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mais Alcuin, moine savant et sage politique, les réconcilia. Offa fit faire un large fossé, pour la défense d'une partie de ses états, et après diverses conquêtes, il retourna à Dieu par une sincère pénitence. Enfin, il remit le trône à Egfrid, son fils. Il mourut peu de temps après, l'an 796. Ce prince, dans un voyage qu'il fit à Rome, augmenta le tribut établi par Ina pour l'entretien du collége anglais; mais il fut depuis aboli par Henri VIII, lorsqu'il se sépara de la communion de Rome.

OG était roi de Basan, ou de cette partie de la Terre promise qui était au delà du Jourdain, entre ce fleuve et les montagnes de Galaad. Les Israélites voulant entrer dans la Terre promise, Og, pour s'y opposer, vint au-devant d'eux avec tous ses sujets jusqu'à Edraï. Moyse le vainquit et le tua, passa au fil de l'épée tous ses enfans et tout son peuple, sans qu'il en restât un seul, conformément aux ordres de Dieu qui voulait détruire ces nations abominables, dont les crimes justifient la punition, même selon les lumières naturelles. (Voyez Josué et un passage de Grotius dans l'article MONTEZUMA.) Les Israélites se mirent en possession de son pays, ruinèrent soixante villes, et en exterminèrent tous les habitans. Og était seul resté de la race de Raphaïm. On peut juger de la taille de ce géant, par la grandeur de son lit, qu'on a conservé longtemps dans la ville de Rabbath, capitale des Ammonites. Il était de 9 coudées de long et de 4 de large; c'est-à-dire, de 15 pieds 4 pouces et demi de long sur 5 pieds 10 pouces de large. Mais comme ce roi géant était sans doute couché à son aise, et que les anciens guerriers aimaient à exagérer leur

grandeur par celle de leurs lits (voy. Quinte-Curce, livre 9, chap. 3), on peut croire qu'Og n'était pas plus grand que Goliath, qui avait environ 9 pieds. Voyez GOROPIUS, SLOANE.

OGE, mulâtre de Saint-Domingue, se trouvait à Paris lors de la révolution, et fit partie du club connu sous le nom des Amis des noirs, qui le chargea, dit-on, d'aller opérer une révolution parmi les gens de couleur à SaintDomingue. On le munit d'ins tructions secrètes, et d'une forte somme d'argent. Oge avait de l'intelligence et de l'audace; et, arrivé à sa destination, au commencement de l'automne de 1790, il publia une proclamation, préparée d'avance à Paris, dans laquelle il invitait les noirs à se mettre en état de révolte. Ceux-ci, qui n'y étaient que trop disposés, se rendirent en foule auprès d'0ge, qui se mit à leur tête, dévasta plusieurs établissemens, et obtint d'abord des succès; mais le gouverneur Blanchelande ayant envoyé des troupes contre lui, ses gens l'abandonnèrent, et se cachèrent dans les bois. Oge se réfugia sur le territoire espagnol, mais à la demande du gouverneur français, on le lui livra avec plusieurs de ses camarades. Tous furent exécutés. Oge ne perdit jamais son courage; quand il eut entendu son arrêt de mort, il prit une poignée de graines noires qu'il mit dans le creux de sa main. et les recouvrit de graines blan ches. Après avoir secoué le tout, et les graines noires ayant repri le dessus, il les montra à ses jages, et leur dit en souriant : «Oi sont donc les blanches ? » Par ce trait de laconisme spartiate, Oge fit bien connaître l'état où ilsavait qu'était la révolte des noirs, qui

bientôt après devint générale, et qui, grâce à une philanthropie, au moins trop précipitée, coûta tant de sang, et la perte d'une riche possession en Amérique.

OGER, le Danois, appelé aussi Oger et Autcaire, rendit de grands services à Charlemagne, et fut aussi aimé qu'estimé par ce prince et par sa cour. Le ciel lui ayant ouvert les yeux sur les prestiges du monde, il se fit religieux dans l'abbaye de Saint-Faron de Meaux, où il attira un de ses amis, nommé Benoît. Ils moururent tous deux au 9° siècle, avec de grands sentimens de piété.

OGIER (Charles) naquit à Paris en 1595, d'un procureur au parlement. Dégoûté de la profession d'avocat qu'il avait d'abord embrassée, il suivit le comte d'Avaux, ambassadeur en Suède, en Danemarck et en Pologne. De retour en France, il s'appliqua à différens ouvrages, et mourut à Paris en 1654 à 59 ans. On a de lui une relation de ses voyages sous ce titre : Iter danicum, suecicum, polonicum, Paris, 1656, in-8°; elle offre bien des choses intéressantes sur les pays qu'il avait parcourus, sur leurs usages, leurs mœurs et les hommes célèbres qu'il avait visités.

