayant le sentiment de ses droits, n'a pas >> ressenti la formule par laquelle on traitait en af>> franchie la nation, au moment où elle replaçait >> l'étendard royal à la tête de ses drapeaux chargés » de lauriers? Serait-ce parce que cette Charte est » arrivée à la suite des armées étrangères, et a » été depuis ramenée par elles? Mais il n'y a là, au >> contraire, que du désavantage. Convenons donc, » Messieurs, que si la Charte, malgré ses antécé» dens, ses imperfections, ses commentaires, tant >> avoués que confidentiels, s'est réellement popula>> risée parmi nous, c'est parce qu'elle avait rétracté >> beaucoup de doctrines, d'espérances, de déclara>> rations contre-révolutionnaires; parce qu'elle avait » été présentée par son auguste auteur, comme une >> garantie pour la liberté individuelle, la liberté de

>> la presse, la liberté des cultes, l'égalité des droits, » l'indépendance du jury, l'inviolabilité de toutes les >> propriétés, et comme le gage d'un système repré>>sentatif avec lequel on pouvait rendre efficace cette >> reconnaissance récente de nos droits et des fruits >> de la révolution.

>> Eh bien! Messieurs, qu'est-il arrivé? La liberté » de la presse, la liberté individuelle viennent en>> core une fois d'être sacrifiées; les lois organiques » du système municipal, du régime administratif, >> de l'indépendance du jury, de la responsabilité des >> agens du pouvoir, toutes prêtes, comme on nous >> disait l'année dernière, et comme MM. les com>>missaires du Roi en conviennent encore, sont obs» tinément refusées; on ne veut ni former ni armer » la garde nationale, à qui il ne resterait de res>> source, dans un moment de péril, que de se lever » spontanément............

>> Quoi! Messieurs, disait-il encore, il ne sera plus >> permis de penser qu'une nation s'appartient à elle>> même, et n'est la propriété de personne; que dans » un pays libre, tout militaire est avant tout soldat >> de la patrie; qu'on ne doit obéissance qu'à l'ordre » légal, et non à l'oppression, parce que le despo» tisme, sous quelque forme qu'il paraisse, est la plus insolente des révoltes, parce que l'arbitraire » est le plus scandaleux et le plus durable des dé>> sordres publics! Il ne s'agit ici ni de Cicéron, ni >> des prétoriens, ni de l'épée de Brennus; mais le » ministre qui a voulu m'accabler de son érudition

[ocr errors]

.

>> romaine eût pu, je l'avoue, à plus juste titre, me >> reprocher ce vers de Lucain, gravé sur les ruines » de la Bastille :

[ocr errors]

Ignorant ne datos, ne quisquam serviat, enses? (a)

>> Qu'on ne croie pas, néanmoins, sur la foi de » tant de déclamations, que les promoteurs de la >> liberté française ne furent que des artisans de trou» bles, parce qu'au moment où la sédition aristo>> cratique, suscitée par la noblesse, le clergé et les parlemens, parcourait en 1788 la capitale et les »provinces, ils substituèrent à tant de passions in» téressées la passion du bien public, et aux émeutes » des privilégiés la réclamation des droits de la na>>tion. Messieurs, il appartient toujours à chaque >> membre de cette Chambre de s'expliquer sur un >> fait personnel, sur une imputation injurieuse; et » ne dois-je pas à la mémoire de tant de mes amis, >> victimes de leur dévouement à l'ordre constitu» tionnel, de rappeler ici qu'aussitôt que le noble » élan national de 1789 eut remis le peuple à sa pla>>ce, il n'y eut pas, et il n'y a pas eu un mouvement » irrégulier qui depuis n'ait été fait non-seulement >> malgré nous, mais contre nous?

» Nos adversaires, dans quelque haut rang que vous >> les preniez, ont souvent eux-mêmes reconnu que » leur sûreté, leurs propriétés, leur vie, avaient été » préservées par cette même garde nationale, nom>> mant ses officiers, qu'on vous peint aujourd'hui (a) C'est Lafayette qui fit mettre cette citation de Lucain sur la médaille des Gardes françaises.

>> comme un instrument de désordres et de factions, >> tandis qu'elle ne fut pas moins étrangère aux au>> tres factions qu'à cette émigration armée, sans la>> quelle il n'y aurait eu ni 10 août, ni déchéance du » Roi, ni 21 janvier, ni terreur.

>> Messieurs, nous avons de tout temps, et sans » exception, servi la liberté, flétri le crime au lieu » de le protéger, repoussé l'intrigue, combattu le >> despotisme, l'anarchie et les priviléges ; et puisque >> des attaques répétées m'y forcent, puisqu'on parle >> tant de comités factieux, qu'il me soit permis de >> rappeler ici ce que nous n'avons cessé de signaler » dans les premiers temps, ce que d'indiscrètes ré>> vélations ont depuis confirmé: je veux parler de >> ces associations contre-révolutionnaires de l'inté» rieur, auxiliaires du jacobinisme, qui, tandis qu'au » dehors on implorait l'invasion et le ravage de la » France, s'étaient chargées de concourir, avec les >> autres catégories de désorganisateurs pervers ou » égarés, à rendre la révolution odieuse, en la faisant » dévier de sa primitive et généreuse impulsion: té>> moin les troubles de Nîmes en 1790, qu'on attri» bua généralement aux représailles d'un jour pour » un siècle de persécutions religieuses, jusqu'à ce >> que, depuis la restauration, un des principaux >> instigateurs de ces excès en ait révélé le secret, en >> demandant publiquement son salaire. On les tra>> cerait, ces associations perturbatrices, sous diffé>> rentes dénominations, tantôt s'immiscant, au grand >> regret des constitutionnels, dans leurs résistances

« PreviousContinue »