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qui leur convenait, et leur donna de la force, du relief et de la grâce; mais ayant été enlevé à la fleur de son âge, il ne put atteindre le point de perfection, non sans soupçon d'avoir été empoisonné.

MASCARDI (Augustin), né à Sarzane, dans l'état de Gênes, en 1591, d'une famille illustre, se fit un nom par ses talens. Son éloquence lui mérita le titre de camérier d'honneur du pape Urbain VIII, qui lui donna une pension de 500 écus, et fonda pour lui en 1628 une chaire de rhétorique dans le collège de la Sapience. Il mourut à Sarzane en 1640, à 49 ans. On a de lui des Harangues, des Poésies latines, 1524, in-4°, et italiennes, 1663, in-12; et divers autres ouvrages dans ces deux langues. Le plus connu est son traité, in-4°, Dell' arte historica, assez bien écrit, et qui renferme quelques bonnes réflexions. Son Histoire de la conjuration du comte de Fiesque, assez médiocre, et surtout remplie de harangues qui ne finissent point, a fait dire de lui qu'il enseignait mieux les préceptes de l'art d'écrire l'histoire, qu'il ne les pratiquait. Celle qu'a donnée depuis le cardinal de Retz, n'est, pour ainsi dire, qu'une traduction libre de Mascardi.

MASCARENHAS. Voy. MON

TARROYO.

MASCARON (Jules), fils d'un fameux avocat au parlement d'Aix, naquit à Marseille en 1634. L'héritage le plus considérable que son père lui laissa, fut son talent pour l'éloquence. Il entra fort jeune dans la congrégation de l'Oratoire, où ses dispositions extraordinaires pour la chaire lui firent bientôt une grande réputation. Il parut avec éclat d'abord à Saumur. Le fameux Tannegui le Fèvre, touché de son talent qui s'annonçait avec tant

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d'éclat et de succès, dit un jour. Malheur à ceux qui précheront ici après Mascaron! Le jeune orateur s'étantsignalé dans les plus grandes villes de la province, se montra à la capitale, et ensuite à la cour, où il remplit douze stations, sans qu'on parût se lasser de l'entendre. Quelques courtisans crurent faire leur cour à Louis XIV, en attaquant la liberté avec laquelle l'orateur annonçait les vérités évangéliques; mais ce monarque leur ferma la bouche en disant : Il a fait son devoir, faisons le nôtre (anecdote que plusieurs rapportent du P. Bourdaloue). L'évêché de Tulles fut la récompense de ses talens. Le roilui demanda, la même année 1671, deux oraisons funèbres; une pour madame Henriette d'Angleterre, et l'autre pour le duc de Beaufort. Comme le prince ordonnait les deux services solennels à deux jours près l'un de l'autre, le maître des cérémonies lui fit observer que le même orateur étant chargé des deux discours, pourrait être embarrassé. C'est l'évéque de Tulles, répondit le roi, à coup sûr il s'en tirera bien. Au dernier sermon que Mascaron prêcha avant que d'aller à son évêché, il fit ses adieux. Le roi lui dit : « Vous nous avez tou»>chés dans vos autres sermons » pour Dieu; hier vous nous tou>> châtes pour Dieu et pour vous. » De Tulles il passa en 1678 à Agen, où le calvinisme lui offrit un champ proportionné à l'étendue et à la vivacité de son zèle. Les hérétiques, entraînés par le torrent de son éloquence, et gagnés par les charmes de sa vertu, rentrèrent dans le bercail. L'illustre prélat eut, dit-on, la consolation de ne laisser à sa mort que 2000 calvinistes endurcis dans leurs erreurs, de 50,000 qu'il avait trouvés dans

son diocèse. Mascaron parut pour la dernière fois à la cour en 1694, et y recueillit les mêmes applaudissemens que dans les jours les plus brillans de sa jeunesse. Louis XIV en fut si charmé, qu'il lui dit: Il n'y a que votre éloquence qui ne vieillit point. De retour dans son diocèse, il continua de l'édifier et de le régler jusqu'à sa mort, arrivée en 1703, à 69 ans. Sa mémoire est encore chère à Agen par l'hôpital qu'il y fonda. La piété de ce vertueux évêque allait jusqu'au scrupule. Ayant été ordonné prêtre par Lavardin, évêque du Mans, qui avait déclaré en mourant qu'il n'avait jamais eu intention de faire aucune ordination, l'oratorien se fit réordonner, malgré la décision de la Sorbonne. (Voyez CATHARINUS.) Les Oraisons funèbres de Mascaron ont été recueillies, 1740, in-12. On trouve dans cet orateurle nerf de Bossuet, mais iln'a ni son élévation nisa chaleur, moins encore la politesse et l'élégance de Fléchier. S'il avait eu autant de goût que l'un et l'autre ; s'il avait su éviter les faux brillans, les antithèses recherchées, il eût pu:marcher avec eux d'un pas égal.

