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EUVRES COMPLÈTES

DE

J. J. ROUSSEAU

DICTIONNAIRE DE MUSIQUE.

Ut psallendi materiem discerent.
MARTIAN. CAP.

D

D. Cette lettre signifie la même chose dans la musique françoise que P dans l'italienne, c'est-à-dire doux. Les Italiens l'emploient aussi quelquefois de même pour le mot dolce, et ce mot dolce n'est pas seulement opposé à fort, mais à rude.

D. C. Voy. Da capo.

D la ré, D sol ré, ou simplement D. Deuxième note de la gamme naturelle ou diatonique, laquelle s'appelle autrement ré. (Voy. Gamme.)

DA CAPO. Ces deux mots italiens se trouvent fréquemment écrits à la fin des airs en rondeau, quelquefois tout au long, et souvent en abrégé par ces deux lettres D. C. Ils marquent qu'ayant fini la seconde partie de l'air, il en faut reprendre le commencement jusqu'au point final. Quelquefois il ne faut pas reprendre tout à fait au commencement, mais à un lieu marqué d'un renvoi. Alors, au lieu de ces mots da capo, on trouve écrits ceux-ci al segno.

DACTYLIQUE, adj. Nom qu'on donnoit, dans l'ancienne musique, à cette espèce de rhythme dont la mesure se partageoit en deux temps égaux. (Voy. Rhythme.)

On appeloit aussi dactylique une sorte de nome où ce rhythme étoit fréquemment employé, tel que le nome harmathias et le nome orthien.

Julius Pollux révoque en doute si le dactylique étoit une sorte d'instrument ou une forme de chant, doute qui se confirme par ce qu'en dit Aristide Quintilien dans son second livre, et qu'on ne peut résoudre qu'en supposant que le mot dactylique signifioit à la fois un instrument et un air, comme parmi nous les mots musette et tambourin.

DÉBIT, s. m. Récitation précipitée. (Voy. l'article suivant.)

DÉBITER, v. a. pris en sens neutre. C'est presser à dessein le mouvement du chant, et le rendre d'une manière approchante de la rapidité de la parole; sens qui n'a lieu, non plus que le mot, que dans la musique françoise. On défigure toujours les airs en les débitant, parce que la mélodie, l'expression, la grâce, y dépendent toujours de la précision du mouvement, et que presser le mouvement c'est le détruire. On défigure encore le récitatif françois en le débitant, parce qu'alors il en devient plus rude, et fait mieux sentir l'opposition choquante qu'il y a parmi nous entre l'accent musical et celui du discours. A l'égard du récitatif italien, qui n'est qu'un parler harmonieux, vouloir le débiter, ce seroit vouloir parler plus vite que la parole, et par conséquent bredouiller; de sorte qu'en quelque sens que ce soit, le

ROUSSEAU V

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mot debit ne signifie qu'une chose barbare, qui doit être proscrite de

la musique.

DÉCAMÉRIDE, S. f. C'est le nom de l'un des élémens du système de M. Sauveur, qu'on peut voir dans les Mémoires de l'Académie des sciences, année 1701.

Pour former un système général qui fournisse le meilleur tempérament, et qu'on puisse ajuster à tous les systèmes, cet auteur, après avoir divisé l'octave en 43 parties, qu'il appelle mérides, et subdivisé chaque méride en 7 parties, qu'il appelle heptamérides, divise encore chaque heptaméride en 10 autres parties, auxquelles il donne le nom de décamérides. L'octave se trouve ainsi divisée en 3010 parties égales, par lesquelles on peut exprimer sans erreur sensible les rapports de tous les intervalles de la musique.

Ce mot est formé de déxa, dix, et de pepíc, partie.

DÉCHANT OU DISCANT, s. m. Terme ancien par lequel on désignoit ce qu'on a depuis appelé contre-point. (Voy. Contre-point.)

DÉCLAMATION, s. f. C'est, en musique, l'art de rendre, par les inflexions et le nombre de la mélodie, l'accent grammatical et l'accent oratoire. (Voy. Accent, Récitatif.)

DÉDUCTION, S. f. Suite de notes montant diatoniquement ou par degrés conjoints. Ce terme n'est guère en usage que dans le plainchant.

DEGRÉ, s. m. Différence de position ou d'élévation qui se trouve entre deux notes placées dans une même portée. Sur la même ligne ou dans le même espace, elles sont au même degré; et elles y seroient encore, quand même l'une des deux seroit haussée ou baissée d'un semi-ton par un dièse ou par un bémol: au contraire elles pourroient être à l'unisson, quoique posées sur différens degrés, comme l'ut bémol et le si naturel, le fa dièse et le sol bémol, etc.

