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votre morale m'effraie; mais votre façon de vivre me rassure. Il se peut qu'il ait quelquefois accordé un peu trop à la complaisance ou à de pressantes sollicitations, comme il lui arriva dans la suite á l'égard du licencieux du Bois, auquel il eut la faiblesse de donner une attestation pour être prêtre, et, ce qui est plus grave encore, de le consacrer évêque. Son esprit de conciliation le fit choisir dans les affaires de la Constitution, pour raccommoder le cardinal de Noailles avec le saint-siége: il ne négligea rien pour lui persuader l'indispensable nécessité d'acquiescer aux décrets du souverain pontife, acceptés de l'église universelle; mais le temps où le cardinal devait être persuadé, n'était pas encore venu. Le régent le nomma en 1717 à l'évêché de Clermont. Destiné l'année suivante à prêcher devant Louis XV, qui n'avait que9 ans, il composa ces Discours si connus sous le nom de Petit Caréme, qu'on regarde communément comme son meilleur ouvrage, quoique un homme de l'art ait jugé très différemment. On souhaiterait que les ornemens y fussent moins prodigués, les répétitions et les paraphrases plus rares. Mais les circonstances peuvent servir à excuser ces défauts. L'abbaye de Savigny ayant vaqué, le cardinal du Bois la lui fit accorder. L'Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans en 1723, fut le dernier discours qu'il prononça à Paris. Depuis, il ne sortit plus de son diocèse, où sa douceur, sa politesse et ses bienfaits lui avaient gagné tous les cœurs. En deux ans, il fit porter secrètement 20,000 liv. à l'Hôtel-Dieu de Clermont. Il se faisait un plaisir de rassembler des oratoriens et des jésuites à sa maison de campagne,

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et de les faire jouer ensemble. Son diocèse le perdit en 1742. Il était âgé de 79 ans. Le caractère de son éloquence est un ton simple, noble, intéressant, affectueux, naturel; un style pur, correct élégant, qui pénètre l'âme, sans la contraindre ni l'agiter. « Massillon, dit l'abbé Maury, a rare»ment des traits sublimes; mais s'il est au-dessous de sa propre renommée comme orateur, il est » sans doute au premier rang » comme écrivain, et nul n'a porté » le mérite du style à un plus haut »degré de perfection: il s'est oc»cupé de cette partie de l'élo»quence jusqu'à la fin de ses jours. » On trouva dans son portefeuille, » après sa mort, douze éditions de

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ses Sermons qu'il retouchait sans » cesse depuis sa promotion à l'é»piscopat; et qui par conséquent n'ont jamais été prononcés en chaire, tels que nous les lisons aujourd'hui. Massillon avait conservé dans sa vieillesse toute la pureté de son goût; mais il avait >> perdu toute la vivacité de son »imagination, et il travaillait beaucoup plus alors le style que le fond de ses discours; aussi ne voulut-il jamais revenir à son » Petit Carême, qu'il avait écrit » d'abord avec plus de soin; et je » ne crois point attaquer la gloire » de l'immortel Massillon, je pense » au contraire lui rendre ici un »nouvel hommage, en osant avan»cer que ce Petit Carême, cité »long-temps comme son chef» d'œuvre, me paraît l'une de ses »plus faibles productions oratoi»res. Tous les plans de Massillon » se ressemblent ; et outre cette » monotonie dont on est frappé » quand on lit ses sermons de suite,

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>>le fond de ses sujets... Souvent >> cet excellent auteur, trompé par »sa fécondité, ne nourrit point nassez d'idées son style enchanteur, et il perdrait beaucoup, » sans doute, s'il était jugé sur >>> cette maxime de Fénélon: Un » bon discours est celui où on ne >peut rien retrancher sans couper dans le vif. Quelquefois ses rai>>sonnemens sont dénués de la »justesse, de la force, peut-être » même de la gravité qu'il était >> si digne de leur donner,» Le neveu de Massillon nous a donné une bonne édition des OEuvres de son oncle, à Paris, en 1745 et 1746, en 14 vol, grand in-12, et 12 tom. petit format. La meilleure et la plus belle de toutes est sans contredit celle de M. Méquignon, en 14 vol. in-8°, imprimée par Cellot et Hubert. On y trouve 1° un Avent et un Carême com