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Quelquefois, dit M. Thomas » son âme s'élève; mais quand il » veut être grand, il trouve rare»ment l'expression simple. Sa grandeur est plus dans les mots » que dans les idées. Trop souvent nil retombe dans la métaphysique de l'esprit, qui paraît une espèce » de luxe, mais un luxe faux, qui annonce plus de pauvreté que de » richesse. (Dirait-on que c'est M. » Thomas qui parle ainsi ?) On lui >> trouve aussi des raisonnemens vagues et subtils; et l'on sait combien ce langage est opposé à >> celui de la vraie éloquence. » Il ne faut cependant pas confondre Mascaron avec les orateurs mé

diocres; en lisant fattentivement ses sermons, on y trouve une supériorité très-décidée sur le plus grand nombre de nos prédicateurs modernes, qui ne l'estiment peutêtre pas, et qui seraient heureux de lui ressembler.

MASCEZEL. Voyez GILDON.

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MASCLEF (François), d'abord curé de Raincheval, dans le diocèse d'Amiens sa patrie, ensuite le théologien et l'homme de confiance de M. de Brou, son évêque, eut la direction du séminaire sous ce prélat. Après la mort de de Brou, arrivée en 1706, sa façon de penser sur le jansénisme n'étant point du goût de Sabbatier, successeur de ce prélat, qui voulait dans ses ecclésiastiques une entière soumission à l'église, on lui ôta le soin du séminaire, et toute autre fonction publique. Masclef mourut en 1728, à 66 ans. Ses principaux ouvrages sont : 1° une Grammaire hébraïque, en latin, selon sa nouvelle méthode, imprimée à Paris en 1716, in-12. Cette grammaire fut réimprimée en 1730, en 2 vol. in-12, par les soins de M. de la Bletterie, alors prêtre de l'Oratoire, et ami de Masclef. On y trouve des réponses aux difficultés que le P. Guarin a faites dans sa grammaire hébraïque, contre la nouvelle méthode que Masclef avait inventée pour lire l'hébreu sans se servir de points. Il ne s'agit, selon lui, que de mettre après la consonne de l'hébreu, la première voyelle qui sert à exprimer le nom de la consonne précédente; par exemple, après la consonne daleth, il plaçait un a, après beth un e, etc.; système rejeté par la plupart des savans, préférable cependant à l'emploi insidieux des points massorétiques, invention rabbinique et sans autorité. (Voyez CAPPEL, GIRAU

DEAU,

GUARIN.) La meilleure règle que nous ayons à cet égard, ce sont les anciennes versions, celle des Septante surtout, et la Vulgate, antérieures à l'invention massorétique, et faites dans le temps où l'hébreu était encore une langue vivante, ou du moins assez généralement connue pour n'être pas le jouet d'un système grammatical; où le texte sacré surtout avait une consistance et une uniformité de leçons, que les herméneutes modernes tâchent en vain de lui ravir par des chicanes alphabétiques et puériles. (Voyez ELEAZAR.) 2° Les Conférences ecclésiastiques du diocèse d'Amiens, in-12,3° Le Catéchisme d'Amiens, in-4°. 4° Une Philosophie et une Théologie manuscrites, qui auraient vu le jour, si on n'y avait pas découvert les traces des nouvelles erreurs.

MASCRIER (l'abbé Jean-Baptiste le), de Caen, mort à Paris en 1760, à 63 ans, est un de ces auteurs qui sont plus connus par l'art qu'ils ont de rassembler des mémoires sur les ouvrages des autres, que par le talent d'en enfanter eux-mêmes. On a de lui: 1° Description de l'Egypte sur les Mémoires de M. Maillet, 1755, in-4°, et en 2 vol. in-12. Il y a des remarques judicieuses, et des anecdotes curieuses, mais il s'en faut bien que tout y soit exact; à l'égard de la forme, l'éditeur aurait pu proscrire l'enflure, l'affectation, la déclamation, la superfluité des mots et les répétitions importunes. 2° Idée du gouvernement ancien et moderne de l'église, 1745, in-12: livre moins recherché que le précédent. 3° La traduction des Commentaires de César, latin et français, 1755, in-12. 4° Reflexions chrétiennes sur les grandes vérités de la foi,

