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a garde nationale bordoient la haie; ils avoient of fert une garde d'honneur à l'assemblée, qui l'avoit acceptée avec plaisir & reconnoissance.

Le 18 juin, l'assemblée, en se félicitant d'ouvrir sa carrière sous l'empire de l'union & de la paix qui règnent dans son ressort a rendu une procla mation fort importante pour éclairer les cultivateurs sur l'obligation où ils sont de payer la dime encore cette année. On lit dans le préambule: Ce bienfait & cette obligation qui y est attachée sont dans une dépendance mutuelle; pour être digne de l'un, il faut se soumettre à l'autre encore une année nos chers concitoyens, & vous serez au comble de vos vœux. Voici le dispositif de cette proclamation : Nous ordonnons que les décrets de l'assemblée nationale, sanctionnés par le roi, seront bien & duement exécutés suivant leur forme & teneur dans toute l'étendue du département.

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En conséquence, les dixmes seront exactement payées à qui de droit, pendant la présente année comme par le passé, & même après le premier janvier 1791, sur les fruits décimables crus en l'année 1790. Celles qui ne seront pas en ferme seront directement payées aux curés & autres bénéficiers sauf à en verser le produit dans les caisses des districts. Mais pour celles affermées ainsi que pour tous autres objets donnés à bail ou ferme, par tous ecclésiastiques, corps, maisons ou communautés de l'un ou de l'autre sexe, mentionnés à l'article 9 du décret des 14 & 20 avril dernier les fermiers & locataires seront tenus de payer, au receveur de leur district, les loyers ou fermages dus pour les fruits & revenus de la présente année.

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Les droits non supprimés sans indemnité, seront payés par tous les redevables jusqu'au rachat. Enjoignons aux administrations de district & aux municipalités du département d'y tenir la main chacune à droit de soi.

Puisse cette proclamation rappeller dans les campagnes des autres départemens, où nous la ferons connoî

tre, Pesprit des décrets de l'auguste assemblée na tionale afin 2 que personne ne soit tenté de troubler l'ordre par une coupable infraction des loix! Nous touchons au bonheur en se pressant trop de jouir on manque souvent le but. L'organisation du clergé pous assure que les ministres n'auront plus le désagrèment d'être détournés de leurs fonctions, par les embarras d'une récolte qui les obligeoit d'entrer dans des spéculations mercantiles, & souvent dans mille discussions capables de diminuer le respect dû à leur ministère.

Öfortunatos nimiùm, sua si bona norint.

Il ne faut que de l'instruction aux habitans des campagnes; la connoissance de leurs avantages peut seule les rendre parfaitement heureux. Ils doivent se pénétrer de leurs obligations, pour ne rien exiger sans l'aveu de la loi aussi nous ferons nous un devoir de leur apprendre leurs droits, de les éclairer sur l'ilégalité des entreprises par lesquelles on voudroit encore y porter atteinte.

Extrait du registre des délibérations de l'assemblée administrative du département de la Loire inférieure, du vendredi 18 juin 1790.

Un membre de l'assemblée a donné lecture d'une

lettre du sieur Legall, procureur de la commune de la paroisse de Petit-Mars, en date du 15 juin, portant que le sieur de Gouyon, ci-devant seigneur de plusieurs paroisses, s'est permis de faire publier le dimanche 13, au prône de la messe paroissiale de Petit-Mars, qu'après avoir fait examiner par un habile avocat ses titres, il en résultoit que les corvées ordinaires lui étoient dues › parce qu'elles étoient Sur quoi & après avoir entendu le procureur◄ général-syndic, l'assemblée considérant qu'une telle publication pouvoit avoir les effets les plus fanestes jetter l'alarme parmi les habitans des campagnes, & abuser de leur crédulité, soit en les faisant douter des bienfaits de la révolution, soit en les exposant à faire

nelles, &c.

des corvées non exigibles, fait défense au sieur de Gonyon & à tous autres ci-devant seigneurs, leur fermiers & préposés, de faire faire à l'avenir de pareilles publications, & aux curés de les faire, sauf aux cidevant seigneurs à se pourvoir par les voies de droit, pour l'exercice de leurs droits légitimes.

De Rennes. La municipalité, conformément au décret sur la chasse sanctionné par le roi le 30 avril, vient d'établir six gardes - messiers qui parcourent les campagnes des environs, armés d'un fusil; ils sont chargés de veiller à ce que les bleds, les pommes & autres fruits de la terre soient exactement conservés ; ils portent une ceinture aux trois couleurs de la garde nationale de cette ville; sur un fond bleu, bordé d'éearlate, on lit écrit en laine jaune: garde champêtre de la municipalité de Rennes. Au milieu est une gerbe qui annonce l'objet principal que l'on confie à leur vigilance. Voilà un nouvel avantage bien sensible que procurent aux cultivateurs les décrets de l'assemblée nationale : ne seroit-il pas à désirer qu'une délibération, affichée. fit connoître au public l'autorité que ces gardes champêtres ont reçue de la loi ?

