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pour l'inconduite que de consolations de consolations pour le malheur. Mais pour tout ce qui regarde les grands principes de la science, dans les questions de douanes, de monnaies, de crédit public, de eolo nies, cet auteur est devenu le guide le plus sûr qu'on puisse suivre et l'écrivain le plus classique de l'Europe.

Le dernier de ses ouvrages qui est aussi le plus volumineux ('), présente des modifications notables aux premières opinions professées par l'auteur. Il y règne moins d'aigreur contre les gouvernemens, soit que M. Say eût reconnu dans certains cas l'utilité de leur influence, soit qu'il ait cru devoir faire quelques sacrifices à la position qu'il occupait. Tous ceux qui connaissaient son caractère adopteront de préférence la première hypothèse, qui se trouve d'ailleurs confirmée par des passages remarquables où il est évident que cet écrivain obéissait à une conviction nouvelle. C'est ainsi que dans une circonstance importante il avait soutenu que le travail des esclaves était plus économique que celui des hommes libres et il eut la bonne foi de reconnaître publiquement qu'il s'était trompé.

cours, lorsque ses fautes mêmes privent de leurs ressources les hommes dont ses capitaux alimentaient l'industrie ? »

(Traité d'économie politique, liv. III, chap. vII.)

(1) Il est intitulé: Cours complet d'économie politique pratique, 6 vol. in-8.(Voyez la Bibliographie, à la fin de ce volume.)

Il ne pardonnait pas la persévérance dans l'erreur et il ne laissait passer aucune occasion de stigmatiser les mauvais livres d'économie politique. Les erreurs en cette science lui paraissaient plus funestes qu'en aucune autre, et il les poursuivait partout où il en croyait voir, même chez ses émules les plus célèbres, dans l'espoir d'établir l'économie politique sur des fondemens inébranlables. Mais il est temps de signaler les travaux de ces économistes renommés.

CHAPITRE XL.

De l'économie politique en Angleterre depuis le commencement du XIXe siècle.-Système de Pitt, soutenu par Thornton, attaqué par

Cobbett.

--

Doctrines de Ricardo.

M. Torrens.- De M. Mac-Culloch.

Ecrits de James Mill. - De

De M. Tooke. -Travaux de

M. Huskisson.- De sir Henry Parnell. - Traités de M. Wade.
De M. Poulett Scrope. Economie des manufactures, par Babbage.
Philosophie des manufactures, par le docteur Ure. Grande
popularité de l'économie politique en Angleterre.

La longue nomenclature des économistes anglais postérieurs à l'époque d'Adam Smith et la concordance de leurs ouvrages, prouvent combien l'impulsion donnée à l'économie politique par son illustre fondateur, avait été vive et féconde. Les idées qu'il venait de populariser portaient déjà leurs fruits. Les questions économiques avaient cessé d'être abandonnées au hasard, et le gouvernement lui-même éprouvait le besoin de soumettre au contrôle de la science ses résolutions les plus importantes. On en eut un témoignage frappant à l'époque de la sus pension des paiemens de la Banque d'Angleterre en

1797. Ce fut la première circonstance où l'on invoqua des théories à l'appui d'une grande mesure financière, et dès lors la discussion passa de la solitude des livres au sein du Parlement. Une fois imprimé, le mouvement ne s'arrêta plus; chacun crut devoir recourir à l'autorité des principes pour appuyer son opinion, et la tribune devint l'un des plus puissans auxiliaires de l'économie politique. Ainsi, l'Essai sur les causes de la richesse des nations doit être considéré comme la source de tous les bons écrits publiés sur cette matière depuis environ cinquante ans.

Avant la longue lutte de la France et de l'Angleterre, sous l'influence de notre révolution de 1789, les doctrines d'Adam Smith n'avaient encore reçu qu'une grande et solennelle application: l'émancipation des États-Unis. On commençait sans doute à apprécier les avantages de la division du travail et de l'emploi des machines, mais nulle grave question n'avait encore mis à l'épreuve les théories du célèbre Écossais sur la constitution des banques et sur les maladies du système monétaire : il fallut que le génie aventureux de Pitt osât risquer la banqueroute, pour qu'on reconnût toute la justesse des analyses qu'Adam Smith avait données du phénomène de la circulation. Alors parurent à divers intervalles une foule d'ouvrages pour attaquer ou pour défendre les doctrines de Smith, et l'opinion publique commença

à se former au bruit de ces querelles mémorables. L'un des ouvrages les plus intéressans publiés à cette époque (1) par M. Henry Thornton, avait pour but de justifier la suspension des paiemens en numéraire; et quoiqu'il fourmille d'erreurs, nul autre n'a jamais fait comprendre avec plus de clarté les avantages de la circulation monétaire, soit en papier, soit en espèces. L'auteur y soutenait que les banques pouvaient favoriser indéfiniment le travail et multiplier la production sans avoir besoin de numéraire, à la seule condition de régler leurs émissions avec prudence. Il proclamait les bienfaits du crédit en présence d'une mesure qui semblait devoir l'anéantir, et l'avenir a pris soin de justifier ses prédictions les plus raisonnables.

Cependant, vers la fin de l'année 1810, l'Angleterre épuisée par les efforts qu'elle avait faits pour renverser la puissance de Napoléon, voyait tout son or exporté sur le continent pour soudoyer les coalitions, et le prix des denrées élevé à un taux qui rendait très difficile la continuation du régime financier imaginé par Pitt. C'est alors que parurent les fameuses lettres de Cobbett (3), qui attaquaient avec une énergie indomptable les abus du papier

(1) An Enquiry into the nature and effects of the paper credit of Great Britain, Londres, 1802.

(2) Paper against Gold, or the History and Mystery of the Bank of England, Ce pamphlet prodigieux a eu plus de sept éditions.

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