plets. 2° Plusieurs Oraisons funèbres, des Discours, des Panégyriques qui n'avaient jamais vu le jour. « Les Oraisons funèbres, » dit l'auteur des Trois Siècles de » littérature, sont la partie la plus >> faible. On peut dire que Massil»lon, avec tout l'appareil de l'éloquence, y est moins éloquent »> que partout ailleurs. Quelques»>uns des sujets qu'il a traités » étaient propres à lui fournir de grands traits. Il paraît avoir mé>> connu et le ton qui leur conve»> nait, et les grandes ressources » par lesquelles il pouvait les faire >> valoir. L'Oraison funèbre du >> prince de Conti sent le rhéteur; elle offrait cependant mille ta»bleaux intéressans au grand pein>>tre. 3° Dix Discours connus sous le nom de Petit Carême. 4o Les Conférences ecclésiastiques qu'il fit dans le séminaire de SaintMagloire, en arrivant à Paris; celles qu'il a faites à ses curés

pendant le cours de son épiscopat; et les Discours qu'il prononçait à la tête des synodes qu'il assemblait tous les ans. 5o Des Paraphrases touchantes sur plusieurs Psaumes. L'auteur de tant de morceaux d'éloquence, aurait souhaité qu'on eût introduit l'usage de lire les sermons, au lieu de les prêcher de mémoire: il lui était arrivé,aussibien qu'à deux autres de ses confrères, de rester court en chaire précisément le même jour. Ils prêchaient tous les trois à différentes heures un vendredi saint. Ils voulurent s'aller entendre alternativement. La mémoire manqua au premier; la crainte saisit les deux autres, et leur fit éprouver le même sort. Quand on demandait à notre orateur quel était son meilleur sermon: Celui que je sais le mieux, répondait-il. On attribue la même réponse au père Bourdaloue. Le célèbre père la Rue pensait comme Massillon, que la coutume d'apprendre par cœur avait bien des inconvéniens; mais il faut convenir que l'usage contraire en aurait de plus grands encore; qu'il anéantirait l'action de l'orateur, en gênerait la déclamation, et affaiblirait infiniment l'attention de l'auditoire. On pourrait peut-être concilier les difficultés, en autorisant l'usage de jeter de temps à autre un coup d'oeil sur le papier. L'abbé de la Porte a recueilli en 1 vol. in - 12 les idées les plus brillantes et les traits les plus saillans, répandus dans les ouvrages de l'évêque de Clermont. Ce recueil a paru à Paris en 1748, in- 12, et forme le 15° vol. de l'édition grand in-12, et le 13° du petit in 12; il est intitulé: Pensées sur différens sujets de morale et de piété, tirées, etc.

MASSINGER (Philippe), poëte

anglais au 17° siècle, fut élevé à Oxford, et quitta ensuite l'université de cette ville pour aller à Londres, où il se livra tout entier à la poésie. Ses Tragédies et ses Comédies eurent un applaudissement universel en Angleterre. Il les composait conjointement avec les plus grands poëtes anglais de son temps, tels que Fletchert, Midleton, Rowe, Fielding, etc. MASSINI (Charles-Ignace), prêtre de l'Oratoire, naquit à Cesène le 16 mai 1702. Doué des plus heureuses dispositions, il s'appliqua d'abord à l'étude de la philosophie et de la jurisprudence, et les progrès qu'il y fit le firent bientôt remarquer du cardinal George Spinola, légat à Bologne, qui le prit pour son auditeur. Ce début dans la carrière de la fortune n'affaiblit pas le dessein qu'il avait conçu de se consacrer à Dieu, et il entra en 1734 dans la congrégation de l'Oratoire, à Rome. Massini y apporta un grand amour pour l'étude, et le désir de se perfectionner dans la piété. Il étudia particulièrement l'Ecriture sainte et les pères, l'histoire ecclésiastique, et devint, en peu de temps, aussi recommandable par l'étendue de ses connaissances, qu'il l'était par les vertus de son état. Frappé de cécité vingt-cinq ans avant sa mort, Massini sup. porta cette infirmité avec une patience admirable, et mourut le 23 mars 1791, âgé de 89 ans. Il a laissé : 1 Vita del venerabile padre Mariano di Sozzini dell' Oratorio di Roma, Rome, 1747. Cette vie avait été ébauchée par le cardinal Leandro Colloredo. Le P. Massini refondit son travail et y mit la dernière main. Depuis elle fut réimprimée avec des additions de Massini, et la Vie d'une célèbre et pieuse dame romaine, nom.

