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Toutes les profeffions font-elles également honnêtes ?

Aucunes des profeffions utiles aux membres. de la fociété ne déshonorent les citoyens qui s'y livrent; mais celles qui exigent des connoiffances particulières & difficiles à acquérir, doivent être plus eftimées. Celles qui font libres font plus relevées que celles qui font ferviles; ainfi, par exemple, un peintre d'hiftoire a un talent plus. estimable que celui d'un peintre en bâtiment; un fculpteur, qu'un fimple tailleur de pierre; un médecin qu'un artifan.

Le bourreau exerce-t-il une profeffion dérogeante ?

Quoique le bourreau rempliffe une des fonctions de la juftice, comme il est un instrument paffif de la deftruction de fes femblables, jamais un homme fenfible ne voudra adopter une pareille profeffion, & par conféquent elle fera toujours incompatible avec l'eftime publique.

L'homme qui fe dévoue à l'état de mercenaire, peut-il exiger du refpect des autres hommes ?

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ne peut exiger que de la juftice. Puifqu'il eft aux gages de tous, il fe range au-deffous de tous ceux qui veulent bien l'employer, & par confé quent il doit avoir pour tous les citoyens, dont il

a befoin, le respect qu'ont d'honnêtes ferviteurs pour leurs maîtres.

L'inégalité des fortunes eft-elle une injuftice?

Non, parce que tous les hommes ayant travaillé inégalement, ayant eu une industrie différente, les fortunes n'ont pu être les mêmes: fi on rendoit aujourd'hui les fortunes égales, avant dix ans la même inégalité qui exifte feroit visible; l'inconduite, la pareffe, la ramèneroient infailliblement. L'inégalité des fortunes eft donc l'effet du travail, du talent, de l'économie. Ces caufes font trop refpectables pour détruire l'effet qu'elles produisent?

Par quelles idées le pauvre peut-il alléger fa misère ?

En fe difant mes parens ne m'ont rien laiffé, je n'ai rien gagné, c'est à moi à éprouver la pauvreté, & à l'adoucir par le travail. Si je fais quelques épargnes, & fi mes enfans font fructifier ce que je leur laifferai, ce fera à leur tour d'être riches, d'ètre fervis, de commander; ils ne feront fur la terre que des hommes comme moi, mais ils auront plus de loifir, plus d'indépendance. S'ils en abusent, ils tomberont dans l'indigence; s'ils font mal-honnêtes, ils tomberont dans le mépris; & celui dont ils auront peut-être rougi de defcen

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dre, aura été moins malheureux qu'ils le feront.

Quel est au jufte le cercle des devoirs de l'homme ?

Obéir à fes père & mère tant qu'on eft fous leur dépendance; se mettre à même d'exister le plutôt poffible par fon travail & une honnête industrie; contribuer à l'harmonie de la fociété par fa juttice & fon courage; rendre à d'autres la vie qu'on a reçue; s'acquitter envers eux des foins dont on a été foi-même l'objet; honorer fon roi, chérir fa patrie, refpecter la loi; ne point porter envie au riche, ne point méprifer le pauvre, foulager le malheureux, fe maintenir dans la fobriété pour vivre plus long-tems, & fe préparer à voir la mort fans regret, comme la fin des infirmités de

la vieilleffe.

Fin du fecond volume.

407

TABLE

DES DISCOURS

CONTENUS

DANS LE SECOND VOLUME.

X V Ic

DISCOURS.

DE la Conflitution de Venise,

XVII DISCOURS.

De la Conftitution de Venife,

pages r

XVII 1 DISCOURS.

Suite de la Conftitution de Venife,

XIX DISCOURS.

33

67.

Des Républiques de Venife, Gênes, LucquesSaint-Marin,

X Xe DISCOUR S.

De Ragufe, de la Hollande,

XXI

DISCOURS.

97

129

Suite de la Conftitution de la Hollande,

X XI I DISCOURS.

161

De la Conftitution d'Angleterre, de l'Origine de

fes Loix,

193

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