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nion qui avait eu lieu le 14 juin, une assemblée générale, com posée des délégués des Sociétés de médecine, de pharmacie, de quelques médecins vétérinaires de Paris et des rédacteurs des journaux scientifiques, eut lieu dans la salle des séances de l'Académie royale de médecine, qui lui avait été gracieusement ouverte. Cette réunion avait pour but d'entendre et de discuter un rapport qu'elle avait demandé à une Commission précédemment instituée, relativement à un plan de réalisation et à un projet d'organisation d'un Congrès médical.

Les conclusions de ce rapport furent discutées et adoptées. L'assemblée adopta en outre le programme des questions qui devaient être discutées au Congrès.

Ces votes furent suivis de la nomination au scrutin d'une Commission composée de quinze membres, et représentant les trois sections de médecine, de pharmacie et de médecine vétérinaire.

C'est de cette Commission que j'ai l'honneur d'être l'organe, Commission suffisamment connue pour que je me dispense de rappeler ici les noms de ceux qui la composent.

Ainsi, Messieurs, loyalement et publiquement instituée, la Commission permanente d'organisation tient son mandat du choix libre et spontané des délégués nombreux des Sociétés de médecine et de pharmacie de Paris.

En quoi consistait notre mandat?

Les conclusions du rapport adoptées le 2 août sont parfaitement explicites.

Des pleins pouvoirs nous ont été donnés pour provoquer des adhésions, pour nous mettre en rapport avec toutes les Sociétés de médecine, de pharmacie et d'art vétérinaire, les hôpitaux, Facultés et Ecoles; pour publier tous les avis relatifs au Congrès, pour obtenir les autorisations nécessaires, pour nous occuper de la recherche de locaux appropriés, pour nommer un Bureau et des Commissions, pour faire un règlement relatif à l'ordre des séances et des discussions, enfin pour aviser à tous les cas imprévus.

Voilà, Messieurs, quels étaient nos droits et nos devoirs, voilà quelles étaient leur étendue et leurs limites; droits, devoirs, étendue et limites discutés et votés dans l'assemblée du 2 août.

Notre premier devoir était de provoquer des adhésions. Il est bien clair que, puisque la proposition d'un Congrès avait ėlė jų

gée en principe convenable, utile et opportune, il fallait aviser aux moyens d'obtenir des adhésions. Pour cela, et conformément aux opinions qui prévalurent dans le rapport du 2 août, nous avons adopté deux modes dans l'appel au corps médical. Par la voie des journaux scientifiques et politiques, qui, à peu près tous, nous ont généreusement ouvert leurs colonnes, nous avons fait appel au corps médical tout entier et à chacun de ses membres, sans restriction, sans exclusion, libéralement et largement.

Par le second mode, nous nous sommes adressés directement, autant que nous l'avons pu, aux Sociétés scientifiques, aux Associations de prévoyance, aux Facultés et Ecoles; nous avons fait appel individuellement aux hommes éminents des trois professions dans les départements, nous les avons invités à réunir leurs confrères, nous leur avons donné pouvoir et mission de provoquer, de recevoir les adhésions, de faire nommer des délégués; en un mot, d'employer leur zèle et leur bonne volonté en faveur des intérêts du Congrès.

Ce double appel a été admirablement entendu. Plus de trois mille cinq cents adhésions individuelles ou collectives (ce chiffre s'est accru depuis de plus de 1,000 adhésions nouvelles), nous ont prouvé quelle émotion vive et profonde l'idée du Congrès avait produite dans le corps médical de la France. Sur tous les points, le Congrès a été accueilli avec empressement et sympathie, et s'il nous était possible de mettre sous vos yeux l'immense correspondance qui nous est parvenue, vous verriez, Messieurs, avec quelle généralité, sans exemple dans l'histoire de notre art, s'est propagé le mouvement que nous avons eu l'honneur de provoquer. Ainsi, sur ce point, se sont évanouies des prophéties fâcheuses, par lesquelles, très-officieusement sans doute, on voulait inquiéter nos opérations préliminaires.

Nos listes, votre présence, Messieurs, les communications importantes que nous avons reçues, voilà de puissantes et d'éloquentes réponses à ces pronostics malencontreux.

Pouvait-il en être autrement, et les espérances de votre Commission n'étaient-elles pas légitimes? Les besoins et les souffrances du corps médical, les abus qui l'oppriment, les excès qui le dégradent, l'isolement qui l'énerve, tout cela que l'on nous opposait comme de puissants obstacles à la réunion du Congrès, tout cela devait la faire réussir. En effet, vous deviez compren

dre et vous avez compris que tous ces maux qui vous affligent ne seraient jamais soulagés ou guéris dans l'impuissance de votre isolement, que toujours vos plaintes et vos récriminations seraient stériles et se perdraient dans le tumulte et les préoccupations sociales tant qu'elles resteraient individuelles et localisées, que vos vœux ne seraient écoutés que lorsqu'ils se produiraient comme l'expression d'une manifestation générale librement convoquée, librement consentie, et qui réunirait la double garantie du nombre et des lumières. Tel était donc le premier but que votre Commission devait atteindre : adhésions nombreuses et importantes; elle peut se réjouir, elle doit vous remercier de l'avoir largement atteint; quantité, qualité, nous n'avons plus de vœux à former, mais bien des remerciements vifs et sincères à vous offrir.

La médecine, ce devait être, et elle forme d'ailleurs la corporation la plus nombreuse, est des trois sections celle qui est ici le plus largement représentée. Nous avons obtenu jusqu'à cette heure deux mille cinq cents adhésions parmi les médecins. Ce chiffre, purement nominal et individuel, ne représente pas cependant avec exactitude le nombre de suffrages qu'aurait obtenus le projet du Congrès s'il eût été mis aux voix ; car, comme il vous sera facile de le voir dans nos listes générales, des Sociétés entières, des Associations, des réunions nombreuses n'y figurent que pour une seule adhésion.

