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«Des Grecs, ( qui l'eût pu croire?) oui des Grecs aujourd'hui

« Combattront pour Enée, & feront fon appui ».

C'eft ainfi que du dieu la myftique interprete,
Par fes accens, que l'antre en mugiffant répete,
Déguife, en l'annonçant, l'obfcure vérité;
Du frein qui l'affervit fon efprit tourmenté
Frémit fous l'aiguillon, & s'échauffe & s'embrafe.

A peine elle fortoit de cette longue extafe :

O vierge, dit Enée, il n'eft point de malheur « Dont l'aspect imprévu puiffe étonner mon

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cœur.

« J'oferai tout braver; mais puifque ce rivage « Vers le noir Achéron m'ouvre un libre paffage, Puifque l'Averne ici fait refluer fes eaux « Permets que fur tes pas, par des fentiers nou

veaux,

J'aille au féjour des morts chercher l'ombre

d'un pere.

« J'ai fçu le dérober aux périls de la guerre; «Sous un fardeau fi cher mes pas ont chancelé : « A fuivre mes deftins par l'amour appellé,

Ila (fi près, hélas ! du terme de la vie ) Et du ciel & des mers affronté la furie. « Ses ordres tout puiffans vers toi m'ont envoyé. O vierge! pour nous deux j'implore ta pitié. « Tu peux tout; des enfers gardienne facrée «C'eft à tes foins qu'Hécateen a commis l'entrée. Si le chantre de Thrace, & fes touchans ac

cords,

«En faveur d'Eurydice ont attendri les morts; «Si des fils de Léda l'errante deftinée

Eft du ciel aux enfers tour à tour ramenée ; « Ce que Théfée, Alcide, avant nous ont ofé, Au fang de Jupiter fera-t-il refufé ?

Par M. CHABANON, 》

LE PRINTEMS, idylle.

L'Aquilon loin de nou a porré ses ravages,

Le doux Zéphyr a chailé les frimats,
Er le foleil difperiant les uages,

Du feu de les rayons échauffe no climats :
L'air retentit de chantons d'alegrefle;

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Partout l'agreab e gaieté

Succede à la fombre trifteffe ;
Partout à mon œil enchanté

S'offre l'heureux tableau je a fécondité;
Ainfi, quand de noires, empêtes -
Avec furie ont grondé fur nos têtes,
Après une nuit de rerreur,

L'altre du jour, dans la fplendeur,
Paroît aux portes de l'Aurore,
Contole Thomme, & ranime fon cœur
Pour le dieu poiffant qu'il adore...
Comme l'amour renaît au retour du printems!
Les oiteaux à l'envi répetent fes accens;
Sous humble toit qui la vit naître,
L'hirondelle vient donner l'ê re
A des petits qui viendront à leur tour
Chanter dans cet aimab e asyle

Leurs tran parts & l'hôte tranquille Qui laifle en paix le fruit de leur amour. Entendez le ferin: fon langoureux ramage Attendrit fon amante au fond de ce bocage. Le roflignol, preílé par l'amoureux defir Appelle tendrement la compagne chérie: Ils s'envolent ensemble au bois, à la prairie, Et fans ceffe avec eux emmenent le plaifir. Que votre fort est bien digne d'envie, Heureux oifeaux ! Jamais la jalousie

Ne vient troubler votre bonheur : Vous vous aimez toujours avec la même ardeur Toujours vous chériffez votre jeune famille

Elle est l'objet de vos foins les plus doux: Tantôt à vos côtés je la vois qui fautille; Tantôt elle s'effaie à voler avec vous. Tel qu'il eft dans les bois, l'amour est au village: On n'y connoît que fon fimple langige: L'amante fans détour entretient fon amant Et jamais fon aveu n'eft fuivi du ferment, Elle aime c'eft affez, elle fera fidelle; Mais à la ville, hélas ! tout n'eft que fauffeté, Et plus on prend l'air de la vérité,

:

Plus on eft près d'être infidelle:

Dans ce féjour affreux, le plaifir corrupteur, En féduifant l'efprit, empoisonne le cœurs Petits oifeaux, tendres bergeres,

Que vous êtes heureux! Quelles font nos miferes !

