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produisant 9.160 1. 11 s.; et, en dernière ligne, les placements sur les particuliers, qui donnaient seulement 3.864 1. 11 s. 7 d. Nous ignorons de quels placements provenait la somme restante, soit 9.064 1. 1 s. 6 d.

Le taux ordinaire des placements était 5 %. Mais quelques contrats sur le clergé et sur la province, conclus depuis 1760, étaient au taux de 4 % seulement, et bon nombre de contrals sur la province, d'une origine antérieure à la conversion qui suivit la banqueroute de Law, avaient alors été ramenés à celui de 2%; leur valeur nominale devait être réduite en conséquence.

La répartition des capitaux mobiliers du clergé ne correspondait nullement à celle de ses propriétés foncières.

Remarquons d'abord que 40 % des rentes mobilières allaient. aux établissements d'éducation et d'assistance; encore cette proportion serait-elle sensiblement augmentée si nous étions complètement informés des revenus de ceux-ci. Les communautés de femmes, si pauvres en immeubles parfois, et toujours dénuées de dîmes, prenaient plus de la moitié du reste, soit 36.953 1. 10 s. 4 d.; ajoutons qu'elles possédaient toutes les rentes viagères signalées plus haut.

Des 36.000 1. restantes, l'évêché, les chapitres, les abbayes, les communautés d'hommes et les prieurés prenaient 24.000 1., les cures, les fabriques et les fondations pieuses, 12.000 1. En rappelant les détails de cette répartition, le tableau suivant (1) montre que ces deux dernières catégories détenaient, au contraire, la majeure partie des rentes foncières et des rentes de caractère indéterminé; les rentes affectées au service des fondations, rentes le plus souvent foncières, sont d'ailleurs comptées parmi les dernières.

Ainsi, les établissements les plus récents étaient les plus largement dotés en rentes mobilières. Les communautés de femmes, hôpitaux, collèges, petites écoles et fondations charitables, subsistant en 1790, remontaient, tout au plus, aux dernières années du XVIe siècle, et c'étaient eux qui, depuis, avaient principalement bénéficié de la générosité des fidèles. Il paraît donc certain que les dons en argent et en titres mobi

(1) Cf. infra, p. LXVI.

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liers l'ont alors emporté sur les concessions de terres qui avaient autrefois fondé la fortune des abbayes, chapitres et bénéfices anciens; dès cette époque, les revenus des établissements de mainmorte tendent à changer de caractère et se constituent sous une forme plus moderne.

Il nous était toutefois difficile de suivre le développement de la fortune mobilière, tant du clergé que des établissements d'assistance ou d'éducation. Nous ignorons trop souvent l'état de leurs revenus aux époques antérieures à 1790, et les comptes que nous avons conservés nous donnent rarement des indications claires et suffisantes sur la formation et l'emploi de leurs capitaux.

IV. Les droits seigneuriaux.

Nous n'avons pu évaluer exactement le produit des droits seigneuriaux perçus par le clergé dans nos trois districts. Nos documents nous laissent complètement ignorer, en effet, combien pouvaient valoir ceux du Grand Séminaire de Rennes, de l'Ordre de Malte et de six prieurés (1). Ceux des autres

(1) De Hédé (aux Bénédictins de Rennes), de Saint-Cyr de Rennes, de la Trinité de Fougères, d'Iné, de Villamée et de la Bretonnière.

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établissements ne sont d'ailleurs pas toujours évalués d'une façon suffisamment précise ni complète. Il nous paraît peu probable, en tout cas, que le produit total de ces droits ait dépassé 35.000 1. Ceux dont le revenu nous est connu produisaient annuellement 32.065 1. 2 s. 3 d., non compris la valeur de 690 boisseaux de froment, 8 de seigle et 13 1/2 d'avoine, et de quelques oies, poules et corvées. Les droits appartenant au collège de Rennes et à l'hôpital Saint-Nicolas de Vitré Comptaient pour 1.185 1. 8 s. dans le total, et ceux dépendant d'établissements étrangers à la région, pour 2.801 1. 2 s. 11 d., dont 2.780 1. 2 s. 11 d. perçus par la seule abbaye de Savigny. Plusieurs établissements de la région possédaient, hors de ses limites, des droits seigneuriaux parfois considérables. Mais, ces droits, étant généralement affermés avec des terres et des dimes, leur produit échappe à toute estimation. Il paraît toutefois avoir formé une notable partie du revenu des prieurés dépendant des abbayes de Saint-Melaine, de Saint-Georges et de Saint-Sulpice; le chapitre de Rennes tirait, en 1789, 2.000 1. de ses champarts et censives de Pordic (Côtes-duNord), et leur seigneurie du Grannec rapportait aux Carmes déchaussés de Rennes, avec un revenu proprement seigneurial de 131 1. 8 s. 7 d., 1.828 l. 8 s. 8 d. de rentes convenancières. Cette dernière communauté est le seul établissement de

fondation relativement récente que nous ayons trouvé en possession de droits seigneuriaux. Ceux des séminaires et du collège de Rennes leur venaient, comme leurs dîmes, des anciens prieurés qu'on leur avait unis. L'usage de concéder au clergé de pareils droits avait donc été abandonné, dans la région, depuis le XIV siècle au plus tard, et, depuis, le clergé lui-même ne s'était pas soucié d'en acquérir.