D'Auray. En exécution des décrets de l'assemblée nationale, du 8 mai dernier, la municipalité fut reconstituée les 15, 16 & 17 juin, de la manière la plus propre à satisfaire tons les citoyens. Le 18 l'assemblée se forma à l'hôtel-de-ville. M. Frogerais, ancien maire, & administrateur du département du Morbihan, témoigna par un discours aux danies citoyennes tous les sentiments que leur présence inspiroit: Madame Humphry, épouse d'un administrateur du même départe tement, répondit avec autant de dignité que de patriotisme, & manifesta le vœu des dames présentes d'adhérer au serment patriotique prononcé par l'assemblée. Mile Frogerais au nom des jeunes personnes, expri ma leur reconnoissance du discours qui leur avoit été adressé.

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Qu'il est agréable de voir un sèxe intéressant oublier sa foiblesse, pour s'élever aux grandes idées qu'inspi re motre révolution! les femmes partagent nos affec

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tions les plus douces; elles chériront la liberté; elles n'inspireront à la jeunesse que le courage mâle & le généreux dévouement du patriotisme : leur influence sur les mœurs est comme à Rome. La noble fierté. de l'épouse d'un tribun, outrée d'indiguation de ne voir marcher les licteurs avec leus faisceaux que devant une classe distinguée, ne fut-elle pas la première cause de de la juste pétition qui fit conférer les mêmes honneurs, aux défenseurs du peuple ?.

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JUSTIFICATION des religieux qui sortiront du cloître,, ou LETTRE écrite du monastère de ***. A RENNES, chez R. VATAR, fils, imprimeur, rue Chateaure nault & de l'Hermine, No. 791.

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CETTE LETTRE est d'un religieux qui veut profiter de la liberté que lui rend l'assemblée natio nale il écrit à un ami dont il ambitionne le suf frage & dont il cherche à éclairer l'opinion. L'ou vrage est dans les bons principes; il offre des idées neuves, & respire la philosophie la plus douce le style en est modéré; il annonce une ame calme & sensible.

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L'auteur se plaint d'abord de l'aigreur de ceux qui blâment la conduite qu'il veut tenir, il prou ve que les monastères n'observent point la rigueur de la discipline fixée par les conciles, & qu'elle n'est pas plus enfreinte par la sortie du cloître que par la manière dont on y vit actuellement il ajoute avec candeur; «a je pourrois dire que je ne quitterai pas mon état il ; y a si longtemps que nous y avons renoncé je ne ferai que quitter le couvent. »

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Il examine ensuite les principes de ses détracteurs ; « Ils aiment, vous disent-ils, leur état; mais à qui » croient-ils en imposer ? que prétendent ils nous » faire entendre par ce mot? Est-ce une vie dure pas»sée dans les privations, l'abnégation de soi-même, » & la retraite ? Ils aiment leur état ! cela veut dire » dans la bouche d'un supérieur, qu'il aime à comman» der; dans celle d'un vieillard, qu'il tient aux habitudes qu'il a formées; dans celle d'un égoïste, qu'il

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» aime ses aises & un appartement qu'il a pris soin » d'embellir; dans celle d'un paresseux, que rien n'est » plus doux pour lui que de l'être impunément. »> L'auteur pense que les prêtres les ont rendus suspects à la dévotion même de peur qu'ils ne partageassent leur ascendant sur les esprits. Pourquoi leur faire un crime de quitter une profession qu'ils ont flétrie? Si les philosophes la méprisent, ils leur laissent du moins la liberté de la quitter. Les prêtres serontils moins conséquens & plus cruels? Ne seroit-on pas tenté de croire qu'ils sont ennemis de l'autorité qui les sécularise, bien plutôt que de cette sécularisation même ?

Il trouve aussi la source de l'improbation des cidevant privilégiés dans le peu de respect qu'ils ont pour les décrets ; & il ajoute en parlant de leur conscience timorée sur ce point, cette réflexion plaisante: « ce que c'est que le malheur ! il ramène l'homme à Dieu.

comme une

Il demande quelle valeur on doit attacher à l'expression d'apostasie, à ce grand mot sans idée , que l'on placera à la porte des cloîtres espèce d'épouvantail , pour y retenir les ames scrupuleuses; l'apostat est celni- là seul qui renonce à la religion dans laquelle il est né.

On a donné le nom d'apostat au moine qui désertoit le cloître, parce que les fondateurs d'ordres out donné à leurs instituts le nom fastueux de religion : n'étoit-il pas ridicule de dire entrer en religion pour signifier entrer dans le cloître. Cette religion sublime n'existeroitelle donc que dans ces asiles contraires à la nature, & que l'etat peut rejetter de son sein.

Après avoir prouvé qne les reproches ne sont pas sincères, il demande s'ils sont fondés. Il fait voir la différence qui se trouve entre la morale douce de saint Cyprien, qui dit: meliùs nuberent quàm urerentur; & les principes rigoureux de Pontas, qui veut faire observer ses loix inhumaines avec des grilles & des verroux.

L'auteur donne des idées saines & neuves sur la nature du serment & du voeu. Il pense que Dieu exige

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