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ni en bien connaitre la nature. Les procès-verbaux d'adjudication, les baux, les déclarations, ni aucun autre document, ne peuvent suppléer les procès-verbaux d'expertises.

III. Les anciens fonds ecclésiastiques et scolaires.

Les anciens fonds ecclésiastiques et scolaires offrent des ressources fort inégales. Très riches, en général, pour les chapitres et les abbayes, celle de Rillé exceptée, pour certains prieurés et pour la plupart des congrégations rennaises, ces fonds sont très pauvres et font même totalement défaut, parfois, pour les communautés fougeraises et vitréennes, ainsi que pour les cures, les fabriques et les petits bénéfices. Le fonds de l'évêché de Rennes, à peu près complètement rempli par les documents de l'officialité et du secrétariat, n'a presque rien conservé qui concerne le temporel du bénéfice. Les fonds des maisons d'éducation, conservés dans la série D, n'intéressent que les établissements rennais et sont fort réduits. Celui du collège de Rennes, aux archives municipales, est abondant, mais ne nous a offert que peu de ressources utilisables.

Titres de propriété et dossiers de procédures. Nous avons renoncé très vite à l'étude approfondie des uns et des autres. Nous n'avions pas à suivre, en effet, dans tous les détails de son histoire, la fortune de chaque établissement, mais à en établir simplement l'état à certains moments, ce que ne pouvaient permettre avec certitude des documents de cette nature. Ils témoignent du moins de l'existence de revenus dont nous pouvions, en l'absence de relevés généraux, ne pas trouver trace ailleurs. En fait, nous ne leur devons aucune révélation importante; mais c'étaient des moyens de contrôle qui appelaient un examen sommaire. Les procédures concernent, le plus souvent, des affaires de dimes; elles présentent un intérêt capital pour l'étude des relations entre décimateurs et décimables, et surtout entre décimateurs et recteurs portionnaires.

Etats de revenus et de charges. En maintes circonstances, à l'occasion de demandes de secours, de répartition de

décimes, de réformes intérieures, de réunions de communautés, de transferts de biens, etc..., bénéficiaires, communautés et autres établissements ecclésiastiques pouvaient avoir à fournir des états plus ou moins détaillés de leurs revenus et de leurs charges. Il en reste dans les fonds des établissements rennais, de l'abbaye de Saint-Sulpice et du prieuré de SainteCroix de Vitré. Nous avons retenu tous ceux qui prêtent à comparaison avec ceux que nous avons pu dresser pour 1790. En l'absence de moyens de contrôle suffisants, la critique en est difficile et souvent même impossible. Ces états, notamment, un seul excepté, ne mentionnent jamais de pots de vin, et rien ne nous peut apprendre s'il en avait été versé en leur temps, ni à combien ils s'élevaient. Les prix de fermage y sont, du moins, rapportés avec exactitude, comme le prouvent tous les baux qui nous restent.

Tels qu'ils sont, ces états anciens montrent la progression des revenus du clergé, dans le courant du XVIIIe siècle. Les baux, les rentiers et les comptes permettent de la suivre de plus près et avec plus de certitude; mais les états, déjà, révèlent, au premier coup d'œil, les objets qu'elle affecte principalement, et les résultats généraux en paraissent parfois assez sûrs pour qu'on les puisse comparer entre eux. Aux tableaux de revenus et de charges sont parfois jointes des observations sur la situation et les besoins des établissements qu'ils concernent. Sans doute, peuvent-elles paraître d'un pessimisme exagéré, puisqu'elles viennent ordinairement à l'appui de demandes de secours. Mais aux chiffres des tableaux, elles ajoutent toujours des compléments et des éclaircissements utiles à retenir, et nous les avons, dans tous les cas, intégralement reproduites.

Rentiers et terriers. S'il en subsistait davantage, et s'ils avaient toujours été tenus à jour avec le soin nécessaire, ils auraient formé la principale et la plus sûre de nos sources. Nous en possédons, en effet, qui réservent, à chaque article de revenu ou de charge, une page spéciale où sont portés,' avec leur date, pendant de longues suites d'années, toutes les recettes ou tous les paiements effectués. Nous y pouvons, non seulement relever tous les revenus certains et toutes les

charges obligatoires de l'établissement, mais constater encore leurs variations, el juger de la régularité avec laquelle on acquitte les uns et les autres. Nous n'avons malheureusement qu'un très petit nombre de rentiers utilisables, ceux des Bénédictins de Rennes et de Vitré, des Augustins de Rennes et des deux séminaires de la même ville.

Les livres de comples de certaines maisons portent parfois un état général de leurs revenus et de leurs charges. C'est ainsi, par exemple, que nous a été conservé le seul état de ce genre que nous ayons pour l'hôtel de Kergus.

