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événemens de 1727. Les trois volumes que nous annonçons offrent l'hiftoire navale jufqu'en 1763; les trois derniers, qui font très-avancés, la conduiront jufqu'en 1789. L'auteur y décrit, non-feulement les opérations des grandes flottes & des efcadres mais les combats des vaiffeaux détachés, & les belles actions des officiers particuliers. Il ne doute point que l'Angleterre ne puifle tirer des avantages particuliers de ces détails. Ce n'eft pas, fuivant lui, la grandeur de l'entreprise qui fait briller le courage, le zele & le mérite. Un capitaine particulier, en combattant fur un floop armé en guerre, avec bravoure, avec habileté, apprend à fa patrie qu'il eft digne d'un commandement plus éminent. Ces vérités n'ont pas befoin de commentaires.

Les faits inférés dans cet ouvrage font trop récens pour qu'il foit néceffaire de les préfenter de fuite: nous en choisirons feulement quelques-uns qui pourront donner une idée de la fidélité de l'hiftorien.

Voici la fin de l'article fur l'expédition de l'amiral Hofier en 1728.

*Ce fut ainfi que fe termina cette expédition mal concertée, qui, depuis que l'a miral eut pénétré dans ces mers, avoit coûté à la Nation, outre des tréfors immenfes, 2 vice-amiraux, To capitaine, fo lieutenans, & environ 4000 officiers fubalternes ou marius, & cela par la feule infalubrité du

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climat car la flotte refta dans l'inaction; elle pourrilloit à l'incre, les mate ots périffoient, & la Nations étoit infultée fans qu'on fe mir en peine de la venger ».

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Les réflexions de notre auteur fur la malhe reufe affire. de Carthagene en 17+1 ne méritent pas moins de trouver place ici. La flotte angloife manquoir d'eau, & il paroit que c'etoit bien vo ontairement de la part de fes chefs: car (dit M. Beatfon) rien n'empêch it le vice-amiral, de remedier à cette difette & aux plaintes qui s'enfuivirent. Dans la fuppofition même que tous les equipages des va fleaux de guerre euffent eté employés à un fervice effectif, il pouvoit ordonner à quelques-uns des tranfports de voiturer de l'eau pour les troupes. Après la fatale indifférence qui fe manifefta entre les deux commandans des troupes de terre & de la flotte ), je n'ai que trop lieu de croire que l'armée étoit bien fondée à fe plaindre de la partialité du vice-amiral pour l'escadre. En effet, les matelots avoient fouvent des tortues & du boeuf frais; il n'etoit pas permis aux foidats de partager ces rafraîchiffemens, comme s'ils n'euffent point appartenu au même maître, & comme s'ils eullent été employés à un fervice étranger.

Le géneral Wentworth témoigna le defig d'employer deux ou trois petits navires à prendre des tortues pour l'ufage des malades;

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non-feulement cette faveur lui fut refufee, mais les provifions falées ne furent pas exactment fournies à l'armee. En même tems les divifions du vice-amiral & celle du contre amiral, avec quelques transports, les engagerent a fe: touer & à avancer dans port auffi loin que le tems le leur permit. Cette ennuyeufe opération étant finie le 30, les brûlots & les frégates furent ftationnés autour du port, dans la vue de garder tout paffage, toutes les petites baies, d'i tercepter tous fecours de vivres deftinés à la ville. Le commodore Leftock fur à Bocca-Chica avec fa divifion & o Jre de rembarquer les troupes & de canonner le plutôt poffible »>.

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« Il faut maintenant paffer à la partie pénible & défagréable de cette tritte expédition. Quelque finguliere que foit la chofe, il faut la dire: on peut en titer beaucoup d'inftruction; elle fera une leçon aux officiers d'éviter la diffention, & de réfléchir que ce n'eft que par le moyen de la bonne intelligence & des efforts mut els que le fervice public peut fe faire avec fucces. Il feroit difficile de déterminer jufqu'a quel point chaque commandant en chef merite le blâme. Leurs caracteres etoient affurement très-differens. Le general Wentworth avoit toujours été regardé comme un homme fupérieur & d'une grande capacité. Un convient que le vice-amiral étoit un bon

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officier; mais fon caractere n'étoit pas plus accommodant que fes moeurs. Accoutumé à la dictature, il ne pouvoit fouffrir d'égal dans le commandement. Sa conduite hautaine & violente dans cette expédition ternit les lauriers qu'il avoit cueillis à PortoBello. L'amour de la patrie céda dans fon coeur à l'animofité perfonnelle : car il eft certain qu'après la prise du fort Noois, les deux commandans conçurent l'un pour l'autre un fi profond mépris, qu'ils faifirent toutes les occafions de fe témoigner leur dégoût mutuel. Les confidérations du bien public furent totalement abforbées par leur antipathie. Au lieu d'avoir des entrevues fré quentes pour se concerter fur les moyens de mettre leurs ordres en exécution ils. fe tinrent dans le plus grand éloignement & la plus ftricte réferve. Chacun avoit fon parti, ce qui ne rendoit leurs différends que trop publics, & offroit à chacun le moyen de rejetter le blâme fur l'autre. Le viceamiral, ignorant le fervice militaire, blamoit fouvent le général de délais qui ne dépendoient point de lui; il mettoit tant d'apreté dans fes difcours en le preffant de hâter fes opérations, qu'il ne pouvoit manquer d'ir riter le caractere le plus doux. Il aigrit tellement l'ame du général Wentworth, qu'il dédaigna de rien demander de ce qui lai étoit néceffaire, & d'avoir aucune liaison avec un homme qui fe conduifoit fi grof

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Giérement à son égard. De fon côté, le viceamiral n'eut pas l'attention de donner ce qu'on ne lui demandoit pas. Ainfi fut facrifié le fervice public à l'efprit de reffen

timent ».

Dans la Cour martiale tenue à Deptford, au mois de Mai 1746, pour le trial du contre-amira! Leftock, & que PerryMayne, écuyer, contre-amiral du pavillon bleu, préfida, il y eut une circonftance très-remarquable. «Les Mai, le préfident fut arrêté en vertu d'un writ of capias décerné par Sir Jean Wittes, lord chefjuftice des plaids communs, fur un verdict obtenu par George Frye, lieutenant de marine, contre Sir Chaloner Ogle PerryMayne & autres, pour emprifonnement injufte & mauvais traitemens dans les Indes Occidentales, à la fuite d'une fentence illégale rendue contre lui par une Cour martiale dont ils étoient membres. L'arreftation du préfident offenfa vivement cette nouvelle Cour, &, faute de confidérer la grande fupériorité des loix civiles fur les loix militaires, ceux qui la compofoient, échauffés par la paffion, prirent une réfolution où ils s'exprimerent contre le lord chef-justice avec peu de refpe&t & beaucoup d'aigreur. Ils envoyerent cette réfolution accompagnée de remontrances à M. Corbet, qui les préfenta aux lords commiffaires de l'amiyauté. Les lords furent touchés de l'injure

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