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tion à un décret de l'Affemblée Nationale dont plufieurs articles rigoureux lui ont paru. contrarier le but que la loi devoit fe propofer, & que réclamoit l'intérêt du Peuple, & ne pouvoir pas compatir avec les mœurs de la Nation & les principes d'une Constitution libre ».

« Mais Sa Majesté le doit à elle-même, & à ceux que cet acte de la prérogative royale pourroit tromper fur fes intentions, d'en renouveller l'expreffion pofitive, & de remplir, autant qu'il eft en elle, l'objet important de la loi dont elle n'a pas cru devoir adopter les moyens ».

Le roi déclare donc à tous ceux qu'un efprit d'oppofition pourroit entraîner, raffembler on retenir hors des limites du royaume, qu'il voit, non-feulement avec douleur, mais avec un profond mécontentement, une conduire qui trouble la tranquillité publique, objet conAtant de ses efforts, & qui paroît avoir pour but d'attaquer les loix qu'il a confacrées par fon acceptation folemnelle ».

<< Ceux là feroient étrangement trompés, qui fuppoferoient au roi une autre volonté que celle qu'il a publiquement manifeftéé, & qui fete roient d'une telle erreur le principe de leur con luite & la bale de ear efpoir. De quelque mouf qu'ils aient pu la couvrir à leurs propres yeux, il n'en exifte plus aujourd'hui. Le roi leur donne, en exerçant fa prérogative fur des metures de rigueur dirigées contr'eux, une. preuve de la liberté, qu'il ne leur eft permis ni de méconnoître, ni de contredire ; & douter de la fincérité de fes résolutions, lorfqu'ils font convaincus de fa liberté, ce feroit lui faire injure ».

«Le roi n'a point diffimulé la douleur que lai ont fait éprouver les défordres qui on

eu lieu dans le royaume, & il a longtems cherché à croire que l'effroi qu'ils infpiroient pouvoit feul retenir hors de leurs foyers un fi grand nombre de citoyens; mais on n'a plus le droit d'accufer les troubles de fa patrie, lorfque, par une abfence concertée & des raffemblemens fufpects, on travaille à entretenir dans fon fein l'inquiétude & l'agitation. I n'eft plus permis de gémir fur Finexécution des loix & fur la foibleffe du Gouvernement, lorfqu'on donne foi-même l'exemple de la défobéiffance, & qu'on ne yeut pas reconnoître pour obligatoires les vo lontés réunies de la Nation & de fon roi ». « Aucun gouvernement ne peut exifter, fi chacun ne reconnoît l'obligation de foumettre fa volonté particuliere à la volonté publique. Cette condition eft la base de tout ordre focial, & la garantie de tous les droits; &, foit qu'on veuille confulter fes devoirs ou les intérêts, peut-il en exifter de plus réels pour des hommes qui ont une patrie, & qui laif fent dans fon fein leurs familles & leurs propriétés, que celui d'en refpecter la paix, d'en partager les destinées & de prêter fon fecours aux loix qui veillent à fa fûreté » ?

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« La Conflitution, qui a fupprimé les diftinctions & les titres, n'a point exclu ceux qui les poffédoient des nouveaux moyens d'inJuence & des nouveaux honneurs qu'elle a créés ; & fi, loin d'inquiéter le Peuple par leur absence & par leurs démarches, ils s'empreffoient de concourir au bonheur commun Loit par la confommation de leurs revenus au fein de la patrie qui les produit, foit en confacrant à l'étude des intérêts publics Theureuse indépendance des befoins que leur affure leur fortune, ne feroient-ils pas appellés à tous les avantages que peuvent départis

l'eftime publique & la confiance de leurs concitoyens »?

« Qu'ils abandonnent donc des projets que réprouvent la raison, le devoir, le bien général & leur avantage perfonnel. François qui n'avez ceffé de publier votre attachement pour votre roi, c'eft lui qui vous rappelle dans votre patrie: il vous promet la tranquillité & la fûreté au nom de la loi dont l'exécution fuprême lui appartient; il vous les garantit au nom de la Nation avec laquelle il est inféparablement uni, & dont il a reçu des preuves touchantes de confiance & d'amour. Revenez : c'eft le vœu de chacun de vos concitoyens, c'est la volonté de votre roi; mais ce roi qui vous parle en pere, & qui regardera votre retour comme une preuve d'attachement & de fidélité, vous déclare qu'il eft réfolu à défendre par tous les moyens que les circonstances pourroient exiger, & la fûreté de l'Empire qui lui eft confiée, & les loix au maintien defquelles il s'eft attache fans retour »>.