Baux. Les collections de baux sont souvent abondantes pour le XVIIIe siècle. Parmi les derniers en date, beaucoup ont été joints aux procès-verbaux d'estimation des biens nationaux et transférés dans la série Q. Ce ne sont d'ailleurs pas les plus utiles pour nous, puisque leurs conditions se retrouvent ordinairement sur les déclarations, les inventaires ou d'autres tableaux de revenus, dont ils nous ont toutefois servi à vérifier les données. Mais les séries antérieures nous ont permis de suivre les variations progressivement survenues dans le prix des fermages et dans la nature de leurs conditions, et de constater, notamment, la hausse considérable qui s'est produite après 1765. Les pots de vin réservés, ils nous apportaient, en cette matière, les indications les plus précises et les plus sûres; nous ne savons jamais guère que par eux à qui, du bailleur ou du preneur, incombait le paiement des impôts seigneuriaux et royaux. Rappelons, toutefois, qu'à de rares exceptions près, ils ne donnent aucun détail sur la consistance des domaines affermés.

Comptes. Seuls, l'évêché et le chapitre de Rennes, quelques fabriques et plusieurs communautés de la même ville, trois fabriques de paroisses rurales et l'abbaye de SaintSulpice nous ont laissé des restes, plus ou moins considérables, de leur comptabilité.

Des comptes ainsi conservés, il en est de toute sorte, de généraux et de spéciaux, de détaillés et de sommaires.

Pour la mense abbatiale de l'abbaye de Saint-Melaine, nous restent deux comptes de fermiers généraux, datant du

XVII siècle, et le compte de la régisseuse générale, Mme Bruté de Rémur, pour 1789. Celui-ci nous offre un état sommaire des revenus et des charges de la mense, fort précieux, car nous n'en avons aucun autre pour la même époque. Dans les premiers, la recette se réduit à un seul article, le prix du fermage; ils nous donnent en revanche, avec le détail des dépenses du fermier, celui des charges de l'abbé, à la fin du XVIIe siècle. Les Bénédictins de Saint-Melaine nous ont laissé des comptes généraux de leurs dettes et de leurs créances à différents moments, entre 1774 et 1790.

Pour les autres établissements, nous n'avons guère conservé que des journaux de recettes et de dépenses, dont les résultats généraux, par année, ou, tout au moins, par périodes égales, ne sont pas toujours faciles à reconnaître. Pour un même établissement, les exercices n'ont pas toujours la même durée et ne partent pas toujours de la même date; les sommaires récapitulatifs, par mois ou par année, et par nature de recettes et de dépenses, font le plus souvent défaut. Ces comptes méritent cependant un examen attentif. Nous n'avons aucune raison de douter de leur exactitude et nous avons beaucoup à y apprendre. Par eux seuls nous pouvons connaître le mouvement réel des recettes et des dépenses. Plus souvent que les registres rentiers, ils nous permettent de juger de la régularité des paiements de rentes et de fermages. Surtout, ils nous révèlent des catégories de revenus dont on ne trouve presque jamais trace dans les documents de 1790 et qui formaient, cependant, la principale ressource des maisons religieuses les plus récentes et des fabriques, produit des pensions, des ouvroirs, des quêtes, dons et aumônes, des droits de sacristie, des locations de bancs et de chaises dans les églises, etc... Les comptes des fabriques nous apprennent encore quels honoraires recevait le clergé sur le produit du casuel: ceux des communautés, combien coûtaient la nourriture et l'entretien de leur personnel; il faut toutefois se souvenir que certains établissements, les abbayes de SaintSulpice et de Saint-Georges par exemple, consommaient directement la majeure partie de leurs recettes en nature et n'en tenaient pas toujours le compte. En somme, ces comptes, souvent disparates, incomplets, confus ou d'une inextricable

complexité, ne donnent guère de résultats comparables d'un établissement à l'autre. Mais eux seuls nous révèlent les véritables conditions d'existence des maisons qu'ils concernent; il n'est pas d'incident de leur vie matérielle, emprunts ou prêts, constructions nouvelles, accroissement ou réduction du personnel, réforme des pensions, qu'ils ne traduisent en quelque manière. Nous n'en avons extrait que des données sommaires. Leurs séries, souvent considérables et continues pour de longues périodes, demeurent, dans leur détail, une source inédite dont il est superflu d'expliquer plus longuement l'intérêt, non seulement pour l'histoire économique du clergé, mais encore pour l'histoire des prix et des salaires.

IV. Les anciens fonds administratifs.

Situation des hôpitaux de la province.

Pour les hôpitaux

des trois villes, il nous reste des états de revenus et de charges datant de 1725 et de 1752, ou environ, et des états de situation dressés, en 1752, d'après les recettes et les dépenses des années précédentes. Tous ont été fournis sur la demande du gouvernement royal et durent être également produits par tous les hôpitaux de nos districts; mais le fonds de l'intendance ne les a jamais conservés tous les trois à la fois pour le même hôpital. Rédigés avec clarté et précision, accompagnés pour la plupart d'observations détaillées, ces états sont d'autant plus précieux pour nous que certains établissements n'en ont pas toujours laissé d'aussi complets pour les dernières années de l'ancien régime.

Les enquêtes de 1770 et de 1774 sur l'assistance publique. -Les deux enquêtes auxquelles les intendants d'Agay et Dupleix firent successivement procéder, en 1770 et 1774, sur l'état des institutions d'assistance dans la province, auraient dù nous valoir une description précise et complète de ces institutions, dans chaque localité. Tous les recteurs, en effet, furent invités à fournir la liste des fondations charitables de leurs paroisses, avec l'indication de leurs ressources; les subdélégués avaient à s'informer des secours distribués par les

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