1757, in-12. 5° Il a eu part à la nouvelle édition corrigée de l'Histoire générale des cérémonies religieuses, Paris, 1741 (voyez PICARD); et à la Traduction de l'Histoire du président de Thou. 6° Histoire de la dernière révolution des Indes orientales: curieuse, mais peu exacte. 7° Tableau des maladies de Lomnius, traduit du latin, 1760, in-12. 8 Des éditions des Mémoires du marquis de Feuquières ; de l'Histoire de Louis XIV, par Pélisson; et de Teltiamed. (Voy. MAILLET.) On voit par le contraste de ces divers ouvrages, que le Mascrier ne savait pas choisir les objets de son travail, et qu'il publiait les délires du matérialisme avec autant de zèle que des ouvrages de piété.

MASCULUS (Jean-Baptiste), né à Naples en 1583, entra chez les jésuites en 1598. Après avoir enseigné les belles-lettres et la philosophie, il s'adonna entièrement à la poésie, qui avait pour lui des attraits puissans, et dans laquelle il réussissait supérieurement. Son latin est pur et élégant, ses pensées nobles et vraies, sa manière aisée, riche et abondante. Ses Lyricorum libri decem lui ont fait surtout un nom distingué. Son Vesuvianum incendium anni 1531, en dix livres, est d'un pittoresque magnifique et terrible. On estime aussi ses Persecutiones ecclesiæ, et ses Encomia cælitum, en style lapidaire. Ce dernier ouvrage ne se trouvant plus chez les libraires, quoiqu'on en eût fait deux éditions, dont la dernière à Venise, 1669, a été réimprimée en 1763, Vienne et Ausbourg, 12 petits vol. avec fig. Il mourut de la peste à Naples, en 1656, à l'âge de 74 ans. On a encore de lui: Lectiones veterum

patrum, cum ponderatione et usu sententiarum, ad conciones, et d'autres ouvrages. Urbain VIII estimait beaucoup ce poëte, et lui fit diverses offres que le refus constant de Masculus rendit inutiles. MASDEU (Jean-François), savant historien, naquit à Barcelone vers 1740. Etant entré de bonne heure chez les jésuites, il s'y fit remarquer par les progrès rapides qu'il fit dans toutes les sciences, et occupa, dans son ordre, des emplois distingués. A la suppression de la société, il se retira à Foligno, en Italie, où il s'occupa à mettre en ordre les nombreux matériaux qu'il avait ramassés sur l'histoire d'Espagne. Les premiers volumes de cette histoire parurent en italien sous le titre d'Histoire critique d'Espagne, et de ses progrès dans les sciences, les lettres et les arts, Foligno, 3 vol., 1784. Il refit ensuite ces 3 volumes en espagnol, et les publia à Madrid; il continua ce grand ouvrage, dont il parut successivement 20 volumes, depuis 1783 jusqu'en 1800. L'auteur ne put achever un travail qui, d'après son plan, aurait exigé 50 volumes. A la fin de chaque époque, il soumet à de longues et savantes critiques les faits douteux. Ces dissertations annoncent une grande érudition, ce qui, soutenu par un style pur et élégant, a placé Masdeu au rang des meilleurs historiens espagnols. On doit lui reprocher de trop exalter la nation espagnole, et de se laisser aller quelquefois au plaisir de combattre et de réfuter les opinions d'autrui. Mais, à ces défauts près, son ouvrage doit être placé au premier rang, et est indispensable à ceux qui veulent avoir une connaissance profonde de l'histoire d'Espagne. Masdeu mourut à Va

lence le 11 avril 1817. L'instruction profonde de ce religieux était encore rehaussée par toutes les vertus de son état. Il était pieux, affable, bienfaisant et chéri, pour ses belles qualités, de ceux qui l'entouraient.