OGIER (François), frère du précèdent, embrassa l'état ecclésiastique, et suivit le comte d'Avaux, lorsqu'il alla signer la paix de Munster en 1648. L'abbé Ogier s'était signalé dans une querelle de Balzac avec le P. Goulu, où il prit le parti du premier, puis se brouilla avec son protégé. Dégoûté de la dispute, il s'occupa à prêcher; mais il n'y eut que les succès que donne la vogue d'un moment. Cet écrivain mourut à Paris en 1670. On a de lui: 1° Jugement et censure de la doctrine cu

rieuse de François Garasse jésuite, 1623, in-8°. 2o Actions publiques, en 2 vol. in-4° : ce sont de mauvais sermons, applaudis dans le temps. 3 Des Poésies répandues dans différens recueils. OGIER (Jean). Voyez Goм

BAUD.

OGILBI (Jean), issu d'une famille noble d'Ecosse, entra chez les jésuites en 1597, âgé de 17 ans. Il se distingua dans sa patrie par son zèle pour la religion de ses pères, et fut mis à mort à Glascow en 1615, pour l'avoir défendue contre le schisme et l'hérésie. Les réponses qu'il fit à ses juges, sont pleines de cette force et de cette dignité chrétienne qui distingua les premiers martyrs. Le P. Mathias Tanner, dans sa Societas Jesu usque ad sanguinem militans, raconte les circonstances de la mort de cet homme vraiment apostɔlique, d'une manière pleine d'élégance, d'intérêt et d'énergie. On peut consulter aussi Relatio incarcerationis et martyrii Joannis Ogilbei, à Douay et ensuite à Ingolstadt, 1616, in-16.

OGILBI (Jean), en latin Ogilvius, né près d'Edimbourg en 1600, s'appliqua à la géographie et à la littérature tant sacrée que profane. Ses principaux ouvrages sont: 1° Bibla regia anglica, Cambridge, 1660, grand in-folio. Cette édition magnifique est ornée de très-belles gravures en tailledouce, et accompagnée du livre des Prières et des Offices anglais. Les curieux la recherchent beaucoup pour sa beauté et sa rareté. 2° Une Edition de Virgile, avec des notes et de belles planches, qui la rendent chère, Londres 1663, in-fol. 3° Un Atlas, qui lui mérita le tire de cosmographe du roi d'Angleterre. 4° Plusieurs Versions en anglais d'auteurs anciens.

5° Deux poëmes, la Matrone d'Ephèse et l'Esclave romain. Il mourut le 4 septembre, 1676.

OGLETHORPE (Jacques) général anglais, naquit à Westminster en 1688. Il entra au ser

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vice à l'âge de 14 ans, fit la guerre de 1710, en qualité de simple enseigne, s'y distingua, et devint secrétaire du prince Eugène. Nommé membre du parlement en 1724, ily proposa plusieurs sages réglemens, soit pour l'encouragement du commerce, soit pour la réforme des prisons. En 1752, il fut envoyé en Amérique pour terminer les affaires de la colonie anglaise de la Nouvelle-Géorgie, où il fit bâtir la ville de Savannah. Il fit un second voyage dans ce pays, et essaya de s'emparer du fort Saint-Augustin, afin de pénétrer dans la Floride, appartenante aux Espagnols; mais il fut vigoureusement repoussé. Elevé au grade de major-général en 1745, il alla contre les rebelles, lors des premiers mouvemens de l'Amérique septentrionale; et il mourut quelques mois après, en 1775, âgé de 87 ans.

OGNA SANCHA, comtesse de Castille, vivait vers l'an 990. Etant veuve, elle devint passionnément amoureuse d'un prince maure. Pour l'épouser, elle forma le dessein d'empoisonner son fils Sanche Garcias, comte de Castille, qui pouvait s'y opposer. Garcias en fut averti. Il était à table, lorsqu'on lui présenta du vin empoisonné par l'ordre de cette princesse. Il dissimula ce qu'il savait, et par civilité la pria de boire la première. Ogna voyant son crime découvert, et désespérant d'en obtenir le pardon, but de ce qui était dans la coupe, et mourut peu de temps après. On dit que de là

vient la coutume de Castille, de faire boire les femmes les premières : ce qui s'observe encore aujourd'hui en divers endroits de l'Espagne.

