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pion n'ayant pas approuvé un mariage si brusquement contracté avec une captive, la plus implacable ennemie de Rome, Masinissa s'en défit par un breuvage. Le général romain récompensa cette action atroce en lui accordant, en présence de l'armée, le titre et les honneurs de roi. Le sénat ajouta à ses états tout ce qui avait appartenu à Syphax dans la Numidie. Masinissa donna une marque de confiance bien distinguée à Scipion-le-Jeune; il le fit prier au lit de la mort de venir partager ses états entre ses enfans. 11 mourut à l'âge de 90 ans, l'an 149 avant J.-C. Ce prince laissa 44 enfans de différentes femmes.

MASIUS (André), né à Lennich, près de Bruxelles, l'an 1516, fut un des plus savans hommes du 16 siècle. Il fit d'abord de grands progrès dans l'étude de la philosophie et de la jurisprudence, et devint secrétaire de Jean de Weze, évêque de Constance après la mort de cet évêque, il fut envoyé en qualité d'agent à Rome, et profita de son séjour en cette ville pour se rendre habile dans le syriaque. En 1558, il se maria à Clèves, et fut fait conseiller de Guillaume, duc de Clèves. Il y mourut le 7 avril 1573, âgé de 57 ans, dans des sentimens vraiment chrétiens. Masius possédait, outre plusieurs langues vivantes, le latin, le grec, l'hébreu, le chaldéen et le syriaque : il était très-versé dans l'histoire et la géographie ancienne, et personne de son temps ne le surpassa, ni peut-être même ne l'égala dans la critique sacrée. Sébastien Munster disait que Masius semblait avoir été élevé dans l'ancienne Rome ou dans l'ancienne Jérusalem. On a de lui: 1° un Recueil de différentes pièces anciennes et modernes,

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traduites du syriaque, Anvers, 1569, dans la Bibliothèque des pères de Margarin de la Bigne et dans les Critici sacri, 2o édit., tom. 2. 2° Syrorum peculium, Anvers, 1571, in-fol. C'est un dictionnaire syriaque. 3° Grammatica linguæ syricæ, Anvers 1571, in-fol. Arias Montanus ayant prié Masius de contribuer à l'édition de la Polyglotte d'Anvers, il fit ces deux ouvrages qui y ont été insérés. 4° Un Commentaire sur le livre de Josué, Anvers, 1574, infol., et dans les Critici sacri de Londres et d'Amsterdam, tome 2. Ce commentaire renferme des choses excellentes. 4° Disputatio de coena Domini, opposita calvi, nistarum impiis corruptelis, Anvers, 1575. 6° Des Commentaires sur quelques chapitres du Deutéronome, insérés dans les Critici sacri. Il préparait des commentaires sur les livres historiques de l'Ecriture, lorsqu'il mourut. Il avait possédé le célèbre manuscrit syriaque, écrit en 616, qui passa depuis au savant Daniel Ernest Jablonski. C'est le seul manuscrit connu qui nous ait conservé l'édition donnée par Origène du livre de Josué, et des autres livres historiques suivant l'Ancien-Testament. Il est traduit mot à mot sur un exemplaire grec, corrigé de la main d'Eusèbe.

MASIUS (Gisbert), évêque de Bois-le-Duc, mort en 1614, était natif de Bommel, petite ville du duché de Gueldre. Plein d'un zèle vraiment apostolique, il fit fleurir la vertu et la science dans son diocèse, et publia à Cologne en 1613 d'excellentes Ordonnances synodales, en latin, réimprimées en 1700 à Louvain, par les soins de Steyart.

MASO (Thomas Finiguerra, dit), orfevre de Florence, né au

15 siècle, passe pour être l'inventeur de l'art de graver les estampes sur le cuivre vers 1480; ou plutôt le hasard, qui fit trouver la poudre, l'imprimerie et tant d'autres secrets admirables, donna l'idée de multiplier un tableau, ou un dessin, par les estampes. L'orfévre de Florence, qui gravait sur ses ouvrages, s'aperçut que le soufre fondu dont il faisait usage, marquait dans ses empreintes les mêmes choses que la gravure, par le moyen du noir que le soufre avait tiré des tailles. Il fit quelques essais qui lui réussirent. Un autre orfévre de la même ville, instruit de cette découverte, grava plusieurs planches du dessin de Sandro Botticello. André Montegna grava aussi d'après ses ouvrages. Cette invention passa en Flandre; Martin d'Anvers et Albert Durer furent les premiers qui en profitèrent; ils produisirent une infinité de belles estampes au burin, qui firent admirer par toute l'Europe leurs noms et leurs talens, déjà connus pour la gravure en bois.