mée Flaminia Papi, ouvrage du même P. Mariano Sozzini. 2° Vita del N. S. Gesù Christo, tirée des saints Evangiles, Rome, 1759. Elle avait été composée en français par l'abbé le Tourneux, et traduite en italien, Rome, 1757. Le P. Massini y fit des changemens utiles, peut-être nécessaires, et l'enrichit d'observations morales. (Voyez TOURNEUX.) 3° Vita del N. S. Gesù Christo, con un appendice che contiene 15 Mcditazioni sulla passione di Gesù Christo, un' Istruzione per assister alla santa messa, etc., Rome, 1761; souvent réimprimée à Venise, à Turin et ailleurs. L'Appendix fut aussi imprimé à part, con un breve esercizio di divozione per le domeniche e feste del Signore, etc. 4° Raccolta delle Vite de' santi per ciascheduno giorno dell' anno, etc., Rome, 1763, 13 vol. in-12. 5° Seconda Raccolta che contiene l'Appendice delle Vite de' santi per ciascheduno giorno dell' anno, Rome, 1767, 13 vol. in-12. A la tête se trouve la Vie de la sainte Vierge, du savant P. Micheli de la même congrégation, qui eut une grande part à ces travaux du P. Massini. Ces deux recueils, bien accueillis du public, furent souvent réimprimés à Rome, Venise, Trente et autres lieux. Ils complètent l'agiographie du Nouveau-Testament, et offrent ce

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gation à laquelle il appartenait. MASSON (Antoine), graveur du 17 siècle, natifide Loury, près Orléans, excella dans les portraits. Les Disciples d'Emmais, le portrait du vicomte de Turenne, ceux du duc d'Harcourt, du lieutenant criminel de Lyon, etc., sont regardés comme des chefs-d'œuvre. Son burin est ferme et gracieux. On prétend qu'il s'était fait une manière de graver toute particulière, et qu'au lieu de faire agir sa main sur la planche (comme c'est l'ordinaire), pour conduire le burin selon la forme du trait que l'on y veut exprimer, il tenait au contraire sa main droite fixe, et avec la main gauche il faisait agir la planche suivant le sens que la taille exigeait. Plusieurs de nos graveurs modernes suivent cette manière. Cet habile artiste, membre de l'académie royale de peinture, mourut à Paris en 1702, âgé de 66

ans.

MASSON (Innocent le), chartreux, né à Noyon en 1628, fut élu général en 1675, et fit rebâtir la grande Chartreuse qui avait été presque entièrement réduite en cendres. Il s'acquit un nom par sa vertu et par ses livres de piété. Son meilleur ouvrage est sa nouvelle collection des Statuts des chartreux, avec des notes savantes, Paris, 1703, in-fɔl., très-rare. Il y a cinq parties. La cinquième, contenant les priviléges de l'ordre, manque quelquefois. Il avait donné en 1785, l'Explication de quelques endroits des statuts de l'ordre des chartreux, petit in-4° qui doit avoir 166 pages. Ceux qui finissent à la page 122 ne sont pas complets. C'est une réponse à ce que l'abbé de Rancé avait dit des chartreux dans ses Devoirs de la vie monas

tique. Cet auteur mourut en 1703, à 76 ans, après avoir été pendant toute sa vie ennemi zélé des disciples de Jansénius, qui ne l'ont pas épargné dans leurs écrits, et l'ont traité de mauvais théologien, de faux mystique, etc. Si, en se déclarant pour une secte, l'on peut être exalté jusqu'aux nues par ses partisans, il faut s'attendre aussi d'être ravalé jusqu'au néant lorsqu'on se déclare contre. Voyez COMMIRE, VINCENT De PAULE.

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MASSON (Antoine), religieux minime, mort à Vincennes en 1700, dans un âge avancé, se fit un nom dans son ordre par sa piété, par son savoir et par ses ouvrages. Les principaux sont: 1° Questions curieuses, historiques et morales sur la Genèse, in-12. 2° L'Histoire de Noé et du déluge universel, 1687, in-12. 3° L'Histoire du patriarche Abraham, 1668, in-12. 4° Un Traité des marques de la prédestination, et quelques autres livres de piété, nourris des passages de l'Ecriture sainte et des pères. Il ne faut pas le confondre avec Claude MASSON, prêtre de l'Oratoire, dont on a des Sermons pour un avent, un Caréme, des Mystères, Panégyriques, etc., Lyon, 1693.