Si deux notes se suivent diatoniquement, de sorte que l'une étant sur une ligne, l'autre soit dans l'espace voisin, l'intervalle est d'un degré; de deux, si elles sont à la tierce; de trois, si elles sont à la quarte; de sept, si elles sont à l'octave, etc.

Ainsi, en ôtant 1 du nombre exprimé par le nom de l'intervalle, on a toujours le nombre des degrés diatoniques qui séparent les deux notes.

Ces degrés diatoniques ou simplement degrés sont encore appelés degrés conjoints, par opposition aux degrés disjoints, qui sont composés de plusieurs degrés conjoints. Par exemple, l'intervalle de seconde est un degré conjoint, mais celui de tierce est un degré disjoint, composé de deux degrés conjoints, et ainsi des autres. (Voy. Conjoint, Disjoint, Intervalle.)

tels que

le

DÉMANCHER, v. n. C'est sur les instrumens à manche, violoncelle, de violon, etc., ôter la main gauche de sa position naturelle pour l'avancer sur une position plus haute ou plus à l'aigu. (Voy. Position.) Le compositeur doit connoître l'étendue qu'a l'instrument sans démancher, afin que, quand il passe cette étendue et qu'il démanche, cela se fasse d'une manière praticable.

DEMI-JEU, A DEMI-JEU, ou simplement A DEMI. Terme de musique instrumentale qui répond à l'italien sotto voce, ou mezza voce, ou mezzo forte, et qui indique une manière de jouer qui tienne le milieu entre le fort et le doux.

DEMI-MESURE, s. f. Espace de temps qui dure la moitié d'une mesure. Il n'y a proprement de demi-mesures que dans les mesures dont les temps sont en nombre pair; car dans la mesure à trois temps, la première demi-mesure commence avec le temps fort, et la seconde à contre-temps, ce qui les rend inégales.

DEMI-PAUSE, S. f. Caractère de musique qui se fait comme il est marqué dans la figure 2 de la planche VII, et qui marque un silence dont la durée doit être égale à celle d'une demi-mesure à quatre temps, ou d'une blanche. Comme il y a des mesures de différentes valeurs, et que celle de la demi-pause ne varie point, elle n'équivaut à la moitié d'une mesure que quand la mesure entière vaut une ronde; à la différence de la pause entière, qui vaut toujours exactement une mesure grande ou petite. (Voy. Pause.)

DEMI-SOUPIR. Caractère de musique qui se fait comme il est marqué dans la figure 2 de la planche VII, et qui marque un silence dont la durée est égale à celle d'une croche ou de la moitié d'un soupir. (Voy. Soupir.)

DEMI-TEMPS. Valeur qui dure exactement la moitié d'un temps. Il faut appliquer au demi-temps par rapport au temps ce que j'ai dit cidevant de la demi-mesure par rapport à la mesure.

DEMI-TON. Intervalle de musique valant à peu près la moitié d'un ton et qu'on appelle plus communément semi-ton. (Voy. Semi-ton.) DESCENDRE, v. n. C'est baisser la voix, vocem remittere, c'est faire succéder les sons de l'aigu au grave, ou du haut au bas. Cela se présente à l'œil par notre manière de noter.

DESSIN, s. m. C'est l'invention et la conduite du sujet, la disposition de chaque partie, et l'ordonnance générale du tout.

Ce n'est pas assez de faire de beaux chants et une bonne harmonie, il faut lier tout cela par un sujet principal auquel se rapportent toutes les parties de l'ouvrage, et par lequel il soit un. Cette unité doit régner dans le chant, dans le mouvement, dans le caractère, dans l'harmonie, dans la modulation: il faut que tout cela se rapporte à une idée commune qui le réunisse. La difficulté est d'associer ces préceptes avec une élégante variété, sans laquelle tout devient ennuyeux. Sans doute de musicien,, aussi bien que le poëte et le peintre, peut tout oser en faveur de cette variété charmante, pourvu que, sous prétexte de contraster, on ne nous donne pas pour des ouvrages bien dessinés des musiques toutes hachées, composées de petits morceaux étranglés, et de caractères si opposés, que l'assemblage en fasse un tout monstrueux :

Non ut placidis coeant immitia, non ut
Serpentes avibus geminentur, tigribus agni.

C'est donc dans une distribution bien entendue, dans une juste pro

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