Auffi-tôt que nous fommes nés,

Livrés fouvent à des mains étrangeres, Hélas! nous n'avons point de meres Au plus cruel exil nous fommes condamnés.. Vous, dont l'ame infenfible au cri de la nature De l'amour maternel étouffe le murmure, Vous, qui facrifiez, dans vos lâches defirs Le doux titre de mere à d'indignes plaisirs, De votre cruauté craignez la récompenfe.... Peut être vos enfans verront votre tombeau Avec la même indifférence

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Que vous avez vu leur berceau....
Mais chaffons loin de nous ces funeftes images:
La Nature m'appelle, & fes rians ouvrages
Offrent à mes crayons le plus riche tableau:
De tous côtés elle étincelle

Des charmes les plus féduifans:
Le bon Lyfis fourit, la revoyant fi belle;
Mais il ne peut rajeunir avec elle,

Et cette idée attrifte fes vieux ans.
Si tu coulas tes jours au fein de l'innocence,
Sage vieillard, ne crains pas de moutir:
Un bonheur qui pour toi ne doit jamais finir,

De tes vertus fera la récompense.
Jouis en paix du fpectacle fi beau
Qui vient égayer ta vieilleffe ;
Vois tes brebis bondir fur ce côteau,
Vois la campagne & fa richeffe
Et fois longtems encor l'ornement du hameau
Difparoiffez, ô Tempé, Theffalie,
O féjour trop délicieux,

Vous qu'embellit la Poéfie
Des attraits les plus gracieux !
Les aquilons & les orages

Refpecterent toujours vos vallons enchantés:
Difparoiffez vos brillans paysages

Fatiguent mes regards trop longtems arrêtés.
La Nature à mes yeux eft bien plus fédui-
fante

Alors que les zéphyrs, des frimats blanchiffans,
Ont chaffé l'horreur impofante :

C'est à l'hiver qu'on doit le charme du prin

tems.

Avec quel doux plaifir je revois la verdure!
Ce foleil bienfaifant, ce ciel pur & ferein,
Cette fraîcheur d'un beau matin

Agiffent fur mes fens comme fur la Nature.
Avec quel viftransport, fur un tronc dépouillé,
Je vois ici renaître le feuillage!

Là, le gazon, des pleurs de l'Aurore mouillé,
Des plus riches rubis me montre l'affemblage;
Plus loin, fur fon frêle rameau

Je vois briller le bouton de la rofe,
Et la fleur du lilas, nouvellement éclofe,
Exhale fes parfums auprès d'un jeune ormeat
Que je plantai le jour que ma maîtreffe,
En s'uniffant à moi, couronna ma tendreffe.
Dans ces jardins tant furchargés de fleurs
Dans ces parcs qu'aligna la trifte fymmétrie
Qu'un mortel indolent froidement s'extafie I
J'aime bien mieux ces bofquets enchanteursą
Le tapis de cette prairie,

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Et le défordre heureux de ses fimples couleurs
D'un vorger l'urile parure,

Du roffignol les tranfports & les chants
D'un clair ruiffeau le languiffant murmure,
Flat ent non cœur & pénétrer mesiens........
Calme lic eux, que j'inora longtems,
Tu me fu vras dans le paible alyle
Où, in des plaifirs de la ville,
Dont le charme eft fi trompeur,
Je vais goûter une volupté pure.
C'eft en contemplant la Nature
Que hmme trouve le bonheur.

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Méthode pour le traitement de la rage, tirée d'un écrit annoncé dans le JOURNAL ENCYCLOPÉDIQUE du 30 Odobre , pag. 269, & qui eft intitulé: DE MONETA, &c. VON DER · HEIL-CUR DES BISSES TOLLER HUNDE, &c. C'est-à-dire, DE LA SEULE CURE CERTAI NE ET CONSTATÉE PAR DE NOMBREUSES EXPERIENCES, DE LA MORSURE DES CHIENS, LOUPS, CHATS, RENARDS ET DE TOUS LES AUTRES ANIMAUX ENRAGÉS OU FORTEMENT IRRITÉS, AINSI QUE DES PIQURES DES VIPERES, SERPENS, INSECTES VENIMEUX. ON Y A JOINT QUELQUES EXPÉ-· RIENCES GENERALEMENT UTILES SUR DIVERS OBJETS DE MEDECINE. PAR LE DOC. TEUR CHRETIEN-JACQUES DE MONETA, CONSEILLER AULIQUE ET MEDECIN DU CORPS DE S. M. POLONOISE. A VARSOVIE, CHEZ MICHEL GRELL.

1o. A Uffi-tôt que quelqu'un a été mordu

par un animal enragé ou vivement irrité, il faut répandre fur les bleffures de la terre, du fable, de la boue ou du tabac, ce

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