OGYGES, fils de Neptune et il fonda plusieurs villes. De son d'Alistra, régna dans la Grèce, où temps un déluge affreux submerchaïe. On en place l'époque comgea toute l'Attique et toute l'A

munément à l'an 248 avant le déluge de Deucalion. Mais tous ces déluges de la mythologie ne sont que le vrai et universel déluge, défiguré par les poëtes et les his toriens des temps fabuleux, qui ont particularisé cette grande catastrophe du monde, en lui appliquant les circonstances de quelque inondation locale. Voyez DEUCA

LION.

OIHENART (Arnauld), avocat siècle, était natif de Mauléon. On au parlement de Navarre au 17' a de lui: Notitia utriusque Vasconice, Paris, 1638 ou 1656, in-4°; c'est la même édition de ce livre fort savant, et qui n'eut pas autant de succès qu'il méritait.

OISEAU. Voyez LOYSEAU.

OISEL (Jacques), né à Dantzig en 1631, d'une famille originaire de France, devint professeur de droit public et de droit des gens, dans l'université de Groningue. Il lia une étroite amitié avec Puffendorf, rassembla une belle bibliothèque, et entretint un commerce de littérature et d'amitié avec plusieurs savans. On a de lui quelques ouvrages qui marquent beaucoup d'érudition: 1°des Corrections et des Notes sur divers auteurs. 2° Un traité intitulé: Thesaurus selectorum numismatum antiquorum, are expresse rum, Amsterdam, 1677, in-'; curieux, instructif et peu commun. 5 Catalogue de sa Biblio

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thèque, imprimé en 1686, année

de sa mort.

OISEL (Antoine l'). Voyez

LOISEL.

OKAM. Voyez OCCAM.
OKIN. Voyez OCHIN.
OKOLSKI (Simon), domini-
cain polonais du 17° siècle, auteur
d'une histoire de sa nation, sous
ce titre : Orbis polonus, Cracovie,
1641, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage,
aujourd'hui rare, est plein de
savantes recherches sur l'origine
des Sarmates, et sur celle des
plus anciennes familles polonaises,
qui enlevèrent presque toute l'édi-
tion. Okolski devint provincial de
son ordre en Pologne l'an 1649.
Il mourut vers l'an 1654.

OKSKI (Stanislas), Oricho-
vius, gentilhomme polonais, né
dans le diocèse de Prémislaw,
étudia à Wittemberg, sous Luther
et sous Mélanchthon, puis à Ve-
nise sous Egnace. De retour en sa
patrie, il entra dans le clergé et
devint chanoine de Prémislaw.
Son éloquence le fit surnommer le
Démosthènes polonais. Mais son
attachement aux erreurs de Lu
ther, causa de grands maux au
clergé. Il fut excommunié par son
évêque, et il n'en devint que
plus furieux. Enfin il rentra dans
l'église catholique au synode tenu
à Varsovie en 1561, et fit impri-
mer sa Profession de foi. Depuis
ce temps-là, il s'éleva avec zèle
contre les protestans, et publia un
grand nombre de livres de contro-
verse. On imprima ses Opuscules
en 1563, in-8°. On lui doit aussi
les Annales du règne de Sigismond-
Auguste, in-12, en latin, et Insti-
tutio principis. Son vrai nom était
Orzechowski; mais on sait que
dans la langue polonaise, et en
général dans l'esclavone, mère de
tant d'autres, plusieurs lettres
semblent disparaître dans la pro-

nonciation, quoique les indigènes
prétendent les faire sentir.

OLAF, Olavus, roi de Nor-
wège à la fin du 10° siècle, seconda
le zèle de Leif, fils d'Eric-le-Roux,
pour la conversion des Groënlan-
dais, et envoya dans ce pays des
ecclésiastiques qui y formèrent
une chrétienté florissante. Voyez
GROENLAND dans notre Dict. géog.

1791.

OLAHUS (Nicolas), né à Her-
manstadt en 1493, d'une famille
qui descendait des princes de la
Moldavie, s'appliqua, sans pres-
que aucun secours de maîtres,
l'étude des belles-lettres, et y fit
de grands progrès. Il fut pourvu
successivement de canonicats dans
l'église de Cinq-Eglises et dans
celle de Strigonie ses vertus et
sa prudence dans les affaires le pla-
cèrent dans le conseil de Louis II,
roi de Hongrie. Après la bataille
de Mohatz, où ce prince perdit la
vie, il fut fait gouverneur d'Albe-
Royale. Charles-Quint ayant nom-
mé Marie, reine douairière de
Hongrie, veuve de Louis, au
gouvernement des Pays-Bas, cette
princesse choisit Olahus pour son
ministre. Après avoir demeuré
huit ans à Bruxelles en cette qua-
lité, il fut nommé par Ferdinand,
frère de Charles-Quint et roi de
Hongrie, évêque de Zagrab et
chancelier du royaume de Hon-
grie, et placé ensuite sur le siége
d'Agrie en 1548. Il y déploya tout
son zèle pour réparer les maux
que l'hérésie avait faits dans ce
vaste diocèse, et eut la consola-
tion de voir ses efforts couronnés
d'un heureux succès. Pendant le
fameux siége de cette ville en
1552, il anima les généraux et les
soldats à la défendre courageuse-
ment contre l'ennemi du nom
chrétien, et on peut dire que ses
libéralités et ses discours ne con-

