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faite à la Cour martiale, & en firent des plaintes à Sa Majefté. Le duc de Newcaftie, par ordre du roi, écrivit aux lords commiffaires de l'amiraute en ces termes : Sa Majefte voit avec la plus grande peine l'injule faite à la Cour martiale, par Laquelle la difcipline militaire de la marine eft fi foricment affectée, & elle désapprouve hautement la conduite du lieutenant Frye dans cette occafion. Sa Majesté s'eft occupee des voies qu'il conviendra de prendre en cette circonflace ».

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«Les commiffaires de l'amirauté miniftre lui même n'avoient, pas des idées juftes de la très-grande autorité du lord chef-juftice des plaies communs. Dès que le lord fçut la réfolution de la Cour martiale il ordonna que chaque membre individuellement fût pris en cuftody, bien decidé à employer les mesures légales pour maintenir l'autorité de fa charge, Mais cette affaire fut arrêtée par la foumiffion fuivante, fignée du préfident & de tous les membres, & envoyée au lord. Wittes. Comme rien ne convient mieux à un GENTLEMAN que de reconnoitre fes toris dès qu'il en eft convaincu, & d'étre prêt à donner fatisfaction à quiconque il a offenfe, nous fouffignes,pleinement convaincus que nous nous Jommes trompés dans l'opinion que nous nous etions formée du LORD CHEF-JUSTICE Wittes, nous nous croyons obligés

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en honneur & en justice de lui donner: farisfaction autant qu'il eft en noire pou-, voir; & comme l'offense que nous lui avons faire eft d'une nature publique, nous dé-, clarons aufi publiquement que les reflexions faites contre lui dans nos refolutions du 16 & du 27 Mai dernier font injuftes, infoutenables & fans fondement quelconque, & nous demandons paraón à sa Seigneurie, & à la Cour des plaids communs de l'outrage que nous avons fait à lui & à la Cour »>.

C papier, daté du 16 Novembre fut reçu & enregistré le 14. Ce monument, dit alors le chef-justice, servira d'âge. en âge d'inftruction à quiconque voudroit s'opposer aux loix, ou fe croire au deffus d'elles. Ainfi fe termina cette affaire extraordinire >>.

Les remarques par lesquelles l'auteur finit l'expofe d'un autre trial tenu contre l'a miral Mathews en 1746, feront, connoître Jes hommes qui commandoient, alors dans lá marine angloife.

« Nous terminerons cette hiftoire défa

gréable (dit M. b.) en obfervant fi •que T'on examine toute la conduite de la flotte britannique fous l'amiral Mathews, tant qu'elle fut en vue de l'ennemi, il fera aifé de s'appercevoir des efforts infructueux quoique bien intentionnés, d'un homme charge d'une tâche au deus de fes forces,

mais rempli de confiance dans fes talens, compagne inféparable de la préfomption & de l'ignorance. Les deux chefs de pavillon femblent avoir eu le defir de s'acquitter de leurs devoirs avec honneur & exactitude. Le vice-amiral en particulier montroit un zele & une attention qui donnent une grande idée de fes talens comme marin & comme officier. Il feroit à fouhaiter qu'on pût en dire autant des capitaines en général. Ce n'eft pas affurément que plufieurs ne rempliffent leurs devoirs avec courage & fageffe; mais d'autres mériterent fans doute les reproches qu'on leur fit. Cependant il feroit bien dif ficile de déterminer le degré de blâme que chacun encourut, par l'incertitude & le défordre qui paroiffent avoir regné dans l'ensemble des manœuvres ».

Voici quelques détails fur l'action navale. qui eut lieu entre le lord Anfon & M. de La Jonquiere. « Le courage avec lequel les capitaines anglois combattirent dans cette journée dit M. B.) ne peut mieux fe prouver que par le fait fuivant. Lorsque le Bristol commença d'engager l'Invincible, M. Fincher, capitaine du Pembroke, s'efforça de fe mettre entre les deux ; mais ne trouvant pas affez de place, il héla le Briflol, & lui demanda de ranger fon gouvernail, vu qu'il alloit courir en plein fur le vaiffeau. Le capitaine Montagu lui répondit: Cours, fi tu veux, & fois damné. Ni vous

ni aucun vaiffeau de guerre du monde ne viendrez entre moi & mon en emi. Lorsque le Devonshire & le Briftol eurent réduit Pinvincible au filence, le capitaine Montagu donna o dre de tendre les voi es, & courut à une autre attaque en animant par cette exhortation de challeurs fon brave équipage: Venez, mes enfans: il faut avoir encore une plume de cet oifeau ».

Dans le fecond volume de ces Mémoires, on lit, fur la vie de M. de Montcalm, quelques détails qui pourront trouver place dans l'hiftoire de ce brave gouverneur de Quebec. Sans nous arrêter au reproche de cruauté que lui fait M. Beatson, quoiqu'il paroiffe malheureusement affez fondé, nous pafferons aux derniers momens de la vie. Il mourut, comme on le fçait, le lendemain d'une bataille qu'il livra aux Anglois. «On rapporte de lui que, lorfqu'on panfa fes bleffures, il demanda au chirurgien de lui dire ingénument. fi elles étoient mortelles ou non. Ayant appris qu'elles l'étoient, il dit: J'en fuis bien aife. Enfuite il demanda combien de tems il avoit encore à vivre. — Dix à douze heures, peut-être moins, lui répondit on. Tani mieux. répliqua-t-il, car je ne vivrai pas pour voir la réduction de Quebec ».

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Les réflexions que l'auteur fait fur les fignaux de nuit nous femblent auffi in ftructives pour les autres Puiffances mari times que pour les Anglois,

« Vu, dit-il, le défaut très-effentiel des fignaux de nuit actuellement en ufage & établis par l'amirauté, le parti forcé que prit Sir Edouard Hauke de faire mettre la flotte à l'ancre au moment où il le fit, auroit pu avoir les fuites les plus funeftes & entraîner la perte de cette flotte victorieufe. Le fignal de mettre à l'ancre pendant la nuit eft deux coups de canon ti rés du vaiffeau amiral, fans lumiere ni autre moyen de faire diftinguer ce fignal de tout autre coup de canon tiré en pareil tems. Il eft donc très évident que lorfqu'une bataille vient de ceffer par la feule raifon du défaut de jour, il doit y avoir encore des tirailleurs de tous côtés, & que, par conféquent, deux coups de canon tirés du vaiffeau amiral ne peuvent pas fervir de fignal. Aufli l'obéiffance à un ordre fi vague fut telle qu'on devoit s'y attendre. II n'y eut qu'un petit nombre de vaiffeaux qui, près de l'amiral, fçachant qu'il avoit mis à l'ancre, imi erent; les autres ou refte-rent en pleine mer, ou jetterent l'ancre en divers endroits de la côte, felon que la néceffité les obligea de prendre ce parti. 1 eft clair que la flotte britannique air fi divifét, fi la flotte françoise fût rettee réunie comme elle le devoit, en fuivant la route de M. de Beaufremont dans le four banks (quatre bancs), ele auroit pu attaquer le petit nombre de vailleaux a l'ancre près de

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