MASSON (Jean), ministre réformé, mort en Hollande avant le milieu du 18° siècle. Il était originaire de France, et s'était retiré en Angleterre pour y professer les nouvelles opinions. Ses principaux ouvrages sont: 1° Histoire critique de la république des lettres, depuis 1612 jusqu'en 1716, en 16 vol. in-12. L'érudition y est profonde, mais mal digérée. Masson écrivait en pédant; l'auteur du Mathanasius l'a eu en vue dans plusieurs de ses remarques. 2o Les Vies d'Horace, d'O

vide et de Pline-le-Jeune, en latin, 3 vol. in-8°. On y trouve des recherches qui peuvent servir à éclaircir les ouvrages de ces auteurs. Dacier, attaqué par Masson, se défendit avec vivacité : sa défense est à la tête de la deuxième édition de sa traduction des œuvres d'Horace. 5° Histoire de Pierre Bayle et de ses ouvrages, Amsterdam, 1726, in-12. Elle lui est du moins communément attribuée, quoiqu'on l'eût donnée d'abord à la Monnoye. M. Barbier en fait auteur du Rever, écrivain réfugié. MASSON (Papire). Voyez PaPIRE MASSON.

MASSON. Voyez MAÇON. MASSON. Voyez LATOMUS (Jacques).

MASSON DES GRANGES (Daniel le), prêtre, né en 1700, mort en 1760, avait autant d'esprit que de piété. Les particularités de sa vie sont ignorées; mais on connaît beaucoup son excellent ouvrage intitulé: le Philosophe moderne, ou l'Incredule condamné au tribunal de sa raison, 1759, in-12; réimprimé en 1765, avec des additions considérables. Les vérités que l'auteur traite sont rebattues; mais il les présente dans un nouveau jour, et en dépouillant les preuves de la religion de ce qu'elles ont de trop abstrait, il les met à la portée de tout le monde.

MASSOULIÉ (Antonin), né à Toulouse en 1632, se fit dominicain en 1647. Il fut prieur dans la maison du noviciat à Paris, puis provincial de la province de Toulouse, enfin assistant du général de son ordre en 1686. Ce modeste religieux refusa un évêché qui lui fut offert par le grand-duc de Toscane. Il mourut à Rome en 1706, à 74 ans, honoré des re

grets et de l'estime des savans de son ordre. Son principal ouvrage est un livre en 2 vol. in-fol., intitulé: Divus Thomas sui interpres. Il tâche d'y prouver que les sentimens de l'école des dominicains, sur la promotion physique, la grâce et la prédestination, sont véritablement les sentimens de saint Thomas, et non point des inventions de Bannez, comme quelques auteurs l'ont prétendu. L'ouvrage fut attaqué par les théologiens de Douay l'an 1722, et l'affaire fut portée à Rome, qui rendit le 18 juillet 1729, un décret favorable à Massoulié. (Voy. BENOÎT XIII.) Il réfuta aussi les quiétistes dans deux écrits, publiés in-12, 1699 et 1704.

MASSUET (dom René), bénédictin de la congrégation de SaintMaur, né à Saint-Ouen de Mancelles, au diocèse d'Evreux, en 1665, donna au public: 1° une Edition de saint Irenée, imprimée chez Coignard, à Paris, in-fol., 1710; plus ample et plus correcte que les précédentes, et enrichie de préfaces, de dissertations et de notes. Ses Dissertations donnent un nouveau jour à des matières qui peut-être n'avaient jamais été bien éclaircies. 2° Le cinquième volume des Annales de l'ordre de Saint-Benoit, 3" Une Lettre d'un ecclésiastique au R. P. E. L. J. (révérend P. Etienne Langlois, jésuite), dans laquelle il répond à une brochure contre l'édition de saint Augustin, donnée par ses confrères. (Voyez AuGUSTIN.) 4° Une seconde Edition de saint Bernard de dom Mabillon. Dom Massuet mourut en 1716, à 50 ans. Son érudition, son application au travail, et les qualités de son cœur, lui méritèrent les regrets de sa congrégation; son éloge serait complet

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