Le plus grand nombre des Sociétés scientifiques et Associations, les Écoles, les réunions que la circonstance a fait naître dans les chefs-lieux de département et d'arrondissement, nous ont envoyé des délégués. Leur nombre s'élève au chiffre de deux cents environ.

La pharmacie forme hiérarchiquement et en nombre la seconde division du Congrès. Son contingent est considérable, et s'élève au chiffre de plus de neuf cents adhésions. L'empressement des pharmaciens, leur sympathique accueil à la proposition du Congrès sont des symptômes extrêmement favorables pour la réalisation des réformes urgentes réclamées par tous les esprits éclairés et honnêtes de cette honorable profession. Les adhésions individuelles sont nombreuses, les adhésions collectives sont importantes, et la plupart des Sociétés et Associations de Paris et des départements ont envoyé des délégués. Le nombre de ces derniers s'élève au chiffre de quarante-cinq.

La section de médecine vétérinaire est moins nombreuse; nous avons réuni deux cent cinq adhérents, dont vingt délégués.

Mais le nombre des personnes qui exercent cette profession est aussi moins considérable, et, toutes proportions gardées, elle se trouve représentée au Congrès à peu près comme les autres sections.

Vous remarquerez sans doute avec étonnement, Messieurs, que ni l'École d'Alfort ni la Société de médecine vétérinaire du département de la Seine n'ont envoyé au Congrès aucun de leurs membres. Nous vous devons, sur cette absence, une courte explication, légitimée par une publication récente de M. le directeur de l'Ecole d'Alfort.

L'École d'Alfort et la Société vétérinaire du département de la Seine ont motivé leur refus de participer au Congrès, 1o sur ce qu'elles n'ont pas été convoquées à l'assemblée préparatoire du 2 août; 2o sur ce qu'elles n'ont été invitées à adhérer qu'au commencement d'octobre dernier.

Il serait beaucoup trop long de vous exposer les détails de toute cette affaire, dans laquelle votre Commission a fait tous ses efforts pour attirer au Congrès les professeurs et savants honorables dont nous parlons ici. La Commission a reconnu qu'il y avait eu erreur et oubli, elle l'a regretté, elle s'en est officiellement excusée dans des termes que l'on a bien voulu qualifier d'obligeants et de polis; toutes ses démarches ont été infructueuses, et l'École d'Alfort, aussi bien que la Société vétérinaire, ont voulu rester dans leur dignité.

Ainsi, Messieurs, vous le voyez, c'est une petite, et très-petité question de susceptibilité qui nous prive des lumières et du concours de l'École d'Alfort.

Vous apprécierez, Messieurs, si, en présence des grands intérêts qui vont s'agiter dans nos réunions, il n'était pas plus digne, plus honorable et plus intelligent de venir prendre part å hos travaux, que de s'arrêter à de futiles questions de préséance. Nous sommes ici, Messieurs, dans un but sérieux de travail, dans un but moral de concorde et d'union, dans un but utilitaire de perfectionnement. Pourrions-nous nous laisser préoccuper de ces mille petits incidents soulevés par l'amour-propre, et qui viendraient paralyser les plus généreuses intentions?

Après avoir pris toutes les mesures nécessaires pour donner à

l'annonce du Congrès toute la publicité désirable, pour obtenir le plus grand nombre d'adhésions possible, la Commission dut penser aux autorisations nécessaires et à se mettre en rapport avec les autorités compétentes.

Sa première démarche, elle la devait à son chef naturel, à M. le ministre de l'instruction publique, et dans cette occasion elle cédait non-seulement à des devoirs de convenance et de hiérarchie, mais elle se souvenait encore avec gratitude des bonnes dispositions manifestées par M. de Salvandy, en faveur des institutions médicales, pendant son précédent ministère.

L'accueil fait à la Commission par M. de Salvandy fut plein de bienveillance et de courtoisie. M. le ministre, avec une connaissance approfondie de la matière, appela notre attention sur lès questions les plus importantes de celles qui seront soumises à vos discussions; il en signala les difficultés, nous témoigna son espérance de les voir s'amoindrir ou disparaître par votre concours, et voulut bien nous promettre d'attendre le résultat de vos travaux pour présenter aux Chambres le projet de loi sur l'organisation médicale. Sa bienveillance pour le Congrès fut plus grande encore: il voulut que nos listes d'adhésions fussent publiées dans le Journal officiel de l'instruction publique, et il nous demanda formellement de nous mettre en rapport avec lui aussitôt que le Congrès serait institué. C'est une demande que le Bureau que vous allez nommer ne devra pas perdre de vue.

C'est ici l'occasion de dire que cet excellent accueil qui nous fut fait par M. le ministre de l'instruction publique nous avait pour ainsi dire été annoncé par une lettre très-sympathique de M. Orfila, agissant comme président de l'Association de prévoyance des médecins de Paris. Il est fort regrettable, sans doute, que les fonctions élevées qu'occupe M. le doyen, dans le conseil royal de l'instruction publique, ne lui aient pas permis de prendre part à vos travaux; mais le Congrès doit tenir compte de ces nécessités de position, et savoir gré à M. Orfila de la démarche toute spontanée qu'il voulut bien faire auprès de nous.

Notre seconde démarche fut faite auprès de M. le ministre de l'agriculture et du commerce, de qui ressortissent la pharmacie et surtout l'art vétérinaire. Ici, même accueil, mêmes encouragements, mêmes bienveillantes promesses de tenir compte des travaux du Congrès dans la préparation de la loi prochaine.

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