MASENIUS (Jacques), jésuite, né à Dalen, dans le duché de Juliers, en 1606, se distingua dans sa société par sa littérature et par ses talens. Il professa avec grand applaudissement l'éloquence et la poésie à Cologne, où il mourut le 27 septembre 1681. De tous les ouvrages qu'il donna au public, celui qui a fait le plus de bruit de notre temps, est son poëme intitulé Sarcotis, ou Sarcothea, de 2486 vers latins. Sarcothea est le nom que Masénius donne à la nature humaine, qu'il représente comme la déesse souveraine de tout ce qui porte un corps. La perte de Sarcothée, ou de la nature humaine (c'est-à-dire la chute du premier homme), en est le sujet. Ce poëme a été tiré de l'oubli par M. Lauder, savant écossais, qui a prétendu que Milton avait beaucoup profité de cet ouvrage. Un homme d'esprit a répondu à ce reproche de plagiat, de la manière suivante: «Milton, dit-il, peut avoir imité plusieurs morceaux du grand nombre des »poëmes latins faits de tout temps » sur ce sujet : de l'Adamus exul » de Grotius, du poëme de Masen You Masénius, et de beaucoup » d'autres, tous inconnus au com» mun des lecteurs. Il a pu pren»dre dans le Tasse la description » de l'enfer, le caractère de Satan, »le conseil des démons. Imiter » ainsi, ce n'est point être pla»giaire; c'est lutter, comme dit » Boileau, contre son original; » c'est enrichir sa langue des beau»tés des langues étrangères ; c'est

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»> nourrir son génie et l'accroître » du génie des autres; c'est ressembler à Virgile, qui imita Ho» mère en l'embellissant. » Quant à ce qui regarde Masénius en particulier, il est vrai que l'on trouve dans son poëme les richesses de - l'imagination réunies à celles de la langue romaine; mais le plan de l'ouvrage n'est pas heureusement conçu, et l'exécution a je ne sais quoi de languissant et de monotone. L'auteur fait à la vérité de très-beaux vers, mais il entasse les mêmes idées sous différens mots, met tableaux sur tableaux, traits sur traits, nuances sur nuances, et épuise son sujet jusqu'à lasser la patience la plus intrépide. C'est un vrai abus des richesses; c'est une imagination féconde qui ne sait s'arrêter où il faut. L'accusation de plagiat intentée contre Milton a produit plusieurs écrits rassemblés en un vol. in-12, à Paris, chez Barbou, 1759. M. l'abbé Dinouart, éditeur de ce recueil, y a ajouté le poëme de Masénius, avec une traduction paraphrasée, et les pièces de ce procès. Les autres ouvrages du jésuite sont: 1° une espèce d'art poétique, sous le titre de Palastra eloquentiæ ligatæ, 4 vol. in12. 2° Un traité intitulé: Palestra styli romani. 5° Anima historiæ, seu Vita Caroli V et Ferdinandi, in-4. 4° Une Edition des Annales de Trèves de Brouwer, Liége, 1670, in-fol. Masénius est auteur des trois derniers livres. 5 Epitome Annalium Trevirensium, etc., etc., Trèves, 1676, in-8°.

MASIANELLO, ou THOMAS ANIELLO, fils d'un poissonnier de Naples, se mit à la tête d'une révolte, et s'érigea en tyran de cette capitale. Son règne ne fut que de dix jours; mais dans ce court es

pace de temps il fit d'étranges choses. Il arma plus de 50 mille hommes, gouverna un peuple effréné comme des esclaves, effraya le vice-roi, les sénateurs, les nobles, dispersa leurs trésors, immola leurs gardes, et eût porté bien plus loin ses attentats, sans la prudente conduite de l'archevêque qui sut captiver sa confiance et son respect. " L'histoire » prouve, dit un auteur à cette » occasion, que dans ces sortes » de commotions, quelque terri>>bles qu'elles fussent, les prêtres » ont cent fois sauvé l'état, le peu

ple n'écoutant et ne craignant »plus rien, mais se désarmant au »> nom de son Dieu.» Masianello fut tué le dixième jour de son règne, l'an 1646. M. Meissner a donné l'Histoire de cette révolution, en allemand; il en a paru une traduction française à Vienne, 1789, 1 vol. in-8°.

MASINISSA, roi d'une petite contrée d'Afrique, prit d'abord le parti des Carthaginois contre les Romains. Ils eurent en lui un ennemi d'autant plus redoutable, que sa haine était soutenue par beaucoup de courage. Après la défaite d'Asdrubal, Scipion l'Ancien ayant trouvé parmi les prisonniers le neveu de Masinissa, le renvoya comblé de présens, et lui donna une escorte pour l'accompagner. Ce trait de générosité fit tant d'impression sur l'oncle, que de l'aversion la plus forte il passa tout à coup à une admiration sans bornes. Il joignit ses troupes à celles des Romains, et contribua beaucoup par sa valeur et par sa conduite à la victoire qu'ils remportèrent sur Asdrubal et Syphax. Il épousa la fameuse Sophonisbe, femme de ce dernier prince, aux charmes de laquelle il ne put résister. Sci

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