C'étaient, il est vrai, des revenus souvent peu productifs et particulièrement difficiles à administrer et à percevoir. Le morcellement des seigneuries, la faible importance et la dispersion des fiefs, l'extrême variété, la valeur fréquemment médiocre et la forme parfois désuète des redevances favorisaient l'infidélité des redevables et la négligence des seigneurs

eux-mêmes.

Au moment de la Révolution, nombre de fiefs ecclésiastiques étaient, dans notre région, perdus ou ruinés depuis longtemps. Le pouillé de l'archiviste de l'évêché, P. Gicquel, nous montre comment les usurpations des seigneurs voisins, les prétentions des vassaux, les aliénations décidées « pour satis>> faire aux subventions et doubles décimes » et, surtout, l'incurie des abbés et des religieux, avaient, au XVI° siècle, singulièrement réduit les domaines et les revenus seigneuriaux de l'abbaye de Saint-Melaine. En 1790, semble-t-il, il y avait bien longtemps que le Grand Séminaire ne tirait plus rien de ses fiefs de Pacé el de Saint-Sauveur-des-Landes, ni les Grands Carmes de leur fief de la rue Vasselot.

Nous n'avons, d'autre part, trouvé la trace, aux approches de la Révolution, d'aucune tentative de nos seigneurs ecclésiastiques pour restaurer leurs fiefs, d'aucune réfection de terriers. Certains établissements, au contraire, à cause soit de leur propre négligence, soit de la mauvaise volonté de leurs vassaux, ont vu diminuer encore le produit de leurs rentes à la fin de l'ancien régime.

Les religieuses de l'abbaye de Saint-Sulpice déclarent, en 1790, que, « depuis très longtemps, la majeure partie des >> rentes dues sur leurs fiefs ne leur sont plus payées et » qu'aucun de ces fiefs n'a été réformé depuis plus d'un » siècle ». Ils auraient dû rapporter, cependant, 2.935 I, 10 s., dont 2.870 1. 8 s. en quatre paroisses.

Le pouillé de l'archiviste Gicquel nous apprend que la majeure partie des rentes, encore payées à l'ancienne abbaye de Saint-Melaine au cours du XVII et du XVIIIe siècle, n'avaient pas été perçues, en 1790, depuis une période variant de 4 à 18 ans.

Cependant, on ne saurait conclure à une décadence générale des seigneuries ecclésiastiques, ni, dans l'ensemble, à une diminution de leurs revenus. Observons d'abord que les rentes non perçues depuis moins de 30 ans n'étaient pas nécessairement perdues. Il arrivait, de temps en temps, qu'on s'occupât de recouvrer l'arriéré des petites redevances négligées et de « pourvoir » le rôle d'un bailliage pour une longue suite d'années, comme le montre l'état des revenus de l'abbaye de Saint-Georges en 1774.

Plusieurs déclarations, inventaires ou autres états de revenus nous donnent, d'ailleurs, des descriptions de seigneuries, des énumérations de fiefs qui paraissent complètes et portent l'indication détaillée de revenus importants, sans faire aucune réserve sur leur produit réel, ou, mieux encore, en comptant à part, pour une somme insignifiante, le montant des rentes non perçues (1).

Si la valeur des rentes fixes en argent a toutefois baissé, avec celle du numéraire lui-même, il était des revenus seigneuriaux, d'un intérêt plus considérable pour leurs possesseurs, dont l'accroissement est certain à la fin de l'ancien régime. Les rentes en grains, les plus fréquentes de toutes. ont bénéficié de la hausse des denrées; elles ont suivi, sans doute, sur certains fiefs, le sort des autres; mais ce fut une perte largement compensée par l'augmentation de la valeur des rentes conservées, les plus importantes certainement. De 750 1. en 1745, le chapitre de Rennes vit la valeur de ses censives et champarts de Pordic monter à 1.000 1. en 1768, et à 2.000 1. en 1790. L'évêque de Rennes et les abbayes de Saint-Georges et de Savigny n'avaient sûrement pas profité d'un moindre accroissement sur les rentes en grains qu'ils percevaient, par centaines de boisseaux, en Bruz, Saint

(1) Nous savons ainsi que l'abbaye de Rillé, sur 240 1. 19 s. 4 d. de rentes en argent, percevait effectivement 212 l. 13 s. 3 d., et le collège de Rennes, 171 1. 17 s. sur 183 1. 8 d.

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