tribuèrent pas peu à faire lever le
siége de cette ville. Ferdinand le
nomma ensuite à l'archevêché de
Strigonie en 1553; il occupa ce
siége pendant 15 ans, et s'appli-
qua sans relâche à faire fleurir dans
son diocèse la religion avec toutes
les vertus qu'elle produit. Il tint à
cet effet deux conciles nationaux à
Tyrnau, dont les actes ont été
imprimés à Vienne en 1560, in-4°.
C'est par sa munificence et celle
de l'empereur que se forma le col-
lége des jésuites de Tyrnau, le
premier qui fut établi en Hongrie,
alors en proie aux nouvelles héré-
sies et à tout genre de séductions:
il fonda encore dans la même
ville un séminaire pour les jeunes
clercs. En 1562, il fut fait palatin
du royaume; et après avoir cou-
ronné Maximilien en qualité de
roi de Hongrie, il mourut à Tyrnau
l'an 1568. On a de ce savant et
pieux prélat: 1 Une Chronique de
son temps, 2° une Histoire d'At-
tila, Presbourg, 1538. 3° Une
Description de la Hongrie, Pres-
bourg, 1735. On trouve sa Vie
très-détaillée dans l'Histoire des
palatins de Hongrie par le
P. Muszka jésuite, Tyrnau, 1752,
in-fol.

OLAUS MAGNUS. V. MAGNUS..
OLAUS RUDBECK. Voyez

RUDBECK.

OLAVIDÈS (don Pablo), littérateur espagnol, naquit à Lima, capitale du Pérou, en 1740, vint dans sa jeunesse en Espagne, et perfectionna ses études à Alcala de Hénarès et à Madrid. Ses connaissances, la vivacité et les agrémens de l'esprit qui distinguent les Péruviens, qu'on pourrait nommer les Andalous de l'Amérique, lui firent de puissans protecteurs. Il occupa des places impor tantes, suivit le comte d'Aranda dans son ambassade en France,

en qualité de secrétaire de léga-
tion, et le servit avec zèle et avec
succès. A son retour en Espagne,
d'Aranda le recommanda à Char-
les III, qui créa Olavidès comte,
et lui accorda l'intendance de Sé-
ville. Il y a eu peu d'hommes aussi
féconds eu projets qu'Olivadès. Il
avait présenté, en 1778, celui de
réformer la déclamation théâtrale
en Espagne, et d'établir des règle-
mens pour les auteurs et les comé-
diens. Il avait commencé lui-même
cette réforme; mais il abandonna
son projet, n'ayant pas reçu d'en-
couragement. Dans son emploi
d'intendant de Séville, il en pré-
senta un autre qui fut adopté ;
celui de défricher la Sierra-Morena,
montagne aride, aux confins de la
Castille, de l'Estramadure et de
l'Andalousie, qui a près de trente
lieues d'étendue, sur cinq à six de
large. Olavidès y appela des co-
lons de toutes les nations, et sur-
tout des Français et des Allemands.
Les rochers qui en défendaient
l'approche, les marais qui encom-
braient les vallons, disparurent
par les soins actifs de l'intendant.
Des routes, des hôtelleries, des
hameaux, des villes même s'éle-
vèrent dans un pays où naguère
tout était inculte et presque in-
habitable. Olavidès y établit des
manufactures utiles, plusieurs à
l'instar de celles de Lyon. Il ap-
pela à cet objet des fabricans et
des dessinateurs de cette ville.
Tout commençait à prospérer, et
les provinces voisines se ressen-
taient déjà de ces bienfaits, lors-
que des malveillans et des envieux
alarmèrent le roi sur les énormes
dépenses qu'entraînait cet établis-
sement, sans cependant faire re-
marquer l'utilité qui en était le
résultat. Ne pouvant empêcher
les progrès de l'établissement, ces
intrigans cherchèrent à l'anéantir,

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