MASQUE DE FER (le): c'est sous ce nom que l'on désigne un prisonnier inconnu, envoyé dans le plus grand secret au château de Pignerol, et de là transféré aux îles de Sainte-Marguerite. C'était un homme d'une taille au-dessus de l'ordinaire, et admirablement bien fait. Sa peau était un peu brune, mais fort douce, et il avait autant de soin de la conserver dans cet état que la femme la plus coquette. Son plus grand goût était pour le linge fin, pour les dentelles, pour les colifichets. Il jouait de la guitare, et paraissait avoir recu une excellente éducation. I intéressait par le seul son de sa voix, ne se plaignant jamais de son état, et ne laissant point en

trevoir ce qu'il était. Dans les maladies où il avait besoin du médecin ou du chirurgien, et dans les voyages que ses différentes translations lui occasionèrent, il portait un masque dont la mentonnière avait des ressorts d'acier qui lui laissaient la liberté de manger et de boire On avait ordre de le tuer s'i se découvrait; mais lorsqu'il était seul, il pouvait se démasquer, et alors il s'amusait à s'arracher le poil de la barbe avec des pincettes d'acier. Il resta à Pignerol jusqu'à ce que SaintMars, officier de confiance, commandant de ce château, obtint la lieutenance-de-roi des îles de Lérins. Il le mena avec lui dans cette solitude maritime, et lorsqu'il fut fait gouverneur de la Bastille, son captif le suivit toujours masqué. Il fut logé dans cette prison aussi bien qu'on peut l'être. On ne lui refusait rien de ce qu'il demandait; on lui donnait les plus riches habits, on lui faisait la plus grande chère, et le gouverneur s'asseyait rarement devant lui. Le marquis de Louvois étant allé le voir à Sainte-Marguerite, avant sa translation à Paris, parla avec une considération qui tenait du respect. Cet illustre inconnu mourut le 19 novembre 1703, et fut enterré sous le nom de Marchiali le lendemain à quatre heures après midi, dans le cimetière de la paroisse de SaintPaul. Ce qui redouble l'étonnement, c'est que quand on l'envoya au château de Pignerol, il ne disparut dans l'Europe aucun homme considérable. Ce prisonnier l'était sans doute; car voici ce qui arriva les premiers jours qu'il fut dans l'île Sainte-Marguerite. Le gouverneur mettait luimême les plats sur sa table, et ensuite se retirait après l'avoir en

lui

fermé. Un jour il écrivit avec un couteau sur une assiette d'argent, et jeta l'assiette par la fenêtre vers un bateau qui était au rivage, presque au pied de la tour. Un pêcheur à qui ce bateau appartenait, ramassa l'assiette et la rapporta au gouverneur. Celui-ci étonné, demanda au pêcheur : Avez-vous lu ce qui est écrit sur cette assiette, et quelqu'un l'a-t-il vue entre vos mains? Je ne sais pas lire, répondit le pêcheur: je viens de la trouver, personne ne l'a vue. Ce pêcheur fut retenu jusqu'à ce que le gouverneur fût bien informé qu'il n'avait jamais lu, et que l'assiette n'avait été vue de personne. Allez, lui dit-il, vous étes bien heureux de ne savoir pas lire. La Grange - Chancel raconte, dans une lettre à l'auteur de l'Année littéraire, que lorsque Saint-Mars alla prendre le Masque de fer pour le conduire à la Bastille, le prisonnier dit à son conducteur: Est-ce que le roi en veut à ma vie?. Non, mon prince, répondit Saint-Mars, votre vie est en sûreté; vous n'avez qu'à vous laisser conduire. « J'ai su, ajoutet-il, d'un nommé Dubuisson, caissier du fameux Samuel Ber»nard, qui, après avoir été quel» ques années à la Bastille, fut con»duit aux îles de Sainte-Margue. »rite, qu'il était dans une chambre » avec quelques autres prison>niers, précisément au-dessus de » celle qui était occupée par cet » inconnu que, par le tuyau de » la cheminée, ils pouvaient s'en> tretenir et se communiquer leurs » pensées; mais que ceux-ci lui » ayant demandé pourquoi il s'obs» tinait à leur taire son nom et ses › aventures, il leur avait répondu » que cet aveù lui coûterait la vie, >> ainsi qu'à ceux auxquels il aurait » révélé son secret. » Toutes ces

anecdotes prouvent que le Masque de fer était un prisonnier de la plus grande importance; mais quel était ce captif? Ce n'était pas le duc de Beaufort; nous l'avons prouvé dans son article. (Voyez BEAUFORT.) Etait-ce le comte de Vermandois, comme le prétend l'auteur des Mémoires de Perse ? Cet écrivain raconte que ce prince, fils légitimé de Louis XIV et de la duchesse de la Valière, qui menait une vie très-déréglée, et se montrait depuis long-temps incorrigible, fut dérobé à la connaissance des hommes par son propre père, pour le punir d'un soufflet donné à monseigneur le dauphin. On fait encore d'autres conjectures sur le Masque de fer, dont aucune ne paraît soutenir un examen sérieux.

M. de Saint-Foix prétend montrer que c'était le duc de Montmouth (voyez ce nom ), et réfuter le P. Griffet qui avait jugé cette supposition invraisemblable. Quelques auteurs ont tourné leurs conjectures sur l'intendant Foucquet (voyez ce nom). En 1770, il a paru dans le Journal encyclopédique (août, pag. 132), une dissertation pour prouver que ce prisonnier était le secrétaire du duc de Mantoue, enlevé, à ce que prétend l'auteur, par ordre de Louis XIV, dont il traversait quelque dessein. Cette opinion, d'ailleurs peu plausible, semble recevoir quelque appui du séjour que le prisonnier fit à Pignerol avant d'être transporté à Sainte-Marguerite. Quelques-uns, sur des conjectures romanesques, ont imaginé un événement où la succession au trône se trouvait compromise, et dont par-là même il est tout au moins inutile de faire mention; d'autres ont rembruni la peau du prisonnier, réellement un peu basané, jusqu'à en faire

une espèce de nègre, et ont cru que cette difformité avait fait séquestrer un enfant de très-grande naissance. On voit par l'exposition même de ces opinions diverses, que la véritable est probablement encore un secret. Mais l'on ne peut disconvenir que la plus vraisemblable est celle qui se rapporte au comte de Vermandois. Le P. Griffet et l'auteur de la Vie du dauphin, père de Louis XV, paraissent satisfaire à toutes les difficultés. On trouve plusieurs particularités relatives à cet objet, dans le journal de Dujonca, lieutenantde-roi à la Bastille quand le prisonnier y arriva. Ce journal, imprimé dans le Traité des différentes preuves qui établissent la vérité de l'histoire du P. Griffet, est très-curieux. Dujonca ne dit point que le masque fût de fer, il dit seulement que c'était un masque de velours noir. Mais le nom de Masque de fer a prévalu, parce que, quand le prisonnier traversait les cours de la prison, on couvrait le masque de velours d'un masque de fer. On lit dans les prétendus Mémoires du maréchal de Riche-. lieu, publiés en 1790, que ce prisonnier était un fils puîné de Louis XIV, hypothèse romanesque et absurde, évidemment réfutée par le récit même du calomnieux inventeur. Voyez le Journal hist. et littér., 1 août 1791, p. 496. MASQUIERES (Françoise), morte à Paris en 1728, était fille d'un maître – d'hôtel du roi. Elle fit son occupation de l'étude des belles-lettres, et particulièrement de la poésie française, pour laquelle elle avait du goût et du talent. Ses ouvrages poétiques, qui se trouvent dans un Nouveau choix de poésies, 1715, in-12, sont: 1o la Description de la galerie de Saint Cloud. 2° L'Origine du

luth. 3° Une Élégie, etc. Sa versification a de la douceur, mais elle est faible, et offre peu d'images.

MASSAC (Raymond de ), médecin d'Orléans, du 16° siècle, s'occupait autant des belles-lettres que de sa profession. On a de lui: 1° Pæan Aurelianus; c'est un poëme considérable, inséré dans le Recueil des poëmes et panégyriques de la ville d'Orléans, 1646, in-4°. Il y célèbre l'heureuse température du climat d'Orléans, et fait l'éloge du collège de médecine et des médecins qui s'y sont distingués par leur science et leurs talens. 2° Puge, sive De lymphis Pugiacis libri duo, cum notis J. le Vasseur, Paris, 1599. C'est un poëme sur la fontaine minérale de Pougues, à deux lieues de Nevers. Charles de Massac, fils de l'auteur, l'a traduit en vers français, Paris, 1605, in-8°.

MASSEUS (Chrétien), surnommé Cameracenas, à cause du long séjour qu'il fit à Cambray naquit à Warneton en 1469. Il entra dans la congrégation des clercs de la Vie commune; enseigna les humanités à Gand; de là se rendit à Cambray, où il exerça le même emploi depuis 1509 jusqu'à sa mort, qui arriva en 1546, Nous avons de lui: 1o une Grammaire latine, Anvers, 1536, in-4°. Despautère prétendit que Massæus avait pillé dans sa Grammatistice, et le traita fort durement: Massæus lui répondit solidement, mais avec autant de modération que Despautère l'avait attaqué avec emportement. 2° Chronicorum multiplicis historiæ utriusque Testamenti lib. xx, Anvers, 1540, in-fol. Cette chronique est estimée. On dit que l'auteur y employa cinquante ans. Il a mis à la tête un calendrier égyptien, hé

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MASSARIA (Alexandre), célèbre médecin, natif de Vicence, pratiqua son art avec succès à Venise, et l'enseigna avec beaucoup de réputation à Padoue, où il mourut le 17 octobre 1598, dans un âge avancé. Sa grande charité pour les pauvres le distingua encore plus que sa science. Il était singulièrement attaché à la doctrine de Gallien, et disait qu'il

aimait mieux errer avec cet ancien, que d'avoir raison avec les modernes. Il a laissé un grand

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nombre d'ouvrages, entre autres: 1° De peste, Venise, 1579, in-4 2° Disputationes duce, quarum prima de scopis mittendi sanguinem in febribus, altera de purgatione in morborum principio Lyon, 1622, in-4°. Le traité de Ja saignée est encore regardé comme un chef-d'œuvre; il y détaille savamment les cas où elle convient, et ceux où elle est nuisible. Si on avait suivi sa pratique au lieu de celle de Botal, chez

qui la saignée était un remède

on n'aurait

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presque universel, pas tant prodigué le hommes, ni peut-être leur vie. 3 Practica medica, Venise, 1622,

jn-fol.

MASSE (Jean-Baptiste), peintre du roi de France, né à Paris le 29 décembre 1687, mort le 26 septembre 1767, excellait dans la miniature. Il était protestant, mais rendait justice aux catholiques; il congédia un domestique de cette religion, qui l'avait servi longtemps avec fidélité, et qui voulait se faire calviniste pour lui plaire. Le recueil d'estampes représen

tant la grande galerie de Versailles et les deux salons qui l'accompagnent, peint par le Brun, fut dessiné par Massé, et gravé sous ses yeux par les plus habiles maîtres. Cette collection parut en 1753, in-fol., avec une explication, in-8°.

MASSENA (André), duc de Rivoli et prince d'Essling, maréchal de France, naquit dans le comté de Nice, d'un marchand de vin. Dans sa jeunesse, il donna des leçons d'armes, et entra ensuite dans le régiment de royalitalien. A l'époque de la révolution, il n'était encore que sous-officier au service du roi de

se réfu

Sardaigne. Espérant trouver un avancement rapide dans les armées françaises, qui se peuplaient alors d'une foule de jeunes gens qui, soit par amour de la liberté, soit pour éviter le spectacle affreux des discordes civiles giaient dans les camps, Masséna quitta les armées de Sardaigne en 1792, et passa successivement par tous les grades, jusqu'à celui de général de brigade (maréchal de camp), qu'il obtint en 1793. Plein de bravoure et de talens naturels, il justifia le choix que la république avait fait de lui, par

divers traits de courage et d'habiles manœuvres. Ses premiers cxploits furent contre les Piémontais. dont il venait d'abandonner la cause. Le 24 novembre 1793, il les défit à Castel-Geneste, et s'empara de Fagaretto; le 16 avril 1794, il battit un corps autrichien à Ponte-di-Neva sur le Tanaro ; le 28, il se rendit maître d'Orméa, et contribua puissamment, le 29 avril, à la victoire de Saorgio. Devenu alors général de division, it commanda en 1795 l'aile droite de l'armée d'Italie, et continua à s'y distinguer par son activité, son

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