<<< Il a notifié fes intentions aux princes fes treres; il en a donné connoiffance aux Puiffances fur le territoire de quelles fe font formés des raffemblemens de François émigrés. Al efpere que les inftances auront auprès de vous le fuccès qu'il a droit d'en attendre. Mais s'il étoit poflible qu'elles fuffent vaines, fcachez qu'il n'eft aucune réquifition qu'il n'adreffe aux Puiffances étrangeres, qu'il n'eft ancune loi jufte, mais vigoureufe, qu'il ne Loit résolu d'adopter plutôt que de vous voir facrifier plus longtems à une coupable obftination le bonheur de vos concitoyens, le vôtre: la tranquillité de votre pays ».

« Fait à Paris, le 11 Novembre 1791. Signé, Louis, & plus bas, DELESSART D

Lettre du roi aux princes francois, fes

freres.

Paris, le 16 Odobre 1791.

« J'aurois cru que mes démarches auprès de Vous & l'acceptation que j'ai donnée à la Conftitution, fuffiroient, fans un acte ultérieur de ma part, pour vous déterminer à rentrer dans le royaume, ou du moins à abandonner les projets dont vous paroiffez être occupés.. Votre conduite, depuis ce tems, devant me faire croire que mes intentions réel és ne vous font pas bien connues, j'ai cru devoir, à vous & à moi, de vous en donner l'affurance: de ma propre main ».

« Lorfque j'ai accepté fans aucune modification la nouvelle Conftitution du royaume, le vœu du Peuple & le defir de la paix m'ont principalement déterminé j'ai cru qu'il étoit tems que les troubles de la France euffent un terme; & voyant qu'il étoit en mon pouvoir d'y concourir par mon acceptation je n'ai pas balancé à la donner librement & volontairement : ma réfolution eft invariable.. Si les nouvelles loix exigent des changemens, j'attend ai que le tems & la réflexion les fotlicitent; je fuis déterminé à n'en provoquer & à n'en fouffrir aucun par des moyens contraires à la tranquillité publique & à la loi que j'ai acceptée ».

Je crois que les motifs qui m'ont déterminé doivent avoir le même empire fur vous: je vous invite donc à fuivre mon exemple. Si, comme je n'en doute pas, le bonheur & la tranquillité de la France vous font chers vous n'héliterez pas à concourir par votre conduire à les faire renaître. En failant celler les inquiétudes qui agitent les efprits, vous contribuerez au rétablitle nent de l'ordre, vous aflurerez l'avantage aux opinions fages & mo

dérées, & vous fervirez efficacement le bien que votre éloignement & les projets qu'on vous fuppofe ne peuvent que contrarier ».

«Je donnerai mes foins à ce que tous les François qui pourront rentrer dans le royaume y jouiffent pailiblement des droits que la loi leur reconnoît & leur affure. Ceux qui voudront me prouver leur attachement ne balanceront pas. Je regarderai l'attention que vous donnerez à ce que je vous marque, comme une grande preuve d'attachement envers votre frere & de fidélité envers votre roi, & je vous fcaurai gré toute ma vie de m'avoir épargné la néceffité d'agir en oppofition avec vous, par la réfolution invariable où je fuis de maintenir ce que j'ai annoncé ».

Signé, LOUIS. Lettre du roi à LOUIS-STANISLAS - XAVIER prince françois, frere du roi.

Paris, le 1 Novembre 179i.

« Je vous ai écrit, mon frere, le 16 Octobre dernier, & vous avez dû ne pas douter de mes véritables fentimens. Je fuis étonné que ma lettre n'ait pas produit l'effet que je devois. en attendre. Pour vous rappeller à vos devoirs, j'ai employé tous les motifs qui devoient Le plus vous toucher. Votre ablence eft un prétexte pour tous les malveillans, une forte d'excufe pour tous les François trompés qui croient me fervir en tenant la France entiere dans une inquiétude & une agitation qui fons le tourment de ma vie.. La Révolution eft finie la Conftitution est achevée, la France la veut, je la maintiendrai; c'eft de fon affermiffenent que dépend aujourd'hui le falut de la monar chie. La Conftitution vous a donné des droits; elle y a mis une condition que vous devez vous hacer de remplir. Croyez-moi, mon frere, repoutfez les doutes qu